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ALEJO CARPENTIER (France/Cuba)

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Message  majeanne Lun 5 Oct 2015 - 14:46

ALEJO CARPENTIER : Le partage des eaux


Je me demandais comment aborder le commentaire de ce livre, quand, en me promenant dans la campagne environnante j'ai croisé un renard.
Je l'ai regardé traverser le sentier puis se glisser dans les fourrés remplie d'admiration pour sa beauté, sa grâce, sa ruse ? et je me suis fait la réflexion, tout à coup, que ce renard, je le voyais avec les yeux de Jean de Lafontaine, à travers le regard des différents auteurs du Roman de Renart...Ce renard, je ne pouvais le voir qu'à travers le filtre de ma culture et soudain j'ai pensé à mon livre, à l'histoire de ce musicien qui quitte une grande ville pour se perdre dans la forêt amazonienne à la recherche d'instruments de musique primitifs, cet homme qui quitte une civilisation qu'il ne supporte plus, qui est devenue pour lui synonyme de matérialisme, d'artifice et d'hypocrisie (surtout en ce qui concerne les femmes d'ailleurs !) pour faire le choix de vivre au milieu d'un peuple qui, pour lui, a gardé son innocence originelle mais qu'il est incapable, en fait, de voir autrement qu'à travers le filtre de sa propre culture (comme moi avec mon renard...) qu'il plaque de façon quasiment systématique sur les êtres et les situations qu'il rencontre, le tout à l'aide de références culturelles nombreuses et variées qui m'ont souvent échappé je l'avoue (Alejo Carpentier est un écrivain érudit).

J'ai eu le sentiment que cet homme qui était passé à côté de sa femme et de sa maîtresse était également passé à côté de sa compagne rencontrée dans la jungle, de même que lui échappe ce nouveau monde dans lequel il pensait avoir trouvé un Eldorado. Son voyage totalement dénué d'intériorité ne peut pas aboutir : il est inutile de changer de lieu ou de personne si notre propre regard reste inchangé.

Après avoir eu quelques difficultés à entrer dans le livre, j'ai été happée par une écriture magnifique, d'une très grande poésie. C'est une lecture que je recommande et je vais lire d'autres livres de cet écrivain. sunny
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Message  géromino Mar 6 Oct 2015 - 15:12

Merci Majeanne pour ta critique. Je note le livre et surtout l'auteur: en flanant l'autre jour je suis tombé sur un autre titre d'Alejo Carpentier, "Le siècle des lumières" qui pourrait valoir le détour (les îles Caraïbes au temps de la révolution française). Jamais entendu parler de cet auteur avant, mais là je vais y regarder de plus près...

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Message  majeanne Mer 7 Oct 2015 - 6:38

Oui, Jean Daniel parle d'Alejo Carpentier dans ses Carnets et particulièrement de ce livre.

Bonne journée  sunny
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Message  géromino Mer 9 Mar 2016 - 14:55

"Le Siècle des Lumières"  Folio 2013  465 pages


    En France, la Révolution renverse la Royauté et proclame la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Mais les bateaux mettent du temps à traverser l'Atlantique, et c'est avec plusieurs mois de décalage que les nouvelles arrivent dans les Caraïbes.
    A La Havane, (Cuba est alors un territoire espagnol) un riche commerçant vient de décéder, plongeant ses enfants Sofia et Carlos et leur cousin Esteban dans le désarroi et la nonchalance. C'est alors qu'un étranger, Victor Hugues, vient leur inculquer les idéaux révolutionnaires qui ont fait imploser l'ancien régime français. Esteban, conquis par ces valeurs qui prônent la Liberté et l'Egalité, va suivre Hugues en France et participer activement à la propagation des idées nouvelles (il traduira les écrits en espagnol). 
    Mais les soubresauts politiques font et défont les hommes: qui un jour est révolutionnaire fervent, le lendemain peut se retrouver suspect, être arrêté et guillotiné! Esteban préfère regagner les Antilles et se retrouve sur un bateau avec Hugues qui a obtenu un poste important. A la Guadeloupe, d'où il chasse les anglais, Hugues apporte deux symboles: la guillotine et le décret du 16 pluviôse An II, l'abolition de l'esclavage. L'allégresse qui s'était emparée des milliers de noirs retombe vite: leur liberté promise est un leurre, le travail forcé devient légal. Ce sera la révolte...
    Désabusé, écoeuré par les méthodes sanguinaires des autorités révolutionnaires (on coupe -chirurgicalement!- un bras ou une jambe à tout noir qui désobéit), sa foi révolutionnaire perdue, Esteban retourne à La Havane, près de Sofia...


     Ce qu'il y a de remarquable dans ce roman historique, c'est la profusion de détails à caractère authentique. Non seulement Victor Hugues a réellement existé, mais chacun des événements qui jalonnent le récit a trait à un contexte qui s'est réellement déroulé (pour un souci de clarté, j'aurais bien aimé quelques dates pour mieux situer dans le temps ces événements, mais bon...). A saluer ce monumental travail de recherche auquel s'est attelé l'auteur: parfois, on ne sait plus si on est dans un roman ou un récit historique! C'est très fouillé, très explicite du contexte.
      Par le regard d'Esteban, on découvre les horreurs et les absurdités du Régime Révolutionnaire, celui sensé apporter la Liberté et l'Egalité à tous les hommes (et ne parlons pas de Napoléon qui rétablira l'esclavage en 1802 dans certaines colonies): "J'ai vécu parmi les barbares", ce sont ces mots qu'il aura en retournant à La Havane, son idéal brisé. 
      Mais on savoure aussi avec délices, les beautés de ces territoires, le charme de ces villes, de ces îles lointaines (La Guadeloupe, Cuba, Cayenne...), à l'exotisme enchanteur (un peu moins enchanteur pour les noirs...), car l'écriture de Carpentier est riche, animée, teintée de mille couleurs. 
      Prenez votre souffle au début de chaque chapitre, car Alejo Carpentier ne laisse pas de vide dans ses pages remplies à ras bord et honnêtement, je me suis demandé si le courage n'allait pas m'abandonner en route! Il faut persévérer, car la lecture va vous emporter comme un fleuve en crue: chaque chapitre se dévale haletant, sans temps mort. Un livre époustouflant!


Note:  5/5  coeur

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Message  géromino Lun 12 Sep 2016 - 7:58

Quelques mots sur cet auteur:


Alejo Carpentier est né en 1904 à La Havane d'un père français et d'une mère russe. Il décide d'être journaliste et en 1924 devient rédacteur en chef de la revue Carteles. Opposé au régime de Machado, il passe sept mois en prison. Libéré, il rencontre Robert Desnos de passage à La Havane, et le suit lorsque le poète rentre en France. Il restera onze ans à Paris, où il découvre le surréalisme et se passionne pour la magie et la musique. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il adhère avec ferveur à la Révolution castriste. 
Après Ekoué-Yamba-O en 1933, il publie en 1949 Le Royaume de ce monde, puis en 1953 Le partage des eaux, Guerre du temps en 1958 et Le siècle des Lumières. En 1966, il revient à Paris comme conseiller culturel de son pays. Il reçoit le prestigieux prix Miguel de Cervantes en 1977. Il meurt en 1980 et ses funérailles sont célébrées à La Havane en présence de Fidel Castro.


(Gallimard)

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Message  géromino Lun 12 Sep 2016 - 9:34

"Le partage des eaux"  Folio 2013 375 pages


 L'histoire:
Milieu XXe siècle, à New-York (?) -  Le narrateur, un musicologue, est chargé par un conservateur de musée organographique, de récupérer au sein de tribus amazoniennes des instruments de musiques primitifs. Ces instruments pourraient étayer une thèse défendue par le musicologue, thèse qui tendrait à mettre en évidence que les instruments de musique originels, avaient pour but de reproduire les sons de la nature (animaux, etc...). 
Le musicologue quitte donc sa femme Ruth (très prise par son métier d'actrice de théâtre), et s'embarque avec Mouche, sa maîtresse, pour un voyage riche en aventures et dépaysement. Mouche tombe malade et se brouille avec son compagnon; elle quitte l'expédition. Le musicologue continue le périple avec, entre autres comparses, Yannès, un grec chercheur d'or, un pasteur, l'Adelentado (un personnage quelque peu mystérieux...) et Rosario, une indienne qui devient sa maîtresse. L'Adelantado, qui a fondé une ville avec son fils, conduit les aventuriers par des chemins secrets, jusqu'au coeur de la forêt vierge. Ayant trouvé dans ce paradis un terme à son voyage, le musicologue décide d'y rester, d'y vivre heureux et libre avec Rosario et d'oublier la civilisation.
C'est alors qu'un avion, parti à sa recherche, se pose à proximité du village...


Il faut une grosse poignée de pages pour entrer dans cette composition complexe, où l'auteur compare la civilisation occidentale à celle, primitive, des indiens ; un monde artificiel, fade, hypocrite d'un côté, opposé à la forêt amazonienne où tout y est beau, chatoyant, merveilleux, au coeur d'un environnement sain et bienfaiteur. Pourtant, après être revenu à la civilisation, parce que tiraillé entre les deux cultures, il lui est bien difficile de retrouver son havre de paix tant désiré.
Un livre remarquable par la plume baroque à souhait et l'érudition sans limite de l'auteur. Il faut se laisser envoûter par la poésie évocatrice de Carpentier quand il décrit la forêt vierge ou les paysages sauvages de l'Amazonie: un bonheur de lecture!


Note: 5/5

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