Delphine MINOUI (France)

Delphine Minoui est une journaliste française spécialisée notamment dans le monde iranien.

Major de promotion du CELSA (section journalisme) en 1997 puis diplômée de l'EHESS en 1999, Delphine Minoui s'installe en Iran pour exercer sa profession.

Correspondante pour France Inter et France Info dès 1999, elle collabore à partir de 2002 avec Le Figaro. Elle a également réalisé et collaboré à plusieurs documentaires.

En 2006, Delphine Minoui a été la lauréate du prix Albert Londres pour une série d'articles sur l'Irak et l'Iran.

Elle a écrit sur Nojoud Ali, la première petite fille à avoir obtenu le divorce au Yémen.

(Biographie donnée par Babélio)

JE VOUS ECRIS DE TEHERAN
Delphine MINOUI
Editions POINTS - 2016 - 358 pages

Delphine Minoui est née en France d’un père iranien et d’une mère française. Elle a vécu son enfance et son adolescence à Paris où elle a fait des études de journalisme. Après le décès de son grand-père en France, elle a eu envie de mieux connaître le pays d’une partie de ses ancêtres. Elle est donc partie vivre à Téhéran chez sa grand-mère paternelle pour exercer son métier de journalistes en 1998, en principe pour quelques jours. Elle y est restée dix ans.

Ce livre est un témoignage bouleversant écrit sous forme de lettre posthume adressée à son grand-père. Elle traduit les espoirs - souvent déçus - des iraniens, les répressions sanglantes qui ont accompagné la politique iranienne des vingt dernières années.
Ce témoignage est bien plus qu’un documentaire sur la situation en Iran parce que Delphine Minoui, est personnellement concernée. Il est emprunt d’émotion même si elle parvient à garder une distance juste avec ce qu’elle voit et ce qu’elle vit. Elle pointe les contradictions qui animent les acteurs de cette révolution et évoque des personnalités attachantes ou étonnantes, un désir de modernité à l’occidentale qui accompagne une haine de ce même occident : ses amies occidentalisées refusent de quitter l’Iran par amour pour ce pays qui met leur vie en danger; le milicien Mahmoud regrette de ne pas être mort en martyr pendant la guerre avec l’Irak et en même temps sa femme s’émancipe du tchador, et va jusqu’à rejoindre les rangs des manifestants contestataires; le religieux orthodoxe séduit par la jeune femme vient lui proposer un mariage de quelques heures (sigeh)… tout à fait conforme à la loi; le petit-fils de l’ayatollah Khomeini qui aspire à une intervention américaine…; le membre de la police Finger (nommé ainsi parce qu’il a perdu deux doigts) qui après l’avoir convoquée plusieurs fois et menacée, la fait prévenir lorsque sa sécurité est en danger. La frontière est fragile entre ceux qui contestent et ceux qui répriment.

Au fur et à mesure que le temps passe, Delphine Minoui développe son identité iranienne, perfectionne sa connaissance de la langue. Le charme de la poésie persane côtoie les brutalités sanglantes.

Ce livre est clair sur les différents événements qui se sont succédés au cours des quarante dernières années et m’a permis de suivre les méandres des régimes qui se sont succédés depuis la chute du Chah.

Note: 5/5

Encore un livre à noter 

LES PASSEURS DE LIVRES
Delphine MINOUI
Seuil, 2017, 158 pages

Alors que les bombardements du régime syrien visant la Ghouta orientale continuent, malgré un cessez-le-feu décrété à l'unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, je vous invite vivement à vous plonger dans le magnifique livre de Delphine Minoui.
De 2012 à 2016, Daraya, ville proche de Damas, un des foyers du soulèvement pacifique, a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années durant lesquelles, sous les obus de mortier, les tirs de roquettes, les attaques chimiques, malgré la faim, des jeunes résistants au régime syrien ont récupéré des milliers de livres ensevelis sous les ruines et ont créé une bibliothèque secrète dans un sous-sol de la ville.
Intriguée par une photo publiée sur Facebook de deux jeunes syriens occupés à bouquiner dans un sous-sol, Delphine Minoui, parvient à les contacter et établit un lien régulier avec eux grâce à Skype et WhatsApp. Ils lui parlent de ce qu'ils lisent et au fil des jours la violence qu'ils subissent de la part du régime de Bachar Al-Assad.
La lecture reste un geste d'humanité qui leur permet de s'évader, de s'instruire, d'éviter la démence, de découvrir la liberté d'expression dont ils ont été exclus.
De très belles pages qui rendent hommage au pouvoir des mots et des histoires racontées dans les livres. Un livre fort et émouvant. Le 27 août 2016, Daraya a été évacuée par la force et la bibliothèque a été détruite.

Note: 5/5