Meg WOLITZER (Etats-Unis)

Ah mince, j'en attendais aussi beaucoup, de ce livre… Est-ce ne serait pas lié, parfois? J'ai l'impression que souvent, quand j'attends énormément d'un livre de par les dizaines d'excellentes critiques, je suis un peu déçue…

LA PERSUASION DES FEMMES - livre de poche 

Contrairement à une autre lecture récente, je me suis sentie bien et en accord avec l'auteure et les personnages de ce roman. J'ai aimé les cotoyer et connaître cette histoire, dont les mots et les idées m'ont touchée. Souvent avec les romans américains j'ai une cohésion instantanée, peut-être parce qu'ils intellectualisent moins leurs sentiments, mais savent les vivre avec spontanéité et fraicheur.
Greer, la jeune héroïne de l'histoire m'a semblée familière et j'ai aimé la suivre depuis sa première année de fac jusqu'à ses 31 ans. Si l'auteure a situé cette intrigue en 2006 au début, il m'a pourtant semblée qu'elle se référait beaucoup aux années 70. L'auteure étant née en 1959, il semble très possible qu'elle se soit mise en scène avec son expérience et son vécu de son époque, mais des éléments de ce 21e siècle, pour rendre son livre plus actuel.
Greer est une étudiante timide, intelligente, sensible qui a du renoncer à cause de ses parents à une faculté prestigieuse comme Princeton. A Ryland College, elle se sent en décalage, mais une jeune fille Zee la prend sous son aile et la pousse à assister à une conférence de Faith Frank une auteure féministe. Pour Greer c'est une révélation, sur ce qu'elle veut être et faire.
Au cours des années qui suivront, nous aurons les différentes voix des personnages principaux pour raconter leur parcours, Greer, Zee, mais aussi Cory le petit-ami brillant et tendre de Greer, Faith Frank, leurs familles, leurs relations. Ce qui compte pour ce petit monde là : ce sont leurs rêves, leurs réalisations, et malgré les embuches que la société ou le destin leur tend, il leur faudra du courage, de la persévérance, de l'intégrité pour rester dans leur chemin de vie.


Derrière le lutrin, Faith dit : « chaque fois que je donne des conférences dans des universités, je rencontre des jeunes femmes qui me disent : « je ne suis pas féministe, mais... » Elles veulent dire par là : « je ne me qualifie pas de féministe, mais je veux un salaire égal, je veux des relations d'égal à égal avec les hommes, et, bien évidemment je veux avoir le même droit au plaisir sexuel. Je veux une vie agréable et juste. Je ne veux pas être brimée parce que je suis une femme ».
Et j'ai toujours envie de leur répondre : « qu'est-ce que le féminisme à votre avis, sinon ça ? Comment espérez-vous obtenir toutes ces choses si vous rejetez le mouvement politique qui a pour but de créer cette vie que vous désirez ? »
...
Le lendemain elle emprunta à la bibliothèque publique de Scarsdale un très grand livre de photos d'animaux, et ce soir-là, tard, assise dans son lit avec ce livre ouvert sur les genoux, elle regarda les poussins, les loutres et les faons. Et là, au milieu de ces photos profondément attendrissantes, surgit une image incongrue, saisissante et absolument terrible : un bébé phoque pris dans un piège, la bouche ouverte dans un rictus de douleur absolue. Ses yeux s'adressaient directement à Zee Eisenstat qui, choquée tout d'abord, se mit à pleurer ensuite, avant de bouillir devant tant d'injustice. Ces animaux incarnaient la vie, pensa-t-elle, la bouche crispée ; ils étaient la vie, et plus que ça, ils étaient des âmes, et pour cette raison elle devait faire quelque chose.

Avec ces deux extraits ceux qui me connaissent savent que forcément cela me parle et me cueille. Même si cela peut paraître simpliste, il me semble encore nécessaire d'évoquer des concepts progressistes et humanistes.