Amandine DHÉE (France)

Ce texte-ci je l’avais repéré en grand format édité par La Contre-Allée. Puis il a eu le prix Hors Concours (décerné à un livre d’une maison d’éditions indépendante) et a paru ce mois-ci en poche. Il n’en fallait pas plus pour que je succombe !

C’est un manifeste sur la maternité d’une femme qui un jour se découvre enceinte. Tout son monde en est perturbé et elle se rend compte que le regard des gens se fait plus indulgent. L’enfant attire la sympathie et établit des liens naturels et sans ambiguïté avec des inconnus.

Le bébé n’est pas en reste. Il dévisage les gens avec avidité, noue d’intenses relations éphémères avec de parfaits inconnus. J’observe ce mélange de vulnérabilité et de haute compétence relationnelle. (p. 80)

Elle jette sur le papier des anecdotes qui émaillent sa grossesse mais aussi la « vie d’après », alors que le bambin a pointé le bout de son nez. Et le style est vif et plein de défi ! Car la maternité, bien qu’elle sonne le glas de la vie pour soi seul, offre de nouveaux rituels et met le couple parental à rude épreuve. C’est un petit ouvrage qui devrait faire figure d’indispensable pour toute mère en devenir afin de dédramatiser ce nouveau cap de vie !

Après avoir lu et adoré La femme brouillon, j'ai été ravie d'apprendre qu'Amandine Dhée avait écrit un nouvel ouvrage dont la thématique interroge là encore la féminité. Cela pourrait être la suite du premier car dans A mains nues la narratrice est une toute jeune mère. Elle tente de ne pas distiller trop d'archétypes normés à son petit garçon. Ce nouveau schéma familial l'oblige à adapter son quotidien tout en gardant en tête qu'elle reste une femme qui doit aussi assurer une vie de couple en plus de son nouveau rôle.

Son introspection l'amène à revenir sur toute une éducation et une jeunesse qui l'ont façonnée en tant qu'être sensible et responsable.

A vrai dire j'ai aimé un bon nombre de ses réflexions sur le couple, la filiation et la sexualité. Elle pointe très justement les attentes à plus ou moins long terme lorsqu'on est une femme et qu'on souhaite s'épanouir en dehors des carcans familiaux.

Elle se met en scène en quelques pages des situations connues, dans l'enfance ou dans sa projection auprès de son fils. Elle parvient aussi admirablement à rendre compte de phénomènes de société (Metoo, le sexisme) et devrait, à mon sens, être lue sans détour.

On ne se sépare pas sans se justifier, le couple est la valeur par défaut. Son intuition ne pèse pas bien lourd face aux questions. Tout le monde s'étonne, se chagrine, ça gêne, les ruptures, ça fait désordre. (pp. 60-61)