Patrice JEAN (France)

• Tout à fait Jean-Michel (avec des dessins de Sempé), Éditions du Seuil. 1993.
  
  
• La France de Bernard, Rue Fromentin, 2013
  
  
• Les Structures du mal, Rue Fromentin, 2015
  
  
• Revenir à Lisbonne, Rue Fromentin, 2016
  
  
• L'Homme surnuméraire, Rue Fromentin, 2017
  
  

(source Wikipédia)

L’homme surnuméraire

Serge est propriétaire d’une agence immobilière, mais sa vie est triste. Sa femme le méprise et ses enfants se détournent de lui. Il hésite entre chercher une aventure et le suicide. Ce récit se révèle toutefois être le récit d’un autre auteur, et on découvre aussi le monde autour de ce dernier, par exemple un couple dont l’homme aussi se sent surnuméraire : chômeur en train d’écrire son premier roman depuis toujours, celui-ci se distingue de Serge parce qu’il a l’appui de sa compagne. Un déséquilibre ne peut toutefois durer éternellement sans basculer.

J’ai adoré ce livre, d’abord pour chacune des intrigues, mais ensuite pour l’effet gigogne de l’histoire dans l’histoire et comment les deux intrigues se répondent. L’auteur peuvent un regard acéré sur la société, les personnages sont ironiques et désabusés. Il y a de nombreuses critiques du monde de l’édition, de son auto-censure et des cris offusqués des médias. Je ferais un parallèle avec Houellebecq, mais en moins outrancier.

C’est une superbe découverte, je vais chercher ses autres livres.

5/5

RR

Merci pour le partage de cette découverte !

Revenir à Lisbonne

Au cours d’une soirée d’amis d’un ami, Gilles, professeur d’histoire, passe pour un maçon et se prend au jeu de la double identité. Il réussi toutefois à attirer l’attention d’une jeune femme qui lui plait, tandis qu’elle est particulièrement charmée par son côté artisan-travailleur manuel. Une relation s’établit lentement entre les deux, et Gilles s’embourbe dans son mensonge, il n’ose plus avouer la vérité à son amoureuse, et s’invente même une fausse femme pour justifier les livres qui remplissent son appartement.

Comme dans l’homme surnuméraire, Patrice Jean aime jouer sur les fausses identités, et laquelle révèle vraiment la personne. Il en profite pour gentiment écorcher les artistes poseurs, les objecteurs de peccadilles et d’autres qui le méritent bien. C’est une bonne lecture, rapide, mais j’ai préféré l’autre que j’ai lu du même auteur.

4/5

RR

À la poursuite de l'idéal

Cyrille termine ses études et rêve de devenir poète. Il ne trouve pas sa place, a de grands espoirs, mais réalise qu’il accumule plus les frustrations que les succès. Lors des soirées entre amis de fac il ne trouve plus sa place, n’ayant aucun succès à mettre de l’avant. Lors d’un été dans la maison d’un copain, il ne parvient pas à nouer des liens avec la fille dont il rêve, il a l’impression de rater toutes les occasions. Devant subvenir à ses besoins, il trouve un emploi comme responsable du contentieux dans une magasin de meubles, mais rêve toujours de poésie et d’art. Il se lie avec des jeunes identitaires qui publient des articles sur un site web chrétiens. Cyrille n’y croit pas nécessairement, mais cette démonstration de convictions le fascine et il embarque. Ceci aura toutefois un impact négatif sur son situation professionnelle. Le livre saute d’une étape à l’autre, Cyrille évolue comme enseignant substitut, commis dans un supermarché, employé au ministère de la Culture… Dans tous ces rôles, Cyrille prend du recul, analyse l’effort et le gain, le regard des autres sur son statut, et son intérêt et sa passion pour les arts. Il est aussi empêtré dans ce qu’il doit à des relations, au compromis entre convictions et intérêts, entre les désirs affirmés et secrets de sa conjointe, à l’envie d’avoir un enfant…

J’ai beaucoup aimé cette lecture. Ce roman est beaucoup plus long que les deux autres que j’ai lu et il faut un peu s’accrocher au début, mais ensuite j’ai été happé par les réflexions sur l’art, sur le travail qui devient plus payant à mesure qu’il devient plus moins difficile (commis de supermarché par rapport à créatif de série télévisuelle). Le livre porte aussi plusieurs regards critique sur ce qu’on appelle « la culture woke » au Québec : le respect de toutes différences qui l’élève parfois en adoration aveugle et la considération suspecte de tout ce qui peut se rapporter à du nationalisme ou de la fierté de la patrie ou du passé.
 
J’ai aussi aimé la scène finale avant l’épilogue, où Cyrille retrouve, après une décennie, toutes les personnes importantes de son passé, ce qui m’a rappelé la grande fête dans Le temps retrouvé.

4,5/5

RR

Rééducation nationale

À trente-cinq ans, Bruno Giboire effectue une réorientation professionnelle et touchera son rêve : corriger des copies et illuminer les esprits de jeunes élèves. Il joint le corps professoral d’un Lycée Malraux et pourra enfin mettre en application toutes les belles théories pédagogiques modernes. Mais le rêve devra se mesurer à la réalité : les jeunes qui ont d’autres intérêts, les guerres idéologiques dans la salle des profs (doit-on vendre une statuette pour financer une salle d’ordinateurs?), collègues qui ne sont pas guidés uniquement par l’idéal…
 
L’auteur est lui-même enseignant, donc sa critique est fondée. Le livre fait dans la caricature et la farce, mais il ménage toutefois ses personnages. Le trait est fort, mais l’auteur ne sent pas qu’il est obligé d’expliquer ou de souligner, c’est au lecteur de trouver l’humour. C’est intéressant et amusant, mais pour moi qui est au Québec, avec une situation du monde de l’enseignement différente, beaucoup des pointes et des allusions me passaient au-dessus de la tête (au Québec, on souffre surtout d’un manque criant de professionnels, donc on embauche du personnel non qualifié pour s’occuper des classes, et pas seulement pour quelques cours).
 
3,5/5

RR