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Michel HOUELLEBECQ [pseudonyme] (France)

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Michel HOUELLEBECQ [pseudonyme] (France) Empty Michel HOUELLEBECQ [pseudonyme] (France)

Message  gallo Dim 9 Nov 2008 - 17:23

De : Mousseliine (Message d'origine) Envoyé : 28/12/2004 03:18
Michel HOUELLEBECQ : Plateforme
(J'ai lu, 2002, 350 pages)

Michel, 40 ans, fonctionnaire, célibataire, cynique, désabusé, blasé, part en vacances en Thaïlande, un voyage organisé où il fera partie d'un groupe de treize personnes. Michel jette un regard méprisant sur tout ce qui l'entoure à l'exception des jolies prostituées thaïs. Au fil du séjour il réalise que finalement il est un pauvre type solitaire. Il rencontre Valérie, ils tombent en amour. Ils se retrouvent à Paris pour finir par vivre ensemble. Valérie a un poste de haut responsable dans une boîte de tourisme.

Le personnage principal n'est pas sympathique d'emblée et c'est peu dire, mais plus on avance dans le roman moins il devient irritant. Michel Houellebecq se sert des personnages pour dénoncer le capitalisme, l'art contemporain, les clubs de vacances, le tourisme sexuel, bref la vie occidentale moderne. Il laisse le soin aux lecteurs de juger la société et les personnages mais il n'a pas la langue dans sa poche et j'ai éclaté de rire très souvent, j'adore l'humour de Houellebecq, un humour crû et cynique. Par contre les lecteurs qui se reconnaissent dans les personnages et leurs valeurs risquent de rire jaune, et de ne pas apprécier ce livre car ça prend du courage pour se regarder dans un miroir.

En tout cas j'ai beaucoup aimé!

Note : 4.5/5
--------------------------------------------------------------------------------

Michel Houellebecq est un écrivain français né le 26 février 1958 à la Réunion.

Ses parents se désintéressent très vite de lui, à six ans il est confié à sa grand-mère paternelle, communiste, dont il a adopté le nom comme pseudonyme. Il suit les classes préparatoires aux grandes écoles, avant d'intégrer en 1975 l'Institut national d'agronomie (INA-PG).

Il connaîtra plus tard le chômage, le mariage, la naissance d'un enfant, le divorce, puis une profonde dépression nerveuse. Son premier roman Extension du domaine de la lutte est publié en 1994 après avoir été refusé par de nombreux éditeurs. Il fait de Houellebecq le chef de file d'une génération d'écrivains qui se focalise sur la misère affective de l'homme contemporain.

Les particules élémentaires, son roman suivant, attaque (symboliquement, mais nommément tout de même) l'écrivain Philippe Sollers, à moins qu'il ne le taquine. Le livre obtiendra quoi qu'il en soit le Prix Novembre, décerné par un jury dans lequel est présent le même Philippe Sollers. Celui-ci viendra également témoigner en faveur de Houellebecq dans le procès de ce dernier à l'occasion de ses déclarations sur l'islam.

Romancier, rédigeant à l'occasion quelques textes de chansons parfois présentés comme des poèmes, Houellebecq accorde également une place majeure à son oeuvre d'essayiste.

Michel Houellebecq vit actuellement en Irlande.

Extension du domaine et de la lutte - J'ai lu, 1997
Les Particules élémentaires - J'ai lu, 2000
Plateforme - J'ai lu, 2002
Si quelqu'un a lu l'un de ces romans je serais intéressée de connaître votre opinion.

Il a écrit aussi des essais et de la poésie.


De : louisemyheart Envoyé : 04/03/2006 09:14
Michel HOUELLEBECQ : LA POSSIBILITE D'UNE ILE

Daniel est un humoriste à succès qui vogue sur la vague des sketchs antisémites et provocateurs. Il va rencontrer une secte, les Elohims, menée par un gourou calculateur dont la principale idée est de préserver l'ADN des morts afin de les ressusciter. A la suite d'une manipulation médiatique, la secte supplante toutes les religions, deviens très puissante et parallèlement poursuit ses travaux sur la vie éternelle. Pendant ce temps, Daniel vit avec une femme de son âge puis tombe amoureux d'une jeune fille alors qu'autour de lui tout se dégrade, qu'il prend conscience des années qui passent et qu'il abandonne toute idée artistique.
Le roman s'articule entre le journal de Daniel (Daniel 1), relatant ces faits, et Daniel 24, puis 25, ses descendants directs issus du clonage réussi, des néo humains vivant dans une bulle aseptisée dans un monde fini. C'est donc sous la forme d'un livre de Science-fiction que Houellebecq nous parle encore de notre société et de ses dérives, multipliant les passages philosophiques sur la mort et l'amour, se permettant des scènes hyper réalistes de sexe et des provocations qui toutes peuvent trouver un écho parmi les lecteurs. On a l'impression qu'il écrit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, et parfois le malaise est palpable, surtout lorsqu'il est question de l'Islam (très peu, certes, mais toujours présent quoiqu'il en soit).
Ce qui emporte l'adhésion à l'arraché, c'est que justement cette possibilité d'une île est la possibilité de vivre heureux grâce à l'amour, et donc ce livre contient une lueur d'espoir que n'avaient pas ses précédents;c'est un livre douloureux en cela qu'il nous met en face de nos souffrances et c'est un livre humain en cela qu'il nous parle de notre propre humanité.

3,5/5


De : doriane99 Envoyé : 05/03/2006 11:52
Michel HOUELLEBECQ : Extension du domaine de la lutte

Le narrateur, 30 ans, analyste programmeur, nous conte la "succession d'anecdotes dont je suis le héros" dans les années 90. Il finira par sombrer dans la dépression;

Mon avis
Des personnages hauts en couleur, de la copine "boudin, surboudin, nettement méchante" au collègue "au faciès de crapaud-buffle" on sourit souvent. Mais quel pessimisme !!!

"Je n'aime pas ce monde. Décidément, je ne l'aime pas. La société dans laquelle je vis me dégoûte ;"

J'ai bien aimé sa théorie du libéralisme sexuel mais... j'ai du mal à comprendre que l'on ait fait de ce livre un "livre culte". Je lui ai trouvé un petit air de 99F de Beigbeder (en moins trash bien sûr, mais il a été écrit avant...). Malgré de bons moments, je ne suis pas emballée...

3/5


De : ThomThom12932 Envoyé : 18/03/2006 15:54
Michel HOUELLEBECQ "Extension du domaine de la lutte" (Editions Maurice Nadeau, 1994)

Je ne vais pas refaire le résumé car dodo l'a très bien fait : le postulat de départ de ce roman absolument pas autobiographique (je le souligne : aucun des romans de Houellebecq n'est autobiographique, même s'il fait tout pour accentuer la confusion : narrateur à la première personne, qui s'appelle quasiment toujours Michel, etc.) tiens sur un confetti plié en quatre : le narrateur est un trentenaire analyste programmeur passablement dépressif que ses supérieurs envoient en province installer un progiciel.
A la fin du livre, on a toujours pas compris ce qu'était précisément un "progiciel". En revanche, on en aura beaucoup appris sur le narrateur, ses états d'âmes, sa conception de la vie et de la société libérale...

Je tiens à préciser que j'ai fait la promesse à dodo d'expliquer pourquoi ce livre était devenu culte, mais que je ne suis pas certain de pouvoir le faire . J'avais déjà prévu de le relire il y a un mois et demi environ, lorsque mon frère est revenu d'un "stage d'entreprise" et qu'il me l'a raconté de manière très sérieuse et détaillée - car mon frère est très intelligent mais il n'a aucun humour. A la fin de son récit je me suis dit "merde, on croirait vraiment le bouquin de Houellebecq !" et je me suis juré de le relire sous peu.

"Pessimisme", dodo, le mot est lâché. "Extension..." est assurément le livre le plus pessimiste qui soit sorti ces quinze dernières années - pour autant ce pessimisme est-il injustifié ? Le premier roman de Houellebecq est avant toute autre chose un redoutable constat d'échec, énoncé brièvement dès les premiers chapitres. La suite n'est qu'une succession interminable mais souvent hilarante d'exemples de ce constat d'échec total de la civilisation occidentale. Echec de la révolution sexuelle, échec de la génération d'après 68 qui prends d'autant plus de poids en 2006, en ces temps de retour à l'ordre moral où tout le monde passe son temps à affiner son propos, et où le moindre dérapage est coupé au montage, où l'on ne peut pas dire d'une femme qu'elle conne sans être macho et d'un noir qu'il est stupide sans être raciste.

Sur le mode du narrateur-personnage faussement candide, Houellebecq dénonce la décadendence d'une société où tout n'est que paperasse, réglementation, légiffération, comme si cela constituait un progrés, une avancée sociale. Il montre du doigt une société libérale (auto)destructrice dans laquelle l'être humain se retrouve littéralement broyé (le personnage de Tisserand et sa mort, presque aussi pathétique que sa vie, revêt même un côté christique à mon sens). Tout est écrit, réglé, codifié : y compris la vie privée, la vie sexuelle ; et chacun joue son rôle, dans le respect des codes et des conventions.

Car ce qui manque le plus à tous ces personnages, finalement, c'est l'amour ! fichtre, tout ça pour ça ?

Reste à évoquer le titre : "Extension du domaine de la lutte". La lutte ? Quelle lutte ? La lutte contre la fonte totale de l'humanité et de l'âme dans le libérallisme. La lutte de chacun d'entre nous, finalement, dès lors qu'il a terminé et entre dans la vie active - vous savez : le marché du travail.

On a beaucoup blablater sur le style de Houellebecq, ou plutôt son absence de style. Mais ce non-style est totalement assumé, il est volontaire : le narrateur est un pauvre type ordinaire vivant une quantité de choses totalement ordinaires. Dès lors, pourquoi s'exprimerait-il admirablement bien ?

Je me rends que j'ai dit beaucoup de choses, mais aucune qui explique pourquoi ce livre est devenu culte ! Essayons de répondre :

- déjà, à l'époque, il est sorti de manière relativement confidentielle, avec une micro couverture de presse. Je ne l'ai pas lu en 94, peut-être un peu plus tard, en 96 disons. Il n'empêche : rares sont ceux à l'avoir lu avant que Houellebecq n'explose avec "Les particules élémentaires" (roman qui à mon avis lui est très inférieur).

- ensuite, ce n'est pas un hasard, à mon avis, si ce livre est sorti pile un siècle après l'explosion de Huysmans et des décadents, car finalement ce mouvement se caractérisait par la même angoisse de fin de siècle. Houellebecq n'est pas un héritier des décadents, mais il en est le pendant contemporain.

- ce non-style a fait école : ce roman a marqué le grand retour de la littérature française à la narration traditionnelle et aux textes essentiellement descriptifs.

- enfin ce livre est atrocement visionnaire : tous les passages où l'auteur évoque son angoisse du progrés, les avancées informatiques fulgurantes et la naissance probable d'un immense réseau informatique globale et incontrôlable ont été écrits à l'époque du minitel ! en 1994, internet n'existait que dans l'esprit de quelques ingénieurs informatiques qui n'y voyaient à n'en pas douter que des avantages. Houellebecq a non seulement deviné la naissance d'internet, mais il a surtout prédit les dérives que ce système pourrait engendrer. Quant à la culture d'entreprise, mon dieu ! mais quand je vois mon frère littéralement lobotomisé par la culture d'entreprise de la grande multinationale dans laquelle il bosse, je me dis que c'est encore pire que ce Houellebecq constatait en 1994 !

Pour le reste, bien sûr, ce livre n'exprime pas la joie de vivre et ne respire ni la joie ni la bonne humeur. Il est pessimiste et s'entête à ne voir que le mauvais côté des choses et je conçois tout à fait ce que cela peut avoir de rebutant...ceci dit, je ne connais pas beaucoup d'écrivains (même chez les mauvais !) qui écrivent avec la joie de vivre pour moteur.

5/5
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Message  gallo Dim 9 Nov 2008 - 17:27

De : oxymore Envoyé : 30/06/2006 15:18
Michel Houellebecq : LA POSSIBILITE D'UNE ÎLE

Roman novateur, la possibilité d'une île évoque le commentaire de vie de Daniel1 (show-man plein aux as) à notre époque et après chaque paragraphe intervient une mise en parallèle de Daniel25 qui est donc le descendant néo-humain de Daniel1 et qui (d'après ce que j'en ai déduis) vit en l'an 4000 environ.
La possibilité d'une île est un roman qui fait la critique de notre époque au travers du regard d'un homme qui vit dans une société ou les sens et émotions n'existent plus. Ainsi, le regret, la mélancolie, le sentiment amoureux, le désir sexuel sont inexistants.
Daniel1 fait partie de la dernière espèce humaine et intègre progressivement le mouvement élohimiste et va comprendre l'inanité de sa vie; ses amours avec Isabelle pui Esther sont voués à l'échec car le désir est pour lui indissociable de la jeunesse du corps. Conscient de sa déchéance, de la futilité des sentiments humains Daniel1 ne tient en fait qu'à son petit chien Fox qui répond à des besoins primaires.
Intrigué par la puissance et la diversité des sentiments vécus par Daniel1, Daniel25 va suivre le chemin de Marie23 qui est sortit du camp élohimite pour découvrir le monde, retrouver les traces où vécut Daniel1.
La possibilité d'une île est donc une oeuvre très étrange, dérangeante presque de par son pessimisme (bon on connait un peu le personnage Houellebecq) et qui fait un constat très amer de la dérive supposé de notre société; Houellebecq conforte son talent d'écrivain et s'enfonce un peu plus dans une marginalité de pensée à laquelle on ne peut adhérer totalement sans risquer l'auto-destruction. D'ailleurs Houellebecq, lui-même semble vouloir se raccrocher à l'espoir d'une vie heureuse; preuve en est le petit poème qui clôt la seconde partie du livre:

Ma vie, ma vie, ma très ancienne
Mon premier voeu mal refermé
Mon premier amour infirmé,
il a fallu que tu reviennes.

Il a fallu que je connaisse
Ce que la vie a de meilleur,
Quand deux corps jouent de leur bonheur
Et sans fin s'unissent et renaissent.

Entré en dépendance entière,
Je sais le tremblement de l'être
l'hésitation à disparaître,
Le soleil qui frappe en lisière

Et l'amour où tout est facile,
Où tout est donné dans l'instant;
Il existe au milieu du temps
La possibilité d'une île.


De : oxymore Envoyé : 30/06/2006 15:19
Michel Houellebecq: PLATE-FORME

Michel est quadragénaire et célibataire. Il organise des expositions à Paris et coule une vie tranquille, morne et dénuée d'exhaltation. A la mort de son père, Michel va décider d'employer un peu de son temps et de son argent à un voyage organisé en Thaïlande qui (je ne révèlerai pas l'essentiel) en quelque sorte va bouleverser sa petite existence.

Ce livre de Houellebecq m'a beaucoup plu et interrogé sur l'aspect ambigü qu'il dégage. Beaucoup ont adoré, tout autant l'ont détesté. Qui est ce Michel ? Houellebecq lui-même ? Sans doute au regard des positions de l'auteur au fil des ans. Plateforme délivre un message limpide et effrayant: oui le tourisme sexuel existe et il répond aux besoins des uns et des autres, frustrations des occidentaux et appât du gain nécessaire à la survie pour les prostituées Thaïes. Ce constat est terrible et Houellebecq l'exprime de façon crue, sans états d'âmes.
Ses positions sur l'Islam sont également présentes au travers d'un Egyptien qui évoque sans compromission son opinion de façon extraordinnaire. Ce livre m'a énormément plu et Houellebecq semble se dévoiler dans Plateforme; un homme conscient de la vacuité de sa vie mais qui n'en ressort aucun regret, des positions tranchées et assumées, j'ai ressenti chez lui un homme aimant la solitude mais très éclairé sur son temps. Il lit dans la conscience des hommes mais semble rejeter le monde qui l'entoure. Enfin bon voilà, je ne saurais que vous conseiller de le lire, l'ouvrage se lit vite et le style est plaisant; même si certains passages sont très crus, Plateforme n'est pas si choquant que je ne le pensais.


De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 25/06/2007 02:14
Les particules élémentaires - Michel Houellebecq - 1996

Récit de deux demi-frères en marge de la société contemporaine. Bruno tente de s’y intégrer sans réussir, tandis que Michel lui tourne le dos par son détachement. Bruno est un enseignant continuellement frustré sexuellement. Michel apparaît plutôt asexuel, il ne recherche pas les relations. Les histoires de ces hommes et de ceux qui les entourent divisent le livre en trois parties aux thèmes différents: la quête, l’épanouissement puis la mort. Le premier tiers traite des ancêtres et du passé de ces jeunes hommes, en particulier de leur adolescence et éveil sexuel. Bruno vit presque seulement des échecs, tandis que Michel n’y trouve pas d’intérêt. Lorsqu’il atteint la quarantaine, Bruno rencontrera enfin une femme qui adore le sexe, et surtout qui adore le faire avec lui. Ensemble, ils se mêleront à des cercles où la sexualité est un mode de vie : expérimentation, échangisme, sexe de groupe… Bruno connaît enfin le bonheur : il s’épanouit dans ce mode de vie. Il partage frénésie sexuelle mais aussi tendre intimité avec sa compagne. Mais dans le monde de Houellebecq, le bonheur n’est pas longtemps toléré, le malheur s’abattra sur leur couple. La dernière partie du livre présente la destruction, le malheur et la mort qui attend l’homme, souvent plus tôt qu’il ne s’y attend. Les êtres chers ne sont pas épargnés. Bruno en perdra la raison, et Michel ira s’isoler dans un centre de recherche irlandais. L’épilogue est de la pure science-fiction, et je ne suis pas encore certain qu’il ajoute quelque chose au livre.

C’est le même regard sombre que l’on retrouvait dans Extension du domaine de la lutte, mais Les particules élémentaires est moins réaliste que le roman précédant, on croit moins aux personnages et à leur remise en question. On a aussi l’impression que par moments l’auteur cherche à faire sulfureux surtout par provocation. J’ai trouvé ce livre intéressant, mais j’ai préféré le premier.

3/5

le réaliste-romantique


De : Lydie Envoyé : 21/07/2008 11:13
Michel Houellebecq: Extension du domaine de la lutte

Né en 1958, il est l'auteur d'un essai sur Lovecraft et de recueils de poèmes, dont "Le sens du combat", récompensé par le Prix de Flore en 1996. "Extension du domaine de la lutte" est devenu unroman culte:

" Vendredi soir, j'étais invité à une soirée chez un collègue de travail. On était une bonne trentaine, rien que des cadres moyens âgés de 25 à 40 ans. A un moment donné, il y a une connasse qui a commencé à se déshabiller. Elle a ôté son T-shirt, puis son soutien-gorge, puis sa jupe, tout ça en faisant des mines incroyables. Elle a encore tournoyé en petite culotte pendant quelques secondes, et puis elle a commencé à se resaper, ne voyant plus quoi faire d'autre. D'ailleurs, c'est une fille qui ne couche avec personne. Ce qui souligne l'absurdité de son comportement".

Ainsi débute l'odyssée désenchantée d'un informaticien entre deux âges, peu convaincu de l'intérêt de son métier, jouant toutefois son rôle en observant les mouvements humains et les banalités qui s'échangent autour des machines à café.

L'installation d'un progiciel en province lui permettra d'éntendre le champ de ses observation, d'anéantir les dernières illusions d'un collègue, obsédé malchanceux, et d'élaborer une théorie complète du libéralisme qu'il soit économique ou social.
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Message  Invité Ven 4 Déc 2009 - 22:08

Les particules élémentaires >> Boulevard de la mort qui rode

Michel Houellebecq fait avancer sa plume sur le boulevard de la mort qui rode. Tout sent la mort dans ce roman. Les personnages sont renfermés sur eux-mêmes. Leur fin est tragique. Il n'y a pas d'espoir autre que dans un matérialisme à outrance. Tout baigne dans une ambiance de sexe débridé ou branlitude, foutrerie et partouzage sont les summums de la jouissance. S'il n'y a pas cela, l'excès inverse montre la voie du rationalisme scientifique le plus étroit ou l'être humain est réduit à un assemblage moléculaire que l'on peut manipuler à souhait. Par ce parti pris, l'auteur enterre l'homo occidentalis type libertin soixante-huitard, enterre la civilisation occidentale dans les ultimes retranchements qu'elle s'est choisie dans les derniers soubresauts du XXème siècle. Ce roman baigne dans l'horizontalité parfaite, dans le manque d'espérance total, le cynisme de la chair, le non-sens qui imprègne des êtres paumés, ballotés, ignorant jusqu'au sens qu'il faut donner à leur vie. Houellebecq est lucide sur le mal-être de ses contemporains et l'exprime avec une force qui frise parfois la caricature.

En lisant ce roman au style fluide, je pensais lire un livre d'ethnographie sur une société lointaine, tant ce qui est décrit m'est étranger. Houellebecq habite sur une planète à part. Ses livres suscitent le scandale car ils remettent en cause des modes de vie adoptés par ceux qui tiennent aujourd'hui les rênes du pouvoir et le contrôle des médias, qui insufflent la bien-pensance et brident la parole, ceux qui font en sorte que les personnes ne soient plus que des individus isolés les uns des autres par des océans d'incompréhension, des particules élémentaires. Houellebecq force à regarder derrière le rideau de fumée, et c'est désagréable, cela gratte, cela donne le mal de coeur. Dans ce roman, on a une overdose de fesse, on descend dans les tréfonds glandulaires, les zones humides, le marécage humain. Ce n'est pas vraiment reluisant. C'est noir, caustique, et le lecteur a de nombreuses tentations de fermer ce roman qui tourne autour du nombril, voire plus bas. En cela, Houellebecq souligne le manque d'empathie de notre société individualiste, crie ce manque d'amour flagrant qui fait que les êtres roulent sans prudence sur le boulevard de la mort qui rode, et se percutent, et s'abîment en fin de course.

Un roman lucide et sombre à la fois.

Veilleur

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Message  Invité Sam 29 Mai 2010 - 17:13

Que de temps passé sans laisser de message sur le forum.
Il fallait au moins un bon livre comme Plateforme pour me sortir de ma routine et reprendre le chemin des rats.
Je viens donc de terminer ce roman de Houellebecq plusieurs années après avoir lu "les particules élémentaires" qui ne m'avaient pas laissé un souvenir impérissable.
L'histoire : Michel vit à Paris une vie sans but, plate et recluse sans relations humaines, mis à part les soirs où il va voir des prostituées. Suite au décès de son père dont il était l'opposé total, laissant passer passivement la vie autant que son père essayait d'avoir prise sur elle.
De lui il hérite une bonne somme qu'il va utiliser pour partir en voyage organisé en Thaïlande, où il va rencontrer Valérie, qui va enfin le faire rentrer dans la vie. En trame de fond, l'industrie touristique, l'évolution de la société à travers celle de la société de consommation.
On a beaucoup entendu parler de ce livre à sa sortie, et notamment sur le fait qu'il traite avec complaisance du tourisme sexuel.
Je pense que ceux là n'ont pas bien lu le livre : oui les principaux protagonistes évoluent avec aisance dans ce milieu, jugeant parfois des bienfait de ce type de tourisme, mais n'oublions pas le coté fiction de l'histoire (bien que très prémonitoire). Il me semble que le propos de ce roman était de montrer les dérives ultimes de la société de consommation occidentale et des conséquences de cette course effrénée sur les pays en développement. Au final que des victimes...
Un extrait : "jusqu'au bout je resterai un enfant de l'Europe, du souci et de la honte ; je n'ai aucun message d'espérance à délivrer. Pour l'occident je n'éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que tous autant que nous sommes, nous puons l'égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre ; et, de plus, nous continuons à l'exporter."
Un bémol : les scènes de sexe sont décrite dans un langage très cru, donc âmes trop prudes s'abstenir.
Une note : 4/5

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Message  Lacazavent Dim 30 Mai 2010 - 16:01

C'est curieux je n'ai jamais vraiment été attiré par cet auteur. Je devrais peut-être tenter.
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Michel HOUELLEBECQ [pseudonyme] (France) Empty La carte et le territoire

Message  Ondine Mer 1 Déc 2010 - 17:41

La carte et le territoire
Flammarion 430 pages
Note: 2,5/5


Jed Martin est artiste et en panne d'inspiration pour finir son dernier tableau intitulé « Jeff Koons et Martin Hirsch se partageant le marché de l'art ». Il fini d'ailleurs par le détruire avant d'entamer un nouveau cycle dans son œuvre: la photographie de cartes Michelin. C'est le début du succès et l'occasion de faire de nouvelles rencontres: Olga, la belle russe amoureuse, le branché Beigbeder ou encore Houellebecq, le célèbre écrivain revenu d'Irlande, afin qu'il lui écrive le catalogue de sa première exposition monographique. La côte de Jed sur le marché de l'art s'envole, il est désormais riche et ne créera plus rien avant une dizaine d'années. Jed voit son père tous les réveillons et espère en apprendre un peu sur le suicide de sa mère mais son père n'a pas l'air décidé, vieilli mal et a décidé de se faire euthanasier. Jed aide aussi la police dans l'affaire du meurtre horrible de Houellebecq, affaire qui ne sera résolue que par hasard des années après, après même la mort de Beigbeder à l'âge de 71 ans. Jed, lui, se met à la vidéo d'art sur le tard et vieilli avec une santé déclinante.


Ce livre est agréable à lire, non dénué d'humour, mais décevant: décevant pour un Goncourt,décevant pour un Houellebecq. Ce livre semble assez peu représentatif de l'auteur, en tout cas de ce qui a fait sa célébrité. Pour les thèmes: le marché de l'art, le rapport au père, l'amitié entre autre, rien de nouveau. Bref, c'est bof!

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Message  noemiejardine Dim 5 Déc 2010 - 20:13

la carte et le territoire

c'est le premier Houllebecq que je lis, cet auteur ne m'avait jamais tenté jusqu'ici, ne sais trop pourquoi
et puis...contraitement à toi, Ondine, ai adoré!

le personnage de JED me plaît beaucoup, un type qui regarde choses et gens en position "meta" comme disent les psy,
un tel recul, c'est rarissime,
surtout un tel recul par rapport à soi-même...il n'a jamais l'air de savoir pourquoi il fait une chose plutôt qu'une autre....
tout chez luis semble être le fruit non pas d'une pulsion subite, mais d'un hasard...
cette idée des photos de cartes Michelin, très séduisante, non?

Une amie m'a souvent encouragée à lire Houllebecq, comprends aujourd'hui pourquoi,
elle aussi est foncièrement pessimiste et voit le monde d'aujourd'hui comme un grand dépotoir sans signification réelle.

La mise en scène de son propre personnage dans le roman m'a bien amusée...
On rit beaucoup en lisant Houllebecq
et je reste fascinée par son art à nous entraîner dans des réflexons connexes...
c'est comme de voir quelqu'un penser....

Quand on interroge quelqu'un: à quoi tu penses? la plupart du temps, la réponse est: à rien...
l'on dit " à rien" parce qu'il est difficle de clairement traduire le cheminement invraisemblable de ses pensées...
Houllecq nous le donne à voir ce cheminement..c'est fascinant, souvent très drôle, et toujours très juste.

4/5
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Message  noemiejardine Sam 25 Déc 2010 - 13:13

la possibilité d'une île

Michel HOUELLEBECQ [pseudonyme] (France) 41TTT574NEL._SL500_AA300_

  • livre de poche
  • Broché: 485 pages
  • ISBN-10: 274418800X
  • ISBN-13: 978-2213625478
  • ASIN: 2213625476
malgré le post de gallo
Daniel est un humoriste à succès qui vogue sur la vague des sketchs
antisémites et provocateurs. Il va rencontrer une secte, les Elohims,
menée par un gourou calculateur dont la principale idée est de
préserver l'ADN des morts afin de les ressusciter. A la suite d'une
manipulation médiatique, la secte supplante toutes les religions,
deviens très puissante et parallèlement poursuit ses travaux sur la vie
éternelle. Pendant ce temps, Daniel vit avec une femme de son âge puis
tombe amoureux d'une jeune fille alors qu'autour de lui tout se
dégrade, qu'il prend conscience des années qui passent et qu'il
abandonne toute idée artistique.
Le roman s'articule entre le
journal de Daniel (Daniel 1), relatant ces faits, et Daniel 24, puis
25, ses descendants directs issus du clonage réussi, des néo humains
vivant dans une bulle aseptisée dans un monde fini. C'est donc sous la
forme d'un livre de Science-fiction que Houellebecq nous parle encore
de notre société et de ses dérives, multipliant les passages
philosophiques sur la mort et l'amour, se permettant des scènes hyper
réalistes de sexe et des provocations qui toutes peuvent trouver un
écho parmi les lecteurs. On a l'impression qu'il écrit tout haut ce que
beaucoup pensent tout bas, et parfois le malaise est palpable, surtout
lorsqu'il est question de l'Islam (très peu, certes, mais toujours
présent quoiqu'il en soit).
Ce qui emporte l'adhésion à l'arraché,
c'est que justement cette possibilité d'une île est la possibilité de
vivre heureux grâce à l'amour, et donc ce livre contient une lueur
d'espoir que n'avaient pas ses précédents;c'est un livre douloureux en
cela qu'il nous met en face de nos souffrances et c'est un livre humain
en cela qu'il nous parle de notre propre humanité.
qui m'avait séduit, ai abandonné à la page 211
cette histoire est vraiment trop invraisemblable.....
ai fort apprécié le début, la satire des médias, des humoristes, du milieu des VIP, puis...la lassitude l'a emporté
et ce livre m'est tombé des mains!
2/5
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Message  Réaliste-romantique Mar 21 Aoû 2012 - 15:16

Plateforme
2001

Un fonctionnaire célibataire, aisé mais blasé rencontre, lors d’un voyage organisé en Thaïlande, une jeune femme qui œuvre dans l’industrie du tourisme. Ils vivent une fusion sexuelle et, avec un collaborateur, mettront sur pied une chaîne de circuits touristiques basés sur le « charme ».

J’ai retrouvé dans ce livre les ingrédients habituels de la recette Houellebecq : un thème provocateur (le tourisme sexuel assumé), un homme seul qui découvre enfin l’extase sexuelle (comme dans Les particules élémentaires), des scènes sexuelles fréquentes et décrites comme dans un livre érotique, des critiques acerbes de ce qui fait généralement consensus, des commentaires méchants mais qui font sourire… Comme dans la plupart des Houellebecq que j’ai lu, je ressens rapidement une irritation à retrouver encore tous ces éléments qui m’énervent, mais je ne peux pas le lâcher, car je suis néanmoins fasciné par son intrigue.

3,5/5

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Message  noemiejardine Sam 24 Jan 2015 - 12:00

Soumission



  • Broché: 320 pages
  • Editeur : FLAMMARION (7 janvier 2015)
  • Collection : LITTERATURE FRA
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2081354802
  • ISBN-13: 978-2081354807

présentation de l'éditeur:

Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un muavais rêve.
Le talent de l'auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.


on en avait tant parlé de ce bouquin, tant dit du mal, que c'était à gerber, que c'était insultant, que c'était mal écrit, etc...
J'ai voulu me faire mon idée à moi, même si ma dernière lecture de Houellebecq ne m'avait pas forcément convaincue: j'avais abandonné avant la fin, la possibilité d'une île...

Celui là, j'ai adoré, à tel point qu'après l'avoir refermé j'étais déçue de l'avoir terminé et me demandais ce qui pourrait dorénavant me plaire autant.
l'on rit du début à la fin, l'ai passé à ma moitié. je l'entendais aussi glousser tout seul...

A mon avis, c'est le meilleur qu'il ait écrit, et pas vrai du tout que son écriture est bâclée, c'est fin, ironique, juste, oh si juste les petits détails de la vie de chaque jour ordinaire.

C'est une uchronie et je n'arrive pas du tout à voir ce livre comme une charge contre les musulmans.


le héros?: un prof d'uni qui s'interroge, se tâte, s'examine, semble atteint de mille maux, pas graves, non plutôt un peu ridicules, eh bien, c'est un homme très attachant.
Il réfléchit, il regarde et regarde si bien....

Bref, ce fut un vrai régal!

5/5
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Message  Réaliste-romantique Mer 4 Mar 2015 - 15:53

Soumission
2015
Lors de la présidentielle française de 2022, le PS et l’UMP se font sortir au premier tour et il ne reste que les candidats des partis du Front national et des Frères musulmans en lice. Les tensions et débordements augmentent, alors le PS et l’UMP forment un front républicain contre le Front national. Le parti des Frères musulmans prône un islam modéré, mais une fois au pouvoir, la France change quand même graduellement de visage. Ceci n’est toutefois que le décor, car le livre porte sur un professeur d’université expert de Joris-Karl Huysmans qui se désole de sa vie. Huysmans est qualifié de « décadent », il se peinait de l’évolution de son époque et a finalement été éclairé par une conversion religieuse. Par un mise en abyme, le personnage de Soumission vie seul sans ami, sans famille, sans amour, sans but. Il est nostalgique d’une relation amoureuse terminée et de succès passés. L’arrivée au pouvoir des FR l’oblige d’abord à se retirer de l’université, mais ce sera peut-être aussi pour lui une opportunité.
 
On a beaucoup parlé de ce livre sans l’avoir lu. Je m’attendais à un récit de provocation, mais il n’en est rien (ou pas vraiment, surtout considérant que c’est de Houellebecq). Le livre porte d’abord sur Huysmans (je suggère, pour mieux apprécier la lecture, de s’informer un peu sur cet auteur avant de lire Soumission), ensuite sur l’évolution de notre société et enfin sur comment on est prêt à faire beaucoup de compromis si les changements sont graduels.
 
Les romans d’anticipation qui décrivent une remontée de la religion sont légions (Atwood, Asimov, Dick, Vonarburg…). Ce phénomène a déjà aussi été observé par des écrivains du passé (par exemple Jean Barois de Roger Martin du Gard). La force de Houellebecq est de l’avoir planté dans le présent plutôt que dans un futur lointain : on y retrouve Holland, Copé, Le Pen et Bayrou (pauvre Bayrou…).
 
Habituellement je n’aime pas le ton condescendant de cet auteur, mais il m’a moins dérangé dans ce livre. De plus, le sujet (Huysmans, la décadence) se prêtait bien à la légère touche de sarcasme qu’il a néanmoins gardé. Je n’ai d’abord pas aimé que l’auteur se fixe sur la question de la polygamie, il me semblait que c’était racoleur et pas la piste la plus intéressante à explorer. Mais j’ai ensuite réalisé que ça lui permettait d’exposer la soumission facile de l’homme : les intellectuels universitaires sont prêts à se convertir et à renoncer à leurs valeurs républicaines en échange de plusieurs épouses, dont des beaucoup plus jeunes qu’eux. Ils étaient d’abord contre cette idée, mais comme ça devient une raison d’état, pourquoi refuser? Il me semblait que Houellebecq mettait rapidement de côté toutes les femmes de son récit, mais au final ce sont les hommes qui apparaissent les plus veules : ils laissent tomber toute révolte ou résistance contre l’idée atavique de pouvoir s’accoupler avec plusieurs femelles.
 
C’est le meilleur Houellebecq que j’ai lu.
   
4,5/5

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Message  Bernard Mer 11 Mar 2015 - 16:47

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La carte et le territoire


Mon avis :

J'ai lu ce livre en deux épisodes et pour partie dans le train. C'est vrai que je n'avais pas été convaincu par Les Particules et pas plus par celui-ci. J'ai lu, plus haut que les avis étaient partagés, malheureusement ou le contraire, en ce qui me concerne, sans à-priori, je ne rentre pas dans les histoires de Michel Houellebecq. Pourtant j'ai bien ri avec le film "L'enlèvement de Michel Houellebecq" mais c'est du cinéma, avec ce roman, quelques sourires sans plus. Il faut dire que M.H. a des idées sur tout, il a plutôt surtout des idées comme aurait dit Coluche.
Au début, vraiment, je me suis dit:<< tiens, tiens, des photos de cartes Michelin, voilà une bonne idée>> et la bonne idée s'est en allée comme des traces de pas sur le sable...
La suite, la peinture et Picasso, le père et son accompagnement en Suisse, le fils arrivant en retard, le massacre de l'auteur, la mort de Beigbeder (non, c'est une blague!), les playmobil, ce n'est que du remplissage.
Ce qui m'a le plus énervé c'est de voir M.H écrire pour le situer ou situer Beigbeder: l'auteur des Particules élémentaire, l'auteur de 99F, etc. C'est d'un mauvais goût, mince, lorsque l'on est une référence de la littérature française il y a suffisamment de termes choisis pour éviter ce genre de comparaisons.  
Notez quand même qu'entre le film et ce roman il y a une similitude sur le personnage, notamment sur la picole et le tabagisme.
Sinon rien pour ce qui me concerne, ah, si, une des plus jolies femmes du tout Paris et c'est déjà ça...

2,5/5

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Message  Réaliste-romantique Mer 11 Mar 2015 - 20:21

Tiens, j'avais lu celui-là, mais je ne vois pas de commentaire sur le site. En fait, je me souviens vaguement que j'avais apprécié la lecture, surtout au début, comme Bernard, mais aujourd'hui, quelques années plus tard, je ne retiens rien de ce livre. En fait, je me souviens à peine de quelques détails. Et c'est malheureusement la même chose avec les trois autres Houellebecq que j'ai lu. Comme du fast food : une expérience qui peut être intéressante sur le moment, mais pas quelque chose qui me marque.

J'ai toutefois l'impression que Soumission est différent, mais c'est le temps qui le dira.
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Message  Bernard Jeu 12 Mar 2015 - 17:19

Merci de ton passage RR.

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Message  Réaliste-romantique Dim 27 Juin 2021 - 21:09

La possibilité d'une île

Récit de la vie du premier Daniel (1), entrecoupé des commentaires de Daniel 24 et Daniel 25, ses clones subséquents. Daniel 1 est un humoriste provocateur de notre époque, un Dieudonné qui aurait réussi à rester sur la crête de la provocation sans basculer dans l’exagération. Il devient connu, riche et a du succès avec les femmes. Il rencontre les Éholimities (des Raéliens à peine déguisés), et ceux-ci parviennent à développer le clonage (mais ils laissent de côté les extra-terrestres). Les Daniel du futur font partie de la petite minorité élitiste isolée qui vit dans domaines isolés à travers le monde, remplacée à la mort de chaque clone, survivant aux catastrophes naturelles et à l’effondrement social. Les Daniels 24 et 25 tentent de comprendre la vie de leur « original », sa vision du vieillissement et de la décrépitude de l’homme, le rôle de la séduction et de la sexualité, l’amour…
 
Au début, je n’ai pas aimé cette lecture, mais je crois que c’est ma réaction pour tous les Houellebecq. Cet auteur est cynique, acide, d’une vision utilitaire et déprimante, mais il fait aussi des observations très amusantes…et il a souvent raison. Je n’ai donc pas pu m’arrêter et j’ai finalement apprécié ce livre. De plus, je m’approche en âge du narrateur, donc il peut y avoir aussi un intérêt supplémentaire pour cette raison. Je crois que c’est le manque de nuances qui me dérange, il manque des « mais » pour que je sois d’accord avec ses idées. Sauf que je peux apprécier quand même l’outrance, comme on continue à boire pour conserver l’effet euphorique.
 
4/5

RR
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Message  géromino Lun 28 Juin 2021 - 18:08

C'est un auteur qui ne m'a jamais attiré, comme Beigbeder d'ailleurs (ah, les préjugés!). Est-ce d'avoir tant entendu, et pas que du bien, sur ses romans? Ou le personnage en lui-même qui me paraît franchement antipathique? Ou les sujets de ses livres qui ne m'inspirent vraiment pas? Un mixe des trois, probablement. 

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Message  Réaliste-romantique Mar 31 Mai 2022 - 22:59

Anéantir
2022, 729 page

Paul est haut placé un ministère des fiances, un proche du ministre. Il habite avec sa femme mais ils ne vivent plus ensemble : avec des horaires et ses pièces de la maison différentes, ils ne se sont pas croisés depuis des années. Il vit dans son monde mais reprend contacte avec son frère et sa sœur après que le père est dans le coma suite à un AVC. Le père en ressort, mais il ne peut bouger que les yeux. Le ministre de Paul est aussi pressenti pour être le prochain candidat présidentiel, alors Paul plonge dans l’arène politique et des faiseurs d’image. S’ensuivent une série de rebondissements et nouveaux fils narratifs, tels des attentats ciblés sans mort, sans revendications et hautement technologiques.

Houellebecq place encore son récit quelques années dans le futur, ce qui lui permet de jouer un peu avec la réalité et même le passé. Ce livre m’est apparu différents des autres que j’ai lu parce que l’auteur semble avoir plus de distance par rapport au récit : il ne commente pas aussi directement avec le ton bileux, il laisse deviner sa pensée entre les lignes. Il respecte aussi plus ses personnes, il ne les traine pas dans la boue ou l’avilissement (à l’exception d’Inès) comme cela se produit souvent. Malgré la taille du volume, le récit est enlevant, les pages défilent assez vite. Sauf qu’on dirait qu’il ne savait pas où il se dirigeait, qu’il suivait une idée, puis une autre et une autre, en abandonnant les précédentes (je n’en ai nommées que les premières ci-haut pour ne pas divulgâcher). L’auteur se concentre sur une ou deux, puis les abandonne pour des nouvelles, et on ne retourne jamais au thème d’avant. On traite de relation familiale, de la haute politique, des courants sociaux, du terrorisme, d’une église nouvelle âge… Mais en bout de ligne on se concentre sur la maladie et la perte. Soit c’est un déficit d’attention (j’ai lu des livres de Philip K Dick qui me donnaient cette impression, que l’auteur générait ses idées au fil de l’écriture), soit c’est une construction pour illustrer que quoi que soit nos passions (famille, politique, social, écologie, spiritualité…), elles deviennent caducs lorsque se profile le spectre de la maladie et de la mort. C’est une observation intéressante, mais je ne crois pas que 729 pages soient nécessaire pour le démontrer. En plus, plusieurs de celles-ci sont la description des rêves de Paul, procédé littéraire que je hais.

3,5/5

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