Chahdortt DJAVANN (Iran/France)

De : Bernie
Envoyé : 2004-02-04 02:45

Cette romancière iranienne analyse, dans Bas les voiles !, de façon très précise, la symbolique du port du "voile" chez la femme dans les sociétés islamiques. Elle dresse une sorte de pamphlet contre "cette tradition", non au nom de la laïcité mais au nom de la protection des mineures car dés la fin de l'enfance les jeunes filles sont contraintes de se voiler c'est-à dire qu'on leur impose une certaine image de la femme en tant qu'objet, qu'on les conditionne dans leur subordination future d'épouse et qu'on les maintient à vie dans leur "infériorité" présente de soeur et de fille.

Je note ce livre 5/5. Une écriture simple pour un sujet complexe et d'actualité. Il y a des éléments autobiographiques dans l'argumentation, l'auteur ayant porté "le voile" en Iran, de 13 à 23 ans. Maintenant elle vit en France mais regrette que les députés ne prévoient "que" l'interdiction "du voile" en classe et non tout le temps.

De : SH1st
Envoyé : 2004-03-01 16:26

Bonjour,

Contrairement à vous, je n'approuve pas la démarche de cette personne. Elle est intellectuellement malhonnête, cela pour deux raisons:

1) Elle part de sa supposée expérience en Iran où le tchador (et non le voile) est obligatoire pour toutes les femmes, mêmes les touristes. En France, la donne est bien différente. Tout d'abord, il s'agit de voile (en arabe hijâb) et non de tchador (recouvre le corps et la chevelure). De plus, il ne s'agit pas de l'imposer, fort heureusement, à toutes les femmes, mais de savoir si il peut être porté à l'école. Outre qu'il est évident que le porter à l'école n'est pas possible en France, il n'empêche que dans la vie privée et dans la rue, rien ne l'empêche. Madame Djavann vient nous parler d'un sujet en fait tout à fait différent, puisque en France, le voile n'est pas imposé dans la majorité des cas, mais est un choix de la femme (qu'il soit durable ou éphémère). Elle voudrait saper la liberté de conscience à l'envers, en empêchant purement le port du voile, ce qui revient à faire la même chose qu'en Iran, mais à l'envers. Pour résumer ma penser, elle vient en France mener un combat qui serait approprié en Iran. Beau cas d'induction ratée.

2) Elle ne fait référence à rien dans son livre à part elle-même: il suffit de vivre en Iran pour conférer à un morceau de tissu une qualité diabolique, et pour savoir en tirer les conclusions valables universellement. Elle ne fait appel à aucun auteur, aucun témoignage qui pourrait corroborer le sien.

Pour conclure, je dirais que Madame Djavann a fait ce qu'on appelle un coup de pub, puisqu'elle sort un roman et qu'elle a réussi à faire parler d'elle au travers d'un essai duquel ne transparaît aucune qualité littéraire particulière. Ou comment faire de l'intolérance un fonds de commerce...

De : lassy
Envoyé : 02/02/2005 15:22

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur deux points.
D'abord, je pense que le mot "voile" peut se comprendre dans son sens le plus large, c'est à dire une pièce de vêtement, quelqu'il soit, dont l'utilité est bien de voiler un visage, ou des cheveux : c'est un symbole, surtout.
Ensuite, le problème, en France comme ailleurs, c'est que les femmes voilées le sont, pour la plupart, parce que les hommes de leurs familles l'exigent (ou le suggèrent très fortement, ce qui revient au même), les témoignages dans ce sens ne manquent pas ; c'est donc pour cette raison que nombre d'entre elles souhaitent l'interdiction pure et simple du voile, (dans son sens le plus large, donc) : c'est effectivement leur seul moyen d'accéder à la vraie liberté, car ne pas porter le voile en est le premier pas.

Je viens d'ailleurs

Il s'agit d'un témoignage : la narratrice raconte par épisodes ce qu'elle a vécu en Iran. Lors de la révolution, elle avait douze ans. Elle est sortie de l'enfance comme on entre dans un cauchemar... la peur s'installe tout autour d'elle. Une succession d'interdictions et d'actes de violence... Et puis, exilée en France, elle revient au pays pour une brève période, en 1998.
C'est difficile de parler de ce livre. C'est un roman, mais il est très largement autobiographique, qui reflète certainement la réalité, la sobriété du récit et l'émotion contenue en témoignent.
Style sobre, donc, mais avec cette tonalité de légèreté orientale, imagée, pour raconter son pays : L'Iran n'est pas le pays de l'Islam, mais c'est le pays de tout un peuple jugulé, meurtri, par une poignée de fanatiques.

3,5 / 5