Jacques Abeille (France)

Les jardins statuaires
éd. le Tripode, 2022, 516 p.
Note: 4/5

Un voyageur arrive dans une contrée où la société est structurée autour de la culture exigeante de statues qui poussent -littéralement- dans la terre de domaines familiaux enclos de murs. Le voyageur-narrateur découvre les us et coutumes du pays grâce à un guide et à l'hôtelier chez qui il loge. Petit à petit, le fonctionnement et les failles de cette société archaïque sclérosée apparaissent et le voyageur en découvre finalement les limites au sens propre comme au figuré, en allant vérifier la véracité de la légende d'un chef -autrefois jeune jardinier- fédérant les populations des steppes pour détruire le monde des jardins statuaires.

Voilà un petit résumé qui n'est pas à la hauteur de la densité des Jardins Statuaires. A la fois récit de voyage dans sa première partie puis roman d'aventure dans sa deuxième partie, récit teinté se mystère, de philosophie et de poésie, il bénéficie d'une grande qualité d'écriture. On lui reprochera un départ longuet mais cette lenteur pose le paysage et participe aux mises en abyme symboliques nombreuses dans le roman.
Pour donner une idée du ton du livre on pourrait grossièrement dire qu'il y a de la Horde du Contrevent, du cycle de Terremer et du Nom de la rose même si d'autres comparaisons seraient sans doute plus pertinentes: pour certains l'auteur se situe entre Julien Gracq et Ursula le Guin, c'est assez curieux et assez vrai pour piquer la curiosité. Mais les plus beaux ambassadeurs du roman restent son titre magnifique et son illustration de couverture, cette dernière, réalisée par François Shuiten, justifierait à elle seule, l'achat du livre!

Une belle découverte!

A noter que ce roman est le premier d'un Cycle des Contrées (édité chez le Tripode) couronné du Prix Spécial de l’imaginaire 2021.