Elfriede JELINEK (Autriche)

De : Ashtart123 Envoyé : 24/08/2005 15:29
Elfriede JELINEK - LES AMANTES
221 p.

Cette auteure autrichienne raconte les états d'esprits de deux ouvrières qui cherchent désespérémment à se sortir de leur situation en se mariant. Les deux histoires sont décrites en parrallèle et présentées comme le bon et le mauvais exemple, sans que le bon exemple soit pour antant enviable. Les mentalités décritent font très rétro - le seul désir des femmes est de plaire à leurs futurs maris.

Le style est très dérangeant - il n'y a pas de majuscules dans ce livre et la majorité des verbes utilisés sont conjugués au présent. Par ailleurs, il y a beaucoup de répétition dans les phrases pour faire ressentir l'obsession de ces femmes, et beaucoup de raisonnements sont complètement absurdes. Il ne se passe pas grand chose dans ce livre; les femmes ne font que tout en leur pouvoir pour arriver à leurs fins, ce qui est peu...

C'est difficile de mettre une cote, je ne suis pas encore certaine si j'ai détesté le livre - une chose est sûre, je l'ai lu en entier parce que j'étais intriguée...

Je vais accorder un 3/5 pour l'originalité et pour m'avoir déstabilisée!

"son avenir, on le prépare soi-même, dit la mère de heinz. c'est pourquoi il nous appartient, à nous et à personne d'autre. qu'elle s'occupe du sien. le nôtre, heinz, notre fils, on s'en occupe. il s'occupe du nôtre, du sien, et d'aucun autre.
pourquoi cette brigitte est-elle si exigeante, elle veut tout, elle veut rien de moins que notre fils.
pourquoi cette brigitte n'est-elle pas contente avec ce qu'elle a - c'est à dire rien?
il y en a d'autres qui n'ont rien et qui s'en contentes. quand on est content, un rien vous semble déjà beaucoup.
pourquoi cette brigitte ne se contente-t-elle pas du rien qu'elle a?"



De : lobadetolosa Envoyé : 12/10/2006 17:43
ELFRIEDE JELINEK - AVIDITE

résumé ; Nous sommes dans un petit village autrichien, au coeur de la famille Janisch. Le père est gendarme, un métier où l'on se doit d'être respectable et respectée. Mais ce métier ne paye pas assez suffisamment pour le gendarme. Après des arrangements, la banque ne veut plus les aider. Or, voilà que le gendarme a trouvé une autre tactique pour renflouer ses comptes, il séduit les personnes âgées, avec un compte en banque assez confortable, dans l'espoir d'acquérir leurs biens, à leur mort qui n'est pas forcément naturelle. Mais il arrive que les descendants se fassent connaître et là, tout le programme capote.

Il continue son quotidien de "drague financière" mais voilà qu'un corps de jeune fille est trouvé dans un lac, ficelé dans une bâche. Or, cette jeune fille, il la connaissait...

mon avis : L'auteure est prix nobel de littérature 2004 et cela s'en ressent dans son écriture. Elle nous offre tout au long du livre des petits bijoux de phrases, qui peuvent faire profondément réfléchir, sourire par la force de l'ironie qu'elle arrive à y mettre ou juste par la beauté et la justesse des mots qu'elle utilise. A contrario, certains passages notamment au début du récit sont excessivement longs, avec des phrases parfois pédantes qui peuvent lasser et larguer le lecteur. Au début, elle prend son temps , trop à mon avis, pour installer le décor, présenter les protagonistes et nous mettre dans l'ambiance.

J'ai trouvé que le côté polar avait été mis à l'écart au profit de l'écriture. On sent que tout l'effort consiste dans la narration, sur la forme et non pas sur le fond, c'est assez frustrant. Par contre, sa belle recherche d'écriture lui permet de faire une critique de son pays et de ses habitants, sur la luxure, l'envie et l'avidité d'ou le titre.

On peut donc dire que la forme de ce livre est vraiment bien faite, inspirée où l'on sent que tous les mots ont été choisis avec soin, intelligence et amour pour le plus grand plaisir du lecteur, mais le fond laisse à désirer notamment sur l'histoire, l'intrigue! Mais franchement une si belle écriture pardonne tous les défauts!!

ma note : 3.25/5



De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 09/09/2007 02:45
Elfriede Jelinek - Les Exclus


En 1959, un groupe de jeunes gens, trois lycéens et un ouvrier, moleste au hasard des passants à Vienne. Qui sont-ils, et pourquoi commettent-ils ces crimes? Ils sont : Rainer, le leader qui a mal digéré ses lectures de Sartre et de Camus, Anna, sa sœur, boule de haine, Sophie, la riche bourgeoise en colère et Hans, l’ouvrier insatisfait. Elfrid Jelinek décrit la difficulté des jeunes de trouver leur place dans la société autrichienne de l’après-guerre. On y rencontre des anciens SS qui ressassent leurs souvenirs dans des boulots minables. Des petits employés fiers de tenir les communistes à distance par leur participation au capitalisme, malgré qu’ils n’en sortent pas gagnants. Rainer pérore sans arrêt et étale sa culture à tout vent, Anna braque tout ceux qu’elle rencontre par son mutisme et sa personnalité, Hans ne comprend pas tout, mais sait qu’il veut s’élever de sa classe, et Sophie s’amuse à snober l’argent avec ses amis pauvres. Les actes violents ne sont qu’une tentative pour se sortir du marasme, presqu’un passe-temps. L’orientation du groupe est plutôt vers Sophie : Rainer est amoureux et voit leur union comme une reconnaissance de son génie, Hans est attiré par Sophie et voit en elle son tremplin vers une autre classe, et Anna l’envie pour ce qu’elle ne sera ou fera jamais. Malgré leurs grands idéaux et paroles, ils ne veulent qu’embarquer dans le train capitaliste, en première classe, pour s’enrichir aussi. Sophie aussi compte bien tourner le dos à ces excès une fois le lycée terminé, et choisir une vie bourgeoise d’héritière.


« Anna méprise premièrement les gens qui ont une maison, une auto et une famille, et deuxièmement toutes les autres personnes. » p.18

« Aujourd’hui, cette nuit, Rainer se livrera sûrement à une séance d’onanisme afin d’éliminer une certaine tension, mais à contrecœur et dans l’obscurité absolue, à l’image de son mode de vie habituel ». p.164

Le livre débute sur une scène violente, mais elle n’apparaitra ensuite qu’accessoire au récit, le cœur se trouve ailleurs. Le livre crée d’abord un certain malaise, mais il nous envoûte rapidement. Même s’il n’est pas d’accord avec les moyens utilisés, le lecteur comprend le désœuvrement de ces jeunes, et leur besoin de briser le moule. Un livre coup de poing.

Il est le pendant sombre de Bonjour Tristesse de Françoise Sagan : un célèbre l’insouciance de la jeunesse, alors que Les Exclus raconte ceux qui n’y arrivent pas. Il rappelle aussi le film « Warum läuft Herr R. Amok ? » (Why does Mr. R. Runs Amok?) de Fassbinder : un long ennui dont on ne peut se sortir que par la violence.

4,5/5
le réaliste-romantique



De : lalyre7032 Envoyé : 25/09/2007 19:12
Elfriede Jelinek - Les exclus Points/Seuil
Thème 279 P

Vienne ,fin des années 50,quatre adolescents haineux qui molestent les passants,c'est pour eux une façon comme une autre de déverser leur révolte et leur dégoût de la société de cette époque.
Tout d'abord l'auteur nous donne une image du milieu familial de ces jeunes,le père de Rainer et Anne des jumeaux,ancien SS,unijambiste,un homme violent qui distribue les coups sans compter,sadique avec la mère qui accepte tout sans broncher.
Hans,le troisième larron vit seul avec sa mère qui gagne quelques sous en collant des enveloppes,le garçon la déteste allant même jusqu'à cracher dans sa soupe.
Quand à Sophie la deuxième fille de ce clan,parents riches est assez provocante,portant belles toilettes mais voudrait se voudrait se démarquer de son milieu.
Donc ces quatres jeunes dont trois sont lycéens,Hans est ouvrier se plient à l'autorité de Rainer et font les quatre cents coups,volant et rouant de coups des gens sans défense sans jamais se faire prendre.Cette difficulté de vivre va anéantir la raison de Rainer car dans un accès de folie il va tuer ses parents et sa soeur à coups de hache.
Un livre âpre et rude inspiré d'un fait divers,un avenir sombre pour ces jeunes toujours en quête d'une vie meilleur,de la violence,de la haine et de la méchanceté gratuite,des thèmes qui sont toujours d'actualité..... 4/5
Lalyre



De : Lyreek14 Envoyé : 16/10/2007 19:48
Elfriede JELINEK - La Pianiste
Editions Points 250 pages

4ème de couverture : Elle ne boit pas, ne fume pas, couche encore à 36 ans dans le lit maternel et aime bien rester chez elle. Chaque fois que ses horaires de professeur de piano au conservatoire de Vienne le lui permettent, elle se plaît à fréquenter les cinémas pornos, les peepshows et les fourrés du Prater. Et quand un de ses étudiants tombe amoureux d'elle, Erika Kohut ne sait lui offrir en échange qu'un scénario éculé, propre à redorer la vieille relation du maître et de l'esclave. Cru, féroce et en même temps d'un comique irrésistible, ce livre n'épargne ni l'amour maternel et ses vaines ambitions, ni la vénérable institution qu'est à Vienne la grande musique, ni le sexe et ses névroses.

Mon avis : Que dire? J'ai réussi à terminer le livre mais ce ne fut pas sans mal. Au début du livre, je réussissais avec peine à lire 20 pages à la suite. Ensuite, ça a été mieux mais l'ensemble me laisse perplexe. Le livre est profondément dérangeant, les relations entre les personnages sont extrèmement bizarres et malsaines, que ce soit la relation mère-fille ou la relation "amoureuse" entre Erika et son élève. Je ne sais quoi penser, je ressors de ce livre déstabilisée et vraiment pas certaine de me replonger un jour dans l'univers d'Elfriede Jelinek.
Je lui donne 2.5/5 mais c'est très difficile de le noter en fait.



De : Shan_Ze Envoyé : 13/09/2008 18:18
Elfriede Jelinek - Lust

Hermann est directeur d’une usine de papier. Tous les soirs quand il rentre chez lui, il ne pense qu’à posséder sa femme, Gerti.
Avec Lust, Jelinek montre la supériorité du patron sur l’ouvrier, de l’homme sur la femme. Ce roman est particulier par la tournure des phrases, par son immoralité. Les scènes de sexe se succèdent les unes à la suite des autres, décrites par beaucoup de métaphores. J’ai lu les phrases, envoûtée mais perdue par moments, ne sachant où Jelinek voulait en venir. Ce livre me laisse un peu partagée…

Note : 3.25/5



De :Le-réaliste-romantique Envoyé : 06/10/2008 04:00
Elfried Jelinek - Lust

Le directeur de l’usine de papier d’une petite bourgade autrichienne apparaît être le modèle du parfait petit bourgeois, mais il possède une libido exagérée. La peur du sida l’empêche de fréquenter des prostitués, alors il se rabat sur sa femme. Il la possède en tout temps, en tout lieu, violemment et perversement. Gerti endure, car cela fait parti de son rôle de bourgeoise soumise. Elle tente bien de se venger en prenant un jeune amant, mais c’est encore l’avilissement du corps. La seule chose sur laquelle est a vraiment le contrôle est son fils.
Jelinek critique encore une fois la société bourgeoise de son pays. L’intrigue n’est qu’un prétexte à la dénonciation féroce. Il y a de nombreuses descriptions sexuelles, mais c’est de l’anti-pornographie : il n’y a là rien d’excitant. Le style est très imagé, la structure un brin décousue. L’auteur cherche à dépasser le schéma classique du roman, mais ceci est déroutant pour le lecteur.

2,5/5

le réaliste-romantique

Les Amantes

Roman traduit de l'allemand par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize
Éditions Points-Seuil (décembre 2004, publié en 1975)
221 pages

C’est le destin de deux jeunes femmes issues du monde ouvrier, pauvres et sans culture, qui rêvent à un avenir meilleur. Il faut absolument briser le cercle vicieux de la vie , telle qu’elle est vue : soit devenir vendeuse (échec) soit se trouver un mari et ensuite fonder une famille(réussite). Mais il ne faut pas attendre, d’être trop vieille, car toutes les jeunes filles ont la même ambition de base. Car « si quelqu’un a un destin c’est un homme. Si quelqu’un se voit imposer un destin, alors c’est une femme » (p7). Et les sentiments dans tout ça ?

Brigitte travaille dans une usine de lingerie, mais son seul et unique but est de mettre la main sur Heinz, qui aura un jour un magasin d’électroménagers. Sa persévérance va finir par payer; après être tombée enceinte – piètre garantie de garder le fiancé et de l’épouser – elle travaillera dans le magasin avec son mari. Elle devient alors propriétaire de sa destin (du moins en a-t-elle l’illusion) de SON Heinz ( illusion toujours) et de LEUR magasin.

Paula, vendeuse, aime la couture et aimerait en faire un apprentissage afin de s’émanciper et d’aller voir ailleurs ce qu’il s’y passe. Mais le temps presse, alors elle s’intéresse à Erich, bûcheron rustre et alcoolique. Tombée elle aussi très vite, elle ne parviendra pas a s’élever dans l’échelle sociale, se retrouvant à la case de départ, dans l’usine. « Paula a vécu son destin ailleurs. Il s’achève ici. Le destin de Brigitte ne fait que commencer ici. Brigitte a réussi à s’échapper. Paula est tombée sous les arrêts du destin. Quand la vie parfois croise son chemin, Paula n’essaie plus de lui parler. » (p 221)

Si le récit nous met mal à l’aise, le style y participe aussi grandement. Il n’y a pas de majuscule dans le texte. Même les prénoms n’y ont pas droit. On dirait que c’est pour marquer d’autant plus comme la vie des petites gens est sans importance. Il n’y a pas lieu de lui en donner plus. Cependant, quelques mots en majuscules parsèment le texte, comme des mots hurlés afin de ne pas les oublier, des mots d’ordre : AVANT, NON, APPRENDRE, tu DOIS, A LA BONNE HEURE, CE QU’IL Y A DE MIEUX, ET QUI VA FAIRE TON TRAVAIL ? HEINZ, IL LE FAUT, VIVRE, HEUREUSE, NON, PRENDRE, A MOI etc….

Les disparités sociales nous apparaissent très clairement dans le texte, ainsi que la pénibilité du travail ; il suffirait à Paula et à Brigitte de trouver le réconfort de l’amour pour embellir leur quotidien, pour rendre leur vie plus douce…..mais l’amour semble absent dans ce récit, même l’amitié n’y est pas présente. Le texte, semble dicté, très factuel, aucun émotion n’y transpire….Cette atmosphère est lourde à vivre et quelque part aussi lourde à lire. J’avais souvent entendu parler de cette auteur, je l’ai donc lu avec beaucoup d’attente.

Je ne sais si c’est l’ambiance du récit qui m’a dérangé ou la trame – très déprimante, soyons honnête – mais je suis un peu déçue. Par contre, je conseillerais tout de même ce livre pour sa structure très étonnante. De ce point de vue –là, ce roman vaut tout de même le détour.

Pas un coup de coeur, dommage

3.75 / 5

AVIDITE
ELFRIEDE JELINEK
POINT 437 pages


Résumé : 4° de couverture
Une jeune fille est retrouvée noyée dans un lac autrichien, ficelée dans une bâche. Du travail en perspective pour les gendarmes... L’un d’eux fréquentait la victime. Mais il a aussi la particularité de séduire les femmes mûres vivant seules dans l’espoir de se voir léguer tous leurs biens…
Avec un cynisme frisant la misanthropie et une virtuosité verbale savamment calculée, Elfriede Jelinek nous livre à travers de roman un nouveau témoignage de ce rapport d'amour-haine qu'elle entretient avec l’Autriche, son « pays de cannibales ».

Mon avis :

A vrai dire, il m'aurait été difficile de résumé ce livre sans la copie du 4° de couverture tant cette lecture m'a totalement échappé. Même en y mettant  une attention toute particulière, je n'ai pu rentrer dans l'intrigue. L'auteur a travers un personnage ambiguë ( le gendarme ) tente de nous faire entrer dans une intrigue de meurtre dont on ne détient jamais les tenants et les aboutissants. Elle y inclue  ses règlements de comptes avec la société Autrichienne et ses revendications écologistes. Le style est de qualité, mais semble adressée à des lecteurs élitistes dont je ne fais probablement pas parti.
A la lecture des différentes présentations de cette auteur, j'avais mis beaucoup d'espoir à sa découverte, je suis déçu.  J'ai encore en réserve "Lust". J'espère bien à mieux quant au plaisir de lire. Le plaisir est avant tout la priorité et avec " Avidité " je n'en ai pas eu...

Ma note 2/5