Akif PIRINÇCI (Turquie/Allemagne)

De : loup_en_vadrouille (Message d'origine) Envoyé : 03/04/2008 23:58

Akif Pirinçci est né à Istanbul en 1959 et a émigré en Allemagne à l'âge de neuf ans. Scénariste et écrivain, il s'est imposé sur la scène littéraire mondiale en créant le personnage de Francis, le chat détective. Le premier roman de la série, Félidés, est paru en français chez Métailié en 1992. Pirinçci est l'auteur de nombreux romans, dont L'Homme-Tronc (Métailié, 1996).

Chien méchant
Une enquête du détective Francis

(Belfond, 2001, 255 pages)

"En amour comme à la guerre, tous les coups sont permis, dit-on. Mais, s'il en va ainsi, l'amour aussi est permis en temps de guerre, et j'allais en faire l'expérience dans les jours suivants. Comme si souvent dans la vie, pourtant, cet amour ne se révélerait tel qu'une fois l'objet aimé envolé. Venez, suivez-moi ; je vais vous raconter une histoire de guerre et d'adversaires aimables, une histoire où l'on verra que les ennemis nous sont aussi indispensables que l'air que l'on respire."
Ainsi débute l'histoire que va nous conter un détective très spécial : Francis le chat.

Des chats et des chiens sont retrouvés assassinés et présentent une étrange marque de morsure à la gorge. Tandis que Francis rechigne à mettre de côté sa petite vie tranquille pour reprendre du service, son ami Barbe-Bleue lui annonce que cette série de meurtres est sur le point de déclencher une guerre. En effet, la communauté des chats et celle des chiens s'accusent l'une l'autre de ces meurtres ignobles. Mais qui a donc intérêt à déclencher une guerre ?
La curiosité de Francis l'emportera sur son amour du confort, puis la découverte du dernier cadavre finira de le convaincre qu'il lui faut absolument résoudre cette affaire. Mais puisque les deux communautés sont concernées, il sera flanqué d'un partenaire, un "clébard" nommé Hektor, ex-chien policier à la retraite.
Francis peinera à réunir les pièces du puzzle dans cette enquête et pour cause, il découvrira qu'il n'est qu'un simple pion sur l'échiquier d'un esprit diabolique.

J'ai adoré le langage soutenu de ce cher Francis, chat âgé de 97 ans. Mêlé à son esprit caustique, son humour féroce, cela devient un vrai régal. J'ai relu certains passages deux ou trois fois, tellement ils m'ont fait rire, tellement je les ai appréciés !
J'ai trouvé Francis plus qu'attachant ; on aimerait l'avoir pour chat ! Le personnage de Barbe-Bleue est très drôle aussi ("merde alors"). Et ce pauvre vieux Hektor, on l'adopterait sur le champ.
Pour ce qui est de la forme, ce livre est un vrai polar, bien plus à mon goût que tous les Jean-Christophe Grangé et Patricia Cornwell réunis. Peut-être trouverez-vous ça louche. Et pourtant, j'ai rarement eu autant de plaisir à lire un polar.
Pour ce qui est du fond, il y a de la matière pour une réflexion après lecture. A travers les tensions et menaces entre chiens et chats, on retrouve le thème du racisme et plus globalement de l'intolérance. Et si l'homme prenait exemple sur la capacité qu'a Francis le chat à se remettre en question pour changer et devenir meilleur, le monde serait bien différent. Et puis de l'ethnocentrisme découle ce fléau qu'est la guerre, dont l'absurdité est exposée très simplement, comme une évidence, tout au long du livre. Les manoeuvres politiciennes sont également dénoncées avec beaucoup d'humour. Il y a aussi plusieurs notes très intéressantes concernant les animaux et surtout les chats, bien sûr. Deux m'ont particulièrement intéressée : Miacis, ancêtre commun des félidés et des canidés, apparu sur la scène de l'évolution voici soixante millions d'années, à l'ère du paléocène. Et l'utilisation des animaux par l'homme durant toutes les guerres de l'histoire !

Bref, un livre plein d'humour, très bien écrit, mettant en scène des personnages très attachants, pour une enquête bien menée, sur fond intelligent.

Ma note : 5/5

"L'homme, dans son infinie méchanceté, n'ayant jamais pu se consoler de la perte irrémédiable de son innocence, avait cherché, mû par une jalousie toute primitive, à impliquer dans ses turpitudes tous ceux qui ne l'avaient pas encore perdue. Oui, les animaux avaient participé à toutes les guerres. Mais leur coller une culpabilité morale sur le dos n'était pas possible, même avec la meilleure volonté du monde. La faute était du côté des hommes, et nulle part ailleurs."



De : Profgéo Envoyé : 25/05/2008 18:33

Felides Akif Pirinçci Métaillé 246 pages

Résumé:
Francis vient d'emménager avec son maître Gustave dans un nouveau quartier. La maison que Gustav a acheté est une véritable épave, ce qui pouse Francis à aller voir ailleurs ce qui se passe de bon dans le quartier. Et de tomber aussitôt sur un cadavre encore frais et sur un matou passablement éclopé du nom de Barbe-Bleu. Dans les jours qui vont suivre, Francis va se lancer à fond dans une enquête qui va le mener à découvrir dans le quartier la présence d'un chat-tueur en série, d'une secte de félins adorateurs d'un mythique chat-martyr, d'un accro de l'informatique à quatre pattes, d'un laboratoire fermé où se sont déroulé des expériences dignes des camps de concentration nazis, de catacombes félines dignes de celle de Rome et d'une race de chat qu'il n'avait jamais vu. Juste ça...

Critique:
Prenez le roman policier classique avec ses intrigues tordues, ses meurtres horribles et ses intrigues d'âme sombre tombée dans le mal, enlevez la police et transformez toutes les protagonistes en chats et les humains en animaux familier occupant une place secondaire dans l'histoire... Et ça vous donne une bonne idée de ça à quoi Pirinçci est arrivé! L'intrigue est menée comme un roman policier classique, mais la grande érudition féline de l'auteur et son sens de l'intrigue fait en sorte que la sauce prend et que même les éléments disons plus invraisemblables de l'histoire tiennent la route. La beauté de l'histoire est que tout ça nous rend le personnage de Francis attachant et qu'on est aussi pris dans cette histoire que dans celle de n'importe quel policier. Les remarques bien senties des chats sur leurs humains (communément appelés ouvre-boîtes) sont par moment très drôle et à d'autres très justes: on leur impose souvent bien des horreurs par pur plaisir ou encore par pure méchanceté. Ce qui ne les empêchent pas de croire avec un humanisme remarquable à la possibilité d'un harmonie entre tous les animaux et les êtres humains... excepté les rats! J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont le meurtrier-félin-en-série justifiait ses actes. La manière dont l'auteur amène cette réflexion est particulièrement bien faite. Et elle leur prête des sentiments humains, même si ce ne sont que des félins. Cerise sur le sundae: les notes de fin de livre émaillent le texte et permettent de voir à quel point les comportements des félins ont été étudiés par l'auteur, donnant à l'ensemble une petite touche supplémentaire. Bref, une excellente lecture, recommandé à tous les amateurs de policiers ou de chats, ou les deux. Par contre, prévoyer des nerfs solides pour le tout, le gore n'est pas trop loin à certains moments.

Ma note: 4.5/5


Akif Pirinçci est né à Istanbul en 1959 et a émigré en Allemagne à l'âge de neuf ans. Scénariste et écrivain, il s'est imposé sur la scène littéraire mondiale en créant le personnage de Francis, le chat détective. Le premier roman de la série, Félidés, est paru en français chez Métailié en 1992. Pirinçci est l'auteur de nombreux romans, dont "L'Homme-Tronc" (Métailié, 1996).

Chien méchant Akif Pirinçci Belfond 243 pages



Résumé:
Francis, le chat détective fameux qui a su éliminer du quartier le terrifiant tueur-de-chat en série est de nouveau appelé à laisser de côté sa gamelle bien pleine et la lecture percher sur l'épaule de son très cher Gustav (ou son ouvre-boîte, c'est selon) pour faire face à la nouvelle menace qui plane sur son quartier: un être mystérieux s'attaque indistinctement aux chiens et aux chats, faisant en sorte de pousser les clébards et les tortionnaires de souris les uns contre les autres. La confiance régnant entre les deux communautés pousse les chiens à adjoindre au fabuleux Francis un collaborateur: Hektor, épave de teckel anciennement chien-policier. Ajouté à cela que débarque chez Gustav la copie conforme de Francis dans sa jeunesse sous la forme d'un jeune félin appelé... Junior! et vous avez un chat complétement débordé!

Critique:
C'est ma deuxième lecture d'Akif Pirinçci, alors forcément l'élément découverte était moins présent et j'ai senti un peu plus quelques éléments qui semblent faire partie d'une certaine «recette» Pirinçci, ce qui ne m'a pas le moins du monde empêchée de passer un excellent moment de lecture. L'écriture pleine de circonvolutions et d'envolées littéraires de l'auteur m'a d'ailleurs davantage plu que la première fois. Il rend à merveille les pensées du chat Francis telle qu'on pourrait les reconnaître à sa physionomie: un peu supérieur, un peu conscient de ses faiblesses, très imbu de sa félinité! Le fait que l'histoire mêle cete fois-ci un chien était une très bonne idée, mais leur présence n'était pas aussi bien rendue que celle du moindre félin de l'histoire, exception faite peut-être d'Hektor, le sympathique clébard de service passant son temps à sauver la vie de Francis (un métier à temps plein que de sauver la vie d'un chat aussi casse-cou à son âge!) L'enquête, menée de main de maître laisse planer le doute sur le responsable des meurtres jusqu'à la toute fin du livre. La réflexion qui accompagne le livre sur la guerre et ses conséquences, sur l'enrôlement de l'animal dans la guerre des hommes est aussi très intéressante. On sent que l'auteur souhaite plus qu'un simple roman policier, mais bien une réflexion sur la société au travers du regard des fidèles compagnons de l'homme. Certaines parties de l'intrigue sont très drôles, comme les fois où Francis «emprunte» l'ordinateur du voisin de Gustav pour faire quelques recherches sur Internet (non, mais les souris d'ordinateurs, aucun rapport avec les vraies!) ou les conversations qu'il a avec Junior (courtiser les belles Félis Domesticus a parfois des conséquences...). Bref, un bon policier, qui ne tourne pas le dos à certaines descriptions gores, mais qui reste efficace et qui donne un excellent moment de divertissement.

Ma note: 4/5