Roland DORGELÈS (France)
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Roland DORGELÈS (France)
De : Le-réaliste-romantique (Message d'origine) Envoyé : 2008-09-30 13:23
Roland Dorgelès
Écrivain français
1885-1973
Journaliste à Paris, il est réformé mais s’engage quand même pour la Première guerre mondiale. Membre de l’Académie Goncourt de 1929 à 1973.
« Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir »
Bibliographie
Très riche, voir le lien suivant.
--------------------------------------------------------------------------------
Les croix de bois
1919, préface de l’auteur de 1964
Récit des tranchées, tout en simplicité et en abominations. L’auteur, ancien combattant, raconte la vie des poilus, la camaraderie, les moments de pure bonheur lors des pauses, mais aussi la dureté de ces combats, l’absurdité de sacrifier des hommes pour prendre un boisé insignifiant, la résignation d’être de garde dans une casemate alors qu’on entend les pioches de l’ennemi qui creuse une sape minée, l’inconscience des dirigeants, l’incompréhension des civils, les femmes qui ne les attendent plus... Et l’horreur, l’horreur simple et quotidienne. Les nouvelles tranchées construire à travers les cimetières de combattants, avec des membres qui dépassent des murs. Les gueules cassées. Les blessés qui agonisent pendant des jours dans le no man’s land, que les copains entendent sans pouvoir secourir. Tous les camarades disparus. Les traumatismes ineffaçables...
Excellent livre : la der des ders racontée par un participant. L’écriture est simple et douce, malgré le sujet. On ne se perd ni dans les détails technique, ni dans un récit gore qui empêcherait de lire. Proust a raflé le prix Goncourt de 1919 à Dorgelès, on a préféré les jeunes filles en fleur aux cinq années d’horreurs. Aujourd’hui, il ne faut pas oublier ce qui s’est passé et se contenter de récits militaristes glorieux.
La préface de 1964 est intéressante : écrite 50 après, après un autre conflit avec l’Allemagne, le temps est à la réconciliation. L’auteur veut bien la paix et l’harmonie, mais comment honorer la mémoire des combattants tombés, pourquoi sont-ils morts alors? Doit-on les oublier?
« C’est vrai, on oubliera. Oh! Je sais bien, C’est odieux, c’est cruel, mais pourquoi s’indigner : c’est humain… Oui, il y aura du bonheur, il y aura de la joie sans vous, car, tout pareil aux étangs transparents dont l’eau limpide dort sur un lit de bourbe, le cœur de l’homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond…
On oubliera. Les voiles de deuils, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu’ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. » p.342
5/5
le réaliste-romantique
Roland Dorgelès
Écrivain français
1885-1973
Journaliste à Paris, il est réformé mais s’engage quand même pour la Première guerre mondiale. Membre de l’Académie Goncourt de 1929 à 1973.
« Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir »
Bibliographie
Très riche, voir le lien suivant.
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Les croix de bois
1919, préface de l’auteur de 1964
Récit des tranchées, tout en simplicité et en abominations. L’auteur, ancien combattant, raconte la vie des poilus, la camaraderie, les moments de pure bonheur lors des pauses, mais aussi la dureté de ces combats, l’absurdité de sacrifier des hommes pour prendre un boisé insignifiant, la résignation d’être de garde dans une casemate alors qu’on entend les pioches de l’ennemi qui creuse une sape minée, l’inconscience des dirigeants, l’incompréhension des civils, les femmes qui ne les attendent plus... Et l’horreur, l’horreur simple et quotidienne. Les nouvelles tranchées construire à travers les cimetières de combattants, avec des membres qui dépassent des murs. Les gueules cassées. Les blessés qui agonisent pendant des jours dans le no man’s land, que les copains entendent sans pouvoir secourir. Tous les camarades disparus. Les traumatismes ineffaçables...
Excellent livre : la der des ders racontée par un participant. L’écriture est simple et douce, malgré le sujet. On ne se perd ni dans les détails technique, ni dans un récit gore qui empêcherait de lire. Proust a raflé le prix Goncourt de 1919 à Dorgelès, on a préféré les jeunes filles en fleur aux cinq années d’horreurs. Aujourd’hui, il ne faut pas oublier ce qui s’est passé et se contenter de récits militaristes glorieux.
La préface de 1964 est intéressante : écrite 50 après, après un autre conflit avec l’Allemagne, le temps est à la réconciliation. L’auteur veut bien la paix et l’harmonie, mais comment honorer la mémoire des combattants tombés, pourquoi sont-ils morts alors? Doit-on les oublier?
« C’est vrai, on oubliera. Oh! Je sais bien, C’est odieux, c’est cruel, mais pourquoi s’indigner : c’est humain… Oui, il y aura du bonheur, il y aura de la joie sans vous, car, tout pareil aux étangs transparents dont l’eau limpide dort sur un lit de bourbe, le cœur de l’homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond…
On oubliera. Les voiles de deuils, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu’ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. » p.342
5/5
le réaliste-romantique
Re: Roland DORGELÈS (France)
Les croix de bois
Roland Dorgelès s'engagea volontairement dès 1914. En 1919 il publia ce roman: le témoignage poignant d'un combattant de la grande guerre.
Roland Dorgelès ne nous raconte pas sa guerre du début à la fin. C'est un récit par petites touches de l'enfer qu'il connut sur les champs de bataille, l'horreur des tranchées, les nombreuses pertes inutiles pour conquérir quelques mètres. Il n'est pas tendre avec le commandement dans son ensemble qui n'hésite pas à envoyer les hommes à une mort certaine et à fusiller celui qui, abruti de fatigue, refuse d'obéir.
Mais ce sont aussi les temps de repos en arrière des lignes: moments de répit que tous les hommes savourent en ce disant que c'est peut-être le dernier....Ici les plaisanteries et les bouffonneries vont bon train pour masquer la peur et le découragement.
L'écriture de Dorgelès est magnifique ni grandiloquente, ni empesée. Le récit est émaillé de dialogues où l'auteur a su faire ressortir toute la "gouaille" de ces hommes issus de tous les milieux.
Un passage, parmi tant d'autres, pour illustrer ce roman:
"Il me semble que ma vie entière sera éclaboussée de ces mornes horreurs, que ma mémoire salie ne pourra jamais oublier. Je ne pourrai plus jamais regarder un bel arbre sans supputer le poids du rondin, un coteau sans imaginer la tranchée à contre-pente, un champ inculte sans chercher les cadavres. Quand le rouge d'un cigare luira au jardin je crierai peut-être: "Eh! Le ballot qui va nous faire repérer!..."Non ce que je serai embêtant, avec mes histoires de guerre, quand je serai vieux! Mais serai-je jamais vieux ? On ne sait pas..."
Ma note 5/5
Roland Dorgelès s'engagea volontairement dès 1914. En 1919 il publia ce roman: le témoignage poignant d'un combattant de la grande guerre.
Roland Dorgelès ne nous raconte pas sa guerre du début à la fin. C'est un récit par petites touches de l'enfer qu'il connut sur les champs de bataille, l'horreur des tranchées, les nombreuses pertes inutiles pour conquérir quelques mètres. Il n'est pas tendre avec le commandement dans son ensemble qui n'hésite pas à envoyer les hommes à une mort certaine et à fusiller celui qui, abruti de fatigue, refuse d'obéir.
Mais ce sont aussi les temps de repos en arrière des lignes: moments de répit que tous les hommes savourent en ce disant que c'est peut-être le dernier....Ici les plaisanteries et les bouffonneries vont bon train pour masquer la peur et le découragement.
L'écriture de Dorgelès est magnifique ni grandiloquente, ni empesée. Le récit est émaillé de dialogues où l'auteur a su faire ressortir toute la "gouaille" de ces hommes issus de tous les milieux.
Un passage, parmi tant d'autres, pour illustrer ce roman:
"Il me semble que ma vie entière sera éclaboussée de ces mornes horreurs, que ma mémoire salie ne pourra jamais oublier. Je ne pourrai plus jamais regarder un bel arbre sans supputer le poids du rondin, un coteau sans imaginer la tranchée à contre-pente, un champ inculte sans chercher les cadavres. Quand le rouge d'un cigare luira au jardin je crierai peut-être: "Eh! Le ballot qui va nous faire repérer!..."Non ce que je serai embêtant, avec mes histoires de guerre, quand je serai vieux! Mais serai-je jamais vieux ? On ne sait pas..."
Ma note 5/5
Re: Roland DORGELÈS (France)
Les croix de bois
Souvenirs de l'auteur, engagé volontaire dans l'Infanterie française pendant la Première Guerre Mondiale: les tranchées, les obus, les charges, les exécutions pour l'exemple, les rats, les poux, les amis qui meurent, le bonheur de quelques jours de repos à l'arrière...
Un autre témoignage de la vie menée par les "poilus" pendant la première guerre mondiale, comme ceux de Barbusse (Le feu) ou de Remarque (A l'Ouest rien de nouveau). Une écriture douce qui parle des horreurs de la guerre mais aussi de la camaraderie de ces hommes réunis malgré eux par le destin.
Note: 4/5
Souvenirs de l'auteur, engagé volontaire dans l'Infanterie française pendant la Première Guerre Mondiale: les tranchées, les obus, les charges, les exécutions pour l'exemple, les rats, les poux, les amis qui meurent, le bonheur de quelques jours de repos à l'arrière...
Un autre témoignage de la vie menée par les "poilus" pendant la première guerre mondiale, comme ceux de Barbusse (Le feu) ou de Remarque (A l'Ouest rien de nouveau). Une écriture douce qui parle des horreurs de la guerre mais aussi de la camaraderie de ces hommes réunis malgré eux par le destin.
Note: 4/5
Le petit montagnard- Nombre de messages : 1333
Location : Toulouse - France
Date d'inscription : 13/01/2011
Re: Roland DORGELÈS (France)
Les croix de bois
Note : 4/5
Critique : récit terriblement frappant de la vie dans les tranchées que Dorgelès, ancien combattant, a hélas bien connu. Avec tout ce qui va avec : les camarades, les morts, le no man's land, les décisions incompréhensibles des gradés, les obus, la vermine, etc. Un livre pour la mémoire.
Note : 4/5
Critique : récit terriblement frappant de la vie dans les tranchées que Dorgelès, ancien combattant, a hélas bien connu. Avec tout ce qui va avec : les camarades, les morts, le no man's land, les décisions incompréhensibles des gradés, les obus, la vermine, etc. Un livre pour la mémoire.
cookie610- Nombre de messages : 5559
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Location : Lyon
Date d'inscription : 28/07/2009
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