Sylvie GERMAIN: Les échos du silence
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Sylvie GERMAIN: Les échos du silence
De : Sahkti1 Envoyé : 2006-07-14 06:18
Sylvie GERMAIN, Les échos du silence
Editions Desclée de Brouwer, ISBN 2220038351
"Aussi attentivement que l'on scrute ces traces noircies de sang, de larmes, on n'y décèle ni regard ni voix de Dieu, nul reflet de sa face qui se serait inclinée vers les hommes en détresse, leurs enfants suppliciés pour répondre à leurs cris, leurs appels, à leur attente illimitée et demeurée vacante.
Devant un tel silence, on est tenté de conclure au scandale, à l'outrage, car tous ces pas de fauve qui apposent sur la terre avec une folle prodigalité leurs sceaux de mort et d'infamie semblent autant de preuves de l'absence de Dieu ou, pire de son indifférence."
Texte impressionnant sur l'absence de Dieu. En une centaine de pages, Sylvie Germain fait un tour de la question qui laisse sans voix. L'idée de départ est simple et bien énoncée : au vu de tous les malheurs qui accablent l'Homme et la Terre, Dieu ne peux pas exister, c'est impossible... ou alors c'est un monstre. Se basant sur le livre de Job, Sylvie Germain aborde de manière délicate mais ferme l'absence de Dieu, ses silences devant nos interrogations, son invisibilité alors que nous l'appelons au secours et que la Terre agonise. Dieu n'est pas là, il n'apparaît jamais, il se fiche de sa création.
La démonstration laisse pantois, je n'ai pu qu'acquiescer, de tels propos correspondant d'autant plus à ma vision de la divinité suprême. Cela aurait cependant été trop simple de conclure de la sorte, S. Germain va beaucoup plus loin. A l'aide d'autres textes et de convictions propres, elle narre le dessein réel de Dieu : s'effacer au profit de l'Homme, lui faire don du monde avant de se retirer, témoignage ultime de la grande confiance qu'il accorde à l'être humain. L'Homme qui, très vite, préféra le rutilant et l'éphémère et construira tout seul comme un grand sa propre perte.
Très beau passage extrait du Roi Lear : "Voilà bien la folie suprême de l'univers : quand notre heur s'avère mauvais, et souvent par le triste effet de notre propre conduite, nous rendons coupables de nos désastres le soleil, la lune, les étoiles, comme si nous étions coquins par fatalité, bêtes par contrainte céleste, chenapans, voleurs et perfides de par un signe qui nous gouverne, ivrognes, menteurs et adultères par docilité obligée à l'ascendant de quelque planète et, en un mot, jamais portés au mal que si un dieu nous y mène. Quel admirable alibi, pour ce maître ruffian qu'est l'homme, d'aller mettre son tempérament de bouc à la charge d'une étoile." (page 67).
L'Homme s'aime avant d'aimer Dieu ou celui qui lui a donné vie, peu importe le nom qu'on lui accorde.
Mais après tout, n'est-ce pas là volonté de Dieu ? Dieu que l'auteur compare à la tragédie du Roi Lear, le parcours de ce roi auto-déchu exigeant qu'on l'aime ressemblant par certains aspects à celui qu'on nomme le Créateur.
Si l'existence de Dieu est, en conclusion, affirmée, elle est remise à sa juste dimension, celle de l'humain, celle de l'esprit de l'homme.
Une belle leçon!
Ma note: 4,5/5
Sylvie GERMAIN, Les échos du silence
Editions Desclée de Brouwer, ISBN 2220038351
"Aussi attentivement que l'on scrute ces traces noircies de sang, de larmes, on n'y décèle ni regard ni voix de Dieu, nul reflet de sa face qui se serait inclinée vers les hommes en détresse, leurs enfants suppliciés pour répondre à leurs cris, leurs appels, à leur attente illimitée et demeurée vacante.
Devant un tel silence, on est tenté de conclure au scandale, à l'outrage, car tous ces pas de fauve qui apposent sur la terre avec une folle prodigalité leurs sceaux de mort et d'infamie semblent autant de preuves de l'absence de Dieu ou, pire de son indifférence."
Texte impressionnant sur l'absence de Dieu. En une centaine de pages, Sylvie Germain fait un tour de la question qui laisse sans voix. L'idée de départ est simple et bien énoncée : au vu de tous les malheurs qui accablent l'Homme et la Terre, Dieu ne peux pas exister, c'est impossible... ou alors c'est un monstre. Se basant sur le livre de Job, Sylvie Germain aborde de manière délicate mais ferme l'absence de Dieu, ses silences devant nos interrogations, son invisibilité alors que nous l'appelons au secours et que la Terre agonise. Dieu n'est pas là, il n'apparaît jamais, il se fiche de sa création.
La démonstration laisse pantois, je n'ai pu qu'acquiescer, de tels propos correspondant d'autant plus à ma vision de la divinité suprême. Cela aurait cependant été trop simple de conclure de la sorte, S. Germain va beaucoup plus loin. A l'aide d'autres textes et de convictions propres, elle narre le dessein réel de Dieu : s'effacer au profit de l'Homme, lui faire don du monde avant de se retirer, témoignage ultime de la grande confiance qu'il accorde à l'être humain. L'Homme qui, très vite, préféra le rutilant et l'éphémère et construira tout seul comme un grand sa propre perte.
Très beau passage extrait du Roi Lear : "Voilà bien la folie suprême de l'univers : quand notre heur s'avère mauvais, et souvent par le triste effet de notre propre conduite, nous rendons coupables de nos désastres le soleil, la lune, les étoiles, comme si nous étions coquins par fatalité, bêtes par contrainte céleste, chenapans, voleurs et perfides de par un signe qui nous gouverne, ivrognes, menteurs et adultères par docilité obligée à l'ascendant de quelque planète et, en un mot, jamais portés au mal que si un dieu nous y mène. Quel admirable alibi, pour ce maître ruffian qu'est l'homme, d'aller mettre son tempérament de bouc à la charge d'une étoile." (page 67).
L'Homme s'aime avant d'aimer Dieu ou celui qui lui a donné vie, peu importe le nom qu'on lui accorde.
Mais après tout, n'est-ce pas là volonté de Dieu ? Dieu que l'auteur compare à la tragédie du Roi Lear, le parcours de ce roi auto-déchu exigeant qu'on l'aime ressemblant par certains aspects à celui qu'on nomme le Créateur.
Si l'existence de Dieu est, en conclusion, affirmée, elle est remise à sa juste dimension, celle de l'humain, celle de l'esprit de l'homme.
Une belle leçon!
Ma note: 4,5/5
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