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Léonora MIANO (Cameroun/France)

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Message  Mousseline Sam 29 Nov 2008 - 4:24

De : 2550Chimère (Message d'origine) Envoyé : 2007-01-09 16:03

CONTOURS DU JOUR QUI VIENT de Léonora MIANO
Ed Plon/275p

Au Mboasu pays africain imaginaire ruiné par une guerre, Musango est accusée de sorcellerie par sa mère et chassée de la demeure familiale.

Musango voyage et découvre un pays qui écrase sans état d’âme la jeune génération et broie ainsi son avenir tout entier. Un roman très fort émotionnellement et avec une belle écriture. On est facilement emporté dans ce Mboasu, la ville de Sombé, le fleuve Tubé et les personnages sont fascinants tant les figures bienveillantes qui protègent plus ou moins la petite fille durant son périple que celles malveillantes qui vivent de trafics et profitent de la misère pour faire régner la terreur. Une ambiance fin de monde mais avec l’émergence d’un faible espoir de renouveau tout de même. Un beau roman en tout cas avec un sujet pas facile. Pas de misérabilisme à outrance non plus. C’est sobre, poétique aussi. A découvrir.

Ma note : 3,5/5




De : Cafrine Envoyé : 2008-05-05 00:49

Contours du jour qui vient de Léonora MIANO

Edition Plon - 233 p.

Résumé : Le pays vient "d'essuyer" une guerre dont les habitants se relèvent à peine. Désorientés, accablés, les parents abandonnent leurs enfants : une bouche de moins à nourrir, un problème en moins à leurs yeux... Musango fait partie de ces enfants de la rue. Accusée d'incarner le mal par sa mère, l'enfant va traverser les années, le pays et nous faire découvrir ce monde imaginaire pourtant si proche des réalités auxquelles l'Afrique est confrontée (prostitution, sorcellerie, manipulation, corruption,...).

Dans ce pays qui part à la dérive, Musango s'obstine. Envers et contre tout elle cherche cette mère, sa mère, ce passé qui l'a rejetée et dont elle a tend besoin pour aborder son avenir.

Avis : Ah j'ai aimé !!! J'ai aimé cette histoire qui vous fait entrer de plein pied dans le réél-imaginaire. J'ai aimé cette auteure qui maîtrise de mon point de vue le français et toutes ses subtilités, j'ai aimé son engagement, sa prise de position. J'ai aimé aussi cette déclaration d'amour de Miano à son pays, car, à mon sens, s'en est une. Pouvoir regarder en face les problèmes de son pays, avoir conscience qu'il sacrifie ces jeunes donc son avenir et lui dire combien on l'aime malgré tout : j'ai trouvé ça très fort.

Un des personnages, la grand-mère de Musango conte à un moment une histoire aux enfants. La finalité du récit n'est pas alors pas de faire rêver les enfants, mais de leur faire prendre conscience des enjeux dont ils sont ou seeront acteurs. Et je crois qu'au fond c'est un peu aussi le rôle de Miano via "Contours du jour qui vient".

Je vous invite à découvrir l'histoire de Musango, une fillette courageuse qui porte un regard lucide sur son pays et qui après un parcours initiatique se tiendra debout.

Ma note : 5/5




De : Cafrine Envoyé : 2008-05-05 01:13

Je me rends compte que j'ai oublié pleins de choses... !

Notamment que "Contours du jour qui vient" a reçu le Prix Goncourt des Lycéens 2006.

Je vous propose donc de découvrir :

* L'histoire de Musango : http://www.leonoramiano.com/index.php?option=com_content&task=view&id=5&Itemid=7

* L'auteure : http://www.leonoramiano.com/index.php?option=com_content&task=view&id=1&Itemid=2




De : lacazavent Envoyé : 2008-05-09 14:08

"Contours du jour qui vient" , Léonara MIANO

La petite Musango, à peine 9 ans est accusée par sa mère d'être une sorcière, de porter malheur ; elle est battue, rejetée et abandonnée. Livrée seule, sans famille ni ressources dans pays d'Afrique équatoriale, le Mboasu se relevant à peine d'une guerre civile. C'est une vie d'enfant des rues, vivan tà son échelle le drame qui secoue son pays. Un temps recueillie puis vendue comme esclave, une vie d'enfant face aux épreuves et aux dangers.
Elle grandit avec le constant désir de retrouver sa mère, de se débarrasser de cet encombrant passé, pour pouvoir enfin sainement envisagé son avenir.

Lettre ouverte adressé à sa mère et à son pays, dans un style sobre et précis, rythmé habillement par des phrases courtes. On entend battre le coeur d'une Afrique souffrante, victime mais riche et éternelle.
On passe facilement outre quelques incohérences et notamment la maturité et la conscience que manifeste cette petite. Je veux bien que les épreuves fassent grandir plus vite, quelle puisse avoir appris à manier si bien la langue française bien après son récit mais tout de même par moment (en reprenant tes termes Cafrine) j'ai trouvé ça très fort. Un peu trop d'ailleurs!

Ma note : 4,5/5 et oui, j'ai quand même beaucoup aimé!




De : Cafrine Envoyé : 2008-05-10 02:43

Merci Lacazavent de nourrir le débat sur ce titre. Cela me permet aussi de bénéficier de ce recul que je n'ai peut-être pas eu en lisant, emportée par l'histoire.
Je t'avoue que la conscience et la maturité de la petite Musango que j'ai relevé comme toi ne m'ont pas gêné pour autant. Je l'ai interprété comme un changement de focalisation interne. Musango raconte son histoire de son point de vue et puis à certains moments la narratrice prend de la distance dans le regard de ce personnage pour donner une dimension plus générale.
Maintenant à savoir si c'est ça ...




De : lacazavent Envoyé : 2008-05-12 06:24

Salut Cafrine,

Je pense que tu as raison, en y réfléchissant ce n'est pas tant sa maturité qui ma gêné mais justement le fait que Musango soit utilisé par la narratrice pour justifier son point de vue.
Une opinion d'adulte exprimé comme un adulte m'a parut étrange dans la bouche d'une enfant, dans ces passages Léonora MIANO comme pour se cacher derrière Musango renforce les allusions de la petite à son jeune âge.
Pour être plus clair, j'ai eu l'impression justement qu'elle nie se changement de focalisation interne.
Après, je pense que c'est plus une affaire de perception, mais bon ...

Cocotte : lis le vite, on a besoin de ton avis !!!




De : mariselya Envoyé : 2008-05-12 12:22

J'ai lu "Contours du jour qui vient" il y a plus d'un an. J'ai vraiment beaucoup aimé surtout la découverte de cette auteure africaine (c'est toujours un réel plaisir de découvrir une femme africaine en littérature). Et je me souviens aussi avoir trouvé l'histoire et ce qui arrive à la jeune fille assez dur. Et pourtant avec des relents de réalisme tout au long de ses mésaventures. Bien entendu le sujet est traité sous forme de conte mais je peux vous dire que certaines réalités, que dis-je certains drames africains ressemblent à ceux-là. Dans nos univers occidentaux, nous pouvons difficilement concevoir que de telles douleurs et souffrances existent. Ce livre et cette histoire sont dures comme l'est l'Afrique . Comme elle l'a toujours été et comme elle le sera toujours.Mais elle a bien d'autres charmes que nous ne possédons plus. Chaque civilisation est pourvue d'un "ying" et d'un "yang". Je dirais aussi que l'Afrique est rude et difficile, mais pleine de sens (même si souvent mystique) tandis qu'en Occident tout est plus lisse et d'apparence plus facile. Bon j'arrête on dirait (presque) Filou !! Je rigole pour détendre l'atmosphère de mon blabla bien lourd par ce beau temps ultra printanier.
C'était juste pour vous dire mon ressenti quand vous dites que c'est un peu trop dur . Oui certes c'est dur mais je peux vous dire que certaines réalités africaines le sont et quelquefois pire !




De : Cafrine Envoyé : 2008-05-12 23:44

Mariselya,

J'ai lu avec attention ton post. Je partage également ton point de vue avec une petite précision tout de même ce n'est pas tant l'histoire et la réalité d'un pays que Lacazavent et moi débattions mais juste un point technique de narratologie que tu as également perçu lors de ta lecture d'après tes écrits. Tu parles en effet de l'histoire d'une jeune fille "avec des relents de réalisme tout au long de ses mésaventures". C'est la façon dont étaient insérées ces pointes de réalisme, pour ma part j'irai même plus loin, ces réflexions, ces dénonciations d'une société qui peuvent surprendre de la part d'une enfant de ...12 ans. J'ai donné mon avis plus haut sur ce "décalage".

Oui, je connais, j'ai même vu de mes yeux les réalités d'un pays tiers-mondiste... pas l'Afrique, mais une île proche (plus grande que la France quand même) Madagascar. Et en effet même dans la misère la plus extrême, tu as les sourires, une approche zen de la vie. Je peux t'assurer qur lorsque je suis rentrée chez moi, je ne me suis plainte de rien.
En tout cas, comme entrée en matière dans le thème Afrique, je ne pouvais rêver mieux avec ce titre. Combatif et réaliste, c'est ce que j'attendais. Et voir qu'au bout d'un an ton souvenir de cette lecture est aussi présente est pour ma part le gage d'une livre marquant !




De : mariselya Envoyé : 2008-05-13 04:05

Peut-être qu'il y a effectivement un léger décalage mais il ne m'a pas semblé flagrant.Peut-être aussi parce que je sais que c'est plus dur pour les filles africaines et qu'à 12 ans pas mal d'entre elles doivent affronter des problèmes et difficultés d'adulte. Nous voyions ça avec nos yeux d'occidentaux ("une gamine de 12 ans"). C'est sans doute pour cela que cela ne m'a pas semblé trop décalé et trop surprenant de la part d'une fille de 12 ans. Et ce qu'elles vivent parfois ne leur laisse guère le temps de finir paisiblement leur enfance : elles passent de l'enfance à l'âge adulte sans ménagement et sans la transition de l'adolescence. Bien sûr certaines vivent dans un milieu plus protégé mais plus privilégié. Mais certaines c'est loin d'être l'écrasante majorité.




De : Lyreek14 Envoyé : 2008-06-08 05:40

Contours du jour qui vient
Plon - 274 pages

Ames sensibles s'abstenir! Un livre très dur, qui situe son action dans un pays dévasté par la guerre et qui a bien du mal à se reconstruire. Dans cet univers, Musango doit apprendre à grandir et à vivre alors que sa mère l'a rejeté. Et quand on est livré à soi même dans un pays ravagé, on ne fait pas forcément de bonnes rencontres. Musango se retrouve prisonnière, au main d'hommes se livrant au trafic de femmes.
Ce récit des souffrances d'une fillette abandonnée est abordé avec une plume très riche qui m'a, à vrai dire, un peu génée. Comme plusieurs d'entre vous, j'ai ressenti ce décalage entre l'age de Musango et les reflexions qu'elle peut avoir ,à la limite du philosophique, et en tout cas qui font preuve d'un tel recul et d'une telle lucidité qu'ils en sonnent un peu faux. Je comprends, comme l'a expliqué Maieselya, qu'on puisse acquérir de la maturité à vivre de telles épreuves mais analyser de cette façon son pays, son époque et ses concitoyens, c'est pas donné à tout le monde, même adulte alors là j'ai trouvé ça parfois un peu agaçant et ça a tendance, je trouve, à enlever au récit de sa force et de sa véracité.Mais c'est juste mon avis!
Ca n'en reste pas moins un bon livre qui vaut la peine d'être lu pour se rendre compte de la réalité de la vie africaine. Le courage de Musango est admirable, une telle force de caractère pour garder l'espoir dans les épreuves et croire en la vie malgré tout, chapeau!

3,5/5




De : lacazavent Envoyé : 2008-06-20 15:42

«L’intérieur de la nuit»de Léonora MIANO

De retour au Mboasu, cette fois nous suivons Ayané qui retourne à Eku -son village natal- au chevet de sa mère. Cette déracinée moderne découvre alors la colère sourde montant des collines et de la brousse.
Dans ce pays demeuré hors du temps, confronté par de prétendue patriote venue du Nord à une idéologie prônant le retour à une Afrique flamboyante et mythologique. Deux mondes vont s’affronter sur la place du village, là « se préparent une longue et horrifiante cérémonie » et pour Ayané observatrice caché « la nuit sera longue… ».


C’est HORRIBLE, PUISSANT, DERANGEANT, en reprenant les codes des grandes tragédies (unité de lieux, d’action, de temps …etc.) et sans chercher l’autocensure, elle nous entraîne dans une société moderne anthropophage où seul règne la loi du plus fort ou n’est-elle pas plutôt celle du plus fou.

Alors soit un homme mon fils !

Mais voilà, les personnages sont effacés et à trop vouloir servir son propos, elle le dilue, le noie par des personnages fantômes. Ayané sert de véhicule, mais sa peinture est rouillé, heureusement que le texte est court, elle aurait eu du mal a tenir quelques pages de plus.

Ma note : 3,5/5




De : Philcabzi5 Envoyé : 2008-07-05 19:57

L'intérieur de la nuit (Léonora Miano)

Ed. Plon, 2005, 209 pages

Note: 5/5

Résumé:

Sachant sa mère gravement malade, Ayané retournera dans le village Eku, là où elle a grandit. Elle qui vit maintenant en France n'arrive pas à se réintégrer dans la vie de sa tribu, surtout qu'elle a toujours été l'enfant-sorcière, celle dont on a même de la difficulté à prononcer le nom. Elle pensait ne rester que quelques jours, mais le village est encerclé par les rebelles qui un soir viendront irrémédiablement tout changer dans cette petite communauté...

Mon avis:

Ouf! Je le dis d'emblé, ce livre n'est pas pour les âmes sensibles. Au début on s'attends à une simple histoire, admirablement bien écrite et puis BOUM!, le destin frappe. C'est dur, c'est cruel mais je crois malheureusement que l'auteur a tout simplement démontré la triste vérité. La construction du récit est vraiment particulière car on suit deux trames qui s'entrecroisent, se repoussent, s'attirent. Ainsi, on suit la naissance et la vie d'Ayané, ses souvenirs, ses pensées mais aussi nous sommes au cœur du village Eku, au cœur d'un peuple vivant comme autrefois, avec ses mœurs et coutumes bien établis. L'écriture est magnifique, très imagée et colorée mais en même temps j'ai eut le sentiment que le récit m'était raconté d'une voix rauque, en chuchotant, assis la nuit le dos appuyé sur une case. Bon j'arrête d'en parler, et si vous voulez plus de détails, vous savez quoi faire : lisez ce livre!
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Message  Philcabzi Lun 5 Jan 2009 - 0:04

Contours du jour qui vient
Ed. Plon, 2006, 248 pages, ISBN 978-2-266-17694-1

Ma note : 3.5/5

Mon avis:
Je ne referai pas le résumé, d'autres l'on fait très bien. Contrairement à L'intérieur de la nuit, je n'ai pas subit de choc à la lecture de ce roman. Pas que le propos soit facile ou que je n'ai pas été bouleversé par le destin de la petite Musango, mais je ne me suis pas sentie happée par l'histoire. Je crois que c'est probablement dû à l'écriture, certes très belle, mais qui me semblait décalée par rapport au sujet. Il est difficile pour moi de me sentir émue par un sujet dur et cruel en lisant des mots aussi poétique. Je ne sais pas si je suis claire! Mais tout de même c'est un très bon livre qui décrit malheureusement le destin de milliers, sinon de millions, d'enfants.
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Message  Ysla Dim 24 Mai 2009 - 6:54

CONTOURS DU JOUR QUI VIENT

Résumé
: voir les précédents messages au sujet de ce livre

Mon avis : J'ai aimé cette lecture à la fois pour son propos et pour son style. Ce dernier n'est pas spécialement facile, mais très poétique et philosophique. Je n'ai pas été surprise par le décalage dont vous parlez dans les précédentes critiques, car j'ai imaginé que Musango racontait et analysait son histoire une fois devenue adulte, mais ce n'est que ma perception de la narration. En tout cas, je partage aussi l'avis de Mariselya : un enfant de 12 ans en Afrique n'a pas la même maturité qu'un enfant de 12 ans ici.
La critique de la religion et de la dérive sectaire m'a beaucoup plu, je l'ai trouvée très réaliste et pertinente. Ce roman dresse aussi de magnifiques portraits de femmes, courageuses, fortes, et surtout très humaines, très généreuses. C'est un bel écrit sur les femmes d'Afrique.
Je ne trouve pas la mention "âmes sensibles s'abstenir" appropriée pour ce roman. Bien sûr que ce qui est relaté est terrible, tout ce que traverse Musango fait froid dans le dos, mais ce n'est pas totalement sans espoir et l'auteur ne se complaît pas dans le misérabilisme. Elle s'attache aussi à la quête d'identité de Musango, à sa volonté de devenir elle-même et de se libérer pour pouvoir exister. Et il y a, à mon sens, un message universel dans ce propos.

Ma note : 4/5
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Message  noemiejardine Mer 9 Fév 2011 - 9:58

CONTOURS DU JOUR QUI VIENT

quelle belle langue...superbe!
le titre à lui seul est déjà un pur joyau...


lacazavent
évoquait un léger décalage....
une fillette de 12 ans pouvait-elle tenir des propos relevant quasi de la sociologie?
l'ai perçu plus d'une fois au cours de ma lecture, ce décalage, mais ne l'ai pas trouvé vraiment gênant....
très réalistes les descriptions de ces églises évangéliques...elles n'ont fait que renforcer ma détestaion des religions!
à mes yeux, un très beau roman iniatique

4.5/5
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Message  Aurore Lun 9 Sep 2019 - 13:58

Rouge impératrice / Léonora Miano
(Grasset, 2019, 605 p., coll. Roman)

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Nous sommes au XXIIème siècle. L'Afrique est devenue une nation unifiée et prospère appelée Katiopa. L'exode s'est inversé et les populations européennes ont fui leur continent, devenu invivable, pour ce nouvel eldorado qui se trouve maintenant au sud. Les nouveaux arrivants sont appelés les Sinistrés
Boya est enseignante auprès des Fulasi - les descendants des migrants français - et Ilunga est un chef de l'Etat respecté. Entre eux, l'alchimie est immédiate. Et ce n'est pas Seshamani, la femme d'Ilunga qui sera un obstacle à leur liaison. Quand l'amour s'immisce au cœur même des débats politiques, rien n'est plus pareil. Ragots et complots s’enchaînent dans l'intrigue et pimentent encore plus la marche en avant inéluctable, à moins que la décroissance s'amorce... 
Ce beau pavé est un entremêlement fascinant de passions amoureuses, d'intrigues politiques et de géopolitique fantasmée. Cela fait, de loin, penser au Trône de fer : c'est diablement ambitieux et magistralement exécuté. Il y a un aspect un peu feuilleton qui est loin d'être déplaisant, bien au contraire. Léonora Miano a développé tout un lexique et a fait jaillir des luttes intestines dans un grand territoire désormais objet de toutes les convoitises. Entre les membres du gouvernement qui n'aspirent qu'au repli et ce couple tiraillé en son essence, les inimitiés sont tenaces. 
La plume est incisive et les rebondissements multiples. En somme, cette nouvelle lecture de la rentrée littéraire tient toutes ses promesses.
On voulait être libre sans opprimer quiconque. Justice avait été faite, puisque les Sinistrés, dépouillés de leur puissance matérielle, étaient redevenus des humains parmi leurs semblables. C'était assez. On était satisfait. Quelqu'un avait proposé d'instaurer avec eux une parenté à plaisanterie, ce qui devait être possible à présent qu'on avait remis les pendules à l'heure. (p. 295)
Ce roman fait parmi de la première sélection du prix Goncourt. Et je dois reconnaître que je comprends tout à fait cette place, s'il y reste ! Je lui souhaite un bon bonhomme de chemin parmi toutes les sélections littéraires.
4,5/5

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Ce n'est pas parce que c'est inventé que ça n'existe pas.





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Message  Awara Sam 3 Déc 2022 - 20:46

CONTOURS DU JOUR QUI VIENT
Léonora MIANO
Pocket - 2008  - 248 pages

Léonora MIANO (Cameroun/France) Captu194

Ce roman publié en 2006 reçut le prix Goncourt des lycéens. Il se déroule dans un pays imaginaire d’Afrique  centrale qui se relève péniblement d’une guerre civile sanglante, le Mboasu , que l’on pourrait penser être le Cameroun d’où Léonora Miano est originaire, mais qui pourrait aussi bien être un autre pays d’Afrique,

La narratrice se trouve être une fillette de douze ans, Musango, dont le nom signifie paix en langue douala du Cameroun. Elle adresse une longue apostrophe à sa mère. Elle cherche à comprendre pourquoi sa mère ne l’a pas aimée, l’a maltraitée et a été violente avec elle depuis sa naissance, pourquoi, à l’âge de neuf ans, à la suite de la mort violente de son père, elle l’a rejetée et abandonnée, l’accusant de porter malheur.

Nous suivons pendant trois années la fillette chassée de chez elle, sa vie faite de drames et rencontres chaleureuses, ces dernières lui permettant de survivre et de prendre son destin en main. Recueillie par une association qui prend en charge des enfants des rues, elle est ensuite vendue comme esclave, lorsque cette dernière est dissoute, à une église qui se dit chrétienne et dont le vernis chrétien cache à peine les pratiques occultes. Elle est au prise avec ces églises dont les pasteurs sont auto-proclamés et dans lesquelles les faux prophètes s’enrichissent sur le dos des pauvres gens qu’ils ont sous leur emprise. Ces charlatans, derrière le paravant de leurs  églises aux noms évocateurs: Eglise de la Parole Libératrice, La Cité des Merveilles, La Porte Ouverte du Paradis,… se livrent au trafic d’êtres humains, au proxénétisme. Lorsqu’un policier probe veut s’attaquer à ces crimes, il est démis de ses fonctions…

Tout au long de ce roman, l’auteur dénonce avec le rôle néfaste de ces groupements religieux, la corruption qui gangrène la société, une société complètement déstructurée, ce qui explique que les populations se jettent à corps perdu dans « la foi ».
Cependant le roman porte en lui une espérance. Musango ne sombre pas. lorsque sur son chemin elle croise des personnes généreuses (il y en a, souvent des femmes dont sa grand-mère: "Elles ne pouvaient pas tout, mais elles pouvaient beaucoup. Elles étaient la lumière frêle mais indéniable, qui brille sur l’autre face de l’obscur." ) elle sait saisir les soutiens qui lui sont offerts et qui lui permettent de franchir le moments difficiles et de poursuivre son chemin à la recherche de sa mère et en quête de son identité.

Ce roman raconte l’Afrique ravagée par la colonisation, la guerre, la désagrégation sociale. L’errance de Musango décrit un pays miné par la pauvreté et la violence et la corruption. Il dénonce la condition de la femme africaine. Musango est belle et attachante, elle est animée par une grande force intérieure. elle sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même. Sa mère attendait trop que les autres se chargent d’elle. Pour sa fille, elle est l’exemple à ne pas suivre.

C’est un plaidoyer pour que l’Afrique prenne son destin en main: « Sur notre terre brûlée, quelque chose pousse encore. Je n’ai cessé de le voir, depuis que tu m’as chassée ». Mais Musango porte le nom de paix et ce livre est une invitation au pardon, comme Musango pardonne à sa mère, et aussi à assoir son futur sur les traditions ancestrales et l’identité propre à ce pays: «  … l’âme des peuples ne se dérobe pas ainsi… C’est parce que cette âme n’est pas morte que je veux vous dire de n’avoir aucune haine. La colère est une illusion. Elle n’a rien à voir avec la force qu’elle simule mal. Ce que vous devez faire pour épouser les contours du jour qui vient, c’est vous souvenir de ce que vous êtes, le célébrer et l’inscrire dans la durée. Ce que vous êtes, ce n’est pas seulement ce qui s’est passé, mais ce que vous ferez. »

Beaucoup de passages sont violents  et seraient insoutenables sans l’écriture poétique et l’humour de l’auteur. Une belle langue, travaillée, mais simple.

Note: 5 / 5

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Message  Pistoufle Dim 4 Déc 2022 - 7:03

Très belle critique Awara. Je vais remonter ce roman en haut de ma PAL !
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Message  Awara Dim 4 Déc 2022 - 7:45

Pistoufle, J'avais mis 4,9 / 5 parce que je trouvais qu'elle insistait un peu trop sur les dégâts de ces pseudo églises chrétiennes. Mais c'est une femme engagée et je pense que c'est volontairement qu'elle enfonce le clou.

Un auteur à découvrir pour moi. J'ai lu les critiques précédentes des rats sur ce livre. Le fait que la narratrice soit âgée de douze ans pour tenir de tels propos ne m'a pas troublée.

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Message  kattylou Lun 5 Déc 2022 - 9:54

J'ai relevé le nom de l'auteur mais ce roman semble assez dur

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Message  Awara Lun 5 Déc 2022 - 10:06

Effectivement...

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Message  kattylou Ven 24 Fév 2023 - 16:46

Leonora Miano Contours du jour qui vient
Pays d'Afrique équatoriale, le Mboasu se relève péniblement d'une sanglante guerre civile. Dans les quartiers mal famés de Sombé, la capitale, quadrillés par des bandes de rebelles reconvertis en trafiquants, prévalent désormais le chacun pour soi et la superstition... C'est ainsi que Musango, à peine âgée de neuf ans, est rejetée et abandonnée par sa mère qui l'accuse de porter malheur. Seule, sans famille ni ressources, la petite fille est d'abord recueillie, puis vendue comme esclave. Malgré les épreuves et les périls, elle s'accroche pourtant, lucide et tenace, à un unique espoir : retrouver sa mère et solder le passé pour, enfin, songer à envisager l'avenir.


C’est un roman qui bouscule le lecteur avec des scènes difficiles dès le début du roman. Leonora Miano dresse un portrait sans concession d’une Afrique corrompue et sauvage qui ne sait pas valoriser sa population jeune qui part « faire l’Europe ». Les hommes profitent de la misère des femmes pour les vendre . C’est aussi une critique de la religion et bien sur du colonialisme qui n’a su que profiter des richesses sans tenir compte de la population. J'ai eu un peu de mal au début cette pauvre petite fille on se demande comment elle va s'en sortir . mais j'ai beaucoup aime la seconde partie .Je suis en tout cas ravie de cette découverte qui sort de ma zone de confort et j'espère relire cette auteure 
4/5

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Message  Pistoufle Mar 28 Fév 2023 - 7:01

Contours du jour qui vient
Pocket - 256 pages - août 2006

Quatrième de couverture : Après la guerre qui a ravagé le Mboasu, cet état imaginaire et ô combien réel d'Afrique, le pays est exsangue. Les parents, incapables de prendre soin de leurs enfants, les chassent loin de chez eux, les accusant d'être la cause de leurs malheurs. Décidée à retrouver sa mère, la jeune Musango traverse un pays frappé de folie. Des rivages du fleuve Tubé aux bas-fonds de Sombé, métropole d'Afrique en proie à l'anarchie, Musango retrouvera-t-elle cette mère, symbole d'une Afrique à la dérive ? Sa rencontre avec le petit Mbalè, marquera-t-elle les prémices d'un jour nouveau pour tout un continent ?

Mon avis : un roman sobre et poétique qui nous conte une histoire (très) difficile.
J'ai eu du mal à maintenir mon attention tout au long de ma lecture. Les propos sont durs, mais ils nécessitent surtout d'"infuser". Le style y est pour beaucoup je pense.
Quant au contenu, l'histoire est difficile, certaines scènes très crues, mais je n'ai pas été dérangée outre mesure. J'ai été plus gênée par le décalage que j'ai ressenti entre l'âge de la narratrice (9 ans au départ) et la teneur de ses propos.
Cela ne m'a pas empêché d'aller jusqu'au bout de cette déclaration d'amour à son pays (en tous cas c'est comme ça que je l'ai ressenti) car malgré l'emprise de la religion et des diverses croyances et le ravage de la colonisation sur ces populations, la narratrice a une rage de vivre, de s'approprier son destin qui donne beaucoup d'espoir.
Une lecture mitigée donc : un fond puissant mais une forme épuisante.

Ma note : 3,25/5
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Message  géromino Mer 1 Mar 2023 - 14:33

"Contours du jour qui vient"  Pocket 2008 250 pages
                                       Léonora MIANO (Cameroun/France) Contours-du-jour-qui-vient
                              Dès les deux ou trois premières pages, je m'étais déjà pris une telle bonne claque que j'avais failli abandonner! Les mots, les phrases, sont d'une telle intensité qu'il est impossible de rester de marbre. Il y a une grande lucidité dans les propos de la jeune fille. Outre les reproches et questionnements (bien légitimes!) qu'elle remâche au sujet de sa mère, elle dénonce à boulets rouges le rôle néfaste et ambigu des congrégations religieuses qui tirent profit de la détresse des pauvres gens. La misère de ceux-ci n'est pas assez grande, il leur faut en plus subir l'emprise et la soumission auprès de ces "sectes" vers lesquelles ils se sont réfugier. Ce constat a été l'occasion de prendre une autre claque.
                               Malgré que j'aie été bien "sonné" avec cette lecture, il y a quelques points qui m'ont déçu: 
                                                   Musango a neuf ans lorsque le roman commence. Il y a un décalage entre l'écriture de l'autrice et le langage qu'utilise la jeune fille qui sonne faux. Le plus flagrant est quand elle s'adresse au "grand prêtre" de la Congrégation, Colonne du Temple (page 103): Monsieur Colonne, pouvez-vous me dire quand exactement les africains ont abandonné le culte de leurs ancêtres (...) Vous savez comme moi que les enfants qui sont une force de travail à la campagne deviennent vite une charge à la ville... Musango a grandi, elle a 12 ans à ce moment là; mais quand même...! C'est sans doute assez secondaire si on prend l'ensemble du livre, mais j'ai peiné à me détacher de cette impression déstabilisante.
                                                   A déplorer: quelques longueurs qui me font dire qu'il fallait absolument à l'autrice rentrer dans le format "250 pages", d'où cette autre impression agaçante qu'elle "rallonge la sauce" de son récit, générant une lassitude à la lecture. 


                                Je suis donc allé au bout. Et mis à part ces quelques remarques négatives, je ne suis pas si déçu que ça de ma lecture. L'un des points forts les plus riches en émotion, est celui de la rencontre entre Musango et sa grand-mère maternelle Mbambè. Il y a là un parler vrai, les mots coulent simples et naturels, le discours n'est pas surjoué. C'est peut-être ici que Léonora Miano dévoile sa plume la plus sincère.


Note: 4/5

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