Jean-Paul SARTRE (France)

De : Le-réaliste-romantique (Message d'origine) Envoyé : 2006-04-03 17:11

Note biographique
Écrivain et philosophe, Jean-Paul Sartre occupe une place à part dans le monde des lettres. Promoteur de l'existentialisme athée, il devient en 1944, après la Libération, un chef de file au rayonnement considérable. Sartre a défini sa doctrine dans l'important ouvrage philosophique paru en 1943, L'Etre et le Néant. Mais il a trouvé dans le roman et le théâtre des moyens d'expression qui ont rendu sa pensée accessible au grand public.

Né à Paris en 1905, entré à l'Ecole Normale Supérieure en 1924, agrégé de philosophie en 1928, il reste dans l'enseignement jusqu'en 1944, puis se consacre aux lettres (romans, essais, manifestes, Pièces de théâtre). Il dirige la revue "Les Temps Modernes" qu'il a fondée en 1946.

Parmi ses oeuvres : romans : La Nausée (1938), Le Mur (1939), la trilogie des Chemins de la liberté (1945-1949). Théâtre : Les mouches (1942), Huis clos (1944), Les mains sales (1948), Le Diable et le Bon Dieu (1951), Les séquestrés d'Altona (1959).

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2006-04-03 17:14

L'âge de raison
1945
(Premier tôme de la trilogie les chemins de la liberté)

C'est l'été 1938 au coeur de Paris : un couple d'amants de longue date se retrouve confronté à une grossesse; une jeune femme risque de rater encore une fois le concours de sa licence et se retrouver coincé chez ses parents pour toujours à Laen; un jeune homme cherche à commettre des gestes extrêmes d'affirmation de soi sans jamais y parvenir...

La guerre pointe à l'horizon, la Tchécoslovaquie est sur le point d'être envahie, l'Espagne est déjà à feu et à sang. Les personnages de L'âge de raison ne trouvent pas de sens à leurs vies superficielles et sans éclat dans ce monde sur le point de basculer dans la tourmente. Ils ont beaucoup d'idées, mais peu de moyens, ou de désir, pour changer le cours des événements. D'abord, Mathieu, prof de philo au lycée, un salaire à peine suffisant, toujours désengagé, est à la quête d'une vie "libre". Son entourage tente sans succès de lui démontrer que ceci n'est qu'illusion, qu'il est lui aussi "coincé" dans son mode de vie. Ensuite, Daniel se fait honte, il cherche le martyr et joue à frôler l'autodestruction. Puis, Marcelle est triste de sa jeunesse échangée contre une vie ennuyante et sans intérêt. Et Ivich est craintive, ainsi elle se braque et rejette tout avant qu'on puisse l'atteindre.

Tous les personnages de ce livre sont dérangeants, car ils apparaissent égocentriques, repliés sur eux-mêmes, calculateurs. Pourtant, après réflexion, on réalise qu'on les croise régulièrement, même que notre personnalité contient un peu de ceux-ci, avec seulement un peu plus de fard. La force de Sartre est de dépeindre crûment ces traits de personnalité. Il aborde aussi les thèmes de l'engagement et de la liberté. Bien sûr nous voulons croire que nous ne sommes pas aussi perdus et calculateurs, mais le sommes-nous vraiment?

Note : 3,5/5

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De : LeChapelierFou Envoyé : 2006-04-25 14:27

Les mots

Entre une autobiographie romancée et une psychanalyse existentielle, Sartre nous compte Sartre. Les mots nous conte les jeunes années de l’écrivain. Sartre une fois encore nous éblouis de sa plume et nous conte une jeunesse sous les traits de l’ironie.

Le rappel de cette jeunesse n’est pas l’habituel ton mielleux et émerveillé de la plus part mais un ton critique, voir irone et souvent grinçant.
Je vous conseille ce livre d’abord par la virtuosité de la plume de Sartre mais aussi pour le mordant, souvent drôle et très engagé de son l’autobiographie.

Note : 4/5

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De: Angara

Jean-Paul Sartre - Morts sans sépulture
(Gallimard, 2000, 220 pages)
Pièce en deux actes, quatre tableaux.

Les personnages de cette pièce sont des résistants qui, après avoir suivit des ordres qu'ils savaient irréalisables, ont été faits prisonniers dans le grenier d'une ancienne école par des miliciens du gouvernement de Vichy. Ces gens refuseront de dévoiler où se trouve leur chef, non seulement pour sauver leurs amis libres, mais également pour se prouver que leur mort n'est pas inutile et sont prêts à tout supporter, à tout faire, dans le but de "gagner" ainsi qu'ils le disent eux-mêmes. C'est ainsi que Sorbier s'offre une mort libre en sautant par une fenêtre quand il sent qu'il est trop faible et trop lâche pour ne pas dévoiler la position du chef ou que Henri tuera le jeune François son compagnon après que la soeur de celui-ci ait dit qu'il ne supporterait pas les tortures et parlerait aux ennemis.

Morts sans sépulture, c'est aussi l'attitude calamiteuse et pitoyable des miliciens français. Une très belle pièce, tragique, poignante et prenante, qui nous montre jusqu'à quel point l'Homme peut aller pour donner un sens à sa mort et par là même à sa vie, rejoignant ainsi un des thèmes favoris de Sartre, l'existentialisme. J'ai adoré.

Extrait:

Jean: Les mains libres? Vous m'avez garrotté. Si je dis un mot, si je fais un geste: "Et les copains?" Vous m'avez exclu, vous avez décidé de ma vie comme de ma mort: froidement. Ne venez pas dire à présent que je suis votre complice, ce serait trop commode. Votre témoin, c'est tout. Et je témoigne que vous êtes des assassins. (Un temps.) Tu l'as tué par orgueil.

Henri: Tu mens.

Jean: Par orgueil! Ils t'ont fait crier, hein? Et tu as honte. Tu veux les éblouir, pour te racheter; tu veux t'offrir une belle mort? Ce n'est pas vrai? Tu veux gagner, tu nous l'a dit. Tu nous as dit que tu voulais gagner.

Note : 5/5
(Angara)

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De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 2007-11-21 22:03

Le sursis
1945
(Deuxième tome de la trilogie les chemins de la liberté)

Le roman se déroule sur une semaine, du vendredi 23 septembre 1938 à la nuit du 30 septembre 1938. Il s’agit de la semaine où la France et l’Angleterre croient que la guerre avec l’Allemagne est inéluctable. Hitler réclame l’annexion de la région des Sudètes au Reich, partie de la Tchécoslovaquie majoritairement peuplée d’Allemands. La Tchécoslovaquie refuse cette entorse face à la souveraineté de son territoire, et ses alliés, la France et l’Angleterre, n’auront d’autre choix que de prendre les armes en cas d’agression d’Hitler. Toutefois, les alliés veulent éviter la guerre, ils sentent que la machine de guerre nazie est mieux huilée que la leur.

En hommage à Dos Passos, Sartre construit son roman de la même manière que Manhattan Transfert : un kaléidoscope d’histoires parallèles. Les personnages du premier tome des chemins de la liberté sont ici rejoint par de nombreux autres : des Tchèques qui habitent les Sudètes, un jeune amoureux, un berger simple d’esprit, les ministres du gouvernement… Les histoires se déroulent en parallèle, et l’on passe, souvent sans transition, d’une à l’autre, parfois au sein d’un même paragraphe. Cette forme illustre très bien la fébrilité qui marqua cette période, alors que chacun craignait le pire, et s’en crû finalement, à tord, épargné. Alors que les représentants de la France et de l’Angleterre, pour éviter à tout prix la guerre, sacrifient dans un huis-clos munichois la Tchécoslovaquie, les populations ne vivaient qu’un sursis.

Note : 4,5/5

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De : doriane99 Envoyé : 2007-12-20 07:33

Le mur
"Voici cinq petites déroutes tragiques ou comiques... Toutes ces fuites sont arrêtées par un mur" Jean-Paul Sartre

Cinq nouvelles :
- le mur
- la Chambre
- Erostrate
- Intimité
- L'enfance d'un chef

Une relecture pour moi puisque je l'avais lu ado, j'en gardais un très bon souvenir... Là, je suis plus nuancée Autant j'ai beaucoup aimé "le mur" ou "l'enfance d'un chef", autant les autres ne m'ont pas plus passionné que cela. Même pour les histoires qui ne m'ont pas excessivement marquée, j'ai beaucoup aimé le style d'écriture. Maintenant de là à y voir "la métaphore d'un emprisonnement constructif" (Evene)... Effectivement, chaque héros est enfermé derrière un mur soit réel soit imaginaire (la folie de l'autre, ses complexes...) et n'arrive pas à s'en échapper. De Sartre, je préfère nettement "Huis Clos" ou "les séquestrés d'Altona" (encore des histoires de "mur")...

Note : 3,5/5

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De: Philcabzi5

Jean-Paul Sartre - Les mains sales
(Gallimard, 1972, 247 pages)

Résumé : Hugo, un jeune fils de riche, s'est enrôlé dans le Parti pour cesser de voir les autres avoir faim, car lui, n'a jamais eut faim. Mais cet anarchiste bourgeois n'est relégué qu'aux tâches intellectuelles alors qu'il veut à tout prix être dans l'action, vivre l'action. Un jour, la chance (ou malchance) lui sourit. Il devra exécuter Hoederer, un des fondateurs du Parti, après avoir acquis sa confiance...

Mon avis : Cette pièce ne m'a pas touchée ou choquée du tout. En fait elle me laisse totalement indifférente. Je ne pense pas que les idées de Sartre décrites ici, révolutionnaires à l'époque, soient encore d'actualité. En fait, je dirais plutôt, que ces idées ne sont plus d'actualité dans le monde dans lequel je vis mais peuvent certainement toucher d'autres personnes. Certains passages sont tout de même intéressants et l'écriture est fluide, assez pour avoir envie de voir jouer cette pièce.

Note : 2.5/5
(Philcabzi)

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De: Philcabzi5

Jean-Paul Sartre - Réflexions sur la question juive
(Gallimard/Folio, 1985, 192 pages)

Dans cet essai, Sartre nous dissèque en long et en large l'attitude et les arguments de l'antisémite premièrement, de la société française ensuite et finalement du Juif. Il tente de démontrer que le Juif n'existe que parce que l'antisémite l'a créé et que l'assimilation de la communauté juive en France ne se fera pas en mettant de la pression sur la dite communauté mais en travaillant à éliminer l'antisémitisme toujours présent. Souvent clair, quelques fois sarcastique et même drôle, l'argumentation de Sartre est logique et relève du gros bon sens. Mais je n'ai pu m'empêcher d'être mal à l'aise quelques fois par cette dissection du Juif comme si c'était un objet qu'il veut nous vendre à tout prix.

Citations : "Les Juifs sont les plus doux des hommes. Ils sont passionnément ennemis de la violence. Et cette douceur obstinée qu'ils conservent au milieu des persécutions les plus atroces, ce sens de la justice et de la raison qu'ils opposent comme leur unique défense à une société hostile, brutale et injuste, c'est peut-être le meilleur du message qu'ils nous délivrent et la vraie marque de leur grandeur."

Note : 3/5
(Philcabzi5)

Le mur



Recueil de 6 nouvelles:
- le mur: pendant la Guerre d'Espagne, un homme sauve sa vie en dénonçant involontairement un compagnon
- la chambre : un homme devenu fou enfermé dans sa chambre
- Erostrate : un psychopate qui rêve de commettre son premier crime
- Intimité: Une femme n'arrive pas à se résoudre à quitter son mari qu'elle n'aime plus
- L'enfance d'un chef: enfance et jeunesse d'un jeune homme qui finit dans un groupe nationaliste et antisémite (l'action se passe dans les années 1930).

Je craignais un peu la lecture des ces textes du pape de l'existentialisme, mais finalement ça se lit bien. Elles n'ont pas toute le même intérêt mais cela dépend, bien sûr, de chacun. Il y a niveau "symbolique" plus ou moins clair, pas forcément nécessaire à la compréhension.

Note: 3/5

La nausée 



Un intellectuel engagé dans des recherches historiques, Antoine Roquentin, s'est installé en vue de ce travail à Bouville (Le Havre). Il ne sait trop pourquoi il fait ce travail, qui semble n'avoir pour lui pas grande signification, et il s'en dégoûte. Pour s'occuper, il tient un journal où il note et décrit les anecdotes banales de sa vie, ce qui déclenche en lui une sorte d'obsessions de l'insignifiance. Il s'enfonce ainsi, en utilisant des techniques d'introspection, dans une expérience de l'absurdité, celle de sa condition d'abord, puis à travers cette expérience personnelle, il éprouve une "nausée" incurable à l'égard de tout ce qu'il entoure, à l'égard de la condition humaine elle-même.

Vu le petit résumé ci-dessus (pris sur un manuel scolaire), ce n'est pas le roman à prendre avec soi pour lire sur la plage cet été. Dans ce roman philosophique très pessimiste, Jean-Paul Sartre présente un peu ses idées. Le genre de livre à dégouter des lycéens de la lecture. On se perd un peu dans les idées mais l'ensemble reste facilement lisible.

Note: 2/5

C'est moi qui a composé le premier message en haut, mais ça fait longtemps... Je pense bien avoir lu des nouvelles et Les mots avant la trilogie, mais j'ai de meilleurs souvenirs de cette dernière que des autres livres.