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Louis CARON (Canada/Québec)

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Louis CARON (Canada/Québec) Empty Louis CARON (Canada/Québec)

Message  gallo Dim 7 Déc 2008 - 10:45

De: Polo

Louis Caron - La tuque et le béret
Tome 1 de la trilogie "Les chemins du Nord"
(Edipresse /Collection Paroles d'homme, 1992)

Louis Caron a consacré une trilogie à l'exploitation de la forêt de la Mauricie. On y apprend ce qu'est la vie de bûcherons à partir de 1900. C'est en quelque sorte des romans historiques sur le développement économique du Québec. Le bois est une ressource importante de chez nous. D'ailleurs, au 19e siècle, nous étions les plus grands constructeurs de bateaux au monde à cause de la matière première, dont nous jouissions en abondance.

L'auteur retrace l'histoire de ceux qui ont coupé les arbres à leurs risques et périls. C'était une vie qui ressemblait à celle des moines. Isolés des leurs dans la forêt pendant les longs mois de l'hiver, logés dans des camps dépourvus d'installations sanitaires, mal nourris, ils exerçaient un métier dangereux, surtout pendant la "drave" alors qu'ils couraient sur les billes de bois jetées sur la rivière St-Maurice, dont le courant les emportait vers une papetière de Trois-Rivières. Ils ne revoyaient leur famille qu'à Pâques, si le calendrier liturgique ne fixait pas ce jour au mois de mars.

Ce travail était commandé par les détenteurs du pouvoir économique, mais aussi par des visionnaires comme le curé Labelle (sous-ministre de l'agriculture), qui voulaient rendre agricole l'ensemble de la province. Le rêve de la colonisation (lisez du développement) du Québec passait donc par l'abattage des pans entiers de forêt pour attirer des fermiers sur tout le territoire. Ce noble but compte un revers à la médaille : la déforestation. Mais ce n'est pas le propos de ce roman.

Ce désir de soumettre la forêt à l'agriculture et à la production du papier amena en Mauricie des ambitieux comme Félix Métivier. Dans ce premier tome de la trilogie ressortent aussi des liens d'amitié comme ceux noués entre le héros (la Tuque du titre : bonnet de laine) et un peintre français (le Béret), venu au Québec pour tremper son âme dans la sauvagerie des grands espaces boisés. Le rêve de la cabane au Canada!

Ce roman décrit un monde dur et sans pardon. Mais derrière cette façade peu invitante se cachent quand même des êtres attachants que l'auteur présente en respectant le langage qui les identifie. Les dialogues risquent de poser des "cibouères" de problèmes (des gros problèmes) au lectorat européen.

Note : 3.5/5
(Polo)
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Louis Caron est né à Sorel, le 21 juillet 1942. Il débuta comme journaliste dès l'âge de 18 ans. Il franchit toutes les étapes de cette carrière avant de l'abandonner en 1976 pour se consacrer entièrement à la littérature. Il exerça aussi le métier de scénariste, notamment avec "Les Fils de la liberté", une série télévisée. Il a poursuivi cette carrière avec "Les Racontages de Louis Caron", puis avec la première partie de la série "Lance et compte!", écrite en collaboration avec Réjean Tremblay. Il a aussi donné, en 1990 et 1991, un cours de culture et de littérature québécoise à l'Université de Paris X. Ces mêmes années, il a effectué une tournée dans les principales villes de France présentant un spectacle composé de récits et de chansons intitulé "Parlez-moi français". Il s'est mérité plusieurs prix: les prix Hermès et Québec-Paris (1977) pour "l'Emmitouflé", le Prix France-Québec pour "Le Canard de bois" et le Prix Duvernay, en 1984, pour l'ensemble de son œuvre. En 2000, il a reçu le prix Mémoire 2000, qui récompense l'ensemble de l'œuvre d'un écrivain de la région Centre du Québec-Mauricie.


De: Polo

Louis Caron - Il n'y a plus d'Amérique
(L'Archipel, 2002, 350 pages)

À l'exception du "Bonhomme sept-heures", Louis Caron s'est servi avec habileté du matériel des historiens pour en faire des romans, qui suivent notre destin collectif à partir du XIXe siècle. Avec "Il n'y a plus d'Amérique", il rompt avec sa manière pour plonger dans la contemporanéité comme le roman déjà cité, qui s'inspirait d'un éboulis survenu en 1955 à Nicolet, la ville qu'il habite. Pour sa nouvelle oeuvre, l'auteur s'est inspiré d'adolescents de Longueuil, François et Fanny, qui ont été violés et jetés en bas du pont Jacques-Cartier. Cet incident fut très médiatisé, surtout à cause des parents de l'une des victimes, qui ont pardonné aux assaillants de leur enfant.

Louis Caron consacre la première partie de son roman à narrer, à sa façon, ce drame survenu alors que les deux ados revenaient de La Ronde. Par contre, l'auteur n'a pas choisi la voie du pardon comme antidote à ce crime. La mort sordide de François entraîne plutôt la dislocation du couple parce que la mère tient son mari responsable du drame. Quand leur enfant appelle pour qu'on vienne le chercher ainsi que sa copine, son père lui oppose un refus catégorique d'autant plus qu'ils reçoivent ce soir-là des clients français en quête de bois d'ébénisterie. Or, après les funérailles, Suzanne indique la porte à Hubert même si, ensemble, le couple avait mis sur pied un commerce florissant.

Pour faire le deuil de leur enfant unique, la mère adhère à une secte établie dans les Cantons de l'Est, et le père se joint à un Américain illuminé de l'état de New York, qui entraîne une milice pour abattre un jour le président des États-Unis, rien de moins. Parce qu'il aime encore sa femme, Hubert se sert de lui pour la tirer des griffes d'un autre illuminé de la Californie, qui a fondé une secte lucrative grâce à ses membres en quête de guérison pour les maux de l'âme. S'il pouvait retrouver l'amour de sa femme, croit-il, son deuil pourrait être plus supportable. Le destin lui apprend que son apaisement ne tenait pas à cette solution.

"Il n'y a plus d'Amérique n'est pas un titre équivoque". Si la constitution américaine est la plus belle au monde, les responsables de son application pèchent contre l'idéal de ceux qui l'ont écrite. C'est pourquoi naissent, chez nos voisins du Sud, des illuminés, qui veulent faire revivre dans leur pays l'esprit des fondateurs. Leur intention fort louable est servie par des moyens discutables. Certains recourent à des valeurs guerrières, d'autres à des valeurs religieuses. Le roman de Louis Caron s'insère dans ce cadre très américain. À partir d'un deuil, il fait le procès de l'Amérique du Nord. Qu'offre-t-elle à ceux qui souffrent des maux de notre société? Présentement la violence et la religion spoliatrice semblent être les deux seuls remèdes à leur disposition. L'auteur offre sa solution en pointant les Amérindiens, auprès desquels Suzanne trouve le salut.

Campée en grande partie dans un village sis au pied des montagnes de l'état de New York, cette oeuvre se présente comme un suspense, qui connaît un dénouement apocalyptique flamboyant à l'américaine. L'auteur a écrit un roman complexe, dont la structure évite la linéarité par un parallélisme, qui prend fin avec la découverte du véritable narrateur. Mais on ne s'égare pas dans les labyrinthes et on ne s'y ennuie pas, même si c'est trop long avant de trouver la sortie. C'est simple à lire malgré tout, car l'écriture dépouillée est efficace. Quel plaisir de lire un roman américain écrit en français sans qu'il soit dénaturé par la traduction! Au Québec, nous comptons maintenant quelques auteurs dont l'américanité ne fait pas de doute, tel Louis Hamelin.

Note : 4.25/5
(Polo)


De : Nyahblue (Message d'origine) Envoyé : 03/03/2008 00:00
Louis CARON : Tête heureuse
3½/5

Quatrième de couverture
Bérénice, surnommée "Tête heureuse" n'a jamais rien fait comme tout le monde. Elle s'est mariée avec l'homme qu'elle aimait, en dépit de la désapprobation de sa famille. Si elle a été une épouse et une mère dévouée, conformément au modèle qui régissait le comportement des femmes à son époque, c'est sans jamais se défaire de la fantaisie qui marque chacun de ses gestes d'une poésie bien personnelle. Depuis que son mari est mort, elle révèle de plus en plus sa nature originale, excentrique. Elle s'est construit une maison tout droit sortie d'un conte de fée, elle s'est mise à se promener seule, la nuit, sous la lune. Elle a même appris à manier Internet et envoie des courriels sans majuscules ni ponctiuation à son fils médusé.

Le jour où elle disparait tout à fait, ce même fils commence à trouver qu'elle pousse un peu loin l'originalité. Faut-il s'inquiéter? Ou faut-il n'y voir qu'une autre manifestation de la liberté qu'elle s'octroie désormais? Heureusement, les courriels recommencent à arriver, mais cette fois-ci ils invitent le fils à se lancer dans un mystérieux jeu de pistes, qui l'amène à remonter le cours de son enfance. Ce qu'elle lui promet, en bout de course, c'est de lui révéler un secret qui transformera irrémédiablement l'image qu'il se faisait de sa famille.

Mon opinion
Tête heureuse, c'est une chasse au trésors à travers les paysages du Bas-St-Laurent et de la Gaspésie en compagnie d'une "pouceuse" un peu irritante et un homme qui tente de comprendre sa mère, sa famille, etc. Au travers cette quête, on apprend à connaître le père et la mère et à comprendre les comportements bizarres de la mère. Fidèle à ses habitudes, Louis Caron réussit à nous faire voyager à travers ses mots. Le tout coule bien même si les histoires sont entremêlées et qu'il n'y a aucune séparation de chapitre. Sommes toutes, une très belle lecture!
gallo
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