John GRISHAM (Etats-Unis)

La dernière récolte

Dans les années 50, nous suivons à travers le récit d'un garçonnet de 7 ans, Luke, le quotidien des fermiers, producteurs de coton dans un petit village de l'Arkansas. Comme tous les ans le grand-père Eli, qui dirige l'exploitation d'une main de fer, recrute des employeurs saisonniers venant des montagnes ou du Mexique pour récolter le temps d'un été le coton avant que les premières pluies et inondations de l'automne ne surviennent. Mais tout le monde, de la grand-mère au petit Luke, doit malgré tout passer la journée entière dans les champs sous un soleil de plomb afin que la récolte soit suffisante pour payer les dettes et vivre jusqu'à l'été prochain. 

Malgré le jeune âge du narrateur, le récit n'est jamais en aucun cas mièvre. Dans une communauté très encadrée par la religion baptiste, très conservatrice qui considère le mensonge comme un terrible péché, Luke découvre avec ses yeux d'enfant la dure réalité  de la vie.
John Grisham nous offre ici un très beau roman d'apprentissage tout en nous faisant découvrir la vie certes laborieuse mais équilibrée dans les relations humaines d'une Amérique profonde, encore marquée par la guerre de Corée, une Amérique qui se passionne pour le base-ball dont les matchs sont suivis à la radio sous le porche de la maison. Mais petit à petit le progrès technologique et la sécurité d'un emploi à salaire stable dans une usine risquent d'attirer la jeune génération épuisée de devoir lutter contre les caprices de la nature et de la météo.
Un magnifique roman, une histoire très prenante, des personnages attachants...Bref un coup de coeur 
Ma note 5/5

L'OMBRE DE GRAY MOUNTAIN

JC Lattès - 2015 - 476 pages


Note de l'éditeur
Nous sommes en 2008. La carrière de Samantha Kofer dans un grand cabinet d’avocats de Wall Street est sur des rails dorés… Mais la récession frappe soudain. La jeune femme se retrouve du jour au lendemain au bas de l’échelle, limogée, raccompagnée vers la sortie, quasiment jetée dehors par une escorte de vigiles. Samantha a toutefois de la « chance » dans son malheur ; un cadeau de ses supérieurs : si elle accepte de travailler gratuitement pendant un an dans un centre d’aide juridique, elle pourra peut-être réintégrer sa place au cabinet.



Mon avis :
 
 Samantha, jeune avocate dans l’un des plus grands cabinets au monde, si elle souhaite retrouver son emploi, doit intégrer un centre d’aide juridique bénévolement. De Manhattan où elle réside, elle s’installe, pour un an minimum, à Brady, Virginie.
La période ne laisse pas la place à trop de choix du fait qu’il y a beaucoup plus de demandes que d’offres. La profession, comme  d’autres, en pleine récession, suite à la faillite de la banque Lehman Brothers et la crise des subprimes, s’essouffle.
Diplômés d’universités prestigieuses ou non, tout le monde est logé à la même enseigne.
Marshall, le père, au passé sulfureux, radié de l’ordre des avocats, encore riche, conseiller d’entreprise, propose un job à Samantha, elle refuse.
La mère, Karen, laisse sa fille vivre son quotidien n’ayant, déjà, pas suffisamment de temps pour s’occuper d’elle-même.
 
Brady c’est dans les Appalaches. Le sous-sol est plein de charbon et le jeu consiste à créer des mines à ciel ouvert. Extraire, acheminer, vendre et faire du profit, d’abord, ensuite penser à l’environnement et pour finir, accessoirement aux mineurs.  
Le charbon c’est sale. Sale de partout, sale à extraire, sale à transporter, sale à livrer mais aussi la poussière est dangereuse et sale à respirer, quand il pleut et que ça ravine alors, bingo, en plein dans les rivières, les nappes phréatiques, les lacs, les étangs, tout ce qui coule, jusque dans les tuyaux d’approvisionnement en eau ex potable faisant qu’on ne peut plus la boire, se laver ni laver la vaisselle ou le linge.
Alors les femmes, les hommes et leurs enfants, ceux qui de près respirent cette vacherie, tombent malades, malades de ce qu’on appelait chez nous la silicose, la maladie du poumon noir ou cancer du poumon, là-bas.
On refuse de s’arrêter pour pouvoir vivre et assurer la survie de la famille, à n’importe quel prix, c’est-à-dire au prix de soi-même et de sa propre mort.
Certains essaient bien de traîner les compagnies minières devant un juge pour obtenir une aide ou un dédommagement. Les plus veinards auront entre 600 et 800 $ par mois, quand un avocat de ces esclavagistes sont rémunérés 900 $ de…l’heure !
 
Alors, gratuitement, dans ce cabinet d’aide juridique, Samantha, donnera tout son temps pour aider et défendre ceux qui sont floués, bafoués, maltraités par ces puissants aux mains aussi sales que leur minerai, ce qui n’est pas une mince affaire. Il y aura des pleurs et des grincements de dents, des menaces, des insultes et des envies de tout plaquer et de baisser les bras mais aussi le soleil de l’amour, même fugace comme un éclair, amour quand même, le tout dans un environnement à couper le souffle.
 
Je sais pas vous, mais moi j’aime assez Grisham, vrai c’est un bon auteur. Alors j’en lis un par an ou plus s’il est fécond car je le suis le bougre. Un peu comme une récompense, une sortie en barque où je ramerais pas ou aller sur un grand cheval de bois au manège de la place de la Déesse. La place de la Déesse c’est à Lille et quand j’étais petit il y avait un manège. Bon, je vous rase, je sais alors j’ai laissé pousser ma barbe. Elle est blanche maintenant ça fait distingué ! Bon je descends l’escalier de ma pensée et il est haut le bougre. Voilà, voilà, z’êtes encore là ? Bien.
Je confirme la qualité de cet ouvrage, lecture bénie…Dans le plus pur style écriture de la nature, si, c’est français, c’est quand même mieux que « nature writing » s’pas, non mais des fois !

4,5/5
B

Superbe billet, Cyrielle.

B

Quatrième de couverture

Tout juste diplômé en droit de l’université Yale, Kyle McAvoy est destiné à un grand avenir. Mais lorsque de mystérieux individus lui font savoir qu’ils sont en possession d’une vidéo l’impliquant dans un viol collectif, Kyle n’a d’autre choix que de céder à leur chantage : il doit accepter un poste chez Scully & Pershing, le plus gros cabinet d’avocats du monde.
Une fois installé à New York, sa vie professionnelle ressemble alors à celle de tous les autres collaborateurs de la firme, à une différence près : il ne travaille pas pour ses clients, mais contre eux. Contraint de divulguer des informations confidentielles sur une affaire impliquant deux sociétés d’aéronautique militaire, Kyle se retrouve face à un cruel dilemme : trahir ses employeurs et son honneur ou racheter ses fautes en passant un accord avec le FBI aux dépens de sa vie…

Mon avis

C’est la première fois que je lisais John Grisham. Il faut dire que je ne suis pas une grande fan de thriller et encore moins de thriller juridique mais ce livre était dans ma PAL depuis un moment et celle-ci s’étant bien amenuisé avec le confinement et les bibliothèques qui ne sont toujours pas rouvertes, je me suis dit qu’il était temps de l’en faire sortir.

Alors, globalement, j’ai bien aimé ma lecture. Dès le début, le récit est accrocheur. Kyle se fait approcher par des agents spéciaux et se voit replongé dans son passé de jeune étudiant qu’il aurait préféré oublier. Lors d’une soirée trop arrosée dans son appartement, une jeune femme affirme avoir été violée. Elle a porté plainte mais l’enquête a été close sans qu’aucun des 4 jeunes présents sur les lieux n’a été arrêté. Des années plus tard, une vidéo a été découverte et bien qu’elle n’implique pas directement Kyle, celui-ci, par peur du scandale, accepte de collaborer avec les mystérieux agents qui menacent de la diffuser. Il se retrouve ainsi embarqué bien malgré lui dans une affaire d’espionnage.

Lui qui avait prévu de travailler pour l’aide juridique d’une petite ville de Virginie juste après son diplôme se voit contraint d’entrer dans une des plus prestigieux cabinets d’avocat de New-York.
On assiste donc à ses côtés au quotidien d’un jeune avocat dans un grand cabinet : des semaines de 60 heures minimum, où on vous regarde de travers si vous vous accordez un jour de repos et où le seul but est de facturer un maximum de riches clients pour toute sorte de recherches juridiques (ou pas d’ailleurs). La pression est énorme mais si on veut devenir collaborateur senior puis associé, on n’a pas le choix il faut tenir le rythme.

En plus de cette pression déjà écrasante à elle seule, Kyle doit gérer la pression des ses maîtres chanteurs qui le soumettent à une surveillance constante et à qui il doit fournir des infos confidentielles sans se faire prendre, sous peine de se faire radier du barreau. Et à ce petit jeu, Kyle va se révéler plutôt doué.

Je ne pourrais pas dire si la description du milieu juridique new-yorkais est fidèle à la réalité ou pas vu que je ne connais rien à ce milieu mais ce qui est sur, c’est qu’elle ne fait pas du tout rêver. Les conditions de travail de ces avocats sont tout bonnement inhumaines. C’est un mépris total des besoins de l’être humain pour juste accumuler le plus d’argent possible. Pas de quoi susciter des vocations!

Bref, l’ambiance est bien rendue, l’intrigue prenante et les personnages assez crédibles. Jusque là tout va bien. Malheureusement, j’ai été extrêmement déçue par la fin du livre. L’auteur ne conclut pas totalement son histoire et laisse des pans entiers de l’intrigue en suspens, ce que personnellement, je déteste. Quand je lis un livre et surtout un livre à suspense, j’aime avoir le fin mot de l’histoire, que tous les mystères soient résolus et qu’il ne reste plus d’interrogations.

Si vous êtes comme moi, alors, je ne vous conseille pas de lire ce livre car il vous laissera clairement sur votre faim. Je n’irai pas jusqu’à dire que je regrette ma lecture car j’ai tout de même passé un bon moment mais ça m’a bien refroidi quant à lire d’autres livres de cet auteur. Par contre, si vous n’êtes pas réfractaires aux fins ouvertes, alors allez-y, vous passerez certainement un bon moment.

3,5/5

PAS DE NOËL CETTE ANNÉE
John GRISHAM
Traduit de l’américain par Patrick Berton
Robert Laffont - 2002 - 215 pages



Un livre sur Noël que j’ai eu plaisir à lire au moment de cette fête. Il amène aussi à réfléchir sur notre comportement de consommateur devant l'engrenage de consommation qui nous dépasse un peu.

Cette année la famille Krank ne fêtera pas Noël comme ils ont coutume de le faire. Leur fille unique vient de partir pour un an au Pérou. Ils décident de partir faire une croisière dans les Caraïbes avec l’argent qu’ils économiseront sur ce qu’ils dépensent habituellement dans les préparation de cette fête. Ils sont parfois un peu triste mais leur plaisir de ce qui les attend balayent toutes les hésitations. Les voisins et amis voient d’un très mauvais oeil ce soudain désir d’indépendance. Mais quand leur fille leur fait la surprise d’un retour impromptu pour leur présenter son fiancé péruvien, ces mêmes amis et voisins sont les premiers à se démener pour que toute la famille Frank puisse fêter Noël aussi fastueusement qu’à l’accoutumée.

Une histoire de Noël bon enfant mais qui au passage pointe avec humour les travers de consommation qui accompagnent cette fête. C’est aussi une bonne occasion de dénoncer certains regards de l’entourage qui enferment dans un rôle pas toujours souhaité. Un travers de la société américaine?

Note: 3,5/5

LA DERNIERE RECOLTE
John GRISHAM
Pocket 456 Pages
084/2023
 
Résumé (4° de couverture)
 
Tous les étés, dans la bourgade de Black Oak, Arkansas, les paysans se préparent à la récolte du coton. La ferme Chandler, dirigée par le solide grand-père Eli, recrute les indispensables saisonniers, « ceux des collines » et les Mexicains. Ensemble, ils devront ramasser le coton au plus vite avant la terrible saison des inondations. Pour le petit Luke Chandler, c'est toujours l'occasion de rencontres divertissantes, même si la cueillette est un travail bien difficile pour un enfant de sept ans. Mais Luke ne compte pas s'éterniser à la ferme : plus tard, c'est sûr, il deviendra professionnel de base-ball, dans l'équipe légendaire des Saint-Louis Cardinals... Pour l'heure, au cours de ce qui sera sa dernière récolte au côté de la jolie Tally, du violent Hank et du mystérieux Cow-boy, Luke va aussi cueillir les premières leçons de la vie. Et celles-ci ne sont pas toujours aussi douces que du coton
 
L’auteur, le livre et moi
 
Deux romans de John Grisham m’ont été récemment offerts par un ami. Le but de cette offrande est, je pense, de mettre à mal mes préjugés sur les auteurs connus à coups de gros tirages d’édition.  Ce jeu me va bien.
A la lecture des 4° de couverture de chacun, le premier titré « Le clandestin » fait l’objet du FBI, d’espionnage, de chasse à l’homme,… Le second « La dernière récolte » donc, évoque la vie d’un tout jeune garçon dans sa ferme de l’Arkansas. Je suis très exigeant de la qualité du genre thriller, alors pour faire une première rencontre avec l’auteur, ce second roman m’a paru plus adapté. Voyons voir…
 
Mon avis
 
Voici une initiation à la vie d’un tout jeune garçon, Luke 7ans, pendant la période de la récolte du coton dans la ferme de ses parents et grands-parents. Cette récolte dure de 4 à 5 mois quand tout va bien. Vous l’aurez deviné, ici rien ira bien. Au loin résonne la guerre de Corée, nous sommes au début des années 50
Pendant cette courte période de récolte, le jeune Luke va découvrir la violence des hommes et de la nature, l’absence, les premiers émois amoureux (oui il est très précoce notre petit Luke). La peur aussi.
La qualité de cette œuvre tient dans le fait que John Grisham, pourtant auteur de thriller, n’a abusé d’aucun artifice pour faire de ce roman un roman à grand spectacle. Les évènements sont narrés avec beaucoup de retenu. Les personnages sont globalement crédibles, excepté peut-être la maturité du petit Luke (qui a plus le rôle d’un adolescent que d’un enfant).
 
Dans une ambiance à la « John Steinbeck », John Grisham nous livre un beau roman où s’y mêle à la fois violence et tendresse.
Je ne pense pas que ce roman soit significatif de l’œuvre générale de J.G. L’avenir que je donnerai à sa découverte me le confirmera peut-être.  Cela passera dans un premier temps par « Le clandestin » qui occupe donc à présent une place dans ma P.A.L
 
Ma note : 3.5 / 5

LE CLANDESTIN
John GRISHAM
Pocket 400 Pages
019/2024
 
Résumé (4° de couverture)
 
Lobbyiste sans foi ni loi, Joel Backman a été condamné à vingt ans de prison pour avoir vendu à une puissance étrangère un logiciel capable de contrôler un ensemble de satellites espions.
Six ans plus tard, à sa grande surprise, il est gracié par le président des États-Unis sortant et exfiltré dans une jolie ville d'Italie. Sous une nouvelle identité, le Clandestin découvre l'art subtil d'être heureux.
Il est libre, certes, mais transformé en appât. Car, si la CIA a obtenu sa grâce, ce n'est pas pour l'épargner. La question n'est plus de savoir s'il va être tué, mais qui va le tuer. La chasse à l'homme a commencé…
 
L’auteur, le livre et moi
 
Seconde lecture de John Grisham imposée par le don d’un ami de deux romans de cet auteur. Persuadé que je n’avais pas découvert son véritable univers à travers la lecture de « La dernière récolte » j’avais nécessité de rapidement continuer la découverte de ce « Le clandestin » malgré que le genre thriller soit à la frontière de mon univers de lecture. Voyons si cet empressement est justifié.
 
Mon avis
 
Lors de ma découverte en 2023 de Michael Connelly, que l’on peut classer dans le genre thriller policier, j’avais affirmé mon sentiment de saturation à la surenchère d’événements improbables à l’issue de ma lecture de « Le poète ». Je suis parti avec ce préjugé pour cette présente lecture. La mise en place de l’intrigue pouvant laisser présager ce sentiment. Et bien non. En tout cas pas assez pour me gaver. Si l’écriture est dans la lignée du genre, l’auteur fait l’objet d’une grande retenue dans les événements et maintient ainsi un certain réalisme. L’histoire se transforme même, parfois, à un guide touristique de l’Italie (principalement la ville de Bologne). Le côté « page turner » est bien entendu présent et c’est avec un certain empressement que l’on souhaite connaitre l’issue de cette chasse à l’homme. Je ne ferai pas de ce roman un livre de chevet ni de son auteur un incontournable, mais bon… une fois de temps en temps c'est « sympathique »
 
Ma note 3.5 / 5