John Millington SYNGE (Irlande)

De : Sahkti1 (Message d'origine) Envoyé : 2006-03-12 07:26
John Millington SYNGE, Le baladin du monde occidental
Editions Zoé, ISBN 2881821944
Littérature irlandaise

Lors de sa création à Dublin en 1907, "Le Baladin du monde occidental", sera jugé complètement immoral et soulèvera de nombreuses polémiques. C'est l'histoire de Christopher — dit Christy — Mahon, un jeune homme qui s'enfuit après avoir tué son père d'un coup de bêche sur la tête, lui fendant le crâne en punition de mauvais traitements subis. Arrivés dans un petit village perdu, le héros au prénom messianique conte son historie et devient la vedette. Tout le monde l'admire, lui offre gîte et nourriture, les filles se donnent à lui et chaque homme le souhaite dans sa maison comme gendre ou compagnon de voyage. Jusqu'au jour où le père qui n'était pas du tout mort mais simplement blessé retrouve la trace de son fils et raconte sa propre version des faits. Du statut de héros, Christy passe à celui de moins que rien. La révolte populaire sera sans pareil.

Texte puissant et cruel de Synge sur la perversité humaine. On peut aisément comprendre pourquoi il a été mal accueilli à sa sortie, il fait l'apologie du crime et récompense l'auto-justice, alors que seul Dieu peut décider de retirer la vie à une de ses créations. Synge dresse également le portrait d'une société villageoise qui s'ennuie et s'enferme dans la convention et les religions. Le moindre événement, en particulier s'il revêt un caractère exceptionnel comme un meurtre, fait perdre leurs repères aux habitants qui en oublient l'enseignement dispensé et seraient prêts à se rebeller contre des normes trop établies.
J'ai particulièrement apprécié la facilité avec laquelle il expose ses habitants qui n'hésitent pas à tourner le dos à un pauvre garçon parce qu'il n'a pas tué son père, c'est complètement immoral et en même temps, on se glisse aisément dans la peau de l'un ou de l'autre, tout cela est très humain et Synge l'a bien perçu.

Ma note: 4,5/5

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De : Eireann561 Envoyé : 2006-07-10 03:04
Poèmes
John Millington SYNGE.
Note 3,5
La vie n’est pas rose.
Court recueil (60 pages) de poésie de Synge, en édition bilingue.
Synge(1871/1909) est surtout connu comme dramaturge (Le Baladin du monde occidental ; les noces du rétameur etc…) Il est aussi très célèbre pour l’émeute que provoqua le public pour la première du «Baladin du monde occidental». Une éducation stricte dans un milieu protestant, mais contrebalancé par un amour de la culture irlandaise lui laisseront un sentiment de vide spirituel. Des déceptions amoureuses et un cancer de la gorge causeront sa mort. Une très grande figure de la renaissance de la littérature irlandaise.
Ses poésies sont plutôt sombres, la mort y est omniprésente :
- «Ce livre me parlait des Blaskets et Dunquin,
Des villes du Wicklow et des beaux jours où j’étais là.
Ce livre me parlait de Galway, Mayo, Aranmore,
Et des ramasseurs de varech sur un rivage d’hiver.
Alors je me rappelai que ce «je» était moi,
Et il me restait une sale besogne-m’user, mourir».
La colère s’écrit,
-« Vers Dieu j’ai hurlé de terribles injures,
A blasphémer s’est desséchée ma langue. »
Et la malédiction gronde.
-« Je maudis ma naissance, mon enfance, ma jeunesse,
je maudis mer, soleil, montagnes, lune,
Je maudis mon savoir, ma quête de vérité,
Je maudis l’aube, la nuit et midi ».
Le désespoir et la solitude aussi sont des compagnons de misère, Synge vécu quelque temps à Paris, en voici sa vision :
Rendez-vous manqué dans la rue Racine,
-«Quand ton heure eut enfin sonné,
J’ai guetté dans l’effroi le tournant
Et vu deux cercueils grinçants passer.
Seigneur je suis lent à apprendre».
Un petit mot d’amour malgré tout,
-« Je goûte sur tes lèvres la fête
Perpétuelle de l’année.
L’intégrale de ses pièces de théâtre est disponible dans une nouvelle traduction de Françoise Morvan chez Actes-Sud.
Editions La Délirante.