Jacques A. BERTRAND (France)

De : circee_et_moi (Message d'origine) Envoyé : 2008-08-24 07:06

LES SALES BÊTES
Par Jacques A BERTRAND

Editeur: Julliard
130 pages

L'ouvrage dont je me propose de vous parler ici, est un recueil de courts textes mettant en avant les animaux dits "nuisibles" ou dangereux; bref ceux qui ont mauvaises presse en tentant de les réhabiliter. Ainsi tout au long de ces 18 "fragments littéraires", assez proches des Caractères de La Bruyère, l'auteur s'intéresse à la chouette, le crocodile, la blatte, le rat, le loup, le rat ou encore le pou pour finir avec l'homme.
Comme un refrain,voire une psalmodie, Bertrand glisse dans la quasi-totalité de ses portrait la phrase "le....(mettre ici le nom de la bébête ) est un animal très humain".
L'auteur , chroniqueur sur France culture, se fait tour à tour naturaliste, historien ou linguiste apprenant ainsi à son lecteur des moeurs de la vie des bêtes mais aussi l'explication de certaines expressions qui y sont liées ou encore la façon dont elles sont perçues dans d'autres cultures.Dans le dernier chapitre consacré à l'homme toutes ces expressions sont reprises pour former une conclusion très drôle ; ainsi" l'homme industrieux comme une fourmi s'il est parfois un requin des affaires ou se comporte en ours peut parfois être chouette...

Je pense que ce petit ouvrage ne peut pas seulement se concevoir sous une forme littéraire c'est aussi un véritable traité de sciences naturelle et un régal pour les amoureux de la langue française tant il fourmille d'expressions parfois tombée en désuétude (gober la mouche, avoir une araignée au plafond...).On retrouve aussi une touche subtile d'humour impertinent, souvent absurde et de belles inventions de langage , de plus nos ami(e)s du Québec en lisant ce petit livre peuvent découvrir une foule d'expressions françaises.

En définitive je conseillerai ce livre aux amoureux de la langue et des petites bêtes ainsi qu'à celles et ceux qui ont lu et apprécié des ouvrages tels que Sciences naturelles et impertinentes de Fournier ou Manuel d'éducation sexuelle à l'usage des espèces selon le docteur Tatiana d'Olivia Judson .
Il m'est toutefois difficile de donner une note à "l'objet"certains chapitres me semblant plus enthousiasmant que d'autres , allez je lui donne 3/5 car il faut noter.

En dédicace à tous les rats du club voici un extrait du chapitre consacré au rongeur
"...Le docteur Panksepp, chercheur américain, entretient avec ses rats des relations extrêmement amicales.Tous les matin,il passe la main dans leur cage et les caresse.Le rat raffole des caresses. Il se met sur le dos et attend les guili-guili en émettant des ultrassons qui -traduits en sons audibles-ressemblent étrangement au rire humain...
qui sait, l'homme prenant conscience de n'être pas le seul à avoir le droit de rigoler dans cet univers,s'il ne finirait pas par retrouver le sens du ridicule?"

Marc et Circée (la chatte qui aurait mérité un chapitre dans ce recueil)

J’aime pas les autres, de Jacques A. Bertrand

Le narrateur n’aime pas l’autre, les autres plus particulièrement. Pour expliquer ceci, il raconte son enfance et le début de sa vie adulte, entre un père enseignant exigeant et un drame entre deux femmes aimées.

Le titre est très accrocheur, je désirais en savoir plus sur une telle misanthropie. Mais ce n’est qu’une excuse pour raconter une jeunesse, peut-être avec quelques difficultés, mais pas particulièrement éprouvante. L’idée du problème des autres n’est pas développé, seulement mentionné rapidement. Le style est intéressant, mais le jeune homme n’est plus aussi intéressant que le gamin.

En fait, l’auteur est pris à son propre piège : s’il n’aime pas les autres, et attire des lecteurs avec une telle affinité, ces derniers ne seront pas entièrement enchantés de l’entendre raconter sa jeunesse, car pour eux, c’est lui-même, Jacques A. Bertrand, qui est un des autres.

3,5/5

le réaliste-romantique

Brève histoire des choses

Un recueil de petits textes de quelques pages qui raconte chacun l’histoire de choses communes, telles les chapeaux, les poches, les journées « de ». Ceci n’est toutefois pas un livre historique, mais humoristique. L’auteur s’amuse à jouer sur les mots, les expressions et à relier des choses qui n’ont aucun rapport entre elles. On a pu entendre plusieurs de ces textes à l’émission Les Papous dans la tête de France culture, à laquelle participe régulièrement l’auteur.
 
Le lecteur sera aussi content de détecter les référents scientifiques, culturels et artistiques qui parsèment chacun des textes. J’ai toutefois presque tout oublié de ces textes quelques jours après la fin de ma lecture, mais j’ai néanmoins passé un très bon moment lors de la lecture.
 
4/5

Réaliste-romantique

Comment j'ai mangé mon estomac
2015

Le narrateur raconte comment il a effectivement mangé son estomac : un problème gastro-intestinal s’est transformé en cancer qui amène une ablation d’une grande partie de l’estomac et de l’œsophage. Le texte raconte son calvaire à travers cette expérience médicale. Sa conjointe est aussi atteinte d’un cancer du sein (ce qui leur fait quelque chose de plus en comment).   
 
L’auteur utilise son habituel ton sérieux-moqueur légèrement misanthrope. J’ai clairement reconnu le style de Jacques A. Bertrand dès les premières pages, mais il y a d’abord un léger malaise, car il est difficile d’ironiser par rapport à une maladie grave qui touche un individu (plutôt que cette maladie en général). J’ai passé par dessus ce malaise, mais ça rend le livre moins universel que les autres de cet auteur : j’y ai été bien intéressé parce que mon père a passé par de telles épreuves. Je ne recommanderais ce livre qu’aux amateurs de Bertrand, ainsi qu’à ceux qui ont côtoyé de grands malades qui s’en sont sortis malgré tout, qui aimeraient pouvoir faire un sourire grinçant à cette maladie qui fait peur.
 
3,5/5

RR