Biographies : hommage ou carnage ?
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Biographies : hommage ou carnage ?
Je retransmets un ancien débat au sujet des biographies. En espérant qu'il saura piquer votre curiosité encore une fois.
De : zeta-b (Message d'origine) Envoyé : 2007-01-28 13:14
Mousseline m'a suggéré d'ouvrir une discussion en rapport avec ma lecture actuelle :
une biographie de Romain Gary "Le caméléon".
J'avais acheté ce livre en pensant découvrir des éléments de réponse sur cet auteur dont j'aime les livres, dont j'aime les idées, qui m'a toujours semblé être un "honnête homme et un homme de coeur", et dont la fin volontaire, précoce a été un mystère de plus.
Je ne sais plus qui a dit : il n'y a pas de grand homme pour son valet, je pense qu'à cette lecture on peut dire également : "il n'y a pas de grand homme pour son biographe". Madame Anissimov a décidé de démystifier Romain Gary. Bon cela encore passe, qu'elle raconte sur près de 1000 pages tous les petits travers et les défauts de cet écrivain, ce peut être justifié. Je me dis simplement que passer autant de temps avec un personnage qui lui est antipathique ne doit pas être agréable. Mais là où je m'énerve un brin c'est qu'elle dit tout et son contraire. Romain Gary dans ses pages est tour à tour, charmant et odieux, généreux et radin, solitaire et avide de gloire et de reconnaissance, courageux et lâche, dévoué et égoïste, etc. Même si cet être cultivait le paradoxe, c'est un peu beaucoup pour un seul homme.
Bon de toute façon je m'en fiche, Romain Gary a fait de beaux livres, il était très en avance sur son temps sur de grands thèmes, il aimait la nature et les animaux et les femmes aussi (quoi qu'elle en dise), donc je lui garde ma sympathie.
Ah oui un exemple de ce qui me semble de mauvais goût pour une biographie éclairée, elle dit que les derniers temps de sa vie R.G. songe beaucoup au suicide, logique puisqu'il va passer à l'acte peu de temps plus tard, mais qu'elle raconte "en fin d'après-midi seul chez lui il s'allonge dans son lit, il se glisse le canon du revolver dans la bouche". Alors qu'il cachait a tous ses intentions, ce ne peut être qu'une supputation très raccoleuse.
Vous l'avez deviné cette bio ne me plait pas.
Donc je reprends ma question : est-il éthique de décortiquer la vie d'un personnage public ?
De : Profgéo Envoyé : 2007-02-04 17:47
Bonne question à vrai dire!
Je dirais qu'au départ une bibliographie est avant tout et surtout la vision d'une personne sur la vie et l'oeuvre d'une autre ce qui est forcément biaisé parce qu'on aime ou qu'on aime pas cette personne.
Je dirais donc que toutes les biographies devraient être écrites par deux personnes, une qui déteste, une qui adore. Comme ça, on aurait un peu plus l'heure juste!
@+ Profgéo
De : zeta-b Envoyé : 2007-02-05 11:40
Je pense que ce serait un bon équilibre en effet !
En fait je crois qu'aimer le personnage dont on parle n'est pas vraiment le plus important. Le plus important pour moi est d'être honnête, de s'en tenir aux faits, d'éviter autant que faire se peut l'interprétation ou le message personnel qu'on veut faire passer à travers le héros de la biographie. C'est ce que je demande à celui qui écrit ce genre de livre. Si le personnage est odieux pourquoi ne pas le dire, si l'on se base sur la réalité, sur des faits avérés.
Je me moque en fait un peu de celui qui écrit, (je ne sais même pas si je retiendrai leur nom), seul m'occupe le héros ou l'héroïne auquel je m'intéresse assez pour avoir envie de connaître sa vie. Ce qui m'a déplu dans la bio de Gary c'est cette sensation que l'auteur du livre accommodait à sa façon, l'existence de celui qu'elle décrivait. C'est peut-être une sensation erronée, mais c'est celle que j'ai eue.
De : zeta-b (Message d'origine) Envoyé : 2007-01-28 13:14
Mousseline m'a suggéré d'ouvrir une discussion en rapport avec ma lecture actuelle :
une biographie de Romain Gary "Le caméléon".
J'avais acheté ce livre en pensant découvrir des éléments de réponse sur cet auteur dont j'aime les livres, dont j'aime les idées, qui m'a toujours semblé être un "honnête homme et un homme de coeur", et dont la fin volontaire, précoce a été un mystère de plus.
Je ne sais plus qui a dit : il n'y a pas de grand homme pour son valet, je pense qu'à cette lecture on peut dire également : "il n'y a pas de grand homme pour son biographe". Madame Anissimov a décidé de démystifier Romain Gary. Bon cela encore passe, qu'elle raconte sur près de 1000 pages tous les petits travers et les défauts de cet écrivain, ce peut être justifié. Je me dis simplement que passer autant de temps avec un personnage qui lui est antipathique ne doit pas être agréable. Mais là où je m'énerve un brin c'est qu'elle dit tout et son contraire. Romain Gary dans ses pages est tour à tour, charmant et odieux, généreux et radin, solitaire et avide de gloire et de reconnaissance, courageux et lâche, dévoué et égoïste, etc. Même si cet être cultivait le paradoxe, c'est un peu beaucoup pour un seul homme.
Bon de toute façon je m'en fiche, Romain Gary a fait de beaux livres, il était très en avance sur son temps sur de grands thèmes, il aimait la nature et les animaux et les femmes aussi (quoi qu'elle en dise), donc je lui garde ma sympathie.
Ah oui un exemple de ce qui me semble de mauvais goût pour une biographie éclairée, elle dit que les derniers temps de sa vie R.G. songe beaucoup au suicide, logique puisqu'il va passer à l'acte peu de temps plus tard, mais qu'elle raconte "en fin d'après-midi seul chez lui il s'allonge dans son lit, il se glisse le canon du revolver dans la bouche". Alors qu'il cachait a tous ses intentions, ce ne peut être qu'une supputation très raccoleuse.
Vous l'avez deviné cette bio ne me plait pas.
Donc je reprends ma question : est-il éthique de décortiquer la vie d'un personnage public ?
De : Profgéo Envoyé : 2007-02-04 17:47
Bonne question à vrai dire!
Je dirais qu'au départ une bibliographie est avant tout et surtout la vision d'une personne sur la vie et l'oeuvre d'une autre ce qui est forcément biaisé parce qu'on aime ou qu'on aime pas cette personne.
Je dirais donc que toutes les biographies devraient être écrites par deux personnes, une qui déteste, une qui adore. Comme ça, on aurait un peu plus l'heure juste!
@+ Profgéo
De : zeta-b Envoyé : 2007-02-05 11:40
Je pense que ce serait un bon équilibre en effet !
En fait je crois qu'aimer le personnage dont on parle n'est pas vraiment le plus important. Le plus important pour moi est d'être honnête, de s'en tenir aux faits, d'éviter autant que faire se peut l'interprétation ou le message personnel qu'on veut faire passer à travers le héros de la biographie. C'est ce que je demande à celui qui écrit ce genre de livre. Si le personnage est odieux pourquoi ne pas le dire, si l'on se base sur la réalité, sur des faits avérés.
Je me moque en fait un peu de celui qui écrit, (je ne sais même pas si je retiendrai leur nom), seul m'occupe le héros ou l'héroïne auquel je m'intéresse assez pour avoir envie de connaître sa vie. Ce qui m'a déplu dans la bio de Gary c'est cette sensation que l'auteur du livre accommodait à sa façon, l'existence de celui qu'elle décrivait. C'est peut-être une sensation erronée, mais c'est celle que j'ai eue.
Invité- Invité
Re: Biographies : hommage ou carnage ?
De : Chris tomando mate Envoyé : 2007-02-05 13:43
Si ce n'est pas du hasard!! j'ai lu hier une interview d'Alberto Manguel où on lui pose la question à propos de sa bio sur Kipling :
Parallèlement à ce Journal d'un lecteur, vous écrivez une biographie passionnante mais trop brève de Kipling. Or, ce dernier détestait les biographies: il avait pris soin de brûler, à leur mort, la correspondance de ses parents et son épouse, Carrie, brûla tous ses papiers avant de disparaître à son tour. Une biographie de Kipling est donc un sacrilège, non?
A.M. En un sens, oui. Kipling, en effet, a tout entrepris pour qu'il n'y ait jamais de biographie de lui. Cet ouvrage est, à l'origine, une commande d'un éditeur à destination d'un public de «jeunes adultes», comme on dit en termes de marketing. Mais le projet ne vit jamais le jour. J'écrivis pourtant ce livre et un petit éditeur canadien le publia, en 1998, dans une édition atroce et remplie de coquilles.
Kipling appelait les biographes des «cannibales». Assumez-vous ce statut?
A.M. Cette expression définit assez bien, en effet, le travail du biographe: il s'agit d'avaler le personnage et de le recracher. Le biographe doit se mettre dans la peau du personnage sur lequel il écrit, ressentir les mêmes émotions tout en présentant les pièces d'identité de ce personnage. Mais cette entreprise reste vaine: on construit toujours un personnage de fiction. Mon Kipling ne sera pas le vôtre. Et si vous entreprenez un jour d'écrire une biographie de Kipling, elle pourra être excellente sans que votre Kipling soit celui de vos lecteurs... Cela dit, en ce qui concerne la biographie comme genre littéraire, je crois qu'il faut établir clairement une distinction entre les biographies de commérages et celles qui éclairent l'œuvre: tous les écrivains ne méritent pas une biographie. Pour certains, comme Borges, tout est dans l'œuvre, une biographie n'apportera rien. Mais en ce qui concerne Kipling, c'est différent: sa vie nourrit son œuvre de façon inattendue.
Source : Lire.fr
Si ce n'est pas du hasard!! j'ai lu hier une interview d'Alberto Manguel où on lui pose la question à propos de sa bio sur Kipling :
Parallèlement à ce Journal d'un lecteur, vous écrivez une biographie passionnante mais trop brève de Kipling. Or, ce dernier détestait les biographies: il avait pris soin de brûler, à leur mort, la correspondance de ses parents et son épouse, Carrie, brûla tous ses papiers avant de disparaître à son tour. Une biographie de Kipling est donc un sacrilège, non?
A.M. En un sens, oui. Kipling, en effet, a tout entrepris pour qu'il n'y ait jamais de biographie de lui. Cet ouvrage est, à l'origine, une commande d'un éditeur à destination d'un public de «jeunes adultes», comme on dit en termes de marketing. Mais le projet ne vit jamais le jour. J'écrivis pourtant ce livre et un petit éditeur canadien le publia, en 1998, dans une édition atroce et remplie de coquilles.
Kipling appelait les biographes des «cannibales». Assumez-vous ce statut?
A.M. Cette expression définit assez bien, en effet, le travail du biographe: il s'agit d'avaler le personnage et de le recracher. Le biographe doit se mettre dans la peau du personnage sur lequel il écrit, ressentir les mêmes émotions tout en présentant les pièces d'identité de ce personnage. Mais cette entreprise reste vaine: on construit toujours un personnage de fiction. Mon Kipling ne sera pas le vôtre. Et si vous entreprenez un jour d'écrire une biographie de Kipling, elle pourra être excellente sans que votre Kipling soit celui de vos lecteurs... Cela dit, en ce qui concerne la biographie comme genre littéraire, je crois qu'il faut établir clairement une distinction entre les biographies de commérages et celles qui éclairent l'œuvre: tous les écrivains ne méritent pas une biographie. Pour certains, comme Borges, tout est dans l'œuvre, une biographie n'apportera rien. Mais en ce qui concerne Kipling, c'est différent: sa vie nourrit son œuvre de façon inattendue.
Source : Lire.fr
Invité- Invité
Re: Biographies : hommage ou carnage ?
De : zeta-b Envoyé : 2007-02-05 14:15
Bravo Chris d'avoir trouvé ce texte aussi "fort à propos", voilà c'est tout à fait ça, je trouve que la bio de Romain Gary "Le Caméléon" est une bio de commérages....c'est en tout cas l'impression qu'elle m'a laissée.
De : Sue Envoyé : 2007-04-03 09:27
J'adores lire des biographies. Mais il est vrai que ce n'est pas toujours évident de lire une biographie mal écrite et c'est malheureusement très souvent le cas.
Les auteurs pensent que parce qu'ils ont recherché a savoir plus sur quelqu'un, ils sont capables d'écrire sur leur études et recherches, mais il y a une grande difference entre une personne cultivée et une personne douée pour écrire, mais ils ne comprennent pas toujours cela.
A mon avis une biographie doit être avant tout un bon roman, avec des faits et des anecdotes aussi. Mais il est vrai que les biographes font soit une liste chronologique ou un journal intime.
J'ai lu La Véritable Marlène Dietrich de Gilles PLAZY et j'ai été plus que deçue par son recit. Il a clairement détésté la biographie écrite par la fille de Dietrich, Maria Riva et s'éfforce de racconter les faits, en rajoutant que Riva est partial dans son livre, avec les dates les plus precises possible et sans aucune émotion. Les anecdotes sont tellement rares qu'on a l'impression de lire la définition de la filmographie de Dietrich dans un dictionnaire. Si je l'avais fait, ça m'aurais couté moins cher que d'acheter ce livre.
Par contre une biographie que j'ai simplement dévoré et adoré, et qui ne sera malheureusement et certainement jamais traduite en français viens de mon pays. Carmen de Ruy Castro un journaliste brésilien qui a passé deux ans pour écrire sur le grand icone Sud Américain, Carmen Miranda, a fait un merveilleux livre où il ne dit jamais que l'on a menti, mais il dit les plusieurs versions des faits et ses propres conclusions pour ce qui est resté dans le brouillard.
Si le biographe est un bon écrivain, ce n'est certainement pas un carnage, mais pourquoi un éditeur va donner le feu vert pour une biographie sans âme? À mon avis, les éditeurs prennent les fans pour des c... Ils doivent se dire qu'un fan achetera n'importe quoi dès qu'on parle de leur idole...Une grande erreur.
Bravo Chris d'avoir trouvé ce texte aussi "fort à propos", voilà c'est tout à fait ça, je trouve que la bio de Romain Gary "Le Caméléon" est une bio de commérages....c'est en tout cas l'impression qu'elle m'a laissée.
De : Sue Envoyé : 2007-04-03 09:27
J'adores lire des biographies. Mais il est vrai que ce n'est pas toujours évident de lire une biographie mal écrite et c'est malheureusement très souvent le cas.
Les auteurs pensent que parce qu'ils ont recherché a savoir plus sur quelqu'un, ils sont capables d'écrire sur leur études et recherches, mais il y a une grande difference entre une personne cultivée et une personne douée pour écrire, mais ils ne comprennent pas toujours cela.
A mon avis une biographie doit être avant tout un bon roman, avec des faits et des anecdotes aussi. Mais il est vrai que les biographes font soit une liste chronologique ou un journal intime.
J'ai lu La Véritable Marlène Dietrich de Gilles PLAZY et j'ai été plus que deçue par son recit. Il a clairement détésté la biographie écrite par la fille de Dietrich, Maria Riva et s'éfforce de racconter les faits, en rajoutant que Riva est partial dans son livre, avec les dates les plus precises possible et sans aucune émotion. Les anecdotes sont tellement rares qu'on a l'impression de lire la définition de la filmographie de Dietrich dans un dictionnaire. Si je l'avais fait, ça m'aurais couté moins cher que d'acheter ce livre.
Par contre une biographie que j'ai simplement dévoré et adoré, et qui ne sera malheureusement et certainement jamais traduite en français viens de mon pays. Carmen de Ruy Castro un journaliste brésilien qui a passé deux ans pour écrire sur le grand icone Sud Américain, Carmen Miranda, a fait un merveilleux livre où il ne dit jamais que l'on a menti, mais il dit les plusieurs versions des faits et ses propres conclusions pour ce qui est resté dans le brouillard.
Si le biographe est un bon écrivain, ce n'est certainement pas un carnage, mais pourquoi un éditeur va donner le feu vert pour une biographie sans âme? À mon avis, les éditeurs prennent les fans pour des c... Ils doivent se dire qu'un fan achetera n'importe quoi dès qu'on parle de leur idole...Une grande erreur.
Invité- Invité
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