J.-H. ROSNY aîné (Belgique/France)

La Guerre du feu

Le roman

Nous sommes au paléolithique. De nombreuses tribus d'hominidés parcourent les terres de notre planète, mais la technologie humaine en est encore à ses balbutiements. Au cours d'une bataille les ayant mis aux prises avec une tribu étrangère, le clan de Oulhamrs a perdu le feu que leur avait légué leurs ancêtres. Ne sachant pas eux-mêmes le créer, ils l'avaient entretenu pendant de nombreuses générations dans de petites cages de roche, le préservant de la pluie, du vent, de l'humidité, du froid et des ennemis. Mais voilà qu'ils n'en avait plus. Le chef de bande décide donc d'offrir sa fille à celui qui ramènera le feu. Deux guerriers s'offrent à le conquérir : Aghoo, brute épaisse et violente que craignent même les membres du clan, et Naoh, que le chef n'aime pas trop, mais qui est grand, rapide et très costaud. Chacun des deux ira donc sa voie pour conquérir le feu dans les tribus ennemies, le premier accompagné par ses deux frères, le second par deux jeunes guerriers rapides et légers. Des trois frères violents on entendra fort peu parler par la suite, le romancier s'attachant à relater le périples des trois jeunes guerriers (il doit être plus plaisant pour le lecteur de s'identifier à un héros jeune et intelligent qu'à une brute violente et sans états d'âme, j'imagine).

On parcours donc avec eux une terre paléolithique étrangement, voire suspectement, riche en espèces animales, souvent fort exotiques, principalement pour les grandes bêtes. On y rencontre différentes tribus d'humains, possédant divers savoirs.

Mon avis

Ce roman m'a laissé une impression floue.

La lecture en fut-elle agréable, grâce la très élégante prose de l'auteur, ou un peu embêtante, à cause de la quantité non-négligeable de pauses-dictionnaire, dont plusieurs infructueuses, qu'elle requérrait? Certains de ces mots inconnus étaient-ils des coquilles? Je l'ai soupçonné quelques fois, mais elle m'ont parfois semblées si énormes que mon incertitude persista le plus souvent; jugez plutôt : "frosis", trouvé nulle part, était-il mis en lieu et place de "friselis", qui eût été plein de d'allure dans le contexte? Et dans les autres cas, était-ce ma faute, mon vocabulaire est-il si déficient, si je n'ai pu au prime abord reconnaître des mots tels que "brême", "élaphe" ou "spumeux", ou une bonne centaine d'autres disséminés un peu partout dans le texte?

Le récit en était-il puissant ou naïf? D'un côté, l'auteur en connaissait un bout de plus que moi sur le paléolithique, mais d'un autre côté, la science d'aujourd'hui en connaît un bout de plus que celle de son époque. Si je n'ai pas trop de difficulté à avaler que nos ancêtres étaient bien plus costauds que l'Homo Sapiens Sapiens contemporain ou que le langage humain fût fort d'abord bien simple et fort concret avant de se développer en idiomes évolués, je doute par contre un peu plus qu'une rareté extrême et permanente des ressources ait été le lot de l'humanité à ses débuts, et que les guerres aient été un état permanent des sociétés : il me semble improbable qu'un animal qui n'a à cœur que de combattre et tuer son prochain puisse proliférer à la surface de notre planète; il me semble peu vraisemblable que des sociétés de trois ou cinq cents individus aient pu détester les autres clans au point de traquer et punir de mort la moindre incartade sur leurs territoires de chasse par un individu d'un autre clan, sans ultimement dégénérer par consanguinité. À la fin, malgré des détails qui me semblaient incohérents, il demeurait une indéniable ingéniosité dans quelques ruses présentées : j'ai trouvée intéressante l'idée de duper les prédateurs en se trimballant deux mottes de gazon sur lesquelles on saute successivement et que l'on fait tour-à-tour avancer le long de son trajet pour camoufler les odeurs qui autrement n'auraient pas manqué de persister sur le lieu de son passage.

En résumé, j'ai par moments trouvé que l'auteur en beurrait un peu trop épais, qu'il se complaisait à en mettre plein la vue au lecteur. À défaut de vraisemblance, celui-ci aura au moins eu droit à une belle exposition.

Par ce que j'en ai dit, vous comprendrez que je laisse une note oscillante. Je donnerai donc:
• 2/5 pour la vraisemblance (mais c'est le lot de bien des romans scientifiques de ne pas si bien vieillir question vraisemblance);
• 3,5/5 pour le dépaysement;
• et 4,5/5 pour la savoureuse langue.

J.H. ROSNY est le pseudo de deux frères belges: Joseph-Henri Boëx (1856-1940) et Séraphin-Justin Boëx (1859-1948).

Ils ont écrit sous le nom de Rosny plusieurs livres en plusieurs genres: Romans de moeurs et d'amour, Romans préhistoriques, Romans sociaux et Nouvelles. Le plus lu sont ses romans préhistoriques. Un titre d'eux qui m'intrigue: Le roman d'un cycliste.

Ensuite, depuis 1909, chacun a écrit seul sous le nom de Rosny ainé et Rosny jeune respectivement. Les livres préhistoriques sont les plus lus. Si tu trouves le livre "La Vague rouge", roman social (Plon 1910) de Rosny ainé, je peux te le recommander. Soustitre: Roman de moeurs révolutionnaires - Les syndicats et l'antimilitarisme. Ça parle des ateliers de reliure à Paris autour de 1900 au temps de la naissance des syndicats ouvriers.

LA GUERRE DU FEU
J.H.Rosny Aine
Ce livre constitue la fresque la plus insolite de la littérature contemporaine.
Cet auteur fut en France l’inventeur de la science fiction et un pionnier de l’astronautique
Il nous raconte l’épopée des âges primitifs tels que les préhistoriens les ont lentement dégagés des entrailles de la terre
Dans cette série de préhistoire fiction, on est emporté par le voyage extraordinaire à l’aube de l’humanité, aux temps des Oulhamr, des dévoreurs d’hommes, des nains rouges, des hommes lémuriens, des femmes louves, mais aussi des tigres géants, des bisons et des mammouths
Une préhistoire pleine de mystères, de fureur, de sang, d’amours sauvages, à l’époque où les hommes commençaient à peine à être des hommes.

• Autre titre original : Quest for Fire
  
• Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
  
• Conseillers : Anthony Burgess pour le langage, Desmond Morris pour le comportement
  
• Scénario : Gérard Brach, d'après le roman éponyme de Rosny Aîné, La Guerre du feu
  

Voici quelques renseignements sur le film pour celui que cela intéresse

Ce n’est pas particulièrement le genre que j’aime mais ce livre ou plutôt ce film est très connu

Un 3.4/5