Claude ALLEGRE (France)

Claude ALLEGRE (France)

Claude ALLEGRE est professeur émérite à l’Institut universitaire de France, à l’Université Paris-Diderot et à l’Institut de physique du globe de Paris. Il est membre de l’Académie des sciences de France, de l’Académie des sciences des Etats-Unis et de l’Inde, et de la Royal Society. Parmi la trentaine de livres qu’il a publié, citons Le Dictionnaire amoureux de la science, Ma vérité sur la planète, Un peu de science pour tout le monde, Dieu face à la science, La science est le défi du XXIème siècle, etc.



La science est le défi du XXIème siècle. Plon 2009, 344 pages.



Quatrième de couverture : Que nous réserve l’avenir ? A une époque où la peur des catastrophes écologiques se répand, où l’on subit très concrètement une crise financière et économique que l’on n’a pas connue depuis 1929, chacun s’interroge. Serons-nous capables de transmettre à nos enfants un monde où l’harmonie entre les hommes mais aussi entre l’homme et la nature sera rétablie ? Ou, à l’inverse, allons-nous engendrer un monde de famines, de conflits de civilisations, de crises économiques permanentes ?

Pourquoi ne pas examiner ces questions à la lueur des sciences et des techniques qui sont les moteurs essentiels de l’Histoire ? Essayer de deviner ce que seront les progrès scientifiques du XXIème siècle et les conséquences qu’ils auront sur cette société désormais mondiale et multipolaire ?

Claude allègre se livre à l’exercice sans tomber dans la science-fiction, en évoquant les progrès scientifiques et technologiques énormes qui verront le jour, les questions très difficiles, immenses et parfois effrayantes qui émergent petit à petit. Jusqu’où peut-on modifier le vivant ? Pouvons-nous intervenir sur l’évolution de la planète ? Le virtuel ne risque-t-il pas de se substituer au réel ?

Se refusant à être optimiste ou pessimiste, il montre que le génie créatif de l’homme et son dynamisme conquérant sont potentiellement capables de répondre aux défis. Bref, que l’avenir dépend de nous.

Mon avis : en bon géologue, Claude Allègre présente, avec une grande lucidité, les problèmes qui se posent actuellement et qui vont se poser inéluctablement au cours de notre siècle à l’échelle de la planète en les situant par rapport à l’Histoire de la terre depuis les origines. Il procède là par une démarche purement scientifique. Il fait défiler au cours des pages tous les progrès scientifiques réalisés au cours des siècles dans tous les domaines, la physique, la chimie, la biologie, les géosciences, la médecine, l’astronomie, l’informatique. Il met l’accent sur l’étrange attitude des communautés scientifiques, à toutes les époques d’ailleurs, devant les plus grandes découvertes : le plus souvent, c’est un véritable consensus contre celui qui ose présenter une nouvelle théorie, notamment parce qu’elle dérange les idées admises. Et il faut des années, vingt, trente, cinquante et plus, avant qu’elle soit reconnue, et bien souvent, il y a encore de l’opposition pendant longtemps. Tout le monde connaît l’histoire de Galilée qui échappa de justesse à l’Inquisition. La théorie du transformisme imaginée par Lamarck et complétée par celle de l’évolution de Darwin qui est encore interdite d’enseignement dans de nombreux états aux USA. La Royal Society de Londres refusa d’admettre en son temps la radioactivité découverte en 1897 par Pierre et Marie Curie et Becquerel alors que l’Académie des sciences de Paris se posait des questions sur cette découverte incompréhensible… Comme le souligne Claude Allègre, « les novateurs sont toujours seuls ». Même problème avec la dérive des continents proposée par Wegener en 1910, et la tectonique des plaques qui en découle, encore rejetée par la plupart des géologues en 1960… Combien de temps aussi a-t-il fallu attendre pour admettre l’utilité des vaccins… Le laser quant à lui vient d’une idée d’Einstein en 1917 et il a fallu attendre 1958 pour qu’il devienne une réalité, mais entre le premier rayon laser de 1960 et le premier disque laser en 1980, il a fallu encore 20 ans…

En bref, le XXème siècle fut extraordinairement riche en découvertes scientifiques. Le XXIème sera-t-il aussi riche ? Et Claude Allègre passe en revue tous les domaines dans lesquels, selon lui, la science est encore capable de faire des bonds en avant spectaculaires : en biologie, en médecine, en astronomie, en géosciences, en agriculture, mais de nombreux problèmes d’éthique se poseront. En effet, jusqu’où peut-on aller dans le domaine du vivant ? Et il faudra compter aussi avec l’opposition de ceux qui sont opposés au progrès scientifique. Parallèlement, il fait le point sur les grandes questions : l’énergie, l’eau, la démographie. Pour cette dernière il fait en particulier la distinction entre la démographie générale, à l’échelle de la planète – combien de milliards d’êtres humains à la fin du siècle – et la démographie régionale, en relation avec les ressources alimentaires, dans les pays où l’eau est rare. Et, naturellement, sur le réchauffement climatique. Contrairement à ce que disent certains, Claude Allègre ne nie pas le changement climatique, mais il rappelle que des changements climatiques, la terre en a connu plus d’un au cours de son histoire, avec des périodes où l’atmosphère était infiniment plus riche en CO2 qu’elle ne l’est actuellement. Mais la terre a su éliminer cet excès de CO2 en fabriquant d’énormes couches de calcaire. Alors, plutôt que de vouloir réduire à tout prix la production de CO2, liée à l’activité humaine, ne vaut-il pas mieux développer la recherche pour comprendre comment la terre a su se débarrasser du CO2 excédentaire, afin de nous en débarrasse nous aussi.

Comme il est dit dans la quatrième de couverture, Claude Allègre ne se montre ni optimiste ni pessimiste, mais il dresse un tableau lucide des problèmes qui se posent déjà et qui vont se poser tout au long du siècle, avec des réponses sur lesquelles il convient de réfléchir.

Un livre à méditer auquel je donne une note de 4,5 / 5, tant pour le fond que pour la forme.

Très belle critique Franillon! Encore un titre à prendre en note pour mettre sous le sapin à quelque que je connais...

@+ Prospéryne

Bonne démarche de ta part, Géromino, si tu lis La science est le défi du XXIème siècle. Mais connais-tu vraiment le point de vue de Claude Allègre sur le réchauffement climatique, sans avoir vraiment lu ses bouquins? Ce qu'on glane sur Internet n'est pas toujours très objectif. Comme beaucoup d'autres l'ont dit avant moi, je considère Internet de la même façon que la fameuse langue d'Esope... Allègre ne nie pas le changement climatique - et ce n'est pas le premier que la terre connaît, il y en a eu bien d'autres avant, et pas des moindres - ce contre quoi il s'élève, entre autres choses, c'est sur les prévisions chiffrées pour la fin du siècle à partir de modèles qui sont loin de prendre en compte toutes les données du problème, sans tenir compte de la théorie du chaos qui régit la plupart des phénomènes agissant sur le climat. Allègre explique tout ça très bien.

Si tu me permets, Franillon, je voudrais te renvoyer à quelques articles qui pourraient illustrer mon scepticisme vis-à-vis des dires de C. Allègre. Sur plusieurs secteurs il semble s'être fait beaucoup de contradicteurs. Je cite: "C. Allègre a réussi à se mettre à dos une bonne partie de la communauté scientifique. Car il a bâti sa carrière politique sur sa renommée de savant. Or des affirmations péremptoires et beaucoup d'erreurs font que son bilan de scientifique est critiqué." (source Médiapart- Jade Lindgaard).
Dans plusieurs domaines (notamment l'amiante voir l'article ICI) ou sur le réchauffement climatique( voir ICI) il est assez décrié.
Voir aussi un article où il répond aux chercheurs (voir ICI).
Loin de moi l'idée de vouloir taper sur ce scientifique, ce serait plutot pour se faire une idée plus précise du personnage, qui je le répète a sûrement du mérite dans des domaines scientifiques, mais dont la crédibilité ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs.

Le sujet est épineux et les débats souvent houleux entre pro et anti C. Allègre. Je ne tiens pas à entrer dans ce jeu-là. Je pensais seulement à établir un jugement équitable sur le personnage.

Amicalement Geromino

Je reprends mes liens qui n'ont pas fonctionné:

Les réponses de Libération ICI

Claude Allègre répond aux chercheurs ICI

Géromino, que tu sois sceptique, c'est ton droit absolu. Cependant ton scepticisme semble s'appuyer essentiellement sur des articles de journaux. J'ai regardé les articles que tu m'as signalés. Je trouve l'article de Libé assez méchant. D'une façon générale je ne lis pratiquement plus aucun journal depuis des années. Perte de temps. Si je défends Allègre, c'est tout simplement parce que géologue moi-même je comprends parfaitement son langage et que je partage très largement ses idées sur le plan scientifique. Et surtout parce qu'en le lisant (j'ai lu quand même 7 ou 8 de ses bouquins), je m'aperçois que sur la plupart des sujets scientifiques il a les mêmes idées que moi. Je dois être un tout petit peu plus âgé que lui et nous avons fait nos études en gros à la même époque, lui à Paris je crois et moi à Dijon, mais il y avait beaucoup de contact entre les deux universités sur le plan de la géologie. Cela ne veut pas dire que tous les géologues parisiens et dijonnais partageaient forcément les mêmes idées. Au cours de ma carrière de géologue, j'ai rencontré beaucoup de géologues, de géophysiciens, de géotechniciens, de météorologues et me suis toujours intéressé aux questions de météorologie et de climatologie. J'ai suivi des cours de météo pendant deux ans et j'ai géré une petite station météo pendant trois ou quatre ans. Je peux dire que je connais tout de même assez bien ces problèmes et je ne comprends pas l'acharnement des médias contre Allègre. En fait, je pense qu'ils ne lui pardonnent pas son franc parler. De toute manière, chaque fois que je découvre un nouveau de ses livres, je me précipite dessus...
Quoi qu'il en soit, je ne cherche pas à te convaincre, mais lis un ou deux de ses livres pour avoir un point de vue objectif.
Amicalement, Franillon.

Franillon,je comprends tout à fait ton point de vue. Et je te promets de lire un ou plusieurs livres de C. Allègre.

geromino

J'y compte bien, Géromino. Ensuite nous pourrons en reparler.

Puis-je rajouter mon grain de sel de petite souris, qui n'a pas de grandes connaissances scientifiques mais des convictions.

Et bien en lisant les réponses aux chercheurs de CLaude Allegre ... on a l'impression que cette dissension entre courants scientifques sur les catastrophes qui nous attendent ne sont que querelle de clochers et de factions adverses.
Les uns s'attachent aux réchauffement de la planète, l'autre (Allegre) aux changements climatiques pas tous dûs, selon lui, au réchauffement de la planète .... la nuance est subtile, il me semble. Et bien moi je dis (je dis peut-être d'ailleurs des bêtises) qu'ils devraient se mettre tous d'accord pour au moins essayer de stopper la course fatale, et tous crier bien fort à l'urgence d'appliquer des remèdes efficaces.
C'est nos enfants et petits enfants qui vont payer la facture ! ALors Allegre contre Hulot ou les autres écolo, je trouve cela décridibilisant pour la lutte écologique .... dommage que même chez des hommes de science, l'égo surplombe l'oeuvre, et dommage que leurs interventions dans les media, toutes bien orchestrées et mises en scène, d'un côté comme de l'autre, ne soient pas un consensus médian de leurs théories respectives.
Mais je ne veux vexer personne.

Intéressant le débat! Il y a comme ça des personnalités qui divisent. Certains d'entre eux semblent y prendre plaisir, d'autres le font parce qu'elles ne savent pas agir autrement. Dans tous les cas, ces gens assument leurs opinions, ce qui est je crois essentiel. Concernant Claude Allègre, j'ai déjà lu un de ses livres, sur recommandation de l'un de mes profs à l'université (Les fureurs de la terre, chez Odile Jacob). Il ne m'a pas laissé un souvenir marquant, mais je lui dois sans doute quelques connaissances sur les volcans!

@+ Prospéryne

C'est quoi sa conclusion? Qu'on doit continuer à polluer et piller la terre comme on le fait aujourd'hui?
Peut-être qu'il a raison, j'en sais fichtrement rien moi à mon petit niveau, mais ce que je sais, c'est que de sortir un truc pareil, ça pourrait nous pêter à la gueule sérieusement. Tous les efforts (aussi minime soit il) qui ont été fait ces dernières années seraient réduit à néant si ce discours venait à convaincre la majorité. Attention danger!

Il ne s'agit pas de polluer et de piller la planète, absolument pas, mais au contraire de trouver des solutions alternatives pour ne gaspiller ni le pétrole, ni le charbon, pour développer les voitures électriques ou hybrides, pour construire des maisons plus économes en énergie, pour recycler tout ce qui est recyclable, en particulier les produits miniers. Pour protéger les ressouces en eau, pour développer une agriculture intelligente et pour le coup moins polluante, etc. Ceci implique des recherches sérieuses et ouvre des perspectives de développement sans précédent. Il y a énormément à faire, ce qui manque, c'est la volonté de faire. Du moins en Europe. D'autres pays l'ont compris, aussi bien les Etats-Unis que la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie. Pourquoi la France resterait-elle à la traîne ?

Franillon, oui il y a beaucoup à faire, et je ne vois pas ce que ça va amener comme bienfait de stigmatiser certains écolos,et de dire qu'ils mentent, en criant au complot.
Vraiment là sur ce coup Allegre m'énerve. Il n'arrête pas. A quoi ça sert ?
Je crois que l'on ne sait pas exactement ce que la terre nous réserve, il y a un changement climatique, je crois qu'on peut s'accorder sur ce point, et tellement d'autres dangers qui nous guettent. Encore une fois je pense qu'un consensus entre toutes ces factions d'écologistes est plus urgent que jamais.
Parce que si ce qu'il préconise Allegre est dans ton dernier message, quelle différence avec les autres ? Je ne vois toujours pas.
Mais bien sûr je n'ai pas lu le livre dont tu parles, donc pardonne-moi si je n'ai pas compris son propos. J'ai juste horreur de ces querelles stériles.
Et franchement avec l'inertie des masses et des gouvernants, je ne trouve pas inutile de faire peur.

Franillon a écrit:Il ne s'agit pas de polluer et de piller la planète, absolument pas, mais au contraire de trouver des solutions alternatives pour ne gaspiller ni le pétrole, ni le charbon, pour développer les voitures électriques ou hybrides, pour construire des maisons plus économes en énergie, pour recycler tout ce qui est recyclable, en particulier les produits miniers. Pour protéger les ressouces en eau, pour développer une agriculture intelligente et pour le coup moins polluante, etc. Ceci implique des recherches sérieuses et ouvre des perspectives de développement sans précédent. Il y a énormément à faire, ce qui manque, c'est la volonté de faire. Du moins en Europe. D'autres pays l'ont compris, aussi bien les Etats-Unis que la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie. Pourquoi la France resterait-elle à la traîne ?

Euh, c'est pas justement ce que propose de faire tous les mouvements qui parle du réchauffement climatique? Si on prend cette idée comme telle, alors ce que fais M. Allègre, c'est enlever toute crédibilité au mouvement qui pousse pour faire ce qu'il voudrait qui soit fait, mais pour d'autres raisons. Je suis désolée de le dire comme ça, mais on dirait qu'il ne veut pas que ce soit fait! En tout cas, je vais surveiller la sortie du livre ici, on verra ce que ça va donner, ta critique m'encourage à le lire, même si au fond, je crois que je vais rager en lisant un tel livre!

@+ Prospéryne

Toute vérité est bonne à dire de Claude Allègre, publié en mars 2001, 342 pages, aux éditions Pocket
 
L'auteur :
Géochimiste et homme politique français, membre de l'académie des sciences française, ministre de l'Education nationale, de la recherche et de la technologie de 1997 à 2000. Il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique

L'ouvrage :
Ici l'auteur nous fait part, par le biais d'un dialogue avec un journaliste, de son expérience en tant que ministre de l'éducation nationale et de la recherche. Claude Allègre soumet également aux lecteurs nombre de nouvelles idées sur l'avenir de notre éducation nationale, de la recherche, de l'Europe.


Ma critique :
Un ouvrage dense mais facile d'accès. Le contenu est riche, sans langue de bois. Certaines parties du livre sont plus techniques et donc moins intéressantes. Néanmoins ce livre-pourtant publié il y a 12 ans- ouvre des perspectives nouvelles, apportent des idées qui transcendent les opinions politiques et incitent à la réflexion. L'auteur est dans cet ouvrage moins polémique et davantage constructif. Passez les passages techniques et allez jusqu'à la fin du livre qui est passionnante ! Ma note : 4.5/5