Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Thomas Stearn ELIOT (États Unis)

Aller en bas

Eliot - Thomas Stearn ELIOT (États Unis) Empty Thomas Stearn ELIOT (États Unis)

Message  gallo Sam 1 Nov 2008 - 19:07

De : ThomThom12932 (Message d'origine) Envoyé : 07/02/2006 23:00
Thomas Stearn ELLIOTT

Bref petit rappel des faits : suite à un échange de mail top secret avec Steph, nous en sommes venus à évoquer les diverses influences de Stephen King pour "The Dark Tower"...et notamment T.S. Elliott que j'ai cité à de nombreuses reprises et pour cause ! puisque le troisième volet de la saga de King porte le même titre que son poème le plus célèbre "The Wasteland" - et que ce troisième tome est d'ailleurs introduit par un extrait dudit poème.

Tout cela m'a donné envie de relire sinon tout Elliott, du moins ce fameux poème. Mais bien sûr, par respect pour les ratons n'ayant pas encore achevé (ou commencé même) le cycle de King, je n'écrirai rien du style "King a piqué ceci" ou "King fait allusion à celà". Ainsi les ratons ayant achevé la série sauront d'eux-mêmes retrouver les allusions, et ceux n'en étant pas encore arrivé là auront au moins quelques éclaircissement sur ce texte auquel le best seller préféré de notre forum fait maintes fois références - sans pour autant que cela leur gâche le suspens.

(j'avoue que c'est là un sacré numéro d'équilibriste dans lequel je me suis lancé).

Donc. Thomas Stearn Elliott est né à Saint-Louis en 1888, de parents britanniques. Il a touché un peu à tous les genres littéraires, mais il est avant tout connu pour sa poésie. Marqué sa double origine américaine et anglaise, son style est fort logiquement un mélange assez probant d'influences anglaises (Coleridge, Wordsworth) et américaines (Whitman, Crane et surtout son meilleur ami : Ezra Pound).
La publication de "Poems" en 1910 le rattache d'abord au mouvement décadent, au dandysme (petit clin d'oeil à R-R au passage : encore un auteur décadent pour ta LAL), notamment à Byron et Dirsraëli. C'est seulement à partir du premier volume de ses "Cantos", sortes de fragments poético-mystiques, qu'il se singularise et s'impose progressivement comme l'un des poètes majeurs du XXe siècle.

La première partie de son oeuvre (celle qui nous intéresse en l'occurrence) repose essentiellement sur une satire de la société américaine de son temps via une ré appropriations de mythes antiques et/ou païens.

Par la suite, comme à peu près tous ses collègues de la mouvance décandente, il va viré catholique limite intégriste et signer des oeuvres nettements moins enthousiasmantes, même si cela lui inspirera vers la fin de sa vie l'une de ses plus grandes pièces : "Murder in the cathedral".

Parmi ses textes les plus essentiels citons les "Cantos : ARA VOS PREC" (soit un genre d'intégrale de ses premiers poèmes publiée en 1920) et "Ash Wednesday" en 1930. Il reçut le Prix Nobel de littérature en 1948. Petite anecdote savoureuse : l'Angleterre ayant été jusqu'à cette date fort peu servie en la matière, l'Académie chercha un auteur dont l'oeuvre lui semblait typiquement britannique et opta donc pour Elliott...sans savoir qu'il était américain et ne s'était fait naturalisé anglais que quelques mois auparavant, pour des raisons bassement financière (eh oui, les histoires de changements de nationalité pour payer moins d'impots, ça ne date pas d'hier).


"The Wasteland" - Thomas Stearn ELLIOTT, [Penguin Classics / 1922]

Vous savez qu'écrire cette chronique m'a déjà pris plus de temps que de relire le texte ???

Parce qu'en réalité, "The Wasteland" est long poème narratif de même pas 60 pages.

Là où le bas blesse, c'est que je suis tout bonnement incapable de vous donner une édition française...j'ignore totalement s'il existe en édition traduite en dehors des anthologies poétiques de l'auteur. Il est même probable que vous soyez obligé d'acheter un recueil entier pour le trouver. Auquel cas, vous n'allez pas vous amuser car le titre français a changé au moins une dizaine de fois depuis sa parution : le titre le plus courant semble être "La Terre Vaine" qui donne une idée relativement correcte de l'oeuvre. Mais on peut également le trouver, dans des éditions plus récentes, sous le titre "La Terre Gaste", un peu désuet mais très proche du sens initial, tant au point de la phonétique que du sens. C'est en tout cas mieux que le titre "La Terre Perdue", également disponible dans des éditions des années 70/80 qui, là, s'éloigne totalement du sens originel. On peut cependant s'étonner qu'à ce jour aucun traducteur n'ait eu l'idée toute bête d'une translation littérale qui aurait donné : "La Terre Gachée" (mais parfois, les traducteurs aiment faire dans la complication !).

Divisé en cinq mouvement dont plusieurs sous mouvements, il est en fait constitué de sept parties assez distinctes. Dès sa parution en 1922 il s'est imposé comme un texte révolutionnaire, non uniquement par son contenu (qui sous couvert de mythologie évoque toute l'angoisse et l'amertume de son époque...encore une obsession des décadents, ce fin mal de l'entre deux siècles) mais aussi par ses nombreuses innovations formelles : passage brutal d'une scène à l'autre, multiples changements de point de vue mais aussi de ton (argot, poésie d'obédience médiévale, langage précieux)...Ce texte est exceptionnel en ce qu'on ne peut le comparer à rien de connu jusqu'alors. Il est juste unique, même s'il rappelle bien sûr les "Cantos" de l'auteur (même construction en fragments, même multiplication des allusions littéraires).

Durant ce bref texte on trouve 35 noms d'auteurs et 6 langues différentes (certaines totalement imaginaire). Or, au lieu de crouler sous tant d'érudition, le lecteur est emporté par l'imagination de l'auteur. Et le poème est vibrant et vivant, alors qu'il aurait pu n'être qu'un immense patchwork.

Je ne me risquerai pas à essayer de "raconter" "The Wasteland", ce qui me semble totalement impossible. Mais sachez qu'il s'agit d'une vision apocalyptique du monde, d'un univers désolé qui ressemble au nôtre mais n'est pas tout à fait le nôtre, puisqu'il comporte autant d'éléments archaiques que d'éléments futuristes.
Sans aller jusqu'à me lancer dans un résumé totalement stérile, je dirais que le moteur principal est la lutte intérieure du Roi Pécheur, dont le royaume est frappé de stérilité et attend un mystérieux chevalier sensé comprendre tous les signes placés sur sa route et délivrer le Château du Roi de sa terrible malédiction. Une attente qui tire sa source principale des Contes du Graal, puisque, comme Merlin, le Roi attend l'Elu.

Dans les sept parties, c'est exactement la même histoire qui est déclinées sous d'autres formes. Mais parfois le Roi apparaît sous la forme de Tiresias (l'oracle aveugle du mythe d'OEdipe), d'autres fois sous la forme de Tyr (le marin de "The Tempest" de Shakespeare). De même, le chevalier se nomme tour à tour Phlébas, Roland ou Ferdinand de Naples (personnage du jeu de tarot si mes souvenirs sont bons)...

Bon, je pense que là, j'ai donné un aperçu à peu près correct de l'oeuvre...ça a l'air confus, mais je vous jure, c'est pas moi, c'est le texte qui est comme ça !!!! J'ai fait mon mémoire de maîtrise sur ce texte (et quelques autres de la même mouvance) donc je pourrais vous en faire à peu près 7 ou 8 pages de plus, mais je pense que là, j'en ai dit suffisamment pour vous donner envie de découvrir l'auteur......???
gallo
gallo

Nombre de messages : 2598
Location : Pays-Bas
Date d'inscription : 29/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum