Joanne HARRIS - Classe à part

Résumé

Editions Flammarion, Points (poche)
539 pages

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ici le très beau résumé fourni sur le site de textes prétextes.
c'est mille fois mieux que ce je pourrai écrire moi-même. cf:

http://textespretextes.lalibreblogs.be/archive/2009/01/22/suspense-garanti.html

Qui a vécu au sein d’une école prestigieuse, ancienne, traditionnelle, se retrouvera chez lui dans le roman de Joanne Harris, Classe à part, un titre qui lui correspond bien même s’il ne traduit pas littéralement Gentlemen and Players (2005). La romancière anglaise...a pris au jeu d’échecs les rôles de ses personnages : un pion et un roi, en alternance, plus tard un cavalier et une reine.

Il y a des lignes qu’on n’est pas censé franchir – « Entrée interdite au-delà de cette limite » – et qui donnent envie de le faire : « La limite qui sépare le criminel de la société des honnêtes gens est une frontière aussi arbitraire et insensée que les autres, une simple ligne tracée par quelqu’un dans la poussière. » Voilà ce que ressent déjà à neuf ans le rejeton de John Snyde, devenu le « porter » de Saint Oswald. Son père est très fier de son emploi dans ce lycée réputé dont ils occupent la Vieille Loge.
Quelle frustration pour l’enfant d’habiter un tel endroit sans pouvoir s’y inscrire ! Les élèves de Saint Oswald semblent « d’une autre race » que ceux de l’école populaire où celui qui aime les livres est un bouc émissaire : « Ils me paraissaient non seulement dorés par le soleil et par la vie qu’ils menaient dans un cadre aussi beau mais aussi par quelque chose de moins tangible, par une assurance naturelle, un vernis mystérieux qui les revêtait tout entiers. » ......

A la rentrée de septembre, Straitley songe aux trente-trois ans passés là à enseigner le latin, il va sur ses soixante-cinq ans. « Encore un trimestre et, comme au cricket, j’aurait fait une Centaine. Mon nom sera inscrit au tableau d’honneur du personnel. » Très attaché à la salle 59, dans le clocheton, il observe que comme les chiens et leurs propriétaires, salles de classe et enseignants finissent par avoir un air de famille. « Territoire souvent concédé mais jamais cédé », avec son vieux bureau et ses pupitres de bois maintenus malgré la vogue des tables modernes, la sienne a le même charme que sa vieille veste de tweed, malgré les souris. Mais la réunion de professeurs jette vite une ombre sur cette rentrée : les salles reçoivent une nouvelle numérotation, de nouvelles occupations. Non seulement on prive Straitley de son bureau, mais il devra partager « son » local avec d’autres.

Quaz, comme le surnomment ses élèves (pour Quasimodo), jauge rapidement les nouveaux collègues. Lui-même se range parmi les Tweedys, des solitaires très
attachés à leur territoire, leur tasse à thé, leurs plantes vertes. Il repère deux personnalités a priori sympathiques : miss Dare, une linguiste, et Chris Keane, le nouvel angliciste. Mais ni lui ni personne ne se doute qu’une Taupe vient de s’introduire à Saint Oswald, quelqu’un qui n’a jamais supporté l’humiliation ni le renvoi de son père, le gardien John Snyde. Quelqu’un qui connaît déjà par cœur tous les recoins de cette école qu’il a explorée clandestinement pendant son enfance, toits compris. Quelqu’un qui, à treize ans, s’est même mêlé régulièrement aux élèves, sans que personne ne remarque jamais Julien Dutoc, l’élève invisible - à part pour un garçon rebelle avec qui s’est nouée une amitié très particulière. Un des nouveaux professeurs n’est pas celui qu’on croit. Avec la même facilité qu’alors, il s’est fait une place dans ce monde insupportablement interdit.

Classe à part distille une vengeance habile, sournoise, machiavélique. Il s’agit de faire s’écrouler le bel édifice. Tous les coups sont permis contre les élèves, les collègues, la direction, la réputation même de l’établissement de prestige où personne, jamais, n’a eu la moindre idée de ce que signifie, pour un enfant, d’être exclu d’emblée de ce paradis, à cause de son origine sociale......

mon avis:
ce livre ne m'a pas vraiment conquise.
l'ai trouvé bien trop long...
Peut-être suis-je hermétique aux milieux des écoles privées ou avais déjà pas mal lus d'histoires semblables: les mille intrigues de professeurs, leurs rivalités, leurs petits secrets mal gardés, etc....quel intérêt au fond?
ma grosse déception, c'est la chute...un dernier rebondissement tellement inattendu qu'il en perd toute crédibilité.
bref, avais bien aimé "chocolat" mais "classe à part", non, ne le garderai pas dans ma biblio...

le note quand même 3/5, car c'est bien construit, comme aux échecs...

Classe à part

Résumé: Le héros de ce roman est l'enfant du gardien d'un collège privé prestigieux Saint-Oswald. Enfant pauvre d'un père alcoolique et d'une mère qui a préféré fuir, il rêve d'être un de ces élèves riches et cultivés. Il réussit à pénétrer en cachette dans l'établissement et à se faire passer parfois pour un des leurs.
Quinze ans plus tard nous retrouvons ce même personnage qui a réussi cette fois à intégrer l'établissement en tant que professeur. On comprend très vite que son retour est motivé par un désir de vengeance, de revanche sur le passé.
Comme souvent chez Joanne Harris, le roman possède deux narrateurs. Tout d'abord le héros qui met en place petit à petit sa vengeance et revient sur sa jeunesse, sur ce qui s'est passé quinze ans plus tôt. D'autre part un vieux professeur de latin Mr Stratley, proche de la retraite, déjà présent il y a quinze ans. on peut donc suivre les évènements d'alors et d'aujourd'hui vus par ce professeur qui comprend vite que quelque chose d'inhabituel se trame.

Mon avis: J'ai dans un premier temps été très surprise car ce livre est vraiment différent de ceux que j'avais précédemment lus de cette auteur. Dans ce roman Joanne Harris aborde le thème de la revanche. Revanche de l'enfant d'une classe sociale défavorisée rejeté à la fois par les nantis car trop pauvre, et par les camarades de son milieu car trop intéressé par les études.
Nous vivons de l'intérieur la vie d'un collège privé dont la réputation ne doit à aucun prix être entachée. Nous vivons les relations entre les professeurs faites parfois d'amitié, mais souvent de jalousie, de petites querelles, de coups bas.....Tout cela à la fois par l'oeil du vieux professeur qui semble faire partie des murs mais que certains aimeraient bien voir partir et par celui par qui les problèmes et le malheur vont arriver.
La construction du roman avec ses deux narrateurs est à ce titre intéressante.
Le roman commence assez gentiment: nous assistons aux bêtises classiques faites par des collégiens et aux petits tiraillements entre les professeurs. Puis au fur et à mesure que le passé nous est dévoilé, le plan machiavélique du héros se met en place et on arrive dans une seconde partie plus proche d'un thriller d'autant plus que l'on ne connaît qu'à la fin de quel professeur il s'agit.
Au début assez mitigée sur ce livre, je suis finalement bien rentrée dedans. J'ai lu la fin très vite, curieuse de savoir quel professeur était le narrateur et comment tout cela allait finir.
Ce roman est très bien construit, le suspens allant crescendo.
Ma note 4/5

Très belle critique Dodie ! J'avais aussi beaucoup aimé ce roman !

Un roman que j'ai trouvé effectivement très différent des Cinq quartiers de l'orange.
Une histoire de vengeance dans le milieu fermé d'un collège anglais.
Un récit à deux voix,celle de la taupe et celle d'un vieux professeur.
Un suspens qui reste entier jusqu'à la fin et pas mal d'humour noir.
Une réussite 4,75/5

Un énorme coup de coeur pour moi
J'aime les romans de Joanne Harris, mais dans celui-ci il y un suspens vraiment bien maitrisé.

Ce roman se construit sur le récit de deux narrateurs, deux pièces de la partie d'échec qui est en train de se jouer, le pion ( Julien Synde, le fils du concierge infiltré) et le roi ( Roy Stratley, le professeur de latin). La table de jeu n'étant autre que le prestigieux collège de Saint-Oswald (donc la devise est AUDERE, AGERE, AUFERRE - oser, travailler, triompher). Et le jeu sera terrible. Nous allons naviguer entre présent et passé, entre rancoeur et construction de la vengeance. Les retournements de situation sont vraiment bien amenés. Les personnages secondaires ne parviennent pas à nous distraire du drame qui se trame...

Le livre repose sur 8 chapitres, 8 coups : Pion (présentation de Julien), Roi ( présentation de Roy, dit Quaz le latiniste qui fêtera sa 33ème année d'enseignement), Cavalier (Colin Cavalier, élève à l'origine de divers incidents, la victime désignée par excellence), En passant, Echec (trame centrale de l'histoire), Mat(Patrick Mat, proviseur qui ne gère déjà plus la situation), Reine (quelle est cette reine?), Echeck et mat (" Aujourd'hui c'est en tant que reine que je lui dirai échec).

Je me suis amusée à décortiquer le texte, sa construction et tous ses paradigmes. Que du bonheur!
Je ne veux pas trop en dire, mais Joanne nous emmène dans un univers fermé, opaque et sans magie (pour une fois) et personnellement je n'en suis pas ressortie indemne....Brillant !!!

5/5

Superbe ta critique!!!