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Florence AUBENAS (France)

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Message  Invité Mar 13 Avr 2010 - 20:27

Eh bien oui, le Quai de Ouistreham est un excellent document !!
Pas de la littérature, mais les rats doivent être au point de l'actualité !

je suis admirative, et de l'auteur et de celles qui l'ont entourées
Une vie de misère , mais ce qui m'a frappée..............aucune plainte
Pôle emploi, ..............comme je le vis tous les jours !!!

A lire pour savoir ce qu'il se passe dans notre Pays !
beaucoup d'amitiés à toutes celles qui sont dans ce document, c'est tout ce que je peux faire étant moi même salariée avec un mari au chomage ..........mais les rats, partagez !!

Je suis trés étonnée d'être la 1° !!!!

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Message  Invité Jeu 15 Avr 2010 - 21:16

Les premières pages du livre sont bien écrites. Elles donnent envie d'aller plus loin.
Pour les consulter : http://www.edenlivres.fr/p/9782879297330

-------

Nous, les petits et les sans-grades...



On pourrait prendre ce livre pour un roman de Maupassant, d'Harry Martinson ou d'Emile Zola. La différence est qu'il est vécu, que c'est un reportage, un grand reportage. C'est un livre qui remplace bien des rapports sur la précarité, sur les nouveaux pauvres, ceux que l'on appelle les "travailleurs pauvres", qui n'arrivent pas à s'en sortir malgré leur travail ou leurs "heures", comme ils disent. Ce livre est à hauteur d'homme et, en réalité, de femme. Pratiquement que des femmes dans ce récit immergé au sein du ménage industriel, des femmes courageuses pour qui la vie n'a pas été simple.

Ce récit nous rend en filigrane l'absurdité des discours sur l'emploi, sur le masque des statistiques, des chiffres sur lesquels les décideurs ont les yeux rivés. Ce récit nous parle de la crise, des crises, du fait que pour certaines personnes, la crise s'apparente à un tunnel qui tourne en rond, et dont il n'est pas possible d'en sortir. Ce récit nous place sur orbite autour de la planète de la précarité.

Il faut remercier Florence Aubenas de ce livre qui est une photographie sociale sans concessions. Outre le témoignage, l'auteur offre un récit agréablement écrit et bien construit. La souplesse littéraire fait passer l'amertume que l'on ressent. Merci à l'auteur de s'être fait la voix des petits et des sans-grades, ceux que l'on ne voient jamais car appartenant à l'espèce menacée des invisibles.

Veilleur

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Message  Louvaluna Mer 22 Aoû 2012 - 13:46

Florence AUBENAS (France) Aubena10

Florence Aubenas

Présentation tirée du site www.evene.fr :

Considérée par le journal Libération comme l'une de ses meilleures plumes, Florence Aubenas est diplômée du Centre de formation des journalistes. Elle a travaillé pour Le Matin et Le Nouvel Economiste avant de rejoindre Libération. Elle couvre, en grande professionnelle habituée aux zones à risque, des événements au Rwanda, au Kosovo, en Afghanistan et en Irak et témoigne dans ses articles et ses livres. Elle consacre, entre autres, On a deux yeux de trop à son expérience au Rwanda. Enlevée le 5 juillet 2005 à Bagdad lors d'un reportage sur les réfugiés de Falloujah, elle apparaît très affaiblie dans une cassette diffusée le 1er mars par Sky-Italia. Partout, des comités de soutien s'organisent, des pétitions sont lancées, des concerts de protestations sont organisés : la France se mobilise pour réclamer la libération de celle que ses collègues et ses amis décrivent comme une fille drôle et sympathique au talent immense. Florence Aubenas est libérée après 157 jours de captivité. A son retour en France, elle est accueillie par Jacques Chirac et retrouve sa famille avant de répondre avec humour aux questions des journalistes. En 2005, cette grande professionnelle sort un ouvrage d'investigation, La Méprise, consacré au procès d'Outreau. Elle est l'une des premières journalistes à avoir fait part de ses doutes concernant la culpabilité des accusés. Toujours portée par sa conscience journalistique, elle s'intéresse aux questions sociales et à la précarité, notamment dans son livre Le Quai de Ouistreham.

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Message  Louvaluna Mer 22 Aoû 2012 - 13:59

Le quai de Ouistreham

− Points, 2010, 240 pages –


« Je n’étais plus pour eux qu’un simple prolongement de l’aspirateur, la même mécanique tout juste agrémentée d’une blouse et de gants en plastique. »

De février à juillet 2009, la journaliste Florence Aubenas se glisse dans la peau d’une femme de 48 ans, titulaire du bac, sans expérience, cherchant un emploi de tout type. Elle part dans la région de Caen où elle n’a pas d’attache. Le but de cette quête : décrocher un CDI. Et puis rendre plus palpable le concept de « crise ».

Ce reportage est une plongée brutale dans cette France précaire qui ne cesse de s’étendre. Immergé dans le contexte, le lecteur peut concevoir plus aisément la lassitude mais aussi la peur que peuvent éprouver ceux qui se battent pour quelques heures de travail par semaine (extrait 1). De plus, la situation économique étant critique, certains employeurs en profitent pour contrevenir aux lois : leur proposition est à prendre ou à laisser par Pôle Emploi. On en vient à s’arranger pour avoir un maximum d’offres à proposer. Des règles toujours changeantes imposées aux chômeurs et aux employés de Pôle Emploi sont parfois d’une absurdité effarante ; elles sont souvent source de colère et de conflit (extrait 2). Mais le malaise touche également, et réunit parfois pour quelques instants, les êtres séparés par le fameux guichet : tous se sentent menacés par cette situation instable (extrait 3).

La journaliste semble avoir trouvé la juste distance pour rapporter cette expérience éprouvante (extrait 4). Reste une impression de total investissement de sa part dans cette quête, avec une réelle proximité pour les personnes rencontrées durant ces six mois : de petits détails sur chacun, démontrant même parfois une vraie sympathie à leur égard. Son rapport apparaît équilibré car nuancé, aucun parti n’étant diabolisé. L’écriture de Florence Aubenas est agréable, constellée d’images souvent percutantes, parfois malicieuses, toujours éclairantes (extrait mis en exergue et extrait 5). En somme, un reportage très instructif qui ne se prive pas d’une belle expression.

Extrait 1 : Mme Tourlaville n’ose pas demander combien nous serons payées. Elle explique : « Tu comprends, ça ferait mauvais genre. Pour qui je vais passer ? » Avec son fils, qui est au collège et qui a les mêmes taches de rousseur, elle a fait un calcul : nous travaillons au moins cinq heures à chaque vacation au camping – parfois plus – alors que notre contrat ne prévoit une paye que pour 3 h 15.
Je lui rappelle que M. Mathieu, le patron, nous avait annoncé le premier jour que nous ne toucherions pas un sou de plus, aucune heure supplémentaire, quoi qu’il arrive. Mme Tourlaville soupire qu’elle s’en doutait. « J’espérais avoir mal compris. » De toute façon, elle ne protestera pas. Elle craint de tout perdre. L’Immaculée lui a trouvé deux autres contrats, 5 h 30 par semaine pour nettoyer des cages d’escalier dans une résidence et 1 h 45 quotidienne dans une croissanterie avant l’ouverture. La résidence est à côté de chez elle, mais la croissanterie est à vingt-deux kilomètres. Au prix de l’essence, ce second contrat ne lui rapporte presque rien et elle passe autant de tempsen déplacement qu’en travail.
« Alors tu as refusé ? je lui demande.
- Non. »
Extrait 2 : À l’accueil, un type qui transpire excessivement est en train de protester : « Je sais que je n’ai pas rendez-vous, mais je voudrais juste vous demander de supprimer mon numéro de téléphone sur mon dossier. J’ai peur qu’un employeur se décourage, s’il essaye d’appeler et que ça ne répond pas.
- Pourquoi ? demande l’employée, qui est aujourd’hui une blonde de petite taille.
- Il ne marche plus.
- Qu’est-ce qui ne marche plus ?
- Mon téléphone.
- Pourquoi il ne marche plus ?
- On me l’a coupé pour des raisons économiques.
- Mais vous ne pouvez pas venir comme ça. Il faut un rendez-vous.
- Bon, on va se calmer. Je recommence tout : je voudrais un rendez-vous, s’il vous plaît, madame. »
La jeune femme blonde paraît sincèrement ennuyée. « Je suis désolée, monsieur. On ne peut plus fixer de rendez-vous end direct. Ce n’est pas notre faute, ce sont les nouvelles mesures, nous sommes obligés de les appliquer. Essayez de nous comprendre. Désormais, les rendez-vous ne se prennent plus que par téléphone.
- Mais je n’ai plus le téléphone.
- Il y a des postes à votre disposition au fond de l’agence, mais je vous préviens : il faut appeler un numéro unique, le 39 49, relié à un central qui vient d’être mis en place. Il est pris d’assaut. L’attente peut être longue.
- Longue ?
- Parfois plusieurs heures. »
Extrait 3 : Sur le parking de l’agence, portières entrebâillées, des conseillers déjeunent dans leur voiture, chacun la sienne, des serviettes en papier déployées sur le volant. Ils parlent d’un collègue qui s’est suicidé dans son agence, quelques jours plus tôt, dans le Nord.
« Il paraît qu’il s’est pendu dans les escaliers de Pôle Emploi. Les autres l’ont trouvé en arrivant à 8 heures.
- La veille ; il avait offert un bouquet de jonquilles à sa voisine de bureau.
- Ici, à notre agence, ils disent qu’ils vont nous supprimer l’accès à Internet. Je crois qu’ils veulent nous empêcher d’être au courant de ce genre de choses.
- D’après une collègue, il y aurait déjà eu plusieurs autres tentatives de suicide. Elle doit m’appeler pour m’en dire davantage.
- Fais attention : il se pourrait que les lignes soient écoutées.
- Oui, téléphone plutôt de chez toi.
- Tu sais que tu peux être poursuivi si tu parles de Pôle Emploi à l’extérieur ? On m’a raconté que quelqu’un a eu des ennuis pour avoir parlé à la presse. »
Chacun claque sa portière.
Extrait 4 : J’ai ouvert ma porte, je me suis allongée tout de suite. Je voudrais dormir. Je n’y arrive pas. Je flotte dans une vague demi-conscience, dont me tirent des fourmillements dans les bras dès que je m’assoupis vraiment. J’ai des frissons, la fatigue sans doute, car l’air est doux, j’ai du soleil plein les paupières, malgré mes yeux fermés. Il faudrait que je bouge. Je n’y arrive pas non plus, une mollesse comme quand on a la fièvre. Je devrais peut-être manger quelque chose. Je me souviens d’avoir avalé une baguette entière dans le Tracteur, avec un litre de Yop Coco, mais je n’arrive plus à savoir si c’était hier soir, au retour du ferry, ou ce matin, au retour du ménage. J’ai l’impression de passer mon temps à rouler, en pensant sans penser, la tête traversée par des combinaisons compliquées d’horaires, de trajets, de consignes. Se souvenir d’arrêter l’alarme en arrivant à tel endroit, prendre la sortie sur la voie rapide pour aller dans tel autre, remettre les clés du local dans leur cachette, ne pas oublier de sortir la poubelle de la cafétéria.
Extrait 5 : On me traite avec une douceur d’infirmière dans un service de soins palliatifs, mais fermement. Les questions tombent, toujours les mêmes. Est-ce j’ai une expérience dans l’intérim ? Non. Est-ce que j’ai au moins une expérience quelconque et récente à Caen ? Non et non. « Alors, vous ne pouvez pas être classée parmi les personnes très très sûres, les Risque Zéro, précise un autre jeune homme, dans une autre agence. Aujourd’hui, les Risque Zéro sont les seuls auxquels les employeurs font appel pour l’intérim. On a un fichier spécial pour ça, même pour des remplacements de vingt-quatre heures à l’usine de steak hachés. »

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