John FOWLES (Royaume-Uni)

De : sereinejulie1 (Message d'origine) Envoyé : 30/12/2003 19:57
John FOWLES - Le Mage, 668 pages

C'est l'histoire de Nicolas Urfe, jeune professeur d'anglais qui décide, au début des années 50 de 'changer de vie' et de 'tout laisser tomber' pour aller passer quelques années à enseigner dans une île grecque perdue. Il y fera la connaissance d'un étrange vieillard ainsi que 2 soeurs jumelles et leur entourage qui vont lui faire vivre une expérience initiatique inhabituelle. Il se retrouvera aux prises avec un examen affolant de sa propre équilibre psychique.

C'est un récit qui peut se présenter comme un roman de suspense dont on ne saura jamais la solution et qui nous plonge dans un monde d'intrigues où tout semble invraisemblable, détraqué, dissocié du réel et magique. Les personnages qui gravitent autour de Nicolas sont énigmatiques, envoûtants, tout ce dont ils paraîssent.

J'ai été captivée par cette histoire et j'ai ressentie une réelle connexion avec le héros. Je devenais aussi exaspérée que lui devant tous les événements désemparants qui l'accablaient, en me demandant tout au long de la lecture s'il allait enfin découvrir la vérité. L'auteur a l'art d'arriver à une réelle connextion entre le narrateur et le lecteur.

Mon intérêt a été maintenu jusqu'à la fin grâce à l'écriture et l'imagerie intense de l'auteur qui, par ses histoires de plus en plus intenses imbriquées dans la trame principale réussit à rendre la lecture captivante et agréable. 4.5
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John Fowles est né en 1926 près de Londres. Il a fait ses études à Oxford, en littérature française, puis a beaucoup voyagé en Europe. Il dit volontiers être plus influencé par les auteurs français que par ceux de son pays de naissance. Parmis ses parutions: l'Obsédée et La fille du lieutenant français qui ont donné lui à 2 films, Le collectionneur et la tour d'ivoire.

Sereine

Publié en 1963, L'obsédé connut immédiatement un succès planétaire et fut adapté trois ans plus tard au cinéma par William Wyler sous le titre Le collectionneur, titre qui, selon moi, correspond bien plus au personnage principal que la traduction française qui avait été donnée au roman. Car ne nous y trompons pas : l'obsédé dont il est ici question n'est pas un obsédé sexuel comme on pourrait le penser. Non, au contraire, Frédérick, employé de mairie sans histoire au début du récit, n'est qu'un simple collectionneur de papillons, ces papillons qu'il aime et qu'il admire tant. Mais Fréderick n'admire pas seulement les papillons et c'est Miranda, la belle Miranda, étudiante à l'école des beaux-arts, qui le fascine au point qu'il échauffe un plan pour s'en emparer.

Prisonnière de cet homme fou amoureux d'elle, Miranda voit sa vie devenir un cauchemar. Oh, son geôlier ne la brutalise pas, ne la violente pas, ne lui fait aucun mal. Au contraire, Miranda est traitée avec mille égards et tous ses désirs deviennent des ordres. Même, face à Frederick intimidé par la personnalité vive et volontaire de sa prisonnière, on a presque l'impression que c'est Miranda qui prend le dessus. Mais l'impression est trompeuse car Fréderick est tétu, obstiné et veut croire jusqu'au bout à la pureté de Miranda. Jusqu'à la retenir prisonnière dans sa cave, sans fin et sans raison. Et Miranda, à l'instar des papillons collectionnés par Fréderick, comprend qu'elle n'est pour cet homme qu'une pièce de collection, sa plus belle etplus précieuse.

"Je ne suis pour lui qu'un spécimen dans une rangée de papillons. Quand j'essaie de battre des ailes, c'est alors qu'il me déteste. Car je suis censée être morte, épinglée, toujours la même, toujours belle. Il sait qu'une partie de ma beauté vient du fait que je suis vivante, mais c'est morte qu'il me veut. Il me veut morte vivante. [...] Il m'a montré un jour ce qu'il appelle sa "bouteille-à-tuer". C'est moi qui suis emprisonnée là-dedans. Je bats des ailes contre le verre. Et, parce que je vois à travers, je garde l'impression de pouvoir m'échapper. J'ai de l'espoir, mais tout cela n'est qu'illusion. Un mur épais, transparent et rond."

Les jours passent et Miranda, malgré ses tentatives de fuite, comprend qu'elle ne peut s'échapper. Et l'horreur atteint son comble lorsque Fréderick comprend que Miranda, avec sa personnalité, ne correspond pas à l'image lisse et parfaite qu'il s'était faite d'elle. Et le dénouement, inéluctable, ne peut qu'arriver...

Si à sa parution, L'obsédé a pu faire sensation, de nos jours ce récit parait bien moins scandaleux qu'en 1962. C'est qu'il y a des longueurs, notamment dans la seconde partie du récit, lorsque nous lisons le journal tenue par Miranda dans sa prison. Même évènements mais vu de son point de vue sans oublier ses disgressions sur l'art qui, sans être intéressantes, nous éloignent plus du récit principal qu'autre chose. Quant à la fin, sans être surfaite, elle n'a rien d'étonnante, et c'est sans émotion particulière, que l'on assiste à ce qui arrive en définitive à Miranda.

Bref, un récit intéressant bien écrit, mais sans plus. Pour avoir étudié des passages qui m'avaient alléchés il y a de cela des années au lycée, j'ai été finalement déçue par le roman. Peut-être en attendais je trop, tous simplement?

Ma note : 3/5