Tom FRANKLIN (Etats-Unis)

Awara Mer 30 Jan 2013 - 18:29

Biographie
Tom Franklin a grandi dans le sud-ouest de l'Alabama. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles, "Poachers" en 1999 (Braconniers -2001), désigné par " Esquire " comme le " Meilleur premier livre de fiction " de l'année et couronné par un Edgar Award.
La Culasse de l'enfer ("Hell at the breech "- 2003) est son premier roman. Tom Franklin est actuellement rattaché à l'université du Mississippi, où il réside avec sa famille.

LA CULASSE DE L’ENFER

Tom FRANKLIN
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Lasquin et Lise Dufaux
size=12]Le Livre de Poche – 2007 – 510 pages [/size]

Le meurtre du propriétaire de l’unique épicerie du district de Mitchan Beat, que tout le monde appréciait pour sa mansuétude à l’égard des agriculteurs pauvres de son district. Il envisageait de se présenter à des élections locales où il avait des chances d’être élu. Cet assassinat semble avoir été commis par les propriétaires terriens des villes environnantes et en entraîne d’autres… Le shérif du lieu Billy Waite, proche de la retraite, âgé et usé, mais qui incarne vraiment la justice, se lance sur les traces des meurtriers, en particulier sur celle d’une bande de justiciers particuliers et expéditifs, plus brigands qu’honnêtes hommes, qui se font appeler « La culasse de l’enfer ».
A travers ce roman Tom FRANKLIN décrit la vie des métayers et petits propriétaires blancs de ce coin de l’Alabama où rien ne pousse, si ce n’est le coton et qui vivent dans la misère. Les enfants sont sales, pouilleux, morveux et les femmes sont vieilles avant l’âge, déformées par les maternités quand elles ne laissent pas la vie lors d’une naissance. Les gens de la ville affichent une distinction factice et leur raffinement est bien mince.
Tom FRANKLIN est parti d’un fait divers particulièrement meurtrier qui a opposé les métayers blancs des campagnes aux propriétaires terriens citadins. Ces derniers considèrent les malheureux avec mépris et méfiance et voient dans ces hommes durs, usés par le labeur, un danger qui explique l’expédition punitive sanglante à laquelle ils se livrent.
J’ai été sensible à la justesse des descriptions psychologiques. C’est une excellente analyse sociale d’une période impitoyable pour ceux qui pouvaient manifester des signes de faiblesse. L’immigration des familles de ces pauvres blancs est récente et leurs descendants n’ont trouvé que la misère dans ce nouveau monde. Ils sont criblés de dettes et vivent dans l’angoisse d’être expulsés de leurs masures par ceux qui ont la main mise sur eux. La population noire apparaît peu, mais ont sent le mépris que tous éprouvent pour eux, même la population blanche pauvre, bien que leurs modes de vie soient sensiblement les mêmes.
Ce qui m’a frappée, c’est la violence qui règne dans cette société. La solidarité est peu présente. Le travail dans les champs de coton est pénible et ceux qui tiennent les rênes du commerce sont impitoyables. C’est un roman sombre d’où sortent deux ou trois figures qui suscitent la sympathie ; le shérif, la veuve Gates qui a mis au monde tous les enfants du district et Mack Burke, meurtrier sans le vouloir, qui essaie en assumant ses cas de conscience, de sortir de ce guêpier mortifère.
Ce roman a laissé des traces : « Et l’on avertit les enfants de Mitcham Beat qu’ils avaient intérêt à prendre leurs jambes à leur cou pour aller se cacher s’ils entendaient des hennissements de chevaux et les crissements d’un cuir de qualité » . Cette citation tirée du récit historique écrit par Harvey H. Jackson III, The Mitcham War of Clarke County est placée en exergue du roman et dans le chapitre final
Note : 5/5

Mousseline Mer 30 Jan 2013 - 19:13

Superbe critique. J'aime beaucoup ton résumé particulièrement. Il est parfait.

C'est violent mais la misère engendre la violence - et une telle misère... Shocked

Awara Mer 30 Jan 2013 - 22:33

Mousseline, je Embarassed

Mousseline Jeu 31 Jan 2013 - 21:36

William Aiken Walker est un peintre de South Carolina et il n'y a pas de noirs
dans La Culasse de l'enfer mais j'adore ce tableau.

Awara Jeu 31 Jan 2013 - 21:49

Si ce n'est la couleur de la peau, les personnages du livre devaient ressembler un peu à ces deux paysans noirs...

Mousseline Ven 1 Fév 2013 - 15:35

Tom FRANKLIN (Etats-Unis) Franklin-Culasse

(Le Livre de Poche, 2007, 509 p.)

La première phrase : "Lentement l'aube émergea des arbres, traçant les contours d'un tronc, d'une loupe, d'une feuille, l'univers qu'il avait passé la nuit à tenter de déchiffrer."

1897, dans le comté de Clarke un coin reculé de l'Alabama. La Culasse de l'enfer est le nom que s'est donné une bande de bandits car ce sont ni plus ni moins que des bandits bien qu'ils se disent redresseurs de torts. Ils ont formé cette bande à la suite du meurtre de l'épicier de la place dans le but de se protéger des gens de la ville qu'ils accusaient de tous les torts.

La misère engendre la violence. La Culasse de l'enfer en est un parfait exemple. Tom Franklin excelle à décrire une communauté qui vit dans un dénuement extrême, les gens souffrent trop pour avoir la moindre compassion pour leurs voisins et même pour leurs enfants.

J'ai aimé découvrir l'Alabama de la fin du dix-neuvière siècle, du moins un aspect de l'Alabama car tout le monde ne devait pas avoir une vie aussi sordide que ces planteurs de coton de Mitcham Beat dans le comté de Clarke.

Tom Franklin donne beaucoup de profondeur à chacun de ses personnages. Aucun n'est délaissé.

J'en ai lu plusieurs de ce genre de romans: quelques livres de William Faulner, Cormac McCarthy avec sa trilogie des confins et Joe de Larry Brown que j'ai beaucoup aimé pour ne nommer que ceux là.

Alors La Culasse de l'enfer ça me semblait un peu répétitif, du déjà lu à quelque part. Sinon que pour l'Alabama, les plantations de coton, les pacaniers, les colins, les oiseaux moqueurs, les mocassins, la chaleur oppressante, la mousse espagnole...

Une histoire qui ferait un film grandiose.

C'est un très bon livre mais qui n'aide certes pas à se remonter le moral.

"En contrebas, par-delà les trouées des arbres, les terres étaient si blanches de coton qu'on aurait pu se croire dans le Kentucky ou un autre État du Nord pris dans une tourmente de neige au coeur de l'hiver."

"Sur leurs vérandas, des vieux de la vieille venaient s'asseoir pour raconter des bobards comme le font tous les vieillards, en buvant des coups et en fumant des cigares à cinq cents."

"Il s'assit sur les racines noueuses d'un magnolia, déballa une tranche de pain de maìs que lui avait confectionné Sue Alma et la mastiqua d'un air pensif, en suivant des yeux des ombres dont il savait qu'elles étaient des perches truitées évoluant juste au-dessous de la surface de l'eau."

Note : 4/5

odilette84 Ven 1 Fév 2013 - 18:11

vous me donnez tellement envie !!
c'est tout pour moi ça !

Awara Ven 1 Fév 2013 - 20:40

Il part demain!

odilette84 Ven 1 Fév 2013 - 22:21

clarize Dim 3 Fév 2013 - 13:41

La culasse de l’enfer de Tom Franklin

Tom FRANKLIN (Etats-Unis) 51rLFZsQ7tL._AA160_

Inspiré de faits réels , l’ histoire se passe dans le comté de Clark en Alabama. Suite à l’ assassinat de Arch Bedsole, une société secrète va se créer pour venger cette mort "La culasse de l‘enfer". Ça semble comique au début, des individus la tête sous un sac de farine avec deux trous pour les yeux, obligent sous la menace les pauvres paysans à signer de leur appartenance à la culasse de l’enfer mais ca va tourner au vinaigre quand certains ne veulent pas signer dont Joe Anderson qui est assassiné. Les exactions augmentes, des personnes disparaissent. Le sheriff Waite plutôt désabusé et pas loin de la retraite mène un semblant d’enquête mais écœuré par le comportement des notables de la ville qui n’hésitent pas à expulser les pauvres métayer qu'ils exploitent , l’un de leur finira par être a tuer. Ce sera de trop pour ces citadins qui vont se réunir en une expédition punitive. Sans compter que de chaque bord il y a de bons psychopathes , Lev James avec sa sale gueule et sa barbe noire divisée en deux tresses comme un pirate et par contre Ardy Grant coté notable avec ses beaux yeux verts et son visage d’ange. En tout cas il n'y a pas de gagnant.

C’est un bon western dans le south deep avec aussi une sensation de déjà lu , Macky me fait penser au personnage (dans sa jeunesse) de Treize lune de Charles Frazier ou le Sheriff Waite ressemble un peu au sheriff de Un pied au paradis de Ron Rash. C' est deux personnage sont les plus sympathiques avec La veuve , la chienne qui elle n'a pas de rancune et le cheval King.

J’ai peut être trop lu ce genre de roman .

3.9/5

Mousseline Mar 5 Fév 2013 - 1:12

Trop lu à la suite plutôt. Pcq franchement c'est un très bon livre.

Comme pour le Nature Writing, même si j'adooore faut pas que je ne lise que ca.

En fait c'est vrai pour tous les genres. Je ne pourrais pas lire tous les livres d'un même auteur d'affilée, comme certains le font.

odilette84 Sam 16 Fév 2013 - 15:41

la culasse de l'enfer

difficile de parler après vous toutes
Awara, j'ai vraiment beaucoup aimé ta critique !!

Je ne vais pas reprendre le résumé, mais juste ajouter mon point de vue .

je trouve que l'auteur rend très bien l'ambiance oppressante de la nature hostile.
Les personnages tels qu'il les décrit sont tous plus réalistes les uns que les autres. Il y en a certains que je ne souhaiterais pas croiser le soir au coin du bois ...
Mais surtout, ce qui est bien rendu c'est le mode de vie de cette époque où l'on avait vraiment la gâchette facile et où la vie d'autrui avait au final assez peu d’importance ...
Le seul qui tente de discuter avant de tirer, c'est le shérif ...et encore ...
Quand je pense à l'heure actuelle tout ce débat sur les armes à feu aux Etats-Unis, ça part vraiment de très très loin ...

excellent lecture dépaysante comme je les aime, avec un aspect historique , une structure particulière et en prime, un rebondissement final ...
j'ai repensé à un excellent roman lu il y a quelques années : la veuve de G ADAMSON

ma note 5/5
merci Awara pour le prêt !!

Awara Sam 16 Fév 2013 - 22:27

Odilette, je suis heureuse que ce livre t'ai plu.

Mousseline Dim 17 Fév 2013 - 15:37

Belle critique, Odilette!

C'est vrai que pour les armes à feu aux USA, c'est une longue tradition. Et ça ne doit pas être si simple de tout changer.

Par contre, je me demande pourquoi il en est pas ainsi au Canada ? hum... Faudrait parler avec un historien.

odilette84 Dim 17 Fév 2013 - 16:18

Mousseline tant mieux non ?
que les gens ne souhaitent pas s'armer et tirer pour un oui pour un non ?

à cette époque c'était vraiment ça
tu me regardes de travers, je te tue
tu me parles mal, je te tue
tu as une tête qui ne me revient pas, je te tue etc etc etc etc ....
délirant non ?

En France ce sont plutôt les voyous qui sont armés
d'ailleurs à Marseille il a des règlements de compte entre rivaux, la population est assez inquiète quand ça arrive n'importe où !!

géromino Mer 27 Fév 2013 - 14:27

"La culasse de l'enfer" Le Livre de Poche 2007 510 pages

Bains de sang et averses de balles abondent dans ce roman infernal où la cruauté des hommes semble ne pas avoir de limites! La noirceur et le ton sec me rappellent Cormac McCarthy. Le dénouement est particulièrement bien ficelé et je ne m'attendait pas du tout à une fin pareille. Moi qui recherchais des exemples de ces "pauvres blancs", je crois que ce livre en est une belle illustration: en effet, dans les principaux acteurs, on retrouve bien cette catégorie de paysans "plus pauvres que des nègres", vivant dans une misère sombre, endettés jusqu'au cou, sans aucune perspective de s'en sortir; j'ai trouvé que le mécanisme de leur appauvrissement était tout à fait bien expliqué.

Je ne sais pas si le livre original "The Mitcham war of Clarke County, Alabama" a été traduit en français?... Il me tenterait bien...

Note 4/5

cookie610 Sam 23 Jan 2021 - 16:28

La culasse de l'enfer

Note : 3.5/5

Le résumé a déjà été fait ci-dessus

Critique : j'ai été un peu déçue par cette lecture. L'histoire est intéressante, l'affrontement entre deux classes, la violence des actes, la folie meurtrière. Trois personnages sont particulièrement attachants : le shérif, la veuve Gates et Macky qui essaye de se faire pardonner Par contre, j'ai trouvé que ça manquait de rythme, c'est un peu long et lent, il y a des longueurs. On fait aussi des allers-retours selon les parties et ça rend l'histoire un peu difficile à suivre au début.
C'est un livre intéressant, mais dur pour le moral.

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