Jean-Paul NISHI (Japon)

A nous deux, Paris ! - J. P. Nishi
(P. Picquier, 2012, 192 p.)

Cette bande dessinée (quoi qu'elle soit à mi-chemin du manga... mais le sens de lecture est bien à la française) est le récit par de menues anecdotes de la vie en France d'un jeune Japonais venu tenter sa chance à Paris. Ses aventures humoristiques et décalées sont celles de l'auteur, Nishi, dessinateur espérant trouver l'inspiration dans notre belle capitale. Il débarque les mains dans les poches et sans réel projet mais avec l'envie d'en voir le plus possible.

Je dois bien avouer que ce regard extérieur m'a bien fait sourire sous plusieurs aspects. Pour nous autres résidents, il paraît difficile de se rendre compte des particularités proprement françaises : la bise (quelle étrangeté pour ces Japonais qui cultivent distance et réserve), les soldes, le vélib, les bretelles de soutien-gorge et autres décolletés découverts (Nishi se sent chanceux avant de comprendre que toutes les Françaises se découvrent en été), les éclairages minutés dans sa cage d'escalier, la vie en sixième étage où les voyages demandent organisation et courage...
Il y a aussi son travail à temps partiel dans une épicerie japonaise près d'Opéra qui lui permet de sympathiser avec des locaux mais aussi avec d'autres ressortissants parfaitement intégrés.

Le dessin est sympa et les textes sont souvent pleins d'humour. Je me suis régalée de ce regard extérieur bienveillant et curieux. Ça donne envie de voyager et de discuter avec d'autres gens. En attendant, je serais ravie de relire l'auteur sur d'autres projets car ce joyeux trentenaire est décidément très perspicace et attachant.

Quel plaisir de retrouver le jeune Nishi, explorateur urbain d'un Paris en pleine mutation ! Dans ce second volume (le premier étant A nous deux, Paris !), il se rend notamment à la Japan Expo où il est soufflé par tous ces gens qui jouent le jeu en se déguisant selon le très en vogue cosplay (imiter des personnages de dessins animés). C'est qu'il découvre que les Français aiment le Japon et que même chez nous on aime se mettre en scène.
Il est aussi assez touchant dans son approche très maladroite des filles. C'est qu'en plus d'être d'une nationalité différente, il maitrise encore fort peu le français. Mais il est ouvert à l'apprentissage (fréquente une école en banlieue pour s'améliorer) et sort régulièrement. Il raconte donc certaines escapades dans le métro mais aussi la drague telle qu'enseignée par un Français pure souche.

Même si le charme de la BD d'un Japonais décrivant la France (enfin, surtout Paris !) est toujours pleine d'intérêt, j'avoue que ce second volume m'a laissé sur ma faim. D'une part car le tome est plus court d'une cinquantaine de pages et d'autre part car les récits racontés semblent avoir été gardé sous le coude, après le succès du premier volume. Bref, je crains un peu que le troisième (sorti cette année), Paris, toujours ! soit un best-of de gags de seconde zone. Car même si la recette fonctionne, se renouveler et proposer de l'original serait largement plus vendeur et apprécié.

En tout cas nul doute que le petit Nishi trouvera son public car sa BD est distrayante et pleine de petits apartés. Les Japonais se convertiront sans conteste à la baguette et au verre de vin après avoir suivi Nishi dans sa conquête de la France.

Troisième volet des aventures de J. P. Nishi à Paris, j'avoue avoir été heureuse de le retrouver ainsi que ses amis emblématiques. Nishi expérimente l'invitation dans notre capitale en tant que mangaka renommé, lors du Salon du livre de 2012. Et c'est tout autre chose que son petit appartement au sixième étage où Nishi ne fait que dormir.

Dans cette BD c'est le dessinateur en vraie star qui fait une entrée remarquée et qui est même convié à des conférences. Le temps du baragouinage en français parait bien loin d'autant qu'il est aidé par son amie Karen. Il nous gratifie de sa comparaison entre le Paris des pauvres et le Paris mondain. Et une fois de plus il fait mouche avec le récit de situations cocasses, les anecdotes qui tombent à l'eau, les rencontres qui l'obligent à se dépasser.

Car Nishi n'est pas seulement Jean-Paul raccourci en J. P. (pour coller mieux à un possible pseudonyme japonais), il est toujours un visiteur aguerri qui explore toutes les attractions parisiennes et se frotte à la faune locale. Ce Japonais-là est sans doute le plus Français des Japonais !

Finalement, je crois bien que je pourrais m'habituer à ma livraison de Nishi annuelle. Si le prochain est aussi bon que celui-ci, je me positionne d'emblée sur les rangs.