Yannick GRANNEC (France)

Anna, jeune documentaliste, doit tenter de récupérer les archives d'un grand savant Gödel, auprès de sa femme Adèle. Celle-ci s'avère être acariâtre et très têtue et ne souhaite pas du tout remettre ses documents.
Toutefois Adèle souhaite raconter à Anna quelle fut la vie qu'elle partageait avec le savant. Au fil du récit; un lien se crée et nous comprenons alors que la vie auprès du savant n'était pas des plus simples. Aux côtés d'un homme névrosé, Adèle va devoir traverser tous les grands évènements de l'histoire et tenter de se faire une place auprès d'un homme qui ne vit que pour les mathématiques. Nous croisons également de grandes figures telles que Albert Einstein.

Voilà un roman passionnant qui n'est pas seulement l'histoire du grand savant Gödel mais également une très belle histoire d'amour sur le dévouement d'une femme qui a sacrifié sa vie pour l'être aimé.

Ma note: 5/5

Connaissez-vous le mathématicien de génie qu'était Kurt Gödel ? Auteur du "théorème d'incomplétude" ? 
Moi non, mais il a existé, il a côtoyé les plus grands savants de son époque et c'est à une biographie de sa vie et de celle de sa femme que nous convie l'auteure.
En 1980 Kurt Gödel est mort depuis deux ans, Yannick Grannec imagine que sa veuve détient les archives de son mari et qu'elle ne veut pas les confier à l'université de Princeton. 
Elle délègue auprès de l’acariâtre épouse une jeune documentaliste pour la faire changer d'avis. Peu à peu des liens d'amitié vont se forger entre les deux femmes, et Adèle Gödel va raconter à Anna son histoire d'amour avec le jeune Kurt et leur vie mouvementée entre l'Autriche qui devenait nazie et leur fuite pour les Etats Unis.
J'ai beaucoup aimé ce livre, bien construit, agréablement écrit et très intelligent. J'ai beau ne pas aimer les mathématiques ni la physique, il sait rendre passionnant les recherches et les théories des savants qu'on rencontre dans ce livre. Ils étaient nombreux à l'époque à vivre à Princeton, et leurs rencontres donnaient lieu à des échanges, souvent hermétiques, mais tellement révolutionnaires . Einstein était un grand ami du couple Gödel, il fait de nombreuses apparitions dans cette biographie.
Mais le plus intéressant pour moi a été la personnalité (réelle ou inventée par l'auteure ?) d'Adèle.
Petite danseuse de cabaret, un peu plus âgée que son amant et pourvue elle d'un sens pratique,d'un humour décapant et d'une liberté de penser audacieuse, elle apporte au récit toute l'originalité et la vivacité qui ajoutent à l'histoire de ces génies scientifiques une dimension plus terrienne.


"Qu'est-ce qu'ils croit à l'IAS ? que la grosse Autrichienne est incapable de mesurer l'importance de ces papiers ? J'ai vécu avec cet homme pendant plus de cinquante ans. J'en ai foutrement conscience de sa grandeur ! J'ai porté sa traîne et astiqué sa couronne toute ma vie ! Cous êtes comme tous ces trous du cul serrés de Princeton, vous vous demander pourquoi un tel génie a épousé une truie pareille ? Adressez-vous à la postérité pour avoir la réponse. Personne ne s'est jamais posé la question de savoir ce que moi j'ai bien pu lui trouver !"


"La météo ! Voilà bien une conversation de vieux ! Dire que j'évitais ce sujet comme la peste avec Kurt. Il était marié à son baromètre. Et trop chaud. Et pas assez. Trop de vent. Le plus grand locicien du monde ? Le roi des emmerdeurs, oui !"

Adèle Gödel avait-elle en vrai cette personnalité si attachante et rebelle ? On rentre en se le demandant dans le problème des biographies posthumes.
Mais franchement, même si j'ai pu me poser la question, elle n'a pas entachée mon plaisir à la lire. Yannick Grannec nous dépeint aussi une femme amoureuse, prête à toutes les dévotions, à tous les soins pour garder son génial époux, proche de la folie, sur la voie de la raison et de la santé. On l'aime Adèle toute épineuse qu'elle est.