N'Fassory BANGOURA et Philippe GESLIN

L’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête, N’Fassory Bangoura & Philippe Geslin



Les Soussous sont un peuple mandingue d'Afrique de l'Ouest établi principalement en Guinée, également au nord-ouest de la Sierra Leone et en Guinée-Bissau¹. Comme la plupart des groupes mandingues, ils sont originaires du Mandé. Leur langue est le soussou, une langue mandée dont le nombre de locuteurs était supérieur à 1 000 000 au début des années 2000. Parmi les 906 000 dénombrés en 2001 en Guinée, certains parlaient également le français.

Traditionnellement les Soussous ont toujours été de grands agriculteurs. Leur société est très proche de celle des Malinkés, et beaucoup de djalonke se sont mélangés à eux.

En Guinée les Soussous représentent 25 à 30 % de la population, en Guinée maritime, ils représentent 75 % de la population.




Les Soussou (en rouge) sur la carte Peuples des rivières du Sud



L’OISEAU QUI AVAIT ENTERRE SA MERE DANS SA TÊTE
Carnets d’un paysan Soussou
N’Fassory BANGOURA et Philippe GESLIN
GINKGO éditeur – Collection « Mémoire d’homme » 2011- 143 pages.

J’aimerais arriver à rendre compte d’un livre qui oscille entre le témoignage, le document ethnologique et le livre de poésie.
L’ethnologue Philippe Geslin se trouve en Guinée en 1994, 1995, dans le cadre d’un programme de préservation de la mangrove et de l’amélioration des conditions de travail et de vie des producteurs de sel que sont les Soussous. Pour les besoins de son travail il s’installe et vit parmi cette population du littoral guinéen. Il est aidé localement dans son travail par un paysan N’Fassory Banboura. Tous les soirs, l’ethnologue reprend ses observations de la journée et les écrit dans un cahier. N’Fassory l’observe et « pourquoi ne pas s’entre-photographier, comme il dit ? Pourquoi ne pas écrire sur les faits et gestes des blancs, de « leur Blanc », sur le quotidien ? Il a envie d’écrire, de raconter son histoire, celle de son village ». Après le départ de Philippe, il lui envoie ses cahiers qui sont alors traduits en
Français avec l’aide de deux collègues guinéens. Par la suite, avec l’accord et la confiance de N’Fassory, il décide de publier ces carnets.

La démarche de N’Fassory révèle en elle-même ses qualités d’observateur. Son souci d'apprendre à écrire. Il parle de sa mangrove, de son village, des « blancs », de son « Blanc ». Il nous fait part son quotidien, ses réflexions, ses joies et ses peines, ses colères, son émerveillement, ses angoisses. Le texte est riche d’images et de métaphores. Les courts textes quotidiens résonnent aux oreilles comme de petits poèmes Il est réaliste et naïf à la fois. Son regard lucide est bouleversant. Il parle de sa famille et des habitants de ce petit village au sud de Conakry, des blancs qui viennent chez eux pour diverses raisons. Il en dit beaucoup plus que sur sa propre relation à la vie, il dévoile aussi des bribes de la nôtre, nous permettant d’en saisir la singularité. C’est un témoignage remarquable de ce qui façonne une identité.

Le texte et les très belles photos de Philippe Geslin qui accompagnent ces carnets, mis en contre-point, très sobre et plein de respect pour la population qu’il
étudie, nous donne à voir la vie quotidienne dans les mangroves de ces sauniers soussous .La confiance mutuelle entre l’ethnologue et le paysan soussous charge ce livre d’émotion. De par le choix de sa présentation, c’est un livre d’art. Les très belles photos jalonnent le livre, l’éclairent et créent un lien entre
les textes de N’Fassory Bangoura et de Philippe Geslin. Ce livre se savoure comme le conte qui donne le titre au livre et est placé en exergue.

Note : 5/5