Françoise MAJOR (Québec)

Québécoise établit au Mexique, Françoise Major est réviseure-traductrice.

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Dans le noir jamais noir


Un recueil de très courtes nouvelles, parfois seulement deux pages, sombres. Une jeune femme marche dans une tempête de neige et rejoint finalement son appartement…très froid. Récit d’une journée de canicule d’un garçon seul dans son appartement. Deux hommes un peu saouls parlent vulgairement de sexe à une jeune femme et son copain sur la plage d’Oka. Un estomac sur patte gobe toute la nourriture qu’il trouve, même dans les poubelles. Une jeune mère débordée s’inscrit à un cours avec sa sœur…pour en retirer quoi? Une petite fille découvre que les poissons rouges ne vivent pas longtemps et que les proches peuvent nous faire de la peine. Une femme imagine une aventure avec un collègue, mais elle se résigne, car la passion se transformerait inévitablement en une routine, lui ou l’autre, pourquoi changer?  Une « raveuse » rentre en ville avec un DJ et passe finalement la nuit chez lui (lieu horrible!).
 
Il y a un fond de médiocrité ou de désastre latent dans  chacune des nouvelles. Il y a souvent des indices de pistes ou des personnages suggérés mais pas explorés, ce qui donne de l’épaisseur aux nouvelles sans les faire dévier de leur trajectoire. De plus, ce qui non-dit peut être imaginé comme encore plus dur que ce qui est raconté. Dans Shiva Space par exemple, le récit donne presque la nausée, mais si le personnage accepte presque de se trouver dans ce lieu, on peut imaginer que le reste de sa vie n’est pas reluisant. J’ai eu de la difficulté lors de la lecture des premières nouvelles, j’ai presque abandonné le livre, mais j’ai bien fait de persévérer : en bout de ligne, plusieurs m’auront marquées. Et je ne suis pas un amateur de nouvelles : je les aime mais lorsque je lis un recueil, je les oublie presque toutes.
 

4/5

le réaliste-romantique

Le nombril de la lune
2018

Recueil de nouvelles se déroulant dans, ou autour de, la ville de Mexico. Les personnages sont de jeunes, des vieux, riches, pauvres. Les nouvelles peuvent se dérouler aujourd’hui, ou bien lors de tremblements de terre de 1986 ou des massacres d’étudiants d’il y a quelques années. Le style des nouvelles varie beaucoup, certaines prennent presque la forme de poèmes.

La lecture est un peu ardue, car il y a de nombreux dialogues et mots es espagnol, souvent argotique mexicain. Il y a la traduction de ces dialogues et un glossaire, mais ça oblige à de constants aller-retours dans deux annexes. Le contenu est aussi dur : il y a beaucoup de violence, de pauvreté et de misère. Mais en même temps, le livre nous fait découvrir tout un univers, certains personnages reviennent d’une nouvelle à l’autre et je ne pouvais décrocher de cette lecture.

Je suggère aussi de voir l’excellent film Roma de Cuarón en parallèle.

4/5

RR