Julien BLANC-GRAS (France)

"Envoyé un peu spécial"  Stock 2021   313 pages
                            
                           C'est à l'émission Le masque et la plume (France-Inter) que m'a été donné le plaisir de découvrir cette lecture. Une chroniqueuse parlait de voyages et surtout de rire, à propos de la narration. Ma curiosité a été piquée vivement! 
                           "Je vous écris de la planète Terre, un endroit qui regorge d'histoires inimaginables ailleurs". La première phrase du 4e de couverture donne le ton: dans ce livre, on parle de voyages mais aussi d'histoires (donc des gens) et, aucun doute, une forte dose d'humour semble aussi accompagner ses lignes. 
                           On ouvre.
                           Au lieu d'une classique "Table des matières" on a droit à une "Table d'orientation", qui décrit les destinations auxquelles nous aurons droit. Un bref coup d'oeil: ok, on va faire le tour du Monde! Un petit préambule nous explique ce qu'est une carte postale, justifiant le format court, quelquefois même lapidaire, que l'auteur va utiliser pour ses commentaires: "Envoyer une carte postale, c'est tenter de dire beaucoup en peu de mots"... Nous prenons connaissance de l'auteur et de ses motivations en quelques phrases. Puis c'est le départ.
                            En 1992 Julien a 16 ans. Il est accueilli dans une famille à Kansas City lors d'un séjour linguistique. Il n'y reste qu'un mois, mais c'est suffisant pour dresser un petit tableau d'une famille américaine moyenne. L'humour teinté d'ironie annonce la tournure expressive du livre: on ne va pas s'ennuyer!
                             Je vous écris de Singapour, Je vous écris de Zanzibar, Je vous écris de Séoul, de l'Île Maurice, Valparaiso, Athènes, Téhéran, Melbourne... Les trois-quarts des chapitres commencent ainsi. Comme quand on écrit une carte postale à des amis. Chaque périple donne lieu à des rencontres, des anecdotes, des situations complètement insolites. 
                             Etiqueté journaliste ou simplement bourlingueur, il nous relate des expériences personnelles parfois bien peu ordinaires: 
                             ... Comme la fois où il est invité en reportage lors d'un stage de survie sur une île déserte en Indonésie (façon Koh-Lanta, en pire). L'île est infestée de varans voraces qui obligent les dormeurs à suspendre leurs hamacs aux arbres à au moins trois mètres de hauteur. Julien s'aperçoit qu'une candidate s'est placée trop bas et qu'un varan s'approche dangereusement. Seule méthode efficace pour faire fuir le prédateur: chanter. La première chanson qui lui vient à l'esprit est Couleur menthe à l'eau, d'Eddy Mitchell. Résultat garanti, le saurien fini par déguerpir. Commentaire: il avait bien pensé à Florent Pagny, mais "il a eu peur que la charge trop violente ne dérègle l'éco-système"!
                            ...ou des situations, comme celle-ci, inimaginable en Iran (l'alcool est interdit, on risque le fouet!), de prendre une cuite à 11h du matin dans une station de ski! Son camarade iranien, (qui l'abreuve d'un douteux liquide) lui certifie que de l'alcool "On peut en trouver facilement au marché noir mais comme il est tenu par des proches du régime, on préfère le fabriquer nous-mêmes".
                            ... ou des rencontres avec des inconnus ou des gens célèbres, riches à (Lagos) Davos* ou pauvres ailleurs, un demi-Dieu (Seun Kuti, roi de l'afro-beat nigérian), un policier véreux (mais qui n'a pas d'envergure!!) à Zanzibar, etc...
                              
                               Julien Blanc-Gras n'est pas seulement un écrivain voyageur qui a "pour moteur de toujours voir un pays en plus". Il va à la rencontre des gens et chaque fois, ces petits aperçus de la vie qui se déroule ailleurs sur le globe sont remplis de curiosité, de sensibilité autant que de dépaysement. 
                              Un auteur bourré d'humour et d'autodérision à suivre!!

* Grossière erreur de ma part   !
Note: c'est un 5/5 

Tu donnes envie de découvrir cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler, Geromino

Merci, Geromino! Je ne vais pas manquer de le faire dès que je serai "en vacances"... C'est-à-dire quand les vacances d'enfants et petits-enfants seront terminées! Je plaisante, mais dur-dur de pouvoir s'isoler pour lire et encore plus écouter une émission radio...