Jean-Claude GRUMBERG

Biographie:

Jean-Claude Grumberg (né à Paris en 1939) est un écrivain pour enfants, dramaturge et scénariste français.
Avant de devenir auteur dramatique, Jean-Claude Grumberg exerce plusieurs métiers, dont celui de tailleur, milieu qu'il prend pour cadre de sa pièce L'Atelier. Il découvre le théâtre en étant comédien dans la compagnie Jacques Fabbri. Il devient écrivain en signant en 1968 Demain, une fenêtre sur rue, puis des textes courts, comme Rixe, qui sera joué à la Comédie-Française. Il écrit sur ce qui le hante depuis tout petit : la disparition de son père dans les camps d'extermination nazis : Maman revient pauvre orphelin, Dreyfus (1974), l'Atelier (1979) et Zone libre (1990).

LA PLUS PRECIEUSES DES MARCHANDISES
Jean-Claude GRUMBERG
POINTS - 2020 - 106 pages



Ce court récit débute comme un conte. «  Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron ». Ils vivent dans une cabane au fond de la forêt où règnent le froid et la faim en hiver, une chaleur accablante en été et toujours la faim . Le ton, le rythme, les mots sont ceux du conte.
Mais ce n’est pas vraiment un conte; l’histoire se situe pendant la seconde guerre mondiale. Le pauvre bûcheron est forcé de travailler pour les allemands; au travers  de cette forêt une voie ferrée a été construite. Des trains de marchandises passent régulièrement , des trains qui partent de Drancy et emmènent des hommes, des femmes, des enfants vers on ne sait quels lieux… Nous sommes en 1943… Dans le convoi 49, se trouvent un homme avec sa femme et ses jumeaux qui viennent de naître. La maman n’a pas assez de lait pour nourrir deux enfants. Le père décide  de jeter par la lucarne du train un de ses jumeaux enveloppé dans un précieux châle de prière, espérant que la vieille femme qu’il a vue près de la voie ferrée, le récupérera. La pauvre bûcheronne qui n’a pas pu avoir d’enfant reçoit cette « petite marchandise »  comme un cadeau du ciel... Cette petite fille apportera de l’amour avec elle.
Le tain continuera sa route et la maman et le petit jumeau « iront au ciel » pendant que le papa vomira son coeur et ravalera ses larmes.

A la fois une histoire avec beaucoup d’horreurs, narrées avec une pudeur et une retenue qui ne transforment pas le lecteur en voyeur, mais aussi avec beaucoup d’amour. L’auteur utilise l’humour noir et l’ironie pour restituer toutes les atrocités vécues pendant cette sombre période. Une écriture simple, merveilleusement poétique où tous les mots comptent. La fin de ce conte est extrêmement émouvante et profonde. Jean-Claude Grumberg rappelle à ses lecteurs l’horreur de cette période sombre de l’histoire alors que certains sont tentés de la minimiser ou même de la nier. Et il suffit de si peu pour que de telles tragédies ressurgissent...Les dernières lignes de ce conte en donnent sa morale:" Voilà la seule chose qui mérite d'exister dans les histoires comme dans la vie vraie. L'amour, l'amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L'amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n'existe pas, l'amour qui fait que la vie continue."
Ce petit livre est une pépite.

C’est le convoi 49 qui a emmené le grand-père aveugle de Jean-Claude Grumberg vers les camps de la mort.

Note : 5/5 

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