Lili KELLER-ROSENBERG (France)

Lili a été déportée à 11 ans à Ravensbrück puis Bergen-Belsen avec ses deux petits-frères. Elle est l'une des dernières survivantes de la Shoah et raconte à hauteur d'enfant ces années de terreur où le lendemain était en suspens, accroché à un espoir ténu. Séparés très vite de leur père, les trois enfants ont vécu avec leur mère les humiliations, la torture, la faim et la peur tenaillée au ventre. Mais les mots de Lili sont d'une justesse et d'une force sans nom. Ils m'ont fait penser au fils de Roberto Benigni dans La vie est belle. Car même si Lili est consciente de l'inhumanité des camps et des gens emportés et qu'elle ne revoit plus, elle s'accroche à sa mère, qui les porte tout trois à bout de bras. Celle-ci les incite à garder de la dignité : c'est elle qui a instauré le rituel de se lever avant tout le monde pour se laver. Même si la saleté et la maladie sont légions, à 4, cette famille survit et se soutient. C'est tellement beau de courage et d'entraide !

L'amour d'une mère est incommensurable. (p. 110)

Ce témoignage est plus que nécessaire. Alors, bien sûr, il prend aux tripes et certaines descriptions donnent la nausée. Mais pour ne pas oublier, rien ne vaut la parole d'une enfant qui, dans une certaine innocence, décrit les choses telles qu'il les voit. Lorsqu'elle attend sa mère qui travaille dans le camp des femmes, nous sommes nous aussi suspendus à son retour. Nous imaginons la peur, le temps infini et les privations qui rendent fous. Merci pour ce témoignage qui restera gravé à jamais !