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Clarence Malcolm LOWRY (Royaume-Uni)

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Clarence Malcolm LOWRY (Royaume-Uni) Empty Clarence Malcolm LOWRY (Royaume-Uni)

Message  gallo Mar 18 Nov 2008 - 20:45

De: Frédéric Lévêque
Malcolm Lowry - Au-dessous du volcan
(Gallimard/Folio, 1973, 635 pages)

Je suis en train de relire "Sous le volcan", pour la cinquième ou sixième fois. Cette fois-ci dans l'édition que Grasset a publiée. Je l'avais d'abord lu dans la traduction que Nadeau proposait chez Buchet Chastel, avec un autre titre, "Au-dessous du Volcan", qu'on trouve encore peut-être en folio, et qui m'a toujours paru plus poétique, plus belle mais... moins claire! Et un peu de clarté, ce n'est pas mal venu dans ce brouillard infernal, au milieu des nuées fumeuses (évidemment!), de cette brume de cendres et de vapeurs éthyliques que déverse généreusement sur ses lecteurs la prose volcanique (évidemment!) et étouffante de Lowry.

Oui! Avec Lowry, on étouffe. On manque d'air. Tout est saturé. Pas d'interstices, de failles par lesquels notre imagination pourrait s'échapper, nous distraire un peu de cet univers où la moindre cigarette, celle par exemple que fume et que gravement considère, Hugh, tout en se baladant à cheval sur les flancs paradisiaques du Popocatépetl, en compagnie d'Yvonne, cet univers donc, où la moindre cigarette semble vouloir se consumer à l'image de cette stupide humanité!

Ici tout est signe, symbole, avertissement. Voyez, encore Hugh qui s'adresse cavalièrement à Yvonne lors du passage d'un guet :

"- Votre cheval ne veut pas boire, ne tirez pas sur vos rênes, il veut juste se contempler dans le fleuve... Et elle, énervée, de répondre qu'elle sait,... Oui elle sait, mais elle tire quand même."

Ah! C'est bien les femmes, surtout les "stars" de cinéma, elles savent! Elles savent, mais elles tirent quand même. Pauvre consul, pobrecito caballero, qui ne cherche pas tant à boire qu'à se découvrir enfin dans le miroir magique et fluide de son mescal...

"- Oh ! Miroir, mon beau miroir, suis-je vraiment le plus seul, le plus misérable, le plus définitivement maudit? Suis-je bien le prince des damnés? ...Oui, cher consul, c'est toi le plus beau... les chants les plus désespérés, n'est-ce pas? Mais, non, Jeff, pardon, je veux dire Geoffroy, t'es pas tout seul! Vois comme elle se démène, comme elle tire sur ta longe. Vois comme elle essaye de t'extirper de ce trou, de te sortir de cet enfer. Vois comme pour toi, et pour elle, vois comme elle se débat. Ta Mathilde... zut, bien sûr, c'est l'alcool! ...Ton Yvonne t'est revenue."

Tout est signe, symbole, avertissement. Même, l'inoffensive pancarte interdisant de marcher sur les pelouses de ce jardin public, figure de l'Eden cela va de soit, est une menace d'exclusion, un avis mortel à la population consulesque.

"- Il vous plaît ce jardin? C'était le vôtre! Vos enfantillages vous en ont exclu!"

Tout est saturé, pas de faille, pas d'interstice, notre lecture est totalement prisonnière d'un texte compact, fermé. Ah! On est loin justement, de "l'oeuvre ouverte" de l'autre Echo (j'ai pas pu m'en empêcher!) et de l'indéterminé comme catégorie du savoir. On est loin des jeux gratuits, grotesques, et savants d'Oulipo. On est loin du Zen approximatif de Delerme. Ici foin de petite gorgée... on boit au goulot goulûment. L'interactivité, l'oeuvre créée de conserve, entre un lecteur créateur tout puissant et un auteur qui poliment s'efface, c'est pas la tasse de thé (beurk!) de Lowry. Pas de blanc qu'il faudrait que nous remplissions à sa place. Lowry généreusement donne tout. Le créateur c'est lui. Il nous faut seulement le suivre... Ce n'est pas d'abord notre imagination rêveuse qui est ici requise, mais notre attention soutenue... Si possible notre intelligence. L'auteur a même le culot d'insister pour qu'on le relise si d'aventure quelques passages paraissent obscurs. Voir la lettre qu'il fait parvenir à son éditeur où il explique la construction de son livre, et démontre qu'il a raison. Il a raison!

Donc je relis "Sous le volcan"! Quelques passages ont dû me sembler obscurs. Je vais tenter de suivre encore le consul. C'est un bon marcheur, on dirait que l'ivresse le porte. J'ai peur de n'être pas à sa hauteur. De n'être qu'un très petit buveur. Et puis j'appréhende le chemin, je sens qu'il va être chaotique. J'ai peur aussi que le consul ne fasse le mauvais choix et comme à plaisir ne s'égare sur la route de Parian. Et toutes ces stations dans les cantinas, on dirait qu'il a du mal à grimper son Golgotha. Il a deviné depuis longtemps qu'il va mourir. Mais quelle originelle culpabilité a pu conduire à de tels excès... Ah, je sens que je vais jeter l'éponge (sans vinaigre!) et avant que le coq n'ait pu chanter trois pages j'aurais laissé le consul à sa solitude par trop contagieuse. Et puis je lui en veux par avance, je sais que dans un élan de bonté irréfléchie, il va libérer cette cavale imbécile, affolée, qui tuera Yvonne dans un éclair. Oui il mérite son sort, ce pauvre ivrogne prétentieux, dont on lance maintenant le cadavre dans le fossé, comme on ferait d'un chien, et qui ne saura même pas que son amour meurt, certes loin de lui, mais par sa main et dans le même temps.

Oui! Au moment même où on le tue et balance dans le ravin, en dessous du volcan, sans autre forme de procès, la "star", elle, est aspirée vers le ciel, vers les Pléiades, qui à peine se lèvent à l'horizon. Assomption d'une huitième étoile.

Je lui en veux, je ne le plains pas... comment peut-on pardonner le meurtre d'Yvonne.
Car moi je l'aime cette femme, moi je l'aurais sauvée.
Je nous aurais sauvés.
No se puede vivir sin amor.

Note : 4/5
Frédéric Lévêque
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Message  Invité Mer 17 Fév 2010 - 11:33

Au dessous du volcan

Histoire: elle se passe au Mexique a la fin des annees 30. Elle raconte la journee de Geoffroy, consul venu d'Angleterre lorsqu'il retrouve sa femme apres une longue separation (et un divorce). Alternativement en manque d'alcool et ivre, Geffroy est un homme torture. Au dela de son alcoolisme, present a chaque page, c'est un personnage spirituel qui rejete la vie materielle et boit pour se transcender. Son mysticisme l'empeche de se retrouver avec Yvonne malgre l'amour fou qu'ils ont l'un pour l'autre. Les autres personnages sont Hugh, le frere, jeune fou utopique et pleins de vitalite, Laruelle ex-amant d'Yvonne, et des compagnons de beuveries du consul.


Mon Avis: L'ecriture de Lowry est tres difficile, des pages entieres sont pour moi inintelligibles. Les descriptions se melent a la philosophie, aux metaphores et surtout aux delires du consul. Meme si certains passages sont profonds et que l'ensemble est tres poetique, j'ai eu beaucoup de mal a finir ce long roman. J'ai beaucoup plus accroche sur la fin, qui ressemble a une descente aux enfers.

Note: 2.5/5

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