Honoré BEAUGRAND (Canada/Québec)

Aller en bas

Honoré BEAUGRAND (Canada/Québec) Empty Honoré BEAUGRAND (Canada/Québec)

Message  gallo Ven 28 Nov 2008 - 19:09

De : sereinejulie1 (Message d'origine) Envoyé : 13/09/2004 16:53
Honoré BEAUGRAND - La Chasse Galerie
Éditions BQ, 87 pages

Voilà une lecture pour faire changement, une brise fraîche qui nous entraîne vers ce court récit de 6 nouvelles.

Qui n'a jamais entendu parler de cette légende de bûcherons survolant la forêt à bord d'un canot d'écorce, après l'invocation appropriée à Satan, pour aller retrouver leurs blondes la veille du jour de l'An. La chasse galerie, du nom de cette activité d'une époque où la conduite en état d'ivresse était la norme, a été mise par écrit par Honoré Beaugrand, écrivain montréalais du tournant du X1Xe siècle qui s'était donné comme mission de conserver toute une tradition orale menacée par l'urbanisation de la société. Si j'ai été forcé dit-il, de me servir d'expressions peu académiques, on voudra bien se rappeler que je mets en scène des hommes au langage aussi rude que leur métier. Honoré Beaugrand.

Honoré Beaugrand s'inspire tantôt des légendes et du folklore, tantôt de l'histoire, tantôt de la vie contemporaine, tantôt encore de la science ou du fantastique. La chasse galerie, est magnifique comme légende. Quand on lit ces classiques avec un tant soit peu de connaissance sur la réalité du Québec à cette époque, c'est encore plus évocateur. Ces brèves légendes servaient à animer les veillées d'autrefois dont la tradition orale a contribué à forger l'imaginaire québécois et, sans qu'on le réalise, continue d'influencer les écrivains, les chanteurs et les artistes en général.

Dans ce recueuil de nouvelles, on retrouve une prose sobre et accessible. Tournant autour de la légende la Chasse galerie, on visite monstres, loup-garou et autre chimères qui illustrent bien la richesse du folklore québécois. Si certains textes ont un côté vieillot, l'ensemble est encore rafraîchissant et on prend un malin plaisir à se replonger dans ces histoires ''de peur'' écrites cent ans avant les films d'horreur contemporains. On se rend rapidement compte que l'homme a toujours cherché à s'effrayer. Ce petit recueil remet donc beaucoup de choses en perspective.

Honoré Beaugrand a pétri ses légendes à même la culture québécoise du X1Xe siècle. Elle dévoile l'âme d'un peuple hanté par des personnages dont les voyages avaient quelque chose d'intriguant, voire de dépravé. Rien de mieux que de créer des légendes pour exorciser sa peur du ''dieu des routes''. Contrairement à la production contemporaine qui joint la violence à la peur, La Chasse Galerie s'en tient à une conscience formée par les craintes de l'enfer exacerbées par un clergé tout puissant.

En conclusion, l'homme est fasciné par les contes car quelque chose d'extraordinaire se passe. Extraordinaire en effet, parce qu'il s'agit bien d'une rupture dans le cours régulire de la vie et de l'entrée dans un ordre tout à fait différent. Lorsque le conteur annonce rituellement qu'il va les émerveiller cela suffit à provoquer un changement radical dans la vie des auditeurs. Aussitôt tout se tait, tout le visible s'évanouit et chacun consent d'avance à la merveille.

Je me vois subjuguée par les contes de mon grand-père et je ressens une vive émotion de chaleur et de magique. Je vous propose cette lecture de 86 pages (se lit en quelques heures) pour renouer avec le féérique et le fantastique au tournant de chaque page et vous initier à certaines facettes de notre histoire. 4.50

Sereine
Fondateur de la Patrie et de nombreux autres journaux, grand voyageur, homme d'affaires, défenseur de la liberté de conscience et d'opinion la plus large, ardent francophile, amateur de culture scientifique aussi bien que littéraire, maire de Montréal de 1885 à 1887, Honoré Beaugrand (1848-1906) est une des figures les plus attachantes — et pourtant les plus méconnues — de la fin du XIXe siècle québécois.


De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 09/09/2007 02:16
Jeanne la fileuse - Honoré Beaugrand

La jeune Jeanne habite la rive sud du fleuve Saint-Laurent, avec son frère et son père. Ils ne sont pas riches, le père a été victime des représailles contre les sympathisants des Patriotes suite à la révolte de 1837, mais vivent humblement et vertueusement. Lors des récoltes, les enfants louent leurs bras à un important fermier de la rive nord. Le frère se lie d’amitié avec Pierre, le fils du propriétaire, et ce dernier devient rapidement épris de Jeanne. Pierre et le frère de Jeanne iront travailler un hiver au chantier, le mariage sera célébré au retour. Le plan est idyllique, mais la fatalité frappe un coup cruel : le père décède au cours de l’hiver et Jeanne n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins. Elle cherche vainement du travail, mais la seule solution est de quitter le Canada pour les États-Unis. Elle se joint à une famille qui part pour Falls River, Massachussetts, s’embaucher dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre. Jeanne obtiendra un poste de fileuse, mais elle doit supporter les rudes conditions de travail des usines : l’air empoussiéré, les semaines de 60 heures, les accidents, la tristesse de l’exil… De plus, elle craint de ne jamais revoir ni son frère ni son amant, car elle n’a pu les avertir de son départ.

Avec ce récit, l’auteur illustre l’exode de près de la moitié de la population canadienne-française (appellation des Québécois de l’époque) vers les manufactures de la Nouvelle-Angleterre entre 1860 et 1920. Le roman est divisé en deux : le départ et l’arrivée. L’auteur dépeint d’abord les difficultés économiques de l’époque, les cicatrices de la répression de la révolte des Patriotes, l’inéluctable suite d’événements qui conduisent au départ des familles. L’auteur défend ici les Franco-américains (ceux qui ont quitté), car ils étaient dépeint à l’époque comme des traîtres à la patrie, à leur langue et religion. L’auteur argumente que la plupart y sont obligés. De plus, il montre que les émigrés se créent des Petits Canada aux États-Unis, avec paroisses et écoles catholiques-françaises. Dans certaines villes comme Woonsocket, les francophones deviendront même majoritaires.

Ce livre est très intéressant pour connaître cette période de l’histoire qui a vu le Québec se vider de sa force vitale par manque de terres, de développement industriel, de vision des dirigeants et épuisement des terres cultivés. Toutefois, l’œuvre tient du pamphlet : l’auteur y insère statistiques, tableaux et détails pour appuyer ses arguments, mais qui présentent peu d’intérêt pour l’intrigue. De plus, cette dernière est romantique et mielleuse. La curiosité historique est nécessaire pour apprécier cette lecture.

3/5

le réaliste-romantique


De : gallomaniac Envoyé : 08/03/2008 01:21
Six mois dans les Montagnes-Rocheuses - Colorado--Utah--Nouveau Mexique par Honoré BEAUGRAND.
Ma note 3,5/5. Montréal, 1890, lu en gutenberg e-book (circa 100 pages).Lien: http://www.gutenberg.org/etext/24243

Un voyage en chemin de fer à travers les Rockey Moutains. Le chemin de fer, par endroits "railroad in the clouds" (les hauteurs dépassent les 4 km et sont a couper le souffle des voyageurs) passe par des gorges profondes et sommets élevés et traverse des "montagnes pourries d'argent" autour de Silverton, pourries ailleurs par d'autres richesses minerales: or, sels, plomb etc.
On apprend ce que c'est le "Jardin des Dieux" et les Railroad towns.On apprend sur la découverte de ces régions par les Français, les Anglais et es Espagnols et les luttes meurtrières des Indiens, qui finalement sont repoussés vers des reservats dans les montagnes, et dont l'auteur Helena Hunt Jackson prend la défense dans le livre cité "Un siècle de déshonneur". On apprend aussi à quoi ressemble la vie dans un "Pueblo", village indien au Nouveau-Mexique et à quoi ressemble la mort de penitentes flaggellantes, tradition importée de l'Espagne et developpée à l'éxcès. On lit sur les cavernes des Cliff-Dwellings, construit dans falaises des gorges profondes des Rocheuses, dont celle de la Rio Colorado est la plus célèbre. Et puis, l'arrivée à Salt Lake City, riche grâce à ses sels, est l'occasion de donner l'histoire des Mormons, dont on est en train de bâtir la grande église. Leadville est un booming city grâce à cet autre minerai: le plomb. Et n'oublions pas l'huile. Puis il y a les agriculteurs et ... les cowboys, chassant les chevaux sauvages. Le lecteur découvre que l'auteur a bien connu Buffalo Bill et que les Indiens ont pratiqué la dette de sang.

Le récit ressemble à un rapport documenté et l'auteur n'a pas peur des statistiques. Il fait bien sentir son origine franco-canadienne par le choix de certains petits détails.
Petit récit de voyage sympa que je donne la note 3,5/5.

Wikipédia a un texte intéressant sur l'auteur: http://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_Beaugrand
gallo
gallo

Nombre de messages : 2598
Location : Pays-Bas
Date d'inscription : 29/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum