Ann SCOTT (France)

De : Thomthom1293 (Message d'origine) Envoyé : 05/09/2005 14:21

Ann Scott est l'auteure de :

"Asphyxie" (1996)
"Superstars" (2000)
"Poussières d'anges" (nouvelles / 2002)
"Le Pire des Mondes" (essai ? / 2004)

Bon...je ne vous cacherai qu'à force de lire tous les jours LE prétendu pave dans la marre de la rentrée, je commence à ne plus être très frais, alors excusez à l'avance si ma critique est un peu dessous des précédentes...

"HEROINE"

J'avoue que j'ai un triple contentieux avec Ann Scott. D'abord, je n'ai jamais oublié l'avoir croisée dans la rue et m'être fait fusillé du regard pour lui avoir simplement adressé un "bonjour" tout ce qu'il y a de plus normal. Ca m'a marqué, car à ce moment là, j'ai pensé à tous les gens (dont moi même) qui écrivent et seraient prêts à tuer pour rencontrer ne serait-ce qu'un seul de leur lecteur. Tous ces miniscules auteurs, certains géniaux et d'autre nuls, mais qui nourrissent tous la même passions tout en n'ayant jamais eu l'heur de passer chez Ardisson. Ensuite, elle a aussi qualifier dans une interview David Bowie d' " anglais comme les autres, petit avec un gros cul ", ce qui, à mon sens frôle la correctionnelle.
Surtout, je ne me suis jamais remis de la lecture de son premier livre, un véritable électrochoc, lu à quinze ans et jamais oublié. Et depuis, à chaque nouvelle parution, j'ai l'impression de relire le même. Notez : c'est peut-être moi qui ai un problème.
Entout cas, ceux qui ont apprécié son (presque) succès "Superstars" ne seront pas dépaysés, puisqu'on retrouve dans "Héroine", en vrac : des relations sexuelles lesbiennes, de la dope, du rock n'roll...trois thèmes contre lesquels je n'ai rien, par ailleurs.

Alors voilà. L'histoire est géniale. L'auteure nous explique que la misogynie est omniprésente, y compris chez les lesbiennes. Que se faire draguer pas une autre femme peut être aussi lourd, désagréable, humiliant (rayer la mention inutile) que par un homme. Ca détruit le fantasme de deux belles femmes se carressant des dans draps de soie façon "Emmanuelle 14", et ce n'est pas plus mal. Sauf que (parce que bien sûr il y a un "sauf que") ça s'arrête là. L'auteure ne va pas plus loin, tant au niveau de l'histoire qu'au niveau du style, taillé à la machette dans la récente et prolifique tradition des écrivains post-Despentes (si tant est que Despentes ait jamais eu un style, mais je laisse ce débat capital à d'autres). Les pages suivantes se contentes de tourner de manière élliptique autour du sujet, sans jamais apporter grand chose de plus, sinon des citations de groupes rocks toutes les trois lignes (et même pas les meilleurs). C'en est trop. Trop de sexe, trop de défonce, trop de pseudo déprime...je suis incapable de dire pourquoi, mais je trouve que tout cela sonne faux. Impression peut-être, mais qui se confirme avec un final prévisible au moins cent pages à l'avance. En fait, on pourrait presque dire que Scott suit la même trajectoire que son modèle avoué, la suscitée Despentes, mais dans le sens inverse : elle a d'abord écrit les romans forts et touchants, et depuis quelques années maintenant elle verse dans la rage adolescente...à ceci prêt qu'à 30 ans passés, on ose attendre un peu plus d'un artiste quel qu'il soit.

Je n'irai pas plus loin à propos de ce livre nullement détestable, mais pas forcément dispensable. En plus, je suis persuadé qu'il plaira à beaucoup de gens, et que des tas d'adolescentes accablées de problèmes existentiels vont être sauvées par sa lecture. Peut-être même y découvriront elles Kurt Cobain, dont le fantôme rode de manière inquiétante (presque suspecte) autour de l'auteure. Car la madeleine de proust grunge, ça marchait sur moi quand j'avais 15 ans. Depuis, j'ai grandi. Et il serait peut-être temps qu'Ann Scott fasse de même.

Note : 5/5 (pour les 50 premières pages)
Note : 2/5 (pour la globalité)