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Juan GOYTISOLO (Espagne)

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Juan GOYTISOLO (Espagne) Empty Juan GOYTISOLO (Espagne)

Message  Lacazavent Ven 12 Déc 2008 - 8:19

De : Flo7717 Envoyé : 11/02/2006 19:19
Et quand le rideau tombe

Au moment de passer la frontière de la vieillesse, le veuf anticipa la proximité du carrefour où sa propre existence et la trajectoire du monde bifurqueront à jamais. L'imminence de la fin le conduit à examiner, avec une lucidité dépourvue de tout sentimentalisme et toute nostalgie, les images d'un passé qui disparaîtra avec lui. Juan Goytisolo suggère que toute la beauté du monde se retrouve dans la seule puissance évocatrice de la langue : si la liberté existe, ce ne peut être que dans les livres.

C’est un livre déconcertant, même pour cet écrivain. D’un côté, on devine un fil conducteur ; d’un autre, l’ensemble paraît confus. D’ailleurs, Goytisolo affirme que chaque chapitre pourrait être lu indépendamment des autres. C’est peut-être cela le problème. On en ressort avec un sentiment de puzzle totalement déroutant.

Ce récit est très noir, trop à mon goût. Goytisolo revient sur ce qui fait que nous appartenons à une " race inhumaine ", finalement incapable d’évoluer vers plus d’humanité. Goytisolo est un écrivain engagé, notamment contre les atrocités que nous nous infligeons. Néanmoins, dans ses deux livres que j’ai lus, son engagement n’est pas teinté de ce pessimisme sans fond ; il s’agissait uniquement de révolte. Outre la guerre, l’auteur s’en prend à Dieu (et aux religions) qu’il considère comme un sadique, se réjouissant de voir ses créatures se déchirer (alors qu’une des remises en question de l’existence d’un dieu, serait la survenance de guerres sans être suprême pour y mettre fin). Bref, ce n’est pas réjouissant, en plus d’être parfois difficile à suivre. Pour être honnête, je ne suis pas convaincue par ce livre, même s’il est toujours intéressant de lire des bouquins différents de la masse, qui font réfléchir et même si la façon d’appréhender la vie comme un spectacle (d’où le titre symbole de la fin d’une vie) est intéressante. Pour finir sur une note positive, le style de l’auteur est toujours aussi vif et brillant.

Fayard / 151 pages

Quelques phrases :

"Le livre de sa vie manquait de cohérence : il ne retrouvait que des fragments de page, des éléments isolés ou mal emboîtés, des ébauches d'une trame possible. L'inconsistance des preuves ne lui permettait ni de conclure, ni de se poser en exemple. Le désir de donner une justification postérieure à des événements épars supposait une falsification qui pourrait tromper les autres, mais non lui-même."

"Son écriture n'ouvrait pas de pistes, elle effaçait des traces : lui-même n'était pas la somme de ses livres, il en était la soustraction."

3.25/5




De : Flo7717 Envoyé : 11/02/2006 19:23

Comme il n'y avait pas de discussion sur cet auteur, j'en profite pour vous cop/col deux vieilles notes.

Etat de siège


Un voyageur débarque dans un Sarajevo dévasté par vingt mois de siège. Il descend à l'hôtel H.I. Le lendemain matin, l'homme est retrouvé mort dans sa chambre, victime d'un tir de mortier. Mais lorsque le commandant de La Force Internationale de médiation arrive sur les lieux, le cadavre a disparu, ainsi que son passeport. L'officier retrouve dans les affaires du défunt un carnet vert contenant une dizaine de textes signés "J.G.". Le mystérieux auteur y relate sa propre mort, ainsi que les événements que lui, le commandant, est en train de vivre.


Un livre riche, brillant et très prenant qui m’a étonnée ! Je m’attendais en effet à une histoire " banale " et je m’y étais intéressée en raison du siège de Sarajevo. L’auteur fait preuve d’une grande virtuosité et érudition. C’est un livre sur les limites de la littérature, la manipulation et la guerre aussi, même si finalement on peut penser que celle-ci n’est là que pour servir les autres thèmes. Ce que j’ai le plus aimé est d’ailleurs cet aspect ; l’auteur dénonce l’indifférence des peuples vivant dans la richesse et la paix vis-à-vis de ceux qui souffrent sur le même sol. Goytisolo évoque non seulement la guerre des Balkans mais aussi les exclus de la société, ceux que l’on ne regarde plus ou alors avec mépris. Sa simulation du siège d’un arrondissement de Paris m’a enchantée ! Toutefois l’auteur va plus loin et met en place un jeu de miroir : on ne sait plus qui est le narrateur, s’il est réel ou imaginaire et s’il agit librement ou s’il est manipulé et par qui. Même si au début, le lecteur est un peu perdu à cause des documents divers, écrits (ou supposés écrits) par des narrateurs changeants, cela vaut la peine de poursuivre. Cependant, cela reste un livre d’accès plutôt difficile mais les lecteurs " courageux " ne seront pas déçus. Au cœur du livre, l’auteur nous livre des jeux de mots autour des participants ou " observateurs " du conflit des Balkans qui m’ont beaucoup plu, même s’il m’en reste une poignée à déchiffrer (il n’y a pas les réponses dans le livre). Si vous êtes prêt à vous investir dans un livre étrange et faisant travailler les méninges, lisez-le !

Fayard / 195 pages

5/5





De : Flo7717 Envoyé : 11/02/2006 19:26
Trois semaines en ce jardin


Réunis dans un jardin d'un pays chaud, les membres d'un Cercle de lecteurs tentent de reconstituer l'histoire d'un poète espagnol, républicain et homosexuel, interné dans un asile psychiatrique à Melilla en juillet 1936.



J’ai nettement moins aimé ce livre qu’ Etat de siège dont c’est une sorte de prolongation (autant on peut lire Etat de siège sans lire cette "suite", autant ce livre semblera obscur si on n'a pas lu Etat de siège). En effet, le personnage d’Eusebio apparaît dans le premier livre. Ici, l’auteur a construit un jeu de pistes autour de ce personnage. Ma baisse d’intérêt est principalement due aux différents fonds historiques mais peut-être aussi au fait que je savais à quoi m’attendre puisque le schéma de vraie/fausse enquête était déjà celui d’Etat de siège. Cette fois, l’auteur fait plus simple en confiant la parole aux divers membres d’un Cercle ayant chacun leur interprétation du mystère de la vie d’Eusebio. Pour le reste on retrouve la plume brillante de l’auteur. En résumé, un livre intéressant qui vaut le détour.

Fayard / 206 pages

3.25/5





De : Sahkti1 Envoyé : 13/02/2006 17:33
Et quand le rideau tombe


"L'oubli était le véritable Dieu!"

Trio de la mémoire dans ce récit de Goytisolo. Une femme qui est morte et dont l'absence se fait sentir. Un homme, son mari devenu veuf, qui raconte et explore le territoire des souvenirs. Puis son écho, autre homme qui n'est en fait que lui-même se faisant miroir, interrogeant et dérangeant les certitudes. Le narrateur entre dans ce qu'on appelle pudiquement la vieillesse, tournant irréversible dont il a conscience. Il y pense, se souvient, rit ou regrette, tente de raviver le flot des souvenirs, mais ceux-ci auraient tendance, eux aussi, à devenir vieux. Il essaie avec force de se raccrocher à sa femme, mais voilà, elle est partie, emportant avec elle une partie de la mémoire du couple.

Juan Goytisolo parle de lui, de la femme qui a traversé sa vie alors que lui n'était pas là. Couple étrange et complice auquel l'écrivain rend ici un bel hommage, sobre et respectueux. Il y a de la violence sous la plume de Goytisolo, comme si il écrivait avec son sang et ses larmes. Une vie qui s'en va et à laquelle on s'accroche plus que tout. Beau.


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