Elizabeth SUBERCASEAUX (Chili)

De : s-lewerentz (Message d'origine) Envoyé : 2008-10-17 02:08
UNE SEMAINE EN OCTOBRE

Clara, 46 ans, se sait condamnée par un cancer du sein. Elle commence alors à rédiger son histoire dans un cahier qu’elle laisse dans un tiroir de la cuisine et que son mari, Clemente, lit en cachette au fur et à mesure de son avancement. Celui-ci est déstabilisé par ce qu’il y lit, puisque Clara raconte son aventure avec son amant. Mais sachant certains événements faux, Clemente s’interroge : a-t-elle réellement eu une aventure ou ne sont-ce que des mensonges pour se venger de sa liaison à lui ? Ou essaie-t-elle de lui faire passer un message ?

Envoûtée par ce roman étrange, qui joue sur le doute, dans une ambiance de non-dits et qui possède un petit côté fantastique comme, semble-t-il, pas mal d’auteurs sud-américains. Par ailleurs, il y a un certain « suspens » et on attend de découvrir la vérité. Qui ment et qui dit la vérité ? Finalement, ce n’est pas si important, car c’est surtout le style du livre qui plu : l’écriture simple mais enlevée, la construction alternant les chapitres en « je » de Clara et ceux avec le point de vue neutre pour exprimer les sentiments de Clemente. Et puis j’ai été touchée par les personnages, la maladie (les descriptions sont terribles – mais non pas morbides), la féminité. Bref, ça m’a tellement plu que je pouvais presque ressentir les émotions des personnages.

5/5 et en espérant que d’autres titres de l’auteur seront traduits en français

Elizabeth Subercaseaux est née en 1945 au Chili. Elle a été journaliste correspondante en Espagne pour la BBC avant de retourner dans son pays, malgré la dictature de Pinochet. Elle est l’arrière-petite-fille de Robert et Clara Schumann.

Extraits :

« Leonel a approché sa main de la mienne. Nos regards se sont rencontrés. C’est le début de tant d’histoires ! Je l’ai vu dans la vraie vie, les films, les romans, les yeux d’Amanda quand elle me racontait que son futur mari l’avait fixée comme ça, un soir, dans sa maison de Philadelphie. Alors elle avait su qu’elle allait finir au lit avec lui. Un regard plein de sous-entendus, qui frappe doucement à la porte avant d’entrer, différent et sans équivoque. Dans l’histoire de l’humanité, il a épargné bien des mots et des explications. » (pp. 126-7)

« Clemente est au bord du désespoir. « Cela fait un moment que je ne suis plus amoureuse de lui », relit-il aileurs. Lui non plus ne l’aime plus passionnément. La passion, c’est ce qui s’éteint en premier. Mais ce n’est pas tout dans un mariage, ni même le plus important. [...] Que veut-elle dire par tous ces détours et ces lieux communs ? [...] Il y a trois ou quatre chapitres de plus. Mais Clemente n’a pas le courage de continuer. Il range le cahier dans le tiroir. » (p. 69)

(éd. Flammarion, 2008)