Gonçalo M. TAVARES (Portugal)

Sur l'auteur, voir la page de l'éditeur français
http://www.viviane-hamy.fr/fiche-auteur.asp?A=91

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Apprendre à prier à l'heure de la technique
Viviane Hamy, 2010, 368p.
http://www.viviane-hamy.fr/fiche-ouvrage.asp?O=252

Prière infinitésimale

Peut-on vraiment maîtriser sa vie et lui appliquer une règle de contrôle comme celles que l'on veut infliger à son propre environnement ? Cette question semble traverser l'ensemble du roman de Gonçalo Tavares. Avec une écriture serrée et sèche, des chapitres courts aux titres mystérieux, l'auteur nous trace un portrait glaçant d'un homme, Lenz Buchmann, décidé à voir sa vie sous l'angle du microscope et son environnement comme un terrain bactériologique à désinfecter. Le protagoniste est un chirurgien de talent, issu d'une famille hautaine que l'on imagine regarder avec morgue et dédain son entourage. Chirurgien réputé, il abandonne pourtant son métier pour se consacrer à la politique où il espère appliquer les mêmes méthodes d'éradication des maux. Autant dire qu'il a suffi à l'auteur de se plonger dans l'histoire européenne du XXème siècle pour trouver un modèle à Lenz Buchmann. Cassant et infect sous une carapace de politesse froide et de morgue, Buchmann voit mourir son frère aîné avec satisfaction, récupérant ainsi à son profit l'ensemble du patrimoine de son père, modèle qu'il adule. Mais c'est sans compter l'ironie de la nature qui fait entrer dans son corps des tumeurs malignes qui vont le contraindre à reculer petit à petit et à prendre doucement le chemin de l'impotence. De tout-puissant, Lenz Buchmann va devenir une simple enveloppe de chair qui perdra ses contrôles. La tradition de mourir dans son lit n'étant pas de mise dans la famille Buchmann, Lenz voudra se suicider mais cela ne lui sera pas autorisé par ses facultés physiques. Ayant recueilli chez lui sa secrétaire privée et son frère sourd-muet, Lenz Buchmann verra ces personnes prendre un ascendant lent et continu à mesure que ses facultés déclinent.

Gonçalo Tavares a produit un roman âpre dont l'écriture demande l'attention du lecteur. Il va droit au but, épargnant les longues descriptions et privilégiant la photographie psychologique complexe de Lenz Buchmann. "Apprendre à prier..." n'est pas fixé dans le temps et peut convenir à notre époque moderne si férue d'autonomie sans en rendre compte à personne. Si le titre peut laisser penser qu'il y a une évolution "spirituelle" dans la position du protagoniste, la lecture montre qu'il n'en est rien, si ce n'est, éventuellement, la supplication muette de Buchmann lorsqu'il tente de maîtriser son destin. C'est infinitésimal.

Veilleur

ben dis donc, veilleur, voilà un post qui secoue!

ai bien envie de tenter cette lecture - tu ne donnes pas de note mais je déduis de ton résumé que ce bouquin t'a plu -
quel thème macabre...le héros n'arriverait plus à se suicider?
voilà bien la fin la plus triste que l'on puisse imaginer et propre à réveiller toutes mes angoisses quant au futur...
te donnerai des nouvelles après lecture,
voilà un auteur dont j'ignorais tout,
normal, me méfie parfois, bêtement je l'avoue et souvent à tort, des auteurs qui ont l'âge de mes fils....
la gueule de Tavares sur le site que tu nous donne en référence est déjà en programme en soi, non?
est-il sympa ce mec? verrai bien
en tous les cas, mille mercis pour ce post vigoureux!

Semble-t-il que cet auteur fait partie de la génération montante portuguaise des écrivains à surveiller. Ce livre m'a-t-il plu ? A vrai dire, je suis très mitigé. Le style d'écriture se rapproche des minimalistes américains du type Cormac MacCarthy (La route), avec toutefois un peu plus de matière. C'est un livre qui est bien mais qui, en même temps, provoque une plongée dans le gris, le cendreux. Le rythme est lent. On a le temps de tourner autour de Lenz Buchmann. Pour savoir s'il me plait vraiment, je me demande s'il irait bien sur les rayonnages de ma bibliothèque. La réponse est : non.

Veilleur

Tu m'as tout de même donner envie de le lire et puis il est à la bibliothèque...