Jean-Pierre GIBRAT

De : liza_lou55 (Message d'origine) Envoyé : 24/06/2006 17:36

Le Sursis
(Edition Dupuis, collection Aire Libre, 2 tomes)

"Aujourd'hui, j'ai enfin une bonne raison d'être debout derrière mes persiennes. Il y a un enterrement... Et c'est le mien!"

Juin 1943. Nous sommes à Cambeyrac, petit village paisible en Aveyron. Julien, que tout le monde croit mort, se cache dans le grenier de l'école du village pour éviter d'être arrêté et envoyé en Allemagne faire son STO. C'est à travers ses yeux que l'on suit le quotidien des habitants de ce village sous l'Occupation, avec ses rancoeurs, coups bas, délations, manoeuvres diverses de la Résistance, drames... Mais surtout, Le Sursis relate la lente réclusion de Julien qui passe de longues heures à admirer Cécile, la serveuse du bar, dont il est secrètement amoureux...

Jamais la bande dessinée n'aura mérité autant son appellation de neuvième art. Que ce soit l'histoire, les personnages, la reconstitution de la campagne française pendant la Seconde Guerre Mondiale et surtout les dessins (ah! la délicatesse des dessins de Gibrat, quelle merveille!), tout dans Le Sursis frôle la perfection.

Dessinateur à succès, Gibrat se lance pour la première fois dans l'écriture et, assurément, c'est une réussite! Le Sursis est un récit poignant, terriblement vrai sur cette période noire de l'Histoire qu'est l'Occupation, qui aura vu les Français se révéler dans ce qu'il y a de plus beau et d'héroique mais aussi, de plus noir... Quant à la fin... Celle-ci est particulièrement étonnante et marquante.

Il faut lire Le Sursis, admirer chaque case, déguster chaque péripétie de l'histoire. Vous ne pourrez qu'aimer. Comme moi.

Ma note: 5/5

De : liza_lou55 Envoyé : 25/06/2006 11:29

Le Vol du Corbeau
(Edition Dupuis, collection Aire Libre, 2 tomes)


Deuxième opus de Gibrat, après Le Sursis, avec toujours comme toile de fond l'Occupation, mais cette fois-ci, à Paris.

On rencontre Jeanne, soeur de Cécile, l'héroine du Sursis. Dénoncée par le biais d'une lettre anonyme, la jeune fille a été arrétée par la police française. En prison, elle rencontre François, voleur qui s'introduit dans les demeures au gré des alertes aériennes. Ensemble, ils réussissent à s'enfuir par les toits. Mais parviendront-ils à échapper à toutes les embûches, qui, au fil des pages, vont se mettre sur leur chemin?

Avec Le Vol du Corbeau, Gibrat conforte son statut d'auteur contemporain de bandes dessinées indispensable. Pour preuve, il a reçu en 2005 le prix du dessin au festival d'Angoulème pour le deuxième tome du Vol du Corbeau. Une juste reconnaissance pour ses talents manifestes, que ce soit pour les dessins, tout en élégance et finesse, que pour le scénario, avec une intrigue originale, des dialogues qui font mouche et une interprétation des caractères magistrale.

Aussi beau et puissant que Le Sursis, Le Vol du Corbeau est un vrai bonheur. Vivement une suite, M. Gibrat; on aimerait tant savoir ce que deviennent Cécile et Jeanne!

Ma note: 5/5

Après la seconde guerre mondiale, Jean-Pierre Gibrat s'attaque cette fois-ci à la Grande Guerre par le biais du personnage de Mattéo, réfugié espagnol et fils d'anarchiste, qui vit avec sa mère à Collioure. Lorsque la guerre éclate, Mattéo n'est pas enrôlé dans l'armée du fait de son statut d'étranger. Mais très vite, la culpabilité le ronge à la pensée de ses copains partis en héros sur le front se battre tandis qu'ici, les gens murmurent en le regardant. Et puis, il y a surtout Jeanne, qui, à mots couverts, lui reproche de ne pas aller les rejoindre. Alors Mattéo s'engage et part dans les tranchées, sans savoir que c'est l'horreur qui l'attend...

Avec ce premier épisode de Mattéo, Gibrat revient sur le devant de la scène, trois ans après le succès obtenu avec son diptyque Le vol du corbeau. En s'attaquant à la première guerre mondiale, Gibrat s'attache à montrer les horreurs de la guerre, avec ces combats insensés, la lâcheté ou le courage des uns, l'ambition démesurée des autres ou les planqués de l'arrière ligne... Mattéo en reviendra bien vite de la gloire qu'il recherche pour les beaux yeux de Jeanne. Et ce fils d'anarchiste va ainsi comprendre que cette guerre n'a aucun sens, ni pour lui, ni pour ceux d'en face.

Un scénario intéressant; même si le récit a du mal à prendre dans les premières pages, Gibrat réussit à le rendre attachant après lorsque l'on suit Mattéo avec ses compagnons dans les tranchées. Certes, des récits sur l'horreur de la première guerre mondiale,il y en a eu beaucoup, mais Gibrat rend son histoire originale, surement grâce à la fin de son récit à laquelle on ne s'attend pas. Et comme toujours les dessins sont une merveille.

Bref un premier épisode réussi, et c'est avec curiosité que l'on attend la suite de cette histoire...

Ma note : 4/5