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Victor HUGO (France)

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Message  gallo Dim 9 Nov 2008 - 18:17

De : Cryssilda (Message d'origine) Envoyé : 2003-01-23 13:36

Le Dernier Jour d'un Condamné de Victor Hugo

L'histoire : Dans son cachot, un condamné à mort (à cette époque en France, ça veut dire la guillotine) écrit ses dernières pensées, ses dernières émtions, nous fait partager sa frayeur et sa tristesse face à son destin. Ce livre était en fait un manifeste contre la peine de mort en France.

Quoi dire de ce livre, Victor Hugo restera toujours Victor Hugo, un auteur aux mots justes. Ce livre m'a complètement bouleversée, on s'identifie au personnage et on s'imagine combien son destin est terrible.
La fin est exceptionnelle, simple, radicale, exceptionnelle.

Cryssilda

Ah oui, la note, j'oublie toujours...
Bon c'est Victor Hugo quand même, et c'est sur qu'il mérite une très bonne note, il écrit si bien, alors ce serait pas juste de ne lui mettre que 4/5 comme je le voudrais étant donné que j'ai mis 4.5/5 à Douglas Kennedy que je respecte moins que Victor Hugo... quel dilème quand même...

Bon allez, 4/5


De : lassy Envoyé : 08/06/2005 12:29
Victor Hugo: Notre-Dame de Paris

Un roman très spécial. Il y est intégré un essai dithyrambique sur l'art gothique : des églises aux palais, en passant par les simples maisons bourgeoises, tout y passe, témoignant d'une nostalgie de ces beaux monuments négligés, véritable héritage intellectuel de notre Moyen-Âge.

L'histoire elle-même, connue de tous, (merci Walt Disney !) garde tout son charme grâce à une narration riche en descritions imagées, vivantes et poétiques ; les personnages sont saisissants de réalisme, malgré l'improbabilité des liens entre certains d'entre eux (que le monde est petit!), et Paris grouille de vie autour de la Cathédrale, ce géant "sphinx" de pierre aux célèbres gargouilles !

4/5

PS : en comparaison, j'aurais noté "les misérables" 5/5.


De : Le-réaliste-romantique Envoyé : 08/06/2005 14:41
Han d'Islande - Victor Hugo

La petite histoire entourant la rédaction de ce livre mérite que l'on s'y attarde. Victor Hugo désirait marier Adèle, mais la situation de sa famille n'était pas très glorieuse et il ne disposait d'aucune source de revenu. Le jeune homme, de moins de vingt ans, qui avait alors déjà proclamé qu'il serait "Châteaubriand ou rien", ne se laisse pas démonter par l'obstacle et entreprend la rédaction d'un récit d'amour et d'aventure qui devrait lui rapporter assez d'argent pour permettre son mariage. Il s'agit d'Han d'Islande.

L'intrigue d'Han d'Islande est assez complexe : les destinées de plusieurs personnages sont intrinsèquement entremêlées. Résumons : Norvège, 1699, un héros doit retracer et affronter un brigand légendaire qui a dérobé une cassette. Cette cassette contient des documents qui devraient permettre la libération du comte Schumaker et de sa fille, emprisonnés depuis de longues années. Le héros est, bien sûr, amoureux de la jeune femme. Le tout se joue sur fond de manoeuvres politiques de dirigeants perfides qui veulent assurer leurs pouvoirs.

Ce roman n'est pas une des oeuvres majeures de ce phare de la littérature française, mais il se laisse lire avec plaisir. Hugo a sciemment rédigé ce roman pour "donner des sensations" : il comprend des revirements spectaculaires de dernière minute, des cavernes sombres, des méchants cruels et des héros dignes. La lecture de ce livre nous permet d'apprécier le génie du jeune auteur qui avait pleinement compris les clés du genre auquel il s'attaquait. De plus, ce deuxième roman de Victor Hugo (après Bug-Jargal à 16 ans!) inclut beaucoup d'éléments qui deviendront les marques du courant romantique : exacerbation des émotions, héroïnes qui s'évanouissent, coïncidences incroyables, rencontres fortuites, personnages qui ne se reconnaissent pas, héros d'une droiture exemplaire et prêts à mourir pour l'honneur...

J'ai bien aimé cette lecture, elle a soutenu mon intérêt jusqu'au bout. Toutefois, il faut être prêt à se laisser bercer par cette histoire et laisser son cynisme de côté. Le manichéisme et la grandiloquence de la plume m'ont souvent fait sourire. Il faut aussi mentionner que certains détails sont assez horribles, par exemple des descriptions de séances de torture ou d'exécutions (pour "donner des émotions" et vendre, bien sûr!).

4/5

Mentionnons aussi que Victor Hugo a pu célébrer son mariage avant la publication de Han d'Islande...

Le réliste-romantique


De : Thomthom1293 Envoyé : 05/10/2005 21:28
Victor Hugo: "QUATRE VINGT TREIZE" (1874)

Plutôt que de rédiger une centième critique dithyrambique sur ce livre, l'un des tous meilleurs de l'auteur, voici dix bonnes raisons de le lire (en tout cas à mon avis) :

1/ C'est un des tous premiers romans historiques jamais écrits - plus précisément c'est un des tous premiers à avoir été appelé ainsi.
2/ Cela donne par la même occasion une excellente définition du genre : quand l'histoire rejoint l'Histoire.
3/ C'est sans doute l'un des livres les plus simples, les plus passionnants de Hugo: le livre idéal pour permettre à tous ceux que l'enseignement obligatoire des "Chatiments" ou des "Contemplations" à l'école avaient jusqu'alors brouillés avec lui.
4/ Loin de l'habituelle statue du commandeur qu'il s'est toujours plu à incarner, Totor (pour les intimes) y apparaît comme un auteur fin, sensible, observateur et d'une humanité (d'un humanisme ?) absolument et totalement poignant(e).
5/ C'est également un excellent ouvrage du point de vue purement documentaire, on en apprend des tonnes sur la Révolution, comment elle s'est déroulée et surtout (chose plus rare) comment elle fut vécue par les "gens ordinaires".
6/ C'est une excellente occasion de (re)découvrir le style de Hugo : puissant, emporté, rageur...un style simple, accrocheur et diablement efficace, dans la longue tradition du "souvent immité / jamais égalé".
7/ Il ridiculise la plupart des romans du genre écrits à la même époque, car très loin de l'hagiographie permanente à laquelle se livraient les collègues de Totor (par respect pour leur mémoire on ne citera pas de nom...bon allez, au hasard : Michelet)
8/ Ce n'est pas parce que le "thème roman historique" est fini qu'on ne doit plus en lire.
9/ Ce livre est génial, tout bêtement.
10/ La dixième raison c'est que je n'aime pas trop Hugo en fait, alors si moi je le conseille vous pouvez y aller les yeux fermés !


De : Venusia Envoyé : 13/06/2006 20:08
Le dernier jour d'un condamné - Victor Hugo

Victor Hugo militait contre la peine de mort. Il a publié ce court texte, très puissant, pour contribuer au débat. Son point de vue, c'est celui des 36 dernières heures dans la peau d'un condamné à mort (à cette époque, c'était à la guillotine). J'ai trouvé ses arguments encore bien adaptés à notre monde actuel, où la peine de mort existe encore dans plusieurs pays.

Selon lui, la peine de mort frappe toujours des innocents; soit la personne laisse des êtres chers, qui vont souffrir de sa mort, où bien elle n'a aucun être cher, et dans ce cas c'est une personne mal-aimée qui n'a pa reçu l'amour et l'attention nécessaires à une vie normale qui est condamnée. Il dit également, pour contrer les arguments selon quoi la guillotine est une méthode sans douleur, que l'attente de la mort est une souffrance psychologique atroce, équivalente à de la torture mentale, pour qui se sait condamné.

Ce texte suscite encore des réflexions sérieuses et vaut bien la peine d'être lu.

5 sur 5
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Message  gallo Dim 9 Nov 2008 - 18:18

De : Dîvad Envoyé : 31/07/2006 00:20
L'homme qui rit - de Victor Hugo
5/5

Vieux, Hugo désirait sans doute faire montre de son génie et s’adonnant à la création de ce chef-d’œuvre. Il est merveilleux de voir comment l’auteur, en écrivant, ne semblait pas le faire dans le but de plaire. Derrière ce roman, il n’y a que peu de divertissement, uniquement de l’intelligence d’un homme vieux qui sait bien des choses. C’est un manuscrit fou, ça enchâsse la beauté et l’Hugolien dans une bouillie magistrale.

Gwinplaine, personnage principal, est un enfant qui a eu la marque imprimée à son visage. Un sourire inlassable se peint donc sur ses traits, se faisant esclaffer quiconque y pose le regard. Déjà, le grandiose de cette créature toute Hugolienne nous fait entrevoir la folie du reste.

Il y a aussi Dea qui est d’une poésie étrange. Aveugle, belle, amoureuse, c’est plus qu’il n’en faut pour se mouvoir dans un roman romantique du maître de ce genre.

Ursus le philosophe et Homo, son loup, sont aussi de grands acteurs de cette scène quasiment épique. Cet homme brillant monologue sans cesse, dit les antithèses de sa pensée, aime en étant acerbe, est doué de tout les talents. C’est le plus fantastique des êtres que créa l’auteur. Il chante de maints voix, il sait tout et parle tout le temps, il pleur, à un moment ; il est de roche et d’eau, à y penser.

Des ennemis, bien sûr, viennent briser le plaisir de leur existence mais sinon, outre leur étrangeté, ces trois personnages n’auraient pas mérités un roman.

Prenant un chapitre pour décrire chaque endroit où il nous déplace, prenant plus de dix pages en énumération simple de noms et de titres, prenant son temps dans des métaphores ne voulant pas finir, « L’homme qui rit » est le délire que j’aimai le plus lire. C’est une source entière d’inspiration, c’est une douceur, c’est merveilleux. J’ai lu en aimant mais je me pose encore maintenant, la tête refroidie, si un peu je m’amusai.


Notre Dame de Paris - Encore par le bon Victor Hugo.

4.5/5

L’auteur nous ramène, avec son style bien personnel, dans ces lointaines années où Paris était tout autre. Avec humour, il décrit des scènes grotesques, s’amuse de ses liens complexes entre personnages, laissant deviner que sa fin, bien avant le livre complet, était admirablement connue.

D’une poétique renversante, le roman contient des personnages qui détiennent les fines épices de la personnalité. Une Esmeralda qu’on imagine magnifique et naïve avec ses vêtements flottant dans l’air et ses danses saisissantes.

Gringoire, qui nous ouvre le récit, est le poète en la poésie, s’y trouvant un peu comme un narrateur qui ne narre pas. Ses pas nous font découvrir l’histoire sans pourtant que sa bouche ou sa main ne nous en fasse part. Il est le guide de quelques pages mais c’est avec embarras qu’Hugo s’en débarrasse au tiers du récit.

Claude Frollo, admirable, est une création magistrale. L’auteur lui a mis sur le dos la cape du méchant sans pourtant avoir fait de son esprit une chose du mal. C’est un homme qu’il nous fait découvrir et l’assiduité qu’il met sur cet abbé est tout à son talent. <o:p></o:p>

Phoebus, c’est le laid véritable dans la beauté. On voit la belle danseuse qui s’égaie de la simplicité, le poète en mal d’amour et d’attention et le Diacre qui se découvre des vices au travers de son génie. Il arrive alors, dans ce décor, le capitaine d’arme qui agit comme tel. Frustrant, cru et vulgaire, il fait rire dans le drame. Son élément était indispensable dans l’histoire, certes, mais son usage reste un peu à désirer. Comme Gringoire, il ne figure qu’à un moment du récit, n’y revenant qu’à quelques moments culminant ou entre les lèvres de la danseuse éperdue.

Et pour finir, un Quasimodo que l’on sait légendaire. Le laid de physionomie qui se comporte comme un King-Kong, qui est la bête dans la civilisation. Cette créature monstrueuse, elle porte dans son cœur l’amour que se refuse Frollo, la tendresse qu’expie Phoebus et aussi, elle porte l’ignorance que Gringoire n’incarne pas. Quasimodo, c’est la victime réelle. Tout ce qu’il fit, c’est avec pureté mais ce qu’il reçu, c’est avec rudesse.

Enfin, Notre-Dame De Paris est lourd comme le sont les textes de Victor Hugo. Bon, certes, mais d’un poids compréhensible que le style oblige. Quelques vingt pages ennuierons sans doute le lecteur dans une description superflue du vieux Paris mais bon, tous ont leurs défauts, n’est-ce pas ?

Claude Gueux - Par Victor Hugo

4/5

Cette histoire est touchante. La misère pousse un homme aux affres de la mort. La misère pousse un homme à se déshonorer d’un vol pour la survivance de la famille. La misère pousse un homme à se faire jeter en prison pour ce fait absurde. Sa vie est détruite, le système est dur. Cinq ans de prison pour celui qui vola. Hugo le démontre sans trop de prise de position, il relate l’histoire mais on sait que l’injustice qu’il raconte le titille. Il explique comment le directeur de la prison fut atroce, il le dit, on en frémit. En est-il de même de l’auteur ? Nous ne pouvons en douter, surtout après la fin du récit où la bombe Hugolienne ne semble pas avoir pu se retenir, où l’éclatement se fait et que la position est prise.

Il serait absurde de trop longuement parler de l’œuvre d’à peine une trentaine de page. Citons seulement la dernière phrase du grand poète et écrivain, du grand justicier et politicien.

« Cette tête de l’homme du peuple, cultiver-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. »


Les Misérables
- Par Victor Hugo

5/5

La rumeur que des générations de lecteur ont fait s’élever était à la hauteur de l’écrit. On disait qu’Hugo n’avait jamais autant réussi qu’en sa monumental œuvre Des Misérables. Faire avaler le destin de Jean Valjean, ce saint, est, à proprement parler, magnifique. Avec le commencement, on voit le mal converti en bien suprême. Valjean en Madeleine nous fait envoyer des sourires. La peur première en lisant, c’est de descendre dans des dédales de tristesses et de misère. Le début l’indique, le titre l’annonce… Or, c’est tout autre qu’Hugo nous fait voir le récit. Bien sûr, c’est un texte profondément dramatique, déprimant à quelques passages, mais nous apprenons vite que ce n’est pas que cela. Il y a de l’espoir sous chaque chapitre, chaque événement fait reluire un plaisir. Au contraire de Zola, le texte ne semble pas avoir été écrit pour relater le malheur, mais plutôt pour expliquer le bonheur dans celui-ci. Fantine, Cossette, Valjean, Marius, Thénardier, autant de personnages qui montre un peu de la plaie de la société.

L’auteur écrit avec une prise de position, la chose est clair. Il veut semoncer la société, il tente, poliment, de brasser un peu ses lecteurs, de leur montrer le vrai visage de la misère. <o:p></o:p>

Qui dit Hugo dit longueur, pesanteur. C’était pesant. Chaque Ellipse, et elles sont nombreuses, cache une lente description. Du marché du Jais d’un petit Village Français à la description des égouts de Paris, Victor Hugo ne laisse aucun lieu au hasard. Tout nous est décortiqué, les lieux tentent de nous apparaître et c’est là, à mon avis, un défaut qui ralenti le texte. L’histoire, passionnante, nous donne la soif de la lire, de la continuer ; hélas ! Hugo nous prend toujours au détour avec des faits et des narrations de choses qu’on ne voudrait pas vraiment connaître.

En somme, l’écrit est merveilleux. Il coupe le souffle pour un moment, il nous apprête pour la fin, elle nous semble inéluctable dès la dernière parti, mais il faut bien s’en garder. Victor Hugo n’a pas écrit une œuvre d’intrigue, il écrivit une œuvre de cœur.
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Message  gallo Lun 10 Nov 2008 - 12:07

Réponse
De : pounette Envoyé : 01/08/2006 19:59
Ah là là ! Victor Hugo! QUE DU BONHEUR!!!

J'ai lu la majorité de ce qu'il a écrit avec toujours autant de plaisir...Une telle puissance dans l'écriture, ça en donne des frissons.

Moi je conseille vraiment de lire Quatrevingt-treize! C'est un très beau livre.
Mais il paraît que le plus beau est l'Homme qui rit...
Il faudrait que je le lise bientôt!

Un conseil: ne pas se laisser impressionner par la renommée de l'auteur. Ses livres sont vraiment d'une lecture très abordable.


De : Sahkti1 Envoyé : 10/03/2007 22:23
Victor HUGO, Le dernier jour d'un condamné

Si Victor Hugo laisse libre choix au lecteur de décider si c'est le journal de bord d'un condamné dans les heures qui précèdent son exécution ("une liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d'un misérable") ou l'oeuvre d'un écrivain qui voulait aborder le sujet, il se tient à l'écart pendant toute la durée du récit, se contenant de livrer les dernières paroles d'un homme et ne prenant pas ouvertement position contre la peine de mort. Tâche qui aurait de toutes façons été bien inutile tant ce texte parle de lui-même!

Un homme, simple quidam, a commis un meurtre (pas vraiment d'explications à ce sujet, tout est dit entre les lignes) et se retrouve condamné pour son crime. A l'époque, la mort est le prix à payer. Après des procès hasardeux et expédiés, des semaines de détention dans des conditions carcérales affreuses, des humiliations et, omniprésente, cette peur au ventre qui détruit tout sur son passage.
C'est cela qui est proposé au lecteur, l'âme d'un homme qui va être guillotiné, sa peur, ses angoisses, sa résignation, sa volonté d'échapper au massacre humain.
Un récit noir et dur qui ne peut qu'interpeller.
En effet, tout crime doit être puni, mais comment et par qui. Ôter la vie de quelqu'un parce qu'il l'a lui-même fait auparavant, est-ce moral?

Délicate question qui suscita et suscite encore les passions. Hugo a pris position sur le sujet, son discours est connu, il a énormément oeuvré pour l'abolition de la peine de mort et cette subjectivité se ressent dans son texte, même si il reste en retrait. Hugo insiste finalement peu sur la faute commise par l'homme pour insister sur la souffrance qui est devenue sienne. Il nous demande de prendre en pitié un homme qui va être exécuté, le lecteur fait complète abstraction du crime pour ne retenir que les mots de ce malheureux. Jusqu'au bout, on espère (la porte de sortie de Hugo est d'ailleurs sur ce point très subtile et cruelle), on prend position à propos de la peine de mort, il nous est impossible de rester indifférent face au problème.
(4/5)


De : gallomaniac Envoyé : 15/03/2007 15:35
Victor Hugo: Le dernier jour d'un condamné, précédé de Bug-Jargal.
Deux titres avec dossier dans un seul volume. Gallimard Folio (1988) 442 pg.

Bug-Jargal. Ma note 3/5 .
Le début de Victor Hugo, suite à un pari écrit en 1818 à 16 ans en 15 jours, révisé en 1825. édité en 1826. 250 pg. Un histoire d'amour et de guerre, et de fidélité jusque dans la mort pendant la revolte des esclaves noirs et de sang-mêlé à l'île Saint-Domingue, 1791. Le blanc d'Auverny et le noir Bug-Jargal, autrement dit Pierrot, aiment la même femme Marie; ils se sauvent la vie réciproquement plusieures fois. Le jour du mariage de d'Auvergny et de Marie, la revolte commence et Pierrot sauve Marie. Plus tard, pendant les adversités de la revolte, les deux sont prisonniers dans des camps différents. Bug-Jargal s'échappe pour encore sauver d'Auverny de son éxécution et de l'amener à Marie cachée; mais d'Auvergy a promis de revenir se constituer prisonnier pour être executé. Encore une fois, Bug-Jargal le sauve pour ensuite retourner se faire fusiller pour sauver la vie de 10 otages noirs. Mais entre-temps, Marie est morte, et d'Auverny, qui ne tient plus à la vie, va mourir héroiquement au champ de bataille.
Le récit est assez baroque, un peu macabre, plein de sentiments honorifiques et de perfidies. Les esclaves en revolte ont changés de noms, ce qui permet beaucoup de situations doubles et de tournures abruptes: avec des effets comme si on tourne une carte au moment que le récit risque de se coincer. Bug-Jargal est surhumainement doué et arrive toujours tout juste à temps. Mais pourquoi se plaindre: le grand auteur faut bien s'exercer d'abord. Justement cela fait la valeur de cette lecture: comment Hugo a débuté; qu'il s'engage déjà politiquement pour les pauvres, les dénoués, les opprimés; qu'il réfléchit déjà sur la mort, sur les jugements politiques et sur les exécutions inhumaines, comme montre cette citation de la fin:
"Vous voyez, représentant, continua le général avec tranquillité: la différence de nos missions; nous envoyons tous deux chacun de notre coté, une liste à la Convention. Le même nom se trouve dans les deux listes. Vous le dénoncez comme le nom d'un traître, moi comme celui d'un héros; vous le vouez à l'ignominie, moi à la gloire; vous faites dresser un échafaud, moi un trophée; chacun son rôle."

Le dernier jour d'un condamné. Ma note 4/5.
Écrit en 1828 à 26 ans, publié en 1929. 150 pg. Texte laissé par un mort où récit-fiction: Hugo, dans le préface à la première édition, laisse le choix au lecteur. Ce long monologue a comme prologue "Une comédie à propos d'une tragédie", qui précédait la 3ème édition, et comme epilogue la préface de l'édition de 1832. Hugo est surtout connu pour sa poésie et pour ses grands romans (Les Misérables, Notre-Dame de Paris, Les travailleurs de la mer, etc.), mais "Le dernier Jour..." est déjà un texte fort.
Le récit lui-même est juste 100 pages: "agonie de six semaines et râle d'un jour" dit le condamné. Une dernière pensée pour son premier amour, sa mère, femme, et fille, le soleil, Paris, Notre-Dame; des plaisanteries lugubres; des dialogues âpres avec les gendarmes el les hommes de loi et d'église: "- Eh bien, (...) , à quoi pensez-vous donc? - Je pense, ai-je repondu, que je ne penserai plus ce soir". Des pages saisissantes de l'approche de l'échafaud et puis "... QUATRE HEURES".
Ce récit à thème met le lecteur à philosopher. La part de philosophie dans le récit-même est indirecte: dans la préface de 1832, Hugo développe explicitement sa pensée et explique que le livre est un plaidoyer, direct ou indirect, pour l'abolition de la peine de mort. Le crime et le criminel restent intentionellement anonyme. Hugo a refusé à son éditeur d'insérer dans le récit l'histoire du crime.
Hugo est encore jeune: en outre de poèmes, il avait déjà publié Bug-Jargal et son premier grand roman: Han d'Islande, quand il écrit ce récit. Trois histoires plutôt macabres: la jeunesse d'Hugo est imbibé de la Révolution, avec ses Terreurs; les guerres de Napoléon et la Terreur Blanche de 1815; il a vu exécuter des personnes. Là aussi il prend position. C'est déjà le politicien socialiste qui sera exilé sous Napoléon III.
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Message  DM29 Sam 15 Aoû 2009 - 16:04

Les Misérables

Pff quelle lecture !! je ne ferais pas de résumé, tellement l'histoire de ce livre est impressionnante. Certes nous avons Jean Valjean, Cosette, Gavroche et tous les autres qui sont et deviennent important au fil du livre .
Que dire ... et bien un livre formidable, prenant, d'une très grande justesse. Hugo va au fond des choses, des personnages et entraine le lecteur avec lui. Si on commence on n'arrive pas à s'arrêter, on peut vouloir décrocher à certains moment, parce qu'on voit le tome 2 qui attend, mais on s'accroche. Ce n'est pas seulement l'histoire de Valjean qui nous est racontée, c'est l'histoire d'un siècle avec Waterloo qui nous est raconté en détails et bien d'autres choses !
C'est passionnant, et tellement juste pas une fausse note, on rit aussi (ce à quoi je ne m'attendais pas pour être honnête), on pleure, on apprend beaucoup. Je pourrais continuer longtemps encore !
un chef d'oeuvre, un classique, hors du temps ! A lire !!

ma note 5/5
(petite note, éviter l'édition le livre de poche qui vous raconte l'histoire dans les petites notes et gachent la surprise!)
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Message  Réaliste-romantique Ven 20 Nov 2009 - 15:39

Notre-Dame-de-Paris, de Victor Hugo
1831

C’était mon premier Hugo, lu à 17 ans. À cette époque, je n’avais pas trop apprécié, à cause des descriptions et du style romantique. Je me rappelais le chapitre complètement consacrée à la description du Paris de l’époque et de la vue des tours de Notre-Dame, ainsi que les coïncidences incroyables qui parsèment le récit. Dix-sept années plus tard, après avoir lu (et aimé) tout ses autres romans, je suis retourné à mon premier contact avec Hugo. Et j’ai pu apprécier tout le plaisir d’une relecture d’un grand livre, après une période de maturation.

Cette fois, j’ai été enchanté par ce livre : je l’ai dévoré! L’auteur prend son temps pour poser ses personnages, entre autre Notre-Dame n’apparaît qu’après une centaine de pages. Il y a tout un nœud de relations impossibles entre les personnages, et les drames sont extrêmement tragiques, mais aujourd’hui je reconnais que c’est le charme du style romantique. Au sujet des longues descriptions, je considère aujourd’hui qu’il n’y en a pas assez! J’aurais apprécié plus de détails sur la cathédrale, plus de promenades dans ses couloirs inconnus, plus de temps passé à contempler ses détails. Il faut préciser que, contrairement à l’adolescent que j’étais, j’ai maintenant visité Paris et Notre-Dame à plusieurs reprises, donc je pouvais placer les éléments décrits dans le Paris que je connais. Aujourd’hui, je réalise aussi ce que le livre a pu avoir de scandaleux au XIXe siècle, avec « la gorge nue d’Esmeralda » et le personnage du prêtre libidineux, cruel et violent.

À lire…ou à relire!

5/5

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Message  Messaline Ven 20 Nov 2009 - 19:06

Ta critique tombe à point, Réaliste-romantique, je l'ai justement commencé aujourd'hui! Je n'en suis encore qu'au tout début (la pièce sans cesse interrompue de ce pauvre Gringoire ne semble pas vouloir se terminer...) et je ne sais pas encore trop quoi en penser, mais en tout cas, grâce à ta critique, je suis encore plus motivée.
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Victor HUGO (France) Empty Les travailleurs de la mer

Message  Parch Lun 21 Déc 2009 - 18:24

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer, 1866

Je savais que Les Travailleurs de la mer est un roman marqué par Guernesey où Hugo séjourna de longues années en exil. Considérant le titre je m'attendais à une saga sur les familles de pêcheurs de l'île au début du XIXe siècle, du temps où la vie était rude sur ce bout de terre au milieu de la Manche. Je m'attendais en fait à une sorte de Germinal maritime. Il n'en est rien et j'avoue, une fois terminé le roman, que je ne comprends pas le choix du titre. "Le travailleur de la mer" : Gilliatt certes ; mais "les travailleurs", là je ne vois pas. Plutôt qu'une aventure collective (dans la douleur contre les éléments, la misère, etc.) il s'agit donc plutôt d'une aventure solitaire et héroïque.

Je ne préfère pas résumer le roman tant il est plaisant de se laisser surprendre par tous les coups de théâtre qui relancent la lecture. Théâtre, il s'agit presque de cela. Le nombre de personnages est très réduit, le nombre de lieux également.

Sachez simplement que Gilliatt, le héros est pécheur mais maitrise tout aussi bien le travail du bois ou du fer. Il est libre penseur et solitaire sur une île qui valorise plutôt l'inverse ; que Lethierry fait fortune en lançant une liaison régulière entre l'île et le continent grâce à un moderne navire à vapeur ; que Clubin son homme de confiance, réputé pour son honnêteté provoquera un malheur qui permettra à Gilliatt de montrer sa bravoure et son génie afin de gagner la main de Déruchette, la nièce de Lethierry.

Gilliatt est un colosse de l'océan, on ne peut être qu'admiratif face aux efforts surhumains qu'il fournit. L'œuvre se trouve au croisement du roman d'aventure et du roman initiatique. Plusieurs épreuves se dressent entre lui et et son objectif...

Je ne vous en dit pas plus et vous laisse découvrir l'affaire. Le livre se lit vite malgré les innombrables références historiques, mythologiques ou bibliques qui ne parlent pas toujours au lecteur du XXIe siècle. Le style est admirable le plus souvent, un peu décevant parfois.

Une très bonne surprise pour cette lecture, en définitive. Toujours est-il que je reste à la recherche de mon "Germinal de la mer".

Ma note : 4,75/5


Dernière édition par Parch le Mar 22 Déc 2009 - 10:56, édité 1 fois

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Message  Chantal Lun 21 Déc 2009 - 20:27

C'est un livre que je veux lire depuis bien longtemps. Et ta critique me donne très envie ! Merci de ne rien dévoiler ! Victor HUGO (France) Icon_biggrin
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Message  Invité Sam 17 Avr 2010 - 6:29

Parch a écrit:Le style est admirable le plus souvent, un peu décevant parfois.

Une très bonne surprise pour cette lecture, en définitive. Toujours est-il que je reste à la recherche de mon "Germinal de la mer".

J'avais lu ce livre (en très grand format relié avec les belles illustrations) durant mon adolescence. J'avais été estomaqué par le style torrentiel d'Hugo, souvent talentueux avec quelquefois des escarbilles plus lourdes. C'est puissant et tragique. La fin est remarquable avec la montée de la marée et Giliatt sur son rocher.

J'ai un bon souvenir - par rapport à ton "germinal de la mer" d'un livre de Bernhard Kellermann de 1910 intitulé "la mer" (rééditions La digitale 1993. >> http://bit.ly/blBIqg). A la quatrième de couverture, il est indiqué :

"Ce roman nous décrit l'atmosphère d'une île : l'île d'Ouessant et sa population de pêcheurs, les relations sociales, les rapports difficiles entre pêcheurs et mareyeurs; les moutons, les naufrages, les vapeurs qui passent au large allant sur Brest ou ailleurs ; les pilotes, les sauveteurs... Mais l'élément omniprésent dans ce livre est la mer : furieuse les jours de tempête ou calme, le vent, les oiseaux, la pluie, les crépuscules..."

Mais je ne sais si cela peut être le "Germinal" maritime que tu souhaites.

Veilleur

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Message  Parch Sam 17 Avr 2010 - 8:59

Merci pour cette référence. Effectivement, ça ressemble à ce que j'imaginai.

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Message  Invité Mar 27 Avr 2010 - 10:08

Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo.

Mon avis :
J'ai lu ce livre il y a quelques temps déjà, mais comme j'ai retrouvé mon avis de lecture, je vous en fait part ci-dessous.
Bien que l'ouvrage face très peu de page, j'en suis ressortie vidée. Je m'explique : ce roman écrit en 1829 est un réquisitoire politique pour l'abolition de la peine de mort et, ce livre m'a donc bouleversé.
Non seulement Victor Hugo, auteur immense que l'on ne présente plus, a sû se mettre en position d'un condamné à mort qui vit ses derniers jours entre angoisse et espoir, entre peur et souvenirs fugaces ; mais en plus, le texte est écrit de sorte que chaque lecteur s'identifie au condamné et peu ainsi, souffrir d'être enfermé entre quatre murs, pleurer son enfant et sa famille que l'on sait loin de soi pour toujours, croire en une grâce qui malheureusement ne viendra pas... Le fait que l'auteur ne donne aucune information ou presque sur le crime qu'à commis cet homme ou même sur son nom, permet au lecteur de tout de suite se glisser dans la peau de cet pauvre âme, qui attend sa mort (même si je pense qu'il est mort lors de l'annonce du verdict en cours d'assises).
A la lecture de ce bijou de la littérature classique française, mon corps vivait des émotions diverses et variées, telles que la peur, le froid, l'espoir, le découragement, la honte (honte de voir mon enfant ne plus me reconnaître quelques heures seulemet avant l'échafaud)... J'ai été horrifiée par les conditions de détention de l'époque (qui sont malheureusement encore d'actualité aujourd'hui), j'ai été terrifié par le manque de sentiment de la populace française, qui se réjouit de l'exécution d'un être humain... j'ai eu du mal à en croire mes yeux, j'ai été écoeurée par un tel comportement, et je suis finalement soulagée, à la suite de cette lecture, que la peine de mort soit abolie en France. Mon regret, est que cela ne soit pas le cas partout.
L'oeuvre de Monsieur Victor Hugo a contribué, j'en suis sûr, à l'abolition de la peine de mort en 1981, en France. Une lecture intéressante, prenante, de talent...
Ma note : 5/5
Claude Gueux de Victor Hugo.
Présentation de l'éditeur :
" ...Un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris en 1831. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse et un enfant de cette fille... Il était capable, habile, intelligent, fort mal traité par l'éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire mais sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Il en résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant et cinq ans de prison pour l'homme. Il fut envoyé faire son temps à la Maison Centrale de Clairvaux. On va voir ce que la Société en a fait. " Relation allégorique d'un drame individuel, cet ardent plaidoyer contre la peine de mort et contre la prison met à nu le mécanisme de la brutalité sociale qui ne sait répondre à la détresse que par la répression. Avec Claude Gueux, Victor Hugo n'est plus simplement romancier ou poète. Il conquiert une place éminente auprès des plus grands orateurs de la Liberté.

Source jacquette et présentation : amazon.fr

Mon avis :
Après avoir lu, il y a quelques temps Le dernier jour d'un condamné, j'ai naturellement eu envie cette "nouvelle" du grand Victor Hugo. Claude Gueux est une histoire tirer d'un vrai fait divers. Et Victor Hugo l'a prise pour illustrer son message, un message important et essentiel : l'abolition de la peine de mort.

Claude Gueux est un ouvrier français comme bon nombre d'homme en France à cette époque. Bien qu'il ne sache pas lire, c'est un homme intelligent, "sachant penser". Il a une "femme", une petite fille et Claude, par un hiver froid, n'a pas d'autres solutions que de voler (quoi, où, nous n'en savons rien et ce n'est pas cela l'important) pour nourrir sa famille et réchauffer la pièce qui leurs sert de logis. Pour ce vol, Claude Gueux sera condamné à cinq ans de prison. Mais voilà, quatre ans de prison peuvent anéantir un homme. Il a tout perdu : sa femme, sa fille, son ami, et le pauvre Claude finira par commettre l'irréparable et sera ainsi condamné à mort.

Comme toujours, je reste admirative devant la puissance du récit de Victor Hugo. En moins d'une centaine de page, il arrive à questionner, à remettre en question une société, à pointer du doigt des dérives, des problèmes... Victor Hugo est un écrivain au talent époustanflant (bon c'est vrai, je me répète, mais je peux faire autrement). J'ai tout de suite été attendrit par Claude Gueux et révolté par les conditions dans la prison, les conditions de l'emprisonnement de ce pauvre Claude. Victor Hugo dénonçait les injustices et les problèmes de son époque, mais au regard de ce récit, je me rends compte qu'entre hier et aujourd'hui, rien n'a changé. Les mêmes problèmes demeurent : la misère du peuple, les conditions horribles et inhumaines dans les prisons, le gouvernement qui semble se moquer de ces faits et qui préfère s'occuper d'autres problèmes moins urgents... Pourtant, Victor Hugo propose des solutions, l'éducation par exemple.
Ce texte d' Hugo, à l'origine paru dans La Revue de Paris, a été publié en 500 expemplaires en 1834, grâce à un négociant, Charles Carlier, afin de les envoyer aux députés de France. Mais en voyant les suites dans l'Histoire de France, je me dis que ces mêmes députés, comme les gouvernements suivant, n'en n'ont pas pris compte, car n'oublions que la peine de mort fut abolie en France en 1981, bien après l'Italie (1860), la Roumanie (1864), le Portugal (1866), la Norvège (1905), l'Autriche (1919),l'Allemagne en 1949 ou l'Angleterre en 1970.
Claude Gueux est un texte fort, un plaidoyer contre la peine de mort, servi par une plume magnifique et brillante. Un petit livre classique essentiel.
Ma note : 5/5

Extraits :
"Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, coeur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite qu'il finit par tuer. Qui est réellement coupable ? Est-ce lui ? Est-ce nous ? Questions sévères, questions poignantes, qui sollicitent à cette heure toutes les intelligences, qui nous tirent tous tant que nous sommes, par le pan de notre habit, et qui nous barreront un jour si complètement le chemin qu'il faudra bien les regarder en face et savoir ce qu'elles nous veulent." page 73-74

"Messieurs des centres, messieurs des extrémités, le gros du peuple souffre ! Que vous l'appeliez république ou que vous l'appeliez monarchie, le peuple souffre. Ceci est un fait. Le peuple a faim, le peuple a froid. La misère le pousse au crime ou au vice, selon le sexe. Ayez pitié du peuple, à qui le bagne prend ses fils, et le lupanar ses filles. Vous avez trop de forçats, vous avez trop de prostituées. Que prouvent ces deux ulcères ! Que le corps social a un vice dans le sang. Vous voilà réunis en consultation au chevet du malade ; occupez-vous de la maladie". page 79

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Message  Philcabzi Mar 27 Avr 2010 - 11:36

Merci Ellcrys, c'est en plein pour moi ça!

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Message  anna44 Mar 27 Avr 2010 - 12:11

Très jolis commentaires EllCrys !! Je suis bien tentée par "Le dernier jour d'un condamné". Je pense que si le thème de la littérature française au XIXe est élu, il fera partie de mes prochaines lectures. Claude Gueux me tente un peu moins...

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Message  Invité Sam 8 Mai 2010 - 9:48

L'Homme Qui Rit — Victor Hugo.


Victor HUGO (France) 51XXK7V55HL._AA240_

À la fameuse question "qui est le plus grand poète français", André Gide avait répondu "Victor Hugo, hélas", dans une phrase restée célèbre ; soulignant le côté inévitable et indépendant de toute préférence. On aime ou on aime pas, mais il faut avouer qu'il est le plus grand, c'est comme une fatalité. Mais je me demandais justement si l'on pouvait transférer cette remarque de la poésie au roman. Si Hugo est considéré comme le plus grand poète (épique surtout) et souvent comme le plus grand écrivain, dire qu'il est le plus grand romancier ne va pas de soi, par contre. Zola, Flaubert, ou Balzac ont illuminé le XIXème siècle avec une excellence romanesque inégalée. Pourtant, force est de constater que même dans cet exercice, Hugo a atteint les plus hautes cimes du verbe français. Il a fait coïncider l'aspect populaire (Les Misérables furent un grand succès) avec la critique pertinente de sa société (ce même roman reste une référence parmi les œuvres du XIXème siècle). Outre Les Misérables, il a touché nombre de lecteurs avec Notre-Dame De Paris ou encore Le Dernier Jour D'Un Condamné.
Mais parmi ces romans, il y en a un qui m'a intéressé plus que les autres : c'est L'Homme Qui Rit, l'un de ses derniers ; livre qui n'a pas eu énormément de succès faute à une exploitation très maladroite par l'éditeur et peut-être — il le confesse lui-même — quelques erreurs dans les choix de l'auteur.
Néanmoins, cette œuvre à mon sens réunit bien toutes les facettes de Hugo, son talent et ses excès, son génie et sa culture. À travers l'histoire du fils d'un pair anglais, abandonné et mutilé sur ordre du Roi, condamné à vivre avec un sourire éternel à la fois hilarant et effrayant (ce personnage a carrément inspiré celui du Joker, ni plus ni moins), Hugo vogue entre les péripéties et la description de la noblesse anglaise. Il prend toutes les libertés possibles par rapport au déroulement de son histoire et se permet de longues digressions qui passionneront plus ou moins les lecteurs. J'ai personnellement beaucoup aimé ce livre, ses personnages comme Ursus et Homo, sa retranscription de la société anglaise (d'en haut et d'en bas), son commencement obscur et sa conclusion théâtrale.

4/5

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Message  Liza_lou Sam 8 Mai 2010 - 10:11

Superbe critique Adrien qui me conforte dans mon objectif de lire Les Misérables d'ici la fin de l'année!
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Message  belledenuit Sam 8 Mai 2010 - 12:08

Liza_lou a écrit:Superbe critique Adrien qui me conforte dans mon objectif de lire Les Misérables d'ici la fin de l'année!
Je plussoie. Il me faut moi aussi ouvrir Les misérables. On pourrait d'ailleurs tenter une lecture commune en fin d'année si d'autres rats sont partants ?!
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Message  Liza_lou Sam 8 Mai 2010 - 13:02

Belledenuit, en ce qui me concerne, je suis tout à fait partante! Victor HUGO (France) Icon_cheers
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Message  belledenuit Sam 8 Mai 2010 - 17:17

Génial ! On va attendre que l'été soit passé et on en reparle après ? C'est bon comme ça ?
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Message  Invité Sam 8 Mai 2010 - 17:20

Selon la date je me joindrais peut-être à vous, depuis le temps que je veux le lire. Victor HUGO (France) Icon_biggrin

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Message  Fabienne Sam 8 Mai 2010 - 17:23

Moi aussi, je serai partante Victor HUGO (France) Icon_bounce

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Message  belledenuit Sam 8 Mai 2010 - 17:28

Super ! On revoit ça à la rentrée. Je vais me mettre un post-it pour ne pas oublier Victor HUGO (France) Icon_lol
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Message  Parch Sam 8 Mai 2010 - 20:13

Créez un sujet "Lisons ensemble : Les Misérables" pour ne pas oublier. Ça permettra aussi de rassembler d'autres candidats à la lecture.

Section Lisons ensemble

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Message  Liza_lou Sam 8 Mai 2010 - 20:42

Bonne idée Parch! Je le fais de suite.
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Message  cookie610 Dim 24 Oct 2010 - 13:19

Claude Gueux

Note : 4.5/5

Résumé : Claude Gueux est emprisonné pour vol. Là, il devient proche d’Albin. Quand celui-ci est transféré, le monde de Claude bascule et va l’obliger à commettre l’irréparable.

Critique : une histoire très touchante, tiré d’un vrai fait-divers, un véritable plaidoyer contre la peine de mort. Incroyable la puissance que peut avoir un texte d’à peine 50 pages. Il se lit très vite mais le récit, très bien construit et écrit, marque par sa dureté, la prise de position claire, surtout dans la dernière partie, d’Hugo contre le système judiciaire et carcéral. Assez difficile de voir les effets du texte maintenant, il faut replacer le livre dans le contexte où la peine de mort était encore appliquée et fréquemment. Je lis rarement du Victor Hugo, mais là, j’ai été bluffée par son talent. Dommage que le livre ne soit pas plus long, mais d’un autre coté, c’est ce qui fait le charme de cette nouvelle.
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Message  DM29 Lun 31 Jan 2011 - 17:24

L'homme qui rit - Victor HUGO
764 pages

résumé : Un jeune garçon déformé physiquement par des hommes : Gwynplaine. Un bébé aveugle recueillit dans les bras de sa mère morte de froid : Dea. Un philosophe Ursus et son loup Homo. Voila les personnages principaux de ce livre.

mon avis
: Je suis assez partagée. J'adore le style de Victor Hugo, sa lenteur, sa poésie, la façon qu'il a de décrire les états d'âmes des personnages. Mais ici il y a tous les excès de l'écrivain . Beaucoup trop de digressions pour moi, sur les 700 pages, j'en aurai bien enlevé 250. J'ai décroché à de nombreuses reprises, et j'ai fini par lire des chapitres en diagonales car ils n'apportaient rien à l'histoire. Et les énumérations sans fin m'ont lassées, surtout au début.
Ce que j'avais adoré dans Les Misérables, c'était le fait qu'il y avait des digressions sans rapport avec l'histoire mais qui étaient passionnantes, alors qu'ici ces hors sujets sur les lord anglais m'ont paru soporifique.
D'autre part le vocabulaire est très difficile, surtout au début du texte, et j'avais un dictionnaire a coté de moi. Au fil, du temps, je l'ai laissé tombé parce que je n'avançais plus.
Pour l'histoire en elle même, elle est assez classique, mais la magie de Victor Hugo, c'est de nous entrainer là ou il veut, et j'adore ça ! bref si vous voulez le lire, accrochez vous, le début (les 300 premières pages) sont vraiment ardus, mais ça vaut le coup !

note 4/5

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