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Marie-Célie AGNANT (Haïti/Canada/Québec)

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Marie-Célie AGNANT (Haïti/Canada/Québec) Empty Marie-Célie AGNANT (Haïti/Canada/Québec)

Message  gallo Jeu 20 Nov 2008 - 17:25

De: Polo (Message d'origine) Envoyé: 1/27/2003 10:39

Marie-Célie AGNANT - Le livre d'Emma

Voici la critique du livre que j'ai lu en fin de semaine. 167 p.

Titre de ma critique : La Femme antillaise Note : 4 / 5

Marie-Célie Agnant est une immigrante haïtienne qui habite à Montréal. La Dot de Sara nous l'avait révélée en 1995. Le Livre d'Emma vient confirmer son talent. Il en fallait pour détrousser la filière de l'Antillaise afin de dévoiler les mystères qui l'ont façonnée. Avec son roman, elle donne une version féminine d'Amistad de Bernard Vincent.

L'auteure aborde son sujet en nous transportant dans un institut psychiatrique, où un médecin requiert les services de Flore, une interprète chargée de lui traduire les révélations d'Emma, une patiente antillaise accusée du meurtre de son enfant. Petit à petit, l'interprète portera à cette patiente de sa race une attention qui dépasse le cadre des exigences professionnelles. Elle tentera par elle-même de découvrir ce qui a amené Emma à commettre un infanticide.

Pour y parvenir, elle remontera la filière de sa famille jusqu'à cette grand-mère bantoue qui fut arrachée à sa terre guinéenne sous les yeux de sa mère affolée pour être embarquée sur un négrier en partance pour les Antilles. Arrivée à destination, elle deviendra l'esclave marquée au fer rouge d'un propriétaire d'une exploitation de cannes à sucre. Comme le travail des esclaves noires ne se limite pas à la récolte, elle devra aussi participer à l'assouvissement des désirs des hommes, toutes couleurs confondues.

De génération en génération, les ancêtres d'Emma ont ingurgité à fortes doses la haine et le mépris. Dans un tel contexte, on se forge une âme d'humiliée que l'on transmet à ses descendantes. Il ne reste plus alors qu'à couper le cordon de la honte en se débarrassant de la fille qu'on a mis au monde afin qu'elle ne perpétue pas à son tour «la malédiction du sang». En fait, c'est le portrait des femmes de la famille d'Emma, dont elle a voulu être la dernière à subir l'atavisme qui explique sa folie meurtrière.

La construction mécanique du roman est parfois agaçante parce que chaque chapitre refère à une ancêtre sans que l'auteure établisse nécessairement les liens entre chacune. Dans la seconde moitié du roman, Agnant poursuit de façon beaucoup plus liante. Au niveau de l'écriture, on se croirait lire la copie d'une première de classe qui fait tendre des mains moites et ployer des arbres qui récitent leurs prières.

Si l'écriture ne témoigne pas d'une originalité particulière, il n'en reste pas moins que c'est une oeuvre réussie. Les émotions longtemps retenues savent exploser au bon moment, et il se dégage une poésie qui englobe le roman dans une atmosphère tendue. Il faut placer le nom de Marie-Célie Agnant à côté de ceux de Martine Le Coz, Dominique Bona et Maryse Condé qui ont aussi écrit sur le sujet.


De : Mousseliine Envoyé : 06/09/2003 21:52

Marie-Célie AGNANT- La dot de Sara
(éd. Remue-Ménage, 1995, 181 p.)

L'histoire de Marianna ressemble à l'histoire de bien des femmes haïtiennes qui ont travaillé jour et nuit afin que leurs enfants puissent aller à l'école et avoir ainsi une vie plus facile que celle de leur mère... le père, très souvent, est parti depuis belle lurette. Ces enfants devenus grands partent à l'étranger, à Montréal par exemple. Quand ces enfants ont à leur tour des enfants ils font venir la grand-mère afin qu'elle élève les petits-enfants et s'occupe de la maison tandis que les parents travaillent pratiquement sept jour sur sept. Ces grand-mères ont un choc culturel immense, elles sont enfermés avec enfants et petits-enfants dans des petits 4 pièces. Durant des années Marianna refusait de sortir l'hiver. Et puis les petits-enfants sont grands, les grand-mères deviennent inutiles mais certaines finissent avec le temps à se créer un réseau social. Y'en a d'autres qui ont été mis à la porte de chez leurs enfants, les appartements sont trop petits, et ont fini à la rue. Sinon le but ultime de toutes ces grand-mères et de rentrer au pays, un jour...

Le sujet est très intéressant. C'est très prenant. On lit sans s'arrêter du début à la fin. L'écriture est simple, rien de recherché.

Par contre, l'auteure ne va pas suffisamment au fond des choses. La vie entière de Marianna défile en moins de 200 pages, il y aurait eu matière à faire un gros roman de 600 pages, une genre de saga familiale. Sinon l'auteure aurait dû s'en tenir à une certaine période ou à un aspect de la vie de son héroïne.

Mais ça reste que j'ai beaucoup aimé pour les thèmes soulevés: La vieillesse, les relations mères-filles, l'émigration et le choc culturel, les tensions économiques et politiques en Haïti. C'est un bon livre qui a une grande valeur sociologique. Et comme c'est le premier livre de Marie-Célie Agnant on peut espérer qu'avec l'expérience ses romans deviennent un peu plus corsés.

Note : 3.5/5
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Marie-Célie Agnant est née à Port-au-Prince (Haïti). Elle vit au Canada depuis 1970.

Depuis 1994, elle a publié huit ouvrages (poésie, romans, nouvelles). En 1995, elle a été finaliste du prix littéraire Desjardins pour son roman La Dot de Sara et en 1997, finaliste du prix du Gouverneur Général pour Le Silence comme le sang. Conteuse, elle anime régulièrement des ateliers pour petits et grands... Passionnée de théâtre, elle participe également aux activités estivales du Bread & Puppet Theater au Vermont.

Écrivaine présente et attentive au monde qui l'entoure, elle souhaite que son oeuvre reflète cet engagement. En dehors de ses occupations d'écrivaine, comédienne et conteuse, elle travaille à titre d'interprète et de traductrice (espagnol, français, anglais et créole). Elle prête également ses services comme agente de liaison et consultante interculturelle pour plusieurs écoles de la grande région de Montréal.
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