Bernard ASSINIWI (Canada/Québec)

Bernard Assiniwi est né à Montréal en 1935 et il est décédé en 2000. Il appartenait à la nation amérindienne des Cris. Il a travaillé notamment dans la fonction publique canadienne, pour le ministère des Affaires indiennes. Il a aussi été scriteur-réalisateur pour Radio-Canada. Il a travaillé toute sa vie à faire connaître la richesse des cultures autochtones. Il a écrit de nombreuses oeuvres littéraires, pour lesquelles il reçu un doctorat honoris causa de l'Université du Québec à Trois-Rivières en 1997.

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De : Houppelande (Message d'origine) Envoyé : 06/08/2007 05:16

Bernard ASSINIWI : La saga des Béothuks
Babel, 499 pages

Ce livre est un roman historique divisé en deux parties. La première se déroule autour de l'an mil et nous décrit le voyage de Anin, autour de ce qu'il croit être le monde, mais qui est en fait l'île de Terre-Neuve. Au cours de son périple, Anin fait la rencontre des Vikings qui séjournent sur l'île de Terre-Neuve et il apprend d'eux de nouvelles notions par rapport à la géographie, entre autres. Avec quelques femmes qu'il a rencontré durant son voyage, Anin fonde un nouveau clan, qui sera à l'origine de la nation Béothuk.

La deuxième partie débute environ cinq cents ans plus tard. On suit la vie de plusieurs Béothuks, sur plusieurs générations. On est témoin del'impact de l'arrivée des Européens sur le mode de vie de ces Amérindiens qui voient peu à peu leur territoire rapetissé. Les affrontements entre Béothuks et Européens sont fréquents et on assiste à la lente disparition du peuple Béthuks, jusqu'à la mort de leur dernière représentante.

Bien que j'ai lu ce livre il y a déjà deux ou trois ans, j'en garde un souvenir très vif. La première partie nous fait découvir des personnages auquels on s'attache rapidement, et on a peine à les quitter après 210. La dernième partie est plus déchirante et a soulevé des sentiments de révolte chez moi. On se sent impuissant face à la disparition d'un peuple tout entier, on est choqué devant autant de violence, qui par aileurs est souvent sans fondements (pour les Européens, la "chasse" aux Béothuks étaient un passe-temps). Malgré ces sentiments difficiles que le livre nous fait ressentir, on a toujours envie de continuer à lire, ce roman est très prenant et il est difficile de la laisser de côté.

Bernard Assiniwi nous donne ici une leçon d'histoire importante, qui se digère très facilement car elle est sous la forme d'un roman. Les Béothuks, bien que le peuple se soit éteint en 1829, resteront donc vivants dans les esprits de ceux qui auront la chance de lire ce livre magnifique.

Je suggère ce livre à quiconque s'intéresse à l'histoire des peuples amérindiens (et si vous ne vous y intéressez pas encore, ce livre va sûrement vous faire changer d'avis)!

4.75/5

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Il a une bibliographie vraiment très imposante, je ne la transcrirai donc pas ici, mais pour ma part je vais assurément lire d'autres livres de cet auteur!

La saga des Béothuks

(Actes Sud, 2000, 515 pages)

On est à l'an mille. Anin, un jeune Béothuk, a quitté les siens pour faire le tour de la Terre. Durant 3 ans, il parcoure les rives de l'île de Terre-Neuve. Il affrontera différents dangers : ours, intempéries et surtout la rencontre d'étrangers. Il reviendra chez lui fort de connaissances et bien armé pour aider son clan à prospérer.

En deuxième partie, on débute en l'an 1 500. Les étrangers se font de plus en plus menaçants : Anglais, Portugais, Français... et il est de plus en plus difficile pour les Béothuks de se protéger. Ils apprennent qu'ils ne peuvent faire confiance à ces gens. Malgré tout la nation prospère, plusieurs villages sont établis le long de la côte. Vers la fin de cette période, les Anglais commencent à s'installer sur l'île des Béothuks...

La troisième partie est intitulée "Génocide". Des pages très difficiles à lire. Des massacres gratuits : hommes, femmes, enfants... les Anglais ne font pas de distinction. En plus des tueries, les Béothuks font face à une maladie amenée par les colons anglais qui les tue les uns après les autres. Les Anglais s'étant établis le long de la côte, les Béothuks - ce qu'ils en restent - ont du s'installer dans la forêt et n'ont presque plus la possibilité d'aller pêcher ou de ramasser des coquillages sur la plage, eux qui se nourrissaient principalement des produits de la mer, ils sont affamés et souffrent de malnutrition. C'est d'une tristesse à fendre pierre. Surtout qu'on s'était attaché à ce peuple fraternel, chaleureux, généreux, des gens ayant de belles valeurs humaines.

L'histoire est très captivante et prenante, le style de Bernard Assiwi m'a tout à fait séduite. C'est raconté un peu comme un conte avec la voix de la Mémoire vivante des Béothuks qui change d'identité au fil des années. On ressent la nature, comment elle guide les gens dans leur existence. Il y a beaucoup de douceur chez les Béothuks malgré les événements tragiques qu'ils vivent. Les descriptions de Bernard Assiwini n'ennuient jamais qu'il parle de chasses, de traditions, de relations sexuelles, de batailles, de fêtes...

Un roman historique que je recommande très fortement. On n'oublie pas. On n'en sort pas indemne. Je me sens en colère contre l'humanité, déçue, désabusée. Comment continuer après cette lecture à croire en l'être humain? Parce qu'on sait que le génocide des Béothuks n'était sans doute pas le premier de l'histoire de l'humanité et d'autres ont suivi après...

Je crois qu'on peut grandir avec cette histoire... remettre en question ses convictions et curieusement ça me donne le goût de faire du bien autour de moi.

Extraits :

"L'aïeul dit que le mensonge vient de celui qui n'a pas fait la différence entre son rêve et son désir. Entre son rêve et ses envies. Entre son rêve et sa capacité de le réaliser."

"Wobee assista à toutes ces effusions et apprit beaucoup sur la très grande solidarité de ces gens qui passaient pour des sauvages sanguinaires aux yeux des Européens venus pêcher sur les côtes de l'île."

"Méfie-toi des comparaisons avec ton pays d'origine. Tu es ici au pays des Béothuks."

"Quand nous ne serons plus, les non-autochtones tueront les loups. C'est ce qui se passe quand on a peur. Plutôt que de raisonner et de vaincre sa peur, on en détruit la cause."

Note : 4,75/5

Mousseline, tu m'as complètement conquise, je le note dans ma LAL et en rouge comme lecture prioritaire!

Il est dans Pal depuis un moment, ta critque le fait passer en Pal prioritaire

Je le note également et je vais d'ailleurs voir de ce pas si ma bibli le possède

Lacazavent, s'il n'est pas dispo à ta bibli je peux te l'envoyer

Je suis ravie d'avoir suscitée votre intérêt - surtout que c'est un roman qui apporte beaucoup à tout point de vue.

Par la suite, si vous avez encore envie de lire sur les Béothuks, je vous suggère :

Les voleurs de rivière de Michael Crummey : (http://www.ratsdebiblio.net/crummeymichael.html)

Je suis allée relire cette critique et là j'ai constaté que certains personnages de l'histoire revenaient, vraiment passionnant ce genre de romans!!!

un livre pour moi ça !!

je réitère mon offre, si un rat veut le lire et ne le trouve pas je peux le prêter

OK pour moi quand j'aurai un peu allégé ma PAL, j'ai deux LV qui s'annoncent
je te referai signe
merci Zozinette

C 'est quand tu veux Odilette, pas de soucis

Tu me rappelles de bons souvenirs de lecture Mousseline. C'est vrai que Bernard Assiniwi a une belle écriture. Je me suis rendu compte en allant sur le site de Renaud-Bray que plusieurs autres de ses livres sont disponibles. Cela me donne envie de me pencher la-dessus...

En tout cas merci Houppelande pour m'avoir fait découvrir ce livre et donner le goût de le lire!!!

zozinette a écrit:je réitère mon offre, si un rat veut le lire et ne le trouve pas je peux le prêter

Comme Odilette, je serai ravie que tu me l'envoie mais avant je dois faire baisser ma PAL, je te ferai signe quand le moment sera venue. C'est très gentil de ta part en tout cas

De rien Mousseline !

Mon avis sur La saga des Béothuks (LV de Zozinette) :
On suit ici l'histoire d'un peuple autochtone des Béothuks qui, par la force des choses, a été amené à disparaître suite à la colonisation de l'île de Terre Neuve.
L'auteur nous fait un récit sur un peu plus de 800 ans, se terminant par le décès de la dernière descendante de ce peuple, Shanawditith, en 1829 des suites de la tuberculose.
Ce livre n'a pas été un coup de coeur. Malgré tout, il ne m'a fallu que 2 jours pour en venir à bout.
Au départ, j'ai eu beaucoup de mal avec les termes béothuks utilisés par Bernard Assiniwi mais au final on s'y fait et cela donne une dimension très réelle à ce que nous vivons en avançant dans l'ouvrage.
On ne parle pas de jour mais de soleil en terme de temps; on ne parle pas d'année mais de cycle des saisons.
Autant dire que quand on a compris comment prendre cet ouvrage, on le lit facilement et on se laisse emporter par ce que nous raconte l'auteur.
On vit les scènes au travers de plusieurs personnages : Anin, le fondateur du clan, puis ses descendants : A-Enamin, Ooish, Wonaoktaé, Shanaditith (pour ceux dont j'ai retenu les noms mais il y en a bien d'autres).
Certains moments sont superbes à lire : comment vivent-ils ? quelles sont leurs us et coutumes ? quelle est la place de l'homme par rapport à la femme ? ...
Autant de questions dont les réponses nous sont données et qui méritent qu'on s'y attarde. On s'aperçoit alors que ce peuple autochtone était loin d'être aussi sauvage que ce que les colonisateurs le pensait.
Leur style de vie était bien différent de ce que les Blancs avaient l'habitude de voir mais cela ne leur enlevait pas l'attachement qu'ils éprouvaient envers leur conjoint, leurs enfants, leur famille. Ils étaient beaucoup plus attachés à leur clan que ce que nous pouvons l'être !
D'autres passages sont plus difficiles avec les massacres perpétrés par les Blancs sur ce peuple. Certaines scènes m'ont vraiment écoeurée (par exemple, une jeune femme enceinte se fait éventrer par un chasseur de fourrure et le foetus est mis sur le bout d'un baton !)
On peut difficilement accepter ce que ces hommes ont infligé à ce peuple. J'ai été choquée de lire de telles atrocités et ce n'est malheureusement pas la seule chose qu'ils aient faites.
Même s'il faut se placer dans le contexte de l'époque, j'avoue que j'ai du mal à adhérer à de telles choses car finalement le génocide existe toujours : il y a eu bien sûr celui exercé par Hitler lors de la Seconde Guerre Mondiale, mais encore plus près de nous, n'oublions pas celui du peuple rwandais dans les années 1990.
Même si l'ouvrage porte sur un passé très lointain, il n'en demeure pas moins que certains faits continuent d'exister aujourd'hui et qu'il est donc inacceptable de lire de telles horreurs.
La saga des Béothuks est un très bon ouvrage pour se rendre compte de ce qu'était la vie de ce peuple avant l'arrivée de l'homme blanc mais aussi et surtout pendant et après la colonisation de cette île qu'est Terre-Neuve.
Je ne regrette absolument pas d'avoir ouvert ce livre et je vous invite à vous plonger dans ce récit pour vous immerger dans la vie de ce peuple hors du commun mais qui, par la faute de l'homme blanc, a disparu de la civilisation.

Quelques extraits :
"Anin chassait Mamchet le castor, Kosweet le caribou et Odusweet le lièvre, en plus de tendre des pièges et des filets pour prendre Zoozoot la lagopède et les bouboushats du lac. Woasut dépeçait le gibier, séchait et fumait leur chair, entassait le tout dans des contenants d'écorce, confectionnait les vêtements chauds, isolait le mamatiks à l'aide de mousse séchée et rendait le lieu d'habitation le plus confortable possible en prévision de la période des neiges et du froid. Avant la tombée du jour, elle ramassait aussi le bois mort et l'entassait près du mamatik. Elle en avait besoin pour entretenir les feux servant à sécher et à fumer la viande et accumulait le reste pour chauffer l'habitation pendant la saison de la neige et du froid." (p. 70)

"L'homme la saisit par les cheveux de la main gauche et de la main droite, son grand couteau à la main, il ouvrit le ventre de la femme encore vivante et se débattant. Il se pencha alors, plongea les mains dans le ventre sanglotant de Basdic, en sortit le foetus, le fixa au bout du bâton avec lequel la jeune épouse de Bawoodisik creusait le sable pour trouver les coques. Puis, il leva le bâton au-dessus de sa tête pour le porter comme un flambeau. Plusieurs autres hommes arrivèrent en courant, félicitant l'Anglais d'avoir réussi cet exploit digne d'un grand guerrier : éventrer une femme vivante et exhiber un foetus de Béothuk." (p.352)
Ma note : 4/5

belle critique
mais c'est vrai que ça a l'air un peu dur parfois...
je fermerai les yeux !

Belle critique belledenuit, il est vrai que c'est très très choquant. Tous les peuples amérindiens ont beaucoup souffert de l'arrivée des Blancs sur le continent mais l'histoire des Béothuks ça surpasse de loin tout ce que j'ai lu. Dans l'histoire de l'humanité des choses aussi atroces se répètent un peu partout, l'esclavage par exemple.

Ce que je ne comprends pas c'est qu'encore aujourd'hui ça continue...

c'est avec une grande tristesse que je referme ce livre .
Il m'est rarement arrivé à la fin d'un ouvrage de me sentir aussi triste et touchée.
il est question d'histoire ici et elle n'est pas glorieuse.
On sait que l'homme blanc a fait beaucoup de mal, mais le lire ainsi avec tous ces détails est encore plus édifiant.
Assister à la naissance et à la mort d'une nation ...c'est terrible.
Esclavage, violence, incompréhension, exploitation des richesse, vol et détournement des ressources, meurtres gratuits, rien n'a été épargné à cette belle nation aux idées si grandes.
Je suis retournée d'avoir vécu ainsi de l'intérieur la souffrance de ce peuple admirable.
Ce livre m'évoque de nombreux autres peuples qui ont été décimés ou affaiblis, exploités spoliés de leurs droits et de leurs richesses quand ils ne demandaient qu'à vivre dans le respect de leurs traditions sur les terres qu'ils occupaient depuis la nuit des temps...
je relirai cet auteur ainsi que d'autres ouvrages sur ces "vieilles nations " comme les appelle Mousseline .
On a beaucoup à apprendre même de nos jours de leur philosophie de la vie.

deux citations
"le mensonge tue. "

"lorsque la vie se réduit à des souvenirs, la fin approche. Le monde avait été une suite de monde, la vie une suite de vies, la mémoire vivante, une suite de mémoires vivantes. Maintenant les nôtres n'auraient plus de lendemains."

je donne à ce livre la note de 5/5
même si c'est une triste note .

Ton commentaire Odillette, ainsi que celui de belledenuit, m'ont beaucoup émue en me rappelant des souvenirs de cette lecture.
Il est vrai qu'on en sort pas indemne, car c'est de la "vraie" histoire dont on parle ici. Et de voir chaque jour des personnes dans le monde qui souffrent de situations similaires, ça me met hors de moi.
On dit souvent que le devoir de mémoire est important pour que ces choses-là ne se reproduisent pas. Malheureusement, je trouve que l'humain n'apprend pas beaucoup de ses erreurs.

Très belle critique Odilette et je suis contente qu'on lise ce livre. Oui c'est une lecture souffrante... mais en même temps si riche sur l'histoire de l'humanité. Et je trouve que l'auteur a vraiment fait un excellent travail.

Je dirais que c'est une lecture "devoir"

Tu as raison Odilette, un devoir de mémoire.
J'avais lu la critique de Belledenuit, maintenant la tienne...
Elles sont bien belles et émouvantes toutes les deux.
J'ai noté ce livre, mais j'ai un peu peur car j'ai déjà trop tendance à penser à mes ancêtres et pas forcément en bien, alors...

B

Bernard Assiniwi, La Saga des Béothuks, Actes Sud, 424 p.

Pas grand chose à ajouter aux deux critiques précédentes.

Les histoires que nous conte Bernard Assiniwi parle de la difficile rencontre de l'autre, de l'incompréhension... Un roman excellent pour aborder la colonisation de l'Amérique du nord à partir du regard de ceux qui ont vu les Européens arriver.

A titre personnel, j'ai préféré la première partie, partie qu'elle est plus héroïque. On s'attache vraiment à la petite tribu, on s'imagine même avec eux. On voit chaque arbre, chaque chasse en détail. Dans les parties suivantes on change d'échelle et l'action n'est pas autant autant détaillée. Plus j'avançais dans le récit, moins j'étais séduit.

Cela reste tout de même un excellent livre, qui essaie de ne pas sombrer dans le manichéisme malgré le sujet... L'auteur parvient à compter la saga d'un peuple sur 800 ans ce qui est un tour de force.

Ma note : 4,5/5