Re: Bernard CLAVEL (France)

Liza_lou Sam 26 Mar 2011 - 12:44

L'or de la terre
Tome 2 de la série du "Royaume du Nord"

Partis conquérir les vastes étendues sauvages de l'Abitibi, les premiers colons sont rejoints peu après la première guerre mondiale par d'autres hommes et femmes attirés par les richesses inviolées de ce territoire plein de promesses. Le chemin de fer a mis à portée de main les forets, lacs et terrains de ce territoire immense où seuls les Indiens et les bêtes de la forêt osaient s'aventurer il y a encore peu. Mais plus encore, ce sont les trésors enfouis dans son sous sol qui attirent les hommes qui, tels des termites, creusent partout afin de mettre la main sur l'or de la terre...

Une merveille. Voici le premier mot qui me vient à l'esprit en parlant du deuxième tome du Royaume du Nord. Bernard Clavel n'a pas son pareil pour décrire les tourments de ces hommes et femmes qui quittent tout afin de faire fortune dans un territoire inhospitalier et encore sauvage. Rarement un écrivain n'avait su trouver les mots aussi forts pour décrire la peur, la détresse, la rage et la haine que peuvent s'inspirer les êtres humains entre eux. Prêts à tout pour acquérir la moindre pépite d'or.

Jordan est de ceux qui vont s'aventurer en Abitibi à la recherche de ces trésors. Et lorsqu'il met la main sur un gisement improbable d'or sur une île, la fièvre s'empare de la région. La mine attire des hommes de tout horizon, mais aussi des financiers en provenance des États-Unis, des femmes de petite vertu, des voleurs... A la force de ses bras, la sueur de son front, de par sa seule volonté et son courage, Jordan va créer un empire, son empire qui repose entièrement sur la soif de l'or, de toujours plus d'or. Et tandis qu'une ville se crée et s'organise à proximité de la mine, que celle-ci s'agrandit toujours plus, Jordan, lui, creuse encore et toujours plus dans sa mine. Sans fin...

Un récit bouleversant car terriblement vrai. On ressent une véritable émotion en lisant ce récit où on se prend d'empathie pour Jordan et tous ceux qui l'entourent. Des personnages secondaires magnifiques se détachent (Bastringue, Landry, Justine, les prostituées du bordel, le curé...) tandis que d'autres du premier volume du Royaume du Nord refont apparition (les Robillard notamment). On tremble, on frémit, bref, on vit à travers les lignes tracées avec émotion par Bernard Clavel. Un formidable hommage à tous ces hommes et ces femmes qui ont tout risqué, parfois en vain. Un immense coup de cœur!

Ma note : 5/5

gallo Sam 26 Mar 2011 - 15:47

Il manque encore le lien vers Bernard Clavel, auteur du mois de janvier 2011: Voici
Janvier 2011 - Bernard CLAVEL

géromino Mar 9 Avr 2024 - 16:02

Le Royaume du Nord

Tome 1 "Harricana" J'ai lu 1994 315 pages
Bernard CLAVEL (France) - Page 2 2529395604

Province du Québec (Abitibi-Témiscamingue) début XXe siècle. A quatre reprises, les Robillard ont tenté de s'installer sur des terres qu'ont leur a dit prometteuses. Hélas, ce sont des terres ingrates qui ne se prêtent pas à la culture. Raoul "l'oncle coureur des bois", expose son plan: plus haut vers le Nord, les deux branches du chemin de fer Transcontinental vont faire leur jonction. Aux abords de la rivière, il faudra construire un pont, il y aura besoin d'ouvriers en grand nombre, ce qui nécessitera l'établissement de structures de vie: magasin, laverie, cantine, ateliers de réparation, etc... Le travail ne manquera pas. Il faut seulement être les premiers...
Alban demanda:
_Le nom de cette rivière où on va, on n'a pas bien pu lire sur la lettre?
_Harricana.
Ils répétèrent tous le nom, gravement, lentement , pour s'en pénétrer.
Hochant la tête, Alban ajouta sans que ce fût vraiment sur un ton d'interrogation:
_Et ça coule vers le Nord.
_Ben oui tu sais, tout ce qui sort de terre après la ligne des crêtes s'en va par là-bas, vers la baie d'Hudson.

Une aventure de pionniers québécois en immersion dans le Grand Nord encore vierge de civilisation. Bernard Clavel excelle à raconter l'espace infini, le froid, l'aventure humaine. Je n'en dirai pas plus, il ne faudrait pas gâcher cette belle histoire.

Note: 4/5 (au minimum)

kattylou Jeu 11 Avr 2024 - 8:04

J'ai commandé Harricana tu m'as donné envie de le lire

Réaliste-romantique Sam 13 Avr 2024 - 20:18

Maudits Sauvage
1989

Récit de la construction du complexe hydroélectrique La Grande dans le Nord du Québec dès années 70 à 80 du point de vue des Wabamahingans, une communauté autochtone (imaginaire) qui habite sur une île dans la rivière, près de St-Georges-d’Harricana. Dans les années 70, il y a encore des anciens qui ont grandi avec surtout les pratiques traditionnelles, mais la nouvelle génération préfère les maisons solides et la modernité.

Le livre raconte la folie médiatique, les tentatives de charme (authentique ou non), les souvenirs de trahisons passées, des histoires de chasse, les conflits entre résister à tout prix ou accepter un compromis, et les conflits internes de la communauté, surtout entre les jeunes et les moins jeunes. L’auteur insère aussi des éléments réels de cette période, comme les grèves et les sabotages sur les chantiers, et la mort de 10 000 caribous noyés lors de la traversée d’une rivière pendant la migration, en 1984 (mais pas 20 000 comme dans le livre et les médias de l’époque).

Le récit est bien construit, les scènes au village sont entrecoupées d’extraits de journaux contemporains, ou encore des lettres et récits qui remontent même aux Jésuites. Je me souviens un peu de cette période, des affrontements mais surtout de l’épisode des caribous. Je trouve fascinant que le livre ait été écrit seulement 5-15 années après les événements dépeints, mais qu’aujourd’hui nous sommes à 35 ans de sa publication. Les personnages sont attachants, et le livre dépeint la fin d’une époque, la disparition d’une époque et d’un savoir. Mais en même temps, il y a plusieurs choses que j’ai moins aimé. D’abord les descriptions très détaillées et un peu lourdes, ce qui m’a semblé un style daté (mais c’est effectivement vieux de 35 ans).
Ensuite, peut-être mon regard en direct du Québec, et 2024 au lieu de 1989: je n’aime pas la vision du “bon sauvage” qui cantonne l’autochtone dans la posture du “c’était mieux avant”, que tout ce qui est traditionnel était bon et la modernité mauvaise. Au moins dans le livre, on voit que certains ont envie d’électricité, de modernité. Sauf que c’est toujours dépeint négativement, même les soins modernes. C’est bien de vouloir se traiter au thé du Labrador, l’écorce de saule peut faire baisser la fièvre (l’acide salicylique vient de là), sauf que souvent vaut mieux avoir une salle d’opération moderne et des médicaments du XXe siècle si on veut vivre un peu plus longtemps.
Les conflits internes de la communauté sont montrés comme étant seulement causés par les Blancs, mais les Autochtones ne sont pas une seule unité, et même à l’intérieur des tribus il y a des scissions, des combats (et aujourd’hui parfois de la forte corruption).
Et ceux qui choisissent le compromis, d’aller habiter dans la nouvelle ville sont des traîtres qui ont perdu leur âme, errant devant le bingo en zombies… Sauf que leur mode de vie est plus écologique que sur l’ile, car leurs maisons sont branchées au réseau au lieu de brûler du pétrole dans les génératrices… Et pourquoi eux aussi n’auraient pas le droit à la modernité et un peu plus de facilité pour vivre (parce qu’il y avait de nombreux décès jeunes dans un mode de vie traditionnel), alors que le reste de la population peut faire ce choix? Pour tomber moi aussi dans le stéréotype, je dirais que c'est le cas classique du Français émerveillé par les grands territoires du Canada et qui en a une vision bucolique et nostalgique, du temps de la gloire de la Nouvelle-France. Wink

Mais j’ajoute quand même l’occupation du Nord s’est souvent faite dans le non respect des Autochtones, et il y a du racisme encore implanté dans la société québécoise, on le voit malheureusement régulièrement. Mais je doute que la solution soit de s’isoler chacun de son côté de qu’au nom du respect des traditions on dresse une barrière. Comme on peut le voir dans les reprises de chansons rock d’Elisapie et des oeuvres de jeunes artistes qui mélangent tendance techno-rap et chants traditionnels : les jeunes Autochtones sont attirés par les mêmes choses que les jeunes du reste de la planète. La solution me semble plus dans l’intégration harmonieuse que l’affrontement. Et beaucoup de communautés ont pris cette approche en enseignant à nouveau des pratiques traditionnelles pour aider les jeunes avec des difficultés de consommation, afin de reprendre possession de leurs racines, même lorsqu’ils habitent de grandes villes.

Sur le lien familial : mon grand-père est cité dans les remerciements, mais ce n’est pas tellement ce volume qui peut rejoindre son expérience et ses souvenirs, plutôt les précédents. Sauf que j’ai toutefois eu deux oncles qui ont travaillé sur ces chantiers. Ils partaient quelques semaines, travaillaient sans arrêt, et descendaient dans le sud vers leur famille pour une semaine de congé, puis repartaient. Mes cousins ne les voyaient pas souvent, et un a eu un accident qui aurait pu être très grave (le camion géant qu’il conduisait s’est renversé et il est resté longtemps le bras coincé dessous) mais heureusement sans conséquence à long terme.

3,5/5

RR

géromino Sam 13 Avr 2024 - 20:57

Hé bien, RR, il y a de la matière à réflexion dans ta critique suprêmement intéressante! J'ai lu ce livre dans les années 80 et mon souvenir n'est pas très précis, hormis une sorte de plaidoyer vibrant en faveur de la cause indienne. Une lecture qui ne touchera pas l'âme de la même façon qu'on se trouve d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique. Mais j'y reviendrai au moment de ma critique future sur ce livre (plus que 5 volumes wink

).

Dkois Mar 16 Avr 2024 - 16:53

MALATAVERNE
Bernard CLAVEL
J’ai lu / 187 Pages
036/2024

Résumé (Source Quai des livres)

Ils sont trois, trois copains très différents, réunis par le hasard dans un bourg du Jura. Ils ne sont pas - du moins pas encore - des voyous. Seulement des gosses incompris de leurs parents, livrés à eux-mêmes, incapables de s'insérer dans notre société. Enhardis, grisés par un vol de fromages, ils décident de tenter " le grand coup ", à Malataverne. Et ils sont seuls. Seuls face à leur conscience et à l'hostilité du monde.

L’auteur, le livre et moi

Voici un auteur que je n’avais jamais trouvé utile de lire. Pour preuve, l’édition « J’ai lu » en ma possession se morfondait depuis des décennies au fond de mon sous-sol. Il appartenait à mon épouse, qui l’a lu à son adolescence. Il date de 1979, elle avait donc 13 ans. Je pense d’ailleurs, que le marketing de l’époque des éditions "J'ai lu" n’est pas étranger à cette forme de rejet. Dans les années 70/80 leurs couvertures étaient assez kitch et encore maintenant en bouquinerie, les romans « J’ai lu » n’attirent pas mon attention. La couverture de ce roman, représente le portrait d’un jeune adolescent qui renvoie l’image d’un roman pour … adolescent. Mais l’heure est venue de passer outre les préjuger. C’est le quadri de Bernard Clavel, l’occasion ou jamais de découvrir l’une de ses œuvres.

Mon avis

Alors roman pour adolescents ? Oui et qui permettait à son époque d’ouvrir leur esprit à la lecture, comme on put également le faire des Hervé Bazin, des Gilbert Cesbron, et quelques autres qui rappelleront de bons souvenirs aux plus anciens d’entre nous. L’histoire est courte et captivante. L’écriture est accessible. Les bons éléments sont donc réunis pour donner envie de « re-lire ».
Oui, mais 50 ans de lecture plus tard ? Eh bien je me suis pris au jeu de l’aventure et des sentiments qui l’accompagnent. Un petit côté « clan des 7 » pour débuter, mais le réalisme a pris le dessus au fil des pages pour transformer les péripéties de jeunes garçons, en comédie dramatique pour reprendre un terme cinématographique.

Je suis ressorti satisfait de cette lecture avec une pointe de nostalgie du temps de mes premières années de lecture.

Ma note 3.5 / 5

Pistoufle Mer 17 Avr 2024 - 19:42

La grande patience
Tome I / IV - La maison des autres
J’ai Lu - 487 pages - 1974

Bernard CLAVEL (France) - Page 2 CVT_La-Grande-patience-tome-1--La-Maison-des-autres_5831

Bernard CLAVEL (France) - Page 2 CVT_La-Grande-patience-tome-1--La-Maison-des-autres_5831

Quatrième de couverture : Dole, 1937.
Julien Dubois a quitté l'école et la maison de ses parents. Il a quatorze ans. Apprenti pâtissier, il découvre le travail des humbles, l'humiliation et l'injustice. Mais aussi la douceur et la beauté des femmes. Et bientôt, la guerre qui monte...

Mon avis : Je m’étais promis de ne pas commencer de nouvelle saga avant d’avoir terminé celles en cours, mais je me suis laissée tenter par ce premier tome de Bernard Clavel, auteur du quadri.
Quel régal que cette tranche de vie, ou les 2 ans d’apprentissage de Julien chez un maître pâtissier aussi odieux que malhonnête. On retrouve tous les éléments savoureux de ce type de lecture que l’on pourrait qualifier de “terroir” : un décor régional bien rendu (ici Dôle et plus généralement la campagne jurassienne), des personnages attachants, que l’on aime ou que l’on adore détester, une analyse fine des comportements humains, dans ce qu’ils ont de plus mauvais parfois, une écriture franche, non dénuée d’humour, qui fait la part belle aux descriptions et aux dialogues.
J’y ai retrouvé un peu de la verve d’Henri Troyat dans sa saga Les semailles et les moissons, en moins sentimental peut-être (mais notre héros ici n’a que 14 ans)
Un excellent moment de lecture donc. Seul hic : voici 3 autres romans qui viennent alourdir ma LAL wink

Ma note : 4/5

géromino Mer 17 Avr 2024 - 20:00

Le Royaume du Nord

Tome 2 "L'Or de la terre" J'ai lu 1988 315 pages
Bernard CLAVEL (France) - Page 2 OIP.kfZna0WSp212a602UePS6AAAAA?w=116&h=184&c=7&r=0&o=5&pid=1

Un peu plus au nord et plusieurs années après le tome précédent (après la Guerre de 14, en tout cas).
Maxime Jordan, un coureur de bois audacieux, pense avoir trouvé un gisement d'or sur une île perdue au milieu d'un lac. Accompagné de Germain Landry, un solide gaillard plein de bonne volonté, ils commencent la prospection. Bien vite, avec l'aide de financiers plus ou moins obscurs, se développe une entreprise minière qui dépasse toutes les prévisions des deux associés. C'est bientôt une effervescence industrielle phénoménale qui prend place dans un espace, jusque là vierge, où l'homme n'avait que peu d'influence. Le projet minier et surtout l'appât du gain, attire mineurs, bûcherons, ouvriers, employés de restauration, prostituées... En quelques mois, un monde neuf va surgir de nulle part.

Deuxième tranche de ce Royaume. Clavel est toujours au plus près de l'humain, avec des mots simples, et une histoire qu'on ne lâche pas de la première à la dernière phrase!

Note: 4,5/5

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