Martin WINCKLER (France)

De : Laetitia (Message d'origine) Envoyé : 2002-11-09 15:21

La Vacation

Bruno Sachs est médecin. deux fois par semaine, il travaille au centre d'orthogénie, où il pratique des IVG. Avorteur, avortées, instruments aux formes et aux bruits bizarres peuplent ce roman inspiré de la vie de l'auteur. Le héros est un homme normal, qui pratique des avortements par conviction, et qui le fait avec douceur et respect, par amour des femmes. C'est un homme normal, qui est troublé devant la beauté de certaines patientes, la passivité d'autres, le malheur de certaines. Pas de regard supérieur, ni apitoyé, et encore moins moral. Le héros est aussi un homme qui écrit, qui se cherche, que l'on imagine marchant sur ses lacets en rencontrant la femme de sa vie.

Un roman à l'écriture croisée et déstructurée, que l'on déguste par petits bouts, et que j'ai pris en pleine figure. C'est le premier livre de Martin Winckler, un homme passionné, engagé, un grand écrivain. Ce sont aussi les premiers pas dans l'existence de papier de Bruno Sachs, le héros de "la maladie de Sachs", prix du Livre Inter (quelle année? J'ai oublié) qui a rencontré un succès populaire mérité. 4/5




De : Laetitia Envoyé : 2002-11-15 04:31
"C'est grave Docteur" de Martin Winckler
Ce n'est pas un roman, mais un livre de réflexions sur les maux et les mots. Les maux d'abord : Martin Winckler passe en revue les principaux "lieux de souffrance" des patients, le ventre, la tête, le sexe, et décrypte ce que ces maux signifient. Un mal de coeur symptôme d'une crainte de mourir, des maux de dos synonymes de lassitude, des maux de sexe qui évoquent une insatisfaction sexuelle...
Les mots : ceux qu'emploie le médecin, ceux qu'emploient les patients. Et comment se comprendre malgré les divergences de vocabulaire. Au passage, il tape à bras raxccourcis sur les médecins qui se prennent pour le Tout Puissant, et invite tous ses collègues à accepter leur faiblesse, leur part de doute pour se mettre davantage à l'écoute de ceux qu'ils sont censés soigner.
Le livre est bien écrit, mais c'est un livre de bavard, qui écrit facilement, et qu'on prend plaisir à lire comme à écouter. Il aurait quand même pu aller plus loin, on en réclame plus, plus d'expériences, des chapitres plus développés. 3,5/5




De : Rotko21 Envoyé : 2004-12-06 05:50

Martin Winckler, Mort in vitro, Fleuve Noir.

2266141651

Le "patient" a bon dos !

Martin Winckler propose, dans un cadre précis(1), un roman policier dont l'intrigue criminelle est à usage didactique. Il montre notamment les compromissions de la recherche médicale avec la politique commerciale de laboratoires pharmaceutiques. D'où des dérives dont l'actualité a déja offert plus d'un exemple scandaleux, où la population tient le rôle de victime.

La "narration éclatée", qui juxtapose récit et pièces de dossier, donne à l'intrigue, surtout au début, un élan qui incite à une lecture vigilante. Cette attitude permet au lecteur de décrypter le texte et l'actualité. D'où un jeu d'initié : voir dans les titres de chapitre des clins d'oeil à des oeuvres connues, et surtout reconnaître au fil du texte les pratiques lucratives de certains médecins et organismes qui sacrifient la santé publique au culte du veau d'or. Initiative intéressante à une époque où on culpabilise le public sans revoir de fond en comble la politique de santé.

D'autres ouvrages, non policiers, de Martin Winckler abordent efficacement ces problèmes , et vous en avez bien parlé. :-)




De : la-grande Envoyé : 2005-01-31 09:02

La maladie de Sachs
Éditions J'ai Lu - 625 pages.

Résumé: Bruno Sachs est un médecin de campagne - il voit des patients à son cabinet mais il fait aussi des visites à domicile. Il rencontre et soigne des gens malades d'autres qui se croient malades - femmes, hommes, enfants, jeunes, vieux, il soigne tout le monde sans préjudices. Malgré le fait qu'on sent que c'est un médecin plein de compassion qui prenne le temps d'écouter ses patients, on sent aussi un grand désespoir chez cet homme secret et probablement un peu taciturne.

Appréciation: J'ai beaucoup aimé. Le livre est écrit sous forme de "journal" - des anecdotes racontées par les patients et la secrétaire de Sachs, mais on retrouve aussi les impressions de celui-ci dans ses carnets (il écrit un livre). C'est un roman où l'auteur choisit de nous donner l'information un peu au compte-goutte - on apprend un peu plus sur le Dr. Sachs et sa vie mais aussi sur ses patients au fil de la lecture... déroulement lent, descriptions successives de maladies, de problèmes, de bobos.

J'ai été touchée par ce personnage... je ne pensais vraiment pas qu'il pouvait encore exister des médecins qui pratiquent ce genre de médecine. Le Dr. Sachs est un médecin raté (il aurait aimé être écrivain) mais il a décidé de pratiquer la médecine avec une sensibilité et un don de soi remarquables.

Les dernières pages sont particulièrement frappantes, voici quelques extraits:

"Aimer c'est être impuissant contre le temps, et en avoir conscience."

"Aimer, c'est savoir que si l'on ne meurt pas le premier, on verra l'autre mourir"

"Écrire, c'est mesurer la perte"

Un beau moment de lecture

Note: 4.5/5




De : docguillaume Envoyé : 2007-04-14 11:53

La maladie de Sachs Martin Winckler


C'est en me baladant sur le site que j'ai appris l'existence de cet auteur, médecin, et je l'ai noté dans ma liste en me disant que je lirais La maladie de Sachs un jour, un peu rebuté tout de même par la taille du bouquin.
Puis un des professeurs de ma faculté qui nous parlait de son expérience de généraliste dans une petite bourgade de 3000 habitants nous a donné en référence La maladie de Sachs en disant que c'était un livre exceptionnel à lire absolument. Comme ce prof était très sympa et extrêmement pédagogue avec les étudiants en troisième année de médecine que nous sommes, semblait avoir à coeur son métier, je n'ai plus hésité et suis allé emprunter le bouquin.

Dès les premières pages, j'ai été surpris par l'écriture et cela m'a assez découragé. En effet, l'auteur raconte la vie d'un médecin de campagne, Bruno Sachs, à travers ses patients. Par exemple il écrira : Tu poses la malette de cuir noir sur le coin de la table, sors le stéthoscope et tu gonfles la poire du brassard. Le "je" dans le roman, c'est toujours un patient, la secrétaire ou un collègue de Sachs. Jamais Sachs lui-même. Cela m'a fait vraiment bizarre car je m'attendais à un récit biographique à la première personne, mais La maladie de Sachs n'est pas les mémoires d'un médecin. C'est la vie d'un médecin raconté à travers la vie de ses patients.

C'est une succession de personnages avec des anecdotes qui dépassent rarement la demi-page. Souvent des petits bobos, des bleus à l'âme, un renouvellement de pilules vertes,.. mais parfois des cas bouleversants tel ce patient qui consulte pour un bruit bizarre lorsqu'il respire et où il apprendra après examen qu'il a une maladie grave.
Sachs est souvent appelé pour voir un patient au fin fond de la campagne et on découvre des gens pas ordinaires, telle cette vieille femme qui vit avec son fils handicapé qui est un ivrogne.

Ce qui est amusant, c'est la description des petits rituels lorsqu'on se rend au cabinet d'un généraliste. On a vraiment l'impression de revivre nos propres expériences : la salle d'attente et les enfants qui font du bruit, la longue attente du médecin, la petite grand-mère qui serre son sac-à-main, celui qui a oublié son porte-monnaie. La porte du médecin qui s'ouvre, on s'allonge sur le lit, il nous prend la tension. "Combien j'ai ?"
Puis la feuille brune pour la sécu, l'ordonnance, "combien je vous dois ?", la mamie qui tend un chèque tout fait...

La véritable force de ce livre, c'est qu'il met en lumière la façon dont les gens perçoivent le médecin puisque il est écrit à la deuxième personne (tu). Pour l'auteur, cela a dut être une grande remise en question car il lui aura fallu quitter ses habits de médecin et redevenir un patient, pour imaginer la façon dont les gens perçoivent les hommes en blouse blanche, pour sans doute redescendre de son piédestal et ne jamais oublier que derrière la maladie, l'organe pathologique, il y a un être qui souffre.

J'ai parfois retrouvé dans le livre une expérience personnelle. Sachs est alors externe (étudiant entre la 4e et 6e année de médecine) et lors de la visite, le chef de service lui demande pourquoi le patient pleure. Sachs ne répond pas, et désigne seulement les étudiants, les internes, les infirmières, les aides soignantes, en plus des deux patients dans la chambre. Une vingtaine de personnes... Cela m'a rappelé un jour que j'étais en stage de neurologie et nous étions treize à regarder le professeur examiner un malade hémiplégique... Ou une autre fois où une femme s'était mise à pleurer car nous avions tous défilé pour écouter son souffle au coeur (elle avait accepté d'être examinée mais avec résignation).

Mais j'ai trouvé que La maladie de Sachs est long à lire. Il faudrait le lire par petits bouts, pendant 2 ou 3 mois car parfois on sature de ces anecdotes. Il y a des passages bien écrit et d'autres franchement longs. Par exemple lorsque Sachs rencontre une femme et qu'ils démarrent une relation qu'on croirait sortie d'un roman à l'eau de rose avec d'incessants vouvoiements. Il y a également plusieurs scènes avec un ami australien franchement ennuyeuses.

En conclusion, je dirais qu'il faut avoir une bonne raison de lire ce livre. Par envie de découvrir la vie d'un médecin, ou pour ceux qui appartiennent au domaine médical et qui voudraient se mettre dans la peau des patients afin de bien agir face à eux.

Difficile donc de noter ce livre. Je ne dirais pas qu'il m'a transporté. Mais malgré des longueurs, il y a de bons moments, de beaux passages d'écriture .

Note : 4/5

LE CHOEUR DES FEMMES (éditions P.O.L août 2009) 4,75/5

Résumé: Une fois encore Martin Winckler( Médecin de formation) nous entraîne dans un roman se déroulant dans le milieu médical.
Jean dont on ne sait pendant les premières pages s'il s'agit d'un homme ou d'une femme (et je vais essayer de garder le suspens ...) est interne en gynécologie. Majeur de promo, son rêve est de pratiquer la chirurgie réparatrice gynécologique, mais avant il y a un passage obligé dans un service de gynécologie médicale dans un petit hôpital de province. Ce service est dirigé par un médecin hors du commun, Franz Karma. Ce médecin à l'aspect bourru au départ est avant tout un grand humaniste. Il passe ses journées à recevoir des femmes qui viennent lui raconter leurs problèmes gynécologiques mais aussi s'épancher sur les petits ou gros soucis de leurs vies.
Le roman est tout à la fois une collection de portraits de femmes , une réflexion sur la médecine et les moyens de l'exercer et le parcours de Jean dont l'histoire passée et présente s'imbrique petit à petit.
Quel effet aura ce "passage au purgatoire" sur Jean et son avenir dans la profession?

Mon avis: Exerçant dans le secteur de la santé, je suis une grande fan des romans de Martin Winckler.
Comme dans tous ses romans, il nous démontre qu'il peut exister une médecine humaine dans laquelle le seul but est de soigner, soulager et si possible guérir. Mais tout cela commence par L'ECOUTE du patient.
Les nombreux portraits des femmes qui défilent dans le service sont criants de vérité.
Les deux personnages principaux Jean et Franz sont attachants n'hésitant pas à remettre en cause leurs certitudes.
J'ai été très surprise par la dernière partie du roman où l'auteur nous dévoile enfin les histoires personnelles de ces deux médecins.
En un mot je recommande ce roman à tous ceux qui aiment voir ce qui se passe dans le milieu médical.

Résumé

Il a été très bien fait par Dodie.


Mon avis

J'ai aimé le rythme original de ce roman, les passages sur ces deux médecins, entrecoupés par la vie de leurs patientes est très agréable à lire.
J'ai été un peu perdue dans les premières pages parce qu'on ne sait pas si c'est un homme ou une femme mais la surprise passée je me suis laissée aller au bonheur de l'écriture,à la simplicité et la complexité des personnages. Toutes les femmes rencontrées au fil des pages sont émouvantes.
Ecriture polyphonique puisque les narrateurs ( Karma, Atwood, les femmes ) se succèdent pour prendre la parole.
J'ai suivi avec énormément de plaisir le parcours et certains changements dans la vie de Jean Atwood ( comme Dodie j'essaie de garder un peu le suspens pour les suivantes qui le liront) .
Par contre les 50 dernières pages m'ont un peu déçues, tout était trop cousu de fil blanc, ça s'enchaîne à une vitesse folle et j'ai eu une petite impression de bâclée qui gâche un peu cette très bonne lecture.


Ma note

4.5/5

Et un de plus sur ma LAL, il va vraiment falloir que je pense sérieusement à lire plus souvent les livres que j' y note !

roman polyphonique écrit avec beaucoup d'acuité.
l'auteur est tout à la fois homme, femme, médecin endurci, médecin engagé et chaque fois on ressent la réalité et l'authenticité du propos.
Ce roman ne peut que faire écho au vécu de chaque femme qui le lira.
On aimerait tous rencontrer des médecins comme ceux décrits dans ce roman.
Ce qui en fait la profondeur, c'est que l'on ne peut pas écrire ainsi sans réellement savoir de quoi on parle et avoir profondément réfléchi à la profession de soignant .
je découvre que des personnages de ce roman sont récurrents au moins un ...

Toutefois (eh oui ...), je n'ai pas du tout mais pas du tout aimé les derniers chapitres...cousus de fil blanc ...on s'en doutait depuis bien longtemps ...de plus l'histoire familiale de Jean ...bon ....c'est presque Zola ...
de plus, j'ai trouvé quelques longueurs (dans les réflexions des patients par exemple)
C'est donc une lecture très intéressante, mais pour ma part, j'ai fait le tour de la question et ne suis pas attirée par d'autres livres de cet auteur
3,5/5

Martin Winckler
La vacation
255p
éditions : "j'ai lu"

Quatrième de couverture:
Chaque mardi après-midi, Bruno Sachs, médecin généraliste, quitte son cabinet pour se rendre à l'hôpital. Là, il pratique des avortements. Apparemment, cette activité est routinière : Bruno reçoit les femmes qui demandent une IVG, retourne les voir dans la chambre ou elles se reposent, rencontre d'autres patientes en consultation puis regagne son cabinet.
Mais sous l'apparence glacée de ces rituels, Bruno n'est pas indemne de la souffrance des femmes, de leurs silences, de leurs culpabilités, des violences familiales, conjugales, sociales et parfois médicales qu'il devine derrière leur décision. S'il ne remet en question le droit de choisir, il souffre aussi lui aussi du silence qui masque la réalité : une IVG, ce n'est jamais "banal" ;une IVG, ça fait souffrir tout le monde-les soignants comme les femmes. Au fil des mois, chargé du poid toujours plus grand des histoires dont il est témoin, Bruno tente de transcrire ce qu'il a vu, entendu et ressenti, et d'en faire un livre.

Mon avis:
Ce roman est le quatrième de Martin Winckler que je lis. J'avais beaucoup aimé tout d'abord "la maladie de Sachs" qui a reçu le prix inter en 1999. Puis "les trois médecins" et enfin "le choeur des femmes".La vacation, est en fait son tout premier roman . Il y introduit le personnage de Bruno Sachs, médecin généraliste de campagne qui pratique des avortements lors de vacations hebdomadaires à l'hôpital.
Ce livre a été assez dur à lire pour moi. Autant sur le fond que sur la forme.Les gestes médicaux , ainsi que les instruments médicaux y sont décrits avec une précision toute médicale d'ailleurs.D'une façon "aseptisée", mécanique . Les sentiments n'ont pas ici leur place.
L'écriture est assez difficile car l'auteur à certain chapitre coupe les mots, mélange la narration et ses pensées.Son écriture est "à vif" comme les sentiment de cet homme qui n'a personne à qui parler de cela. Sûrement est-ce la raison pour laquelle il a besoin de mettre sur papier ses impressions, sa colère, son désarroi.
J'aurai aimé avoir plus de développement sur l'histoire de ses femmes qui ont choisi de ne pas mener leur grossesse à terme. Mais ce livre est avant tout basé sur le vécu du praticien qui parle des femmes à mon avis de façon assez maladroite. Sans doute pour se protéger.
Roman , donc assez différent des autres, que j'ai moins apprécié ,mais qui reste toutefois très interessant si ce n'est pas le sujet évoqué et l'engagement de ce médecin.

ma note: 3,5/5

Super Nitou . Je te l'emprunterai à l'occasion. Et puis pour moi, le docteur Sachs, c'est définitivement Albert Dupontel

Merci Clochette ! Je te le prête quand tu veux !

En souvenir d'André

• Broché: 208 pages
  
• Editeur : P.O.L (4 octobre 2012)
  
• Collection : Fiction
  
• Langue : Français
  
• ISBN-10: 2818016924
  
• ISBN-13: 978-2818016923
  

Extrait:
D'abord, l'officier d'état civil a examiné tes papiers d'identité et
constaté que ton nom, ta date de naissance et ton numéro matricule sont
identiques à ceux qu'indique le document officiel. Puis il a consulté le
dossier administratif attestant que le patient a bien subi - j'utilise
le mot à dessein - son entretien psychiatrique. Que l'expert y affirme
son bon équilibre mental et souligne l'absence de signes de dépression.
Que la maladie est incurable et que, quoique bénéficiant de soins
palliatifs de qualité, le patient a exprimé sa demande auprès de trois
médecins différents, à trois semaines d'intervalle, comme la loi
l'exige. Et que tous ont donné leur accord.
Une fois ces précautions
prises, il t'a permis de lire le dossier. C'est un document médical
anonyme, un peu technique : il retrace l'itinéraire du patient depuis
les premiers symptômes, passe en revue les examens diagnostiques, les
choix thérapeutiques effectués en conformité avec l'état des
connaissances, la longue phase de rémission de cinq ans, les deux
récidives et leurs traitements - manifestement efficaces puisqu'ils lui
ont valu, respectivement, quatre ans et vingt-sept mois supplémentaires
de répit. Pour en arriver à la rechute survenue il y a neuf mois, avec
la découverte de lésions disséminées dans plusieurs organes vitaux,
parmi lesquels le foie, les deux poumons, la colonne vertébrale et,
possiblement - mais il a refusé l'examen qui aurait permis de le
confirmer - le cerveau. Tu as lu tout cela avec curiosité et le malaise
qu'on éprouve en découvrant des secrets qui ne nous appartiennent pas.
Mais c'est la règle : que tu décides ou non de prendre contact, tu dois
le faire en connaissance de cause.
Ton imagination s'envole. C'est
comme ça, tu n'y peux rien, tu as besoin de remplir le vide et de le
peupler de figures en trois dimensions, même floues. Comme d'autres
l'auraient fait à ta place, tu t'es préparé à rencontrer une épave, un
corps humain replié de douleur, amaigri par la maladie, déformé par les
interventions qui lui ont retiré un organe par-ci, un organe par-là, et
cloué au fauteuil ou au lit, bardé de tuyaux divers et variés.
Mais
tu fais erreur. La maladie n'a pas dévoré un organe vital, elle a pris
naissance dans une multitude de localisations et le patient a été traité
par chimiothérapie, non par la chirurgie. Jusqu'à sa rechute, il y a
quelques semaines, il était parfaitement valide. Selon les dernières
observations - effectuées juste avant qu'on te communique le dossier -,
il était en parfaite possession de ses moyens intellectuels. Certes, il
est âgé - soixante-dix-sept ans -, mais au jour d'aujourd'hui, vu le
nombre et l'état des centenaires, les moins de quatre-vingts ans sont
souvent de première jeunesse.

Quatrième de couverture:
ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête et donnait la phrase rituelle: "En souvenir d'André".
je me rendais à l'adresse indiquée et là. je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom.
Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer je l'arrêtais très vite. " Je vais d'abord m'occuper de la douleur"


Revue de presse: ( site Amazon.fr)

Bon, d'accord, sur la couverture du livre il est marqué que En souvenir
d'André est un "roman". Par prudence devant la loi ? On se doute bien
que toutes ces histoires de fin de vie, d'assistance à des malades, sans
espoir, qui en ont marre de n'être plus que des corps épuisés, le
docteur Martin Winckler ne les a pas toutes inventées. Il en a vécu dans
sa chair, dans sa tête, dans son âme, dans sa conscience. Le narrateur,
spécialiste des soins palliatifs, travaille à l'unité de la douleur. Il
aide à mourir plus vite les mourants qui le désirent, qui le veulent,
qui l'exigent parfois. Avec ce médecin-là, l'auteur de La Maladie de
Sachs doit avoir plus que des affinités. Des expériences communes, des
paroles et des actes identiques. Sinon le "roman" n'aurait pas cette
force inaccoutumée qui émeut, dérange et interpelle. (Bernard Pivot - Le
Journal du Dimanche du 7 octobre 2012 )

Ecouter les malades.
Refuser la condescendance des médecins toujours pressés et fuyants. Et
avant tout, apaiser la douleur. Ces principes reviennent dans l'oeuvre
de Martin Winckler, écrivain et médecin, convaincu et combatif, depuis
La Vacation (1989) et La Maladie de Sachs (prix du Livre Inter 1998)...

Cette fois, c'est le thème crucial et controversé du suicide assisté
qui est au coeur du combat littéraire et social de Winckler...

Winckler le sait : il joue avec les mythes et les symboles, tel un
Fantômas de la seringue. C'est en privilégiant cette forme romanesque
qu'il atteindra le plus grand nombre - quitte à en froisser plus d'un -,
obligeant chacun à réfléchir (Christine Ferniot - Télérama du 10
octobre 2012 )

Romancier et médecin, installé à Montréal, il
exerce son art dans des domaines multiples. " En souvenir d'André "
greffe ses obsessions sur une nouvelle forme narrative...
Le suicide
assisté est le sujet central de ce court roman, qui apparaît comme un
reflet inversé de Trois médecins ou encore du Choeur des femmes (POL,
2004 et 2009), énormes machines romanesques, inspirées, respectivement,
des Trois Mousquetaires et de comédies musicales, traversées par la
question du droit des femmes à disposer de leur corps. En souvenir
d'André, lui, est un texte à l'os, qui ne s'intéresse donc plus au "
faire naître " (ou pas), mais au " aider à mourir ". Ce sont surtout des
hommes qu'Emmanuel Zachs accompagne vers la fin...

Le livre n'est
pas moins généreux, ni efficace, sur un plus petit nombre de pages, que
les délectables pavés précédents. Et le plaidoyer pour une médecine
humaniste, exercée par des soignants plutôt que par des médecins,
fonctionne toujours. Mais sa vraie réussite tient aux récits de vies
qu'Emmanuel Zacks a consignés et qu'il restitue, dans un dispositif
narratif évoquant, forcément, celui de La Maladie de Sachs. (Raphaëlle
Leyris - Le Monde du 25 octobre 2012 )

Sur un sujet risqué,
Martin Winckler réussit un roman d'initiation d'une grande force,
édifiant (sur la pratique des "cocktails" ou la gestion humaine et
médicamenteuse dans les hôpitaux), mais qui, tout en étant ouvertement
engagé, ne saurait se réduire à une thèse - on ne révélera rien de la
seconde partie, ni de l'importance d'une femme, Nora. Il nous rappelle
aussi que, dans la littérature comme dans la vie, il y a toujours des
failles. Et que "tout le monde a des secrets. Et quand ce n'est pas un
secret, c'est un regret, une parole jamais dite, une question sans
réponse". (Baptiste Liger - Lire, octobre 2012 )




très bel écrit. Winckler est toujours aussi militant, cela fait plaisir....Est-ce que cet ouvrage permettra d'ouvrir une fois ce débat en France? il semble rester assez pessimiste:
...l'Eglise a condamné. Le Sénat a crée une commission d'enquête.
Certains députés ont pris des positions courageuses et perdu leur siège. D'autres en ont adopté de très ignominieuses et remporté le leur....
pour les rats que le sujet intéresse, je recommande vivement. C'est bien écrit et je suis bien sûr que tout le monde rêverait d'avoir un médecin comme Emmanuel Zachs à son côté....
4.5/5

les invisibles

• Poche: 277 pages
  
• Editeur : Fleuve Noir (12 mai 2011)
  
• Collection : Thriller
  
• Langue : Français
  
• ISBN-10: 226508381X
  
• ISBN-13: 978-2265083813
  

présentation de l'éditeur:
Charly Lhombre, médecin légiste en congé sabbatique, arrive au Québec
pour occuper un poste à l'université de Montréal. Alors qu'il pensait
vivre une année d'étude tranquille dans le monde policé des professeurs
d'université, les choses prennent une tournure particulière à la suite
d'événements violents, échos d'un sombre passé. Conflits de pouvoir,
réapparition d'anciens secrets que certains avaient cru pouvoir
enterrer, et agression de plusieurs SDF sans défense. Ces histoires
ont-elles un rapport et sont-elles liées au meurtre non élucidé de la
belle Kathleen Cheechoo, épouse du fondateur du centre de Recherches
pour lequel travaille Charly ? La complicité de la surprenante Réjane
Lalumière, collègue - et plus encore - de Charly, ainsi qu'une
initiation à la culture des Indiens Cris ne seront pas de trop pour
aider ce dernier à élucider le triple mystère.



Bon,très moyen dirais-je....
une enquête policière très classique. sans vraiment de suspense...
et il y a un je ne sais quoi qui m'énerve parfois chez Martin Winckler...
trop narcissique? ce doit être cela. Il fait sa propre apologie tout le temps.
On le sait : il est médecin, écrivain. créateur fondateur d'une revue médicale spécialisée fort connue.
Qu'il est très doué, hypermnésique, que toutes les femmes tombent amoureuses de lui,

qu'il a un éthique fantastique, qu'il a un don pour l'écoute empathique, que les gens ont besoin de se confier et lui racontent facilement leur vie....
à la longue, cela fatigue tout de même...


N'empêche, cela se lit, pas désagréable mais sans plus
3/5

En souvenir d’André de Martin Winckler


Note : 4/5

J'aime beaucoup cet auteur! Je note celui-ci!

Le chœur des femmes 

Note : 4.5/5

Résumé : Jean, brillante interne et major de sa promo, doit passer 6 mois dans une petite unité gynécologique, appelé "Médecine de la Femme". Destinée à faire de la chirurgie reconstructrice, elle a du mal à cerner la personnalité du Docteur Karma, qui passe son temps à écouter ces bonnes femmes venues raconter leurs vies et leurs peines. 

Critique : j'ai beaucoup aimé ce roman qui parle avec beaucoup d'intimité et de justesse des femmes et des problèmes de santé les concernant directement. Tout y passe : contraception, maternité, ménopause, violences conjugales, avortements, intersexes, des consultations jeunes, des moins jeunes. Ce sont des magnifiques portraits de femmes. L'auteur étant lui même médecin, il bénéficie d'une solide expérience sur le sujet. Mais il démontre qu'il peut y avoir une approche humaine de la médecine et n'hésite pas à taper sérieusement sur ces confrères. Dommage que la dernière partie soit un peu trop cousue de fil blanc. Notamment l'histoire familiale de Jean qui n'apporte pas grand chose à mon avis. Le livre reste une très belle lecture.

En souvenir d'André

Ce court roman nous amène à réfléchir sur le problème très sensible, souvent débattu, jamais résolu du suicide médicament assisté pour des malades sans espoir de guérison et dont la souffrance physique et morale est insupportable pour eux, mais également pour leur entourage. 

Le narrateur est un médecin qui voit sa vie changer lorsqu'il prend conscience de cette souffrance. Bien évidemment, pour celles et ceux qui connaissent cet auteur, on retrouve dans ce récit, même s'il n'est pas autobiographique, toute la sensibilité et l'humanisme de Martin Winckler.

Contrairement à d'autres romans ( La maladie de Sachs, Le chœur des femmes...), le roman est très court mais ...Tout est dit.

La forme narrative n'est pas linéaire, alternant souvenirs personnels, témoignages de malades et réflexions. 

Le sujet est lourd, voir plombant mais malheureusement toujours d'actualité. Les témoignages des malades peuvent paraître impudiques mais ils sont criants de vérité et sans en rajouter, avec une grande délicatesse et sensibilité l'auteur nous amène à réfléchir à ce sujet qui nous concerne tous.

4,5/5