Lionel SHRIVER (Etats-Unis/Royaume-Uni)

Ce titre est noté dans mon petit carnet de chasse. Tous ces avis positifs m'intriguent et m'interpellent. Mais voilà, c'est qu'il est rempli ce petit carnet 

Dkois, je te suggère de surligner ce titre dans ton carnet avec une couleur bien voyante car c'est une pépite qui je pense pourrait vraiment te plaire 

IL FAUT QU’ON PARLE DE KEVIN
Lionel SHRIVER
J’AI LU 607 Pages


Résumé (4°de couverture)

La veille de ses seize ans, Kevin se livre à un massacre sanglant dans son lycée. Détruite par ce drame, Eva, sa mère, entame avec son époux une correspondance poignante pour comprendre cet enfant qui, depuis sa naissance, s'acharne à faire le mal. Des humiliations imposées à sa sœur aux cruautés infligées à ses camarades, elle retrace l'itinéraire meurtrier de son fils.

L’auteur, le livre et moi

Pistoufle a écrit le 17/01/2022, à propos de mon intéressement à cette auteure:

“Dkois, je te suggère de surligner ce titre dans ton carnet avec une couleur bien voyante car c'est une pépite qui je pense pourrait vraiment te plaire  ”

Tout conseil n’est pas forcément bon à suivre, surtout pour cette activité qu’est la lecture ou les goûts peuvent varier selon la sensibilité de chacun. Mais les avis étant quasi unanimes au sujet de ce roman, la tentation était forte. Résister à la tentation n’est pas spécialement ma qualité première quand il s’agit de chocolat et parfois même pour une découverte littéraire…

Mon avis

Ce roman aurait pu être écrit par Joyce Carol Oates, mais celle-ci, je pense, aurait ajouté un brin de fantaisie romanesque qui aurait lui-même lissé la tragédie.
Il aurait également pu être écrit par Stephen King mais son obsession à ajouter du fantastique aurait décrédibilisé l’histoire.
Un Jonathan Tropper aurait placé sa touche de dérision et de second degré permettant ainsi d’avaler la tragédie avec moins d’angoisse mais toute la force littéraire du roman se serait ainsi atténuée.
Mais laissons à chacun son style, et apprécions celui de Lionel Shriver que je découvrais à travers cette première lecture.
Ce roman est en vérité un témoignage écrit à travers une correspondance à sens unique. C’est la cause principale d’une impression d’hyper-réalité de l’histoire. Ce drame est vraiment vécu et rendu au chœur même de cette mère avec laquelle nous vivons un drame que l’on aurait également pu appeler (en référence au roman de Gabriel Garcia Marquez, “Chronique d’une mort annoncée”) “Chronique d’un drame annoncé”. 
Jamais, malgré ses 600 pages, l’intrigue ne s’essouffle et c’est bien au contraire une montée en puissance de l’horreur mais aussi de l’émotion qui entraîne le lecteur vers un dénouement inattendu mais somme toute logique.
Bref, on pourrait parler de ce livre pendant des heures sans atteindre son étude complète. La seule solution : LE LIRE

Ma note : 5 / 5 

Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
Pocket - 480 pages (première édition : janv. 2021)

Quatrième de couverture : Un roman explosif sur un couple de sexagénaires en crise et un portrait mordant de nos sociétés obsédées par la santé et le culte du corps.
Pathétique... Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n'en revient pas. Lui qui n'a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon... Est-ce la peur de vieillir ? L'oisiveté de sa retraite forcée ? Peut-être la silhouette très pneumatique de Bambi, sa nouvelle coach ? Ou bien tout simplement le conformisme, ce culte du corps, de la performance, qui règne sur l'époque ? Las, la résolution de Remington n'a rien d'une lubie et leur couple s'essouffle.
Chronique d'une vie conjugale en bout de course...

Mon avis : c'est ma deuxième lecture de cette autrice (et sans doute pas la dernière !)

Bien que ce roman n'ait pas été la "claque" de Il faut qu'on parle de Kévin, j'ai tout de même beaucoup apprécié ce livre qui prend le prétexte de la course à pied, et plus généralement de la mode des épreuves sportives ultimes, pour traiter sans fard et avec beaucoup d'humour les thèmes plus universels de la vieillesse, du couple et des relations parents-enfants.
Les personnages sont tous antipathiques au possible, et curieusement c'est ce qui fait que je les ai trouvé très attachants. C'est là la force de l'écriture de l'autrice : avec son regard précis et son analyse rigoureuse des travers de nos sociétés, elle suscite l'empathie du lecteur et rend ses personnages tellement humain qu'on ne peut que leur pardonner leurs errances...
Je ne sais pas si Lionel Shriver est elle-même coureuse de fond, mais elle distille nombre de détails sur les coureurs et les ambiances de courses collectives qui de mon expérience sont très bien sentis et très drôles.

Ce qui n'en fera tout de même pas un coup de coeur, c'est que le personnage de Serenata m'a un peu déstabilisée car un peu "girouette" dans sa façon d'appréhender son couple, sa place dans la société. Ses réactions m'ont laissée un peu perplexe. Mais sa mauvaise foi me l'a quand même rendue bien sympathique   
Ajoutées à cela quelques longueurs, notamment sur la fin, m'ont donné l'impression d'un roman qui s'essouffle, à l'image des protagonistes principaux et de leur couple ?

Si vous avez, ou approchez, la soixantaine, si vous faites de la course à pied, ou tout simplement si vous avez envie de découvrir une autrice américaine "qui compte", alors foncez, vous devriez passer un bon moment de lecture.

Ma note : 3,75/5

The Motion of Body Through Space
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes


Leur couple avait duré jusque dans la soixantaine malgré leurs différences de personnalités, mais lui, après avoir été mis à la porte, se lance dans l’entrainement physique pour courir un marathon, alors qu’elle, qui a toujours été extrêmement en forme, doit abandonner la course et d’autres sports pour cause d’arthrite. Leur couple ne va peut-être pas résister à ce projet d’endurance.


Au début le ton agressif entre les membres du couple m’a surpris et dérangé (je ne me voyais pas lire 400 pages de cela), mais j’ai continué quand j’ai compris que c’était une dynamique et qu’ils étaient fortement attaché. J’ai donc adoré les 100 premières pages, la tension qui monte entre les deux alors qu’elle se demande si lui ne le fait pas pour la narguer. Et il y a d’autres personnes intéressants, comme le beau-père qui est d’une autre génération, les enfants décevants (une « born again Christian » et un « loser »). Mais comme dans un marathon, j’ai frappé un mur à la page 110 (dans mon édition en anglais) : après la marathon, le niveau d’entrainement augmente, avec Bambi l’entraineuse personnelle, le groupe d’exercice, et les commentaires sur MettleMan (qui est une critique de l’IronMan). Je ne sais pas si cet engouement depuis quelques années pour le dépassement de soi et l’exercice extrême est fort en Europe, mais ici ça me dérange directement, moi qui fréquence la nature depuis longtemps, mais à un rythme relaxe, sans équipement haute technologie : les bois et pistes sont maintenant pris d’assaut, tasse-toi mononcle! Je ne serais pas capable de supporter les membres de ce club de triathlon, alors leurs échanges me tombaient sur les nerfs, et j’étais déjà convaincu de la position de la narratrice, je n’avais pas besoin de la démonstration. Lionel Shriver pose un excellent regard sur la société et insère des analyses très incisives dans son livre, mais l’histoire et les personnages sont un peu trop longs et typés (j’ai seulement adoré son livre Il faut qu’on parle de Kevin, pour les autres j’ai soit un bémol soit je ne les ai pas terminé). La section sur le renvoi du mari, l’excès du « wokisme » en Amérique du Nord, contient aussi de bons éléments, mais ça s’intègre bizarrement au reste du récit, et ici encore c’est poussé loin comme élément dramatique. J’ai retrouvé un peu d’intérêt vers le triathlon de la fin, mais j’avais déjà lu plus de la moitié du livre en accéléré.


Note : un triathlon Ironman est 3,8 km de nage, suivi de 180 km de vélo et de 42 km de course à pieds.


2,5/5

RR

Merci pour ta critique RR. C'est clair que je ne me lancerai pas dans la lecture de ce roman mais j'ai lu avec intérêt ton avis sur l'engouement pour l'entraînement sportif. Je trouve aussi que le sport est particulièrement mis en avant au Québec, quitte à complexer et culpabiliser ceux qui, comme moi, n'en font pas ou peu. Même sur le lieu de travail c'est devenu une sorte de compétition avec différents défis qui sont organisés plusieurs fois par an... En comparaison, je trouve que la culture n'est pas autant valorisée... bref c'est un autre débat !