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Friedrich NIETZSCHE

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Message  Philcabzi Lun 22 Déc 2008 - 14:07

From: Sahkti1 (Original Message) Sent: 3/2/2006 2:06 PM
Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra
Editions Garnier Flammarion, ISBN 2080708813
Philosophie

"C'est libre que tu te nommes? Je veux entendre la pensée qui te domine, et non que tu secouas un joug. Es-tu de ceux qui de secouer un joug avaient le droit? Rejetant sa servitude, plus d'un du même coup rejeta son ultime valeur.
Libre de quoi? S'en moque Zarathoustra! Mais que ton œil clairement me l'annonce: libre pour quoi?"

Ce livre c'est avant tout un recueil d'émotions, celles de Nietzsche qui confie ce qu'il pense de la vie. Pas de grandes certitudes ici, ni de formules toutes faites ou des théories abstraites, mais un questionnement intérieur dont le cheminement mène à la réflexion et à l'élaboration de toutes sortes d'hypothèses.

Il faut savoir que Nietzsche a composé ce texte à un moment où il vivait dans une profonde solitude. Ce détail a son importance car beaucoup trop de personnes rejetant Nietzsche ou déformant sa pensée oublient de replacer celle-ci au milieu de repères chronologiques. Le meilleur moyen, par exemple, pour ne pas comprendre pourquoi, soudain, un jour, Nietzsche fait rejet complet de la religion. Ou pour atténuer voire ne pas percevoir du tout le rôle que la démence a joué sur son œuvre et sa vision du monde.
Cette solitude fut ici indispensable et bienvenue pour permettre à Nietzsche de faire le vide, d'évacuer certaines tensions dues à une santé fragile mais aussi à des critiques de plus en plus persifleuses et de se plonger à corps perdu dans sa réflexion sur la condition humaine.
Un ouvrage découpé en parties bien distinctes que le philosophe rédigea avec une rapidité et une facilité déconcertantes.

Il ne s'agit pas ici de dire ou non au lecteur ce qu'il doit penser. Nietzsche s'interroge sans imposer quoi que ce soit, il émet des hypothèses et ses propres convictions. Le tout dans un style assez lyrique qui est dû à la vivacité d'esprit retrouvée par Nietzsche (on ne dit pas assez à quel point il a souffert de ses absences et de son esprit troublé), ce qui l'emplit de joie, tout comme le fait de laisser libre cours à son questionnement. Ses pensées volent et se déposent un peu partout, il a le sentiment de saisir la vie à pleines mains et de l'analyser, de la retourner dans tous les sens, de comprendre qu'il est là et pourquoi. On peut dès lors comprendre l'excitation qui s'est emparée de lui et qui transparaît dans ce texte.

Cela se fait d'ailleurs crescendo. Si vous lisez attentivement la première partie, celle des discours, on constate que le ton reste posé, que tout cela ressemble à une théorie sur la vie, un peu à la manière des dialogues de Platon et de Socrate, qui énonce afin de pousser à la réflexion et la contradiction.
Ce qui ne manque pas de se produire dans la seconde partie, plus vive, presque exaltée. En se livrant à ses réflexions en solitaire, Nietzsche dégage peu à peu, via son narrateur, les grandes idées qui marquent l'ensemble du livre, à savoir l'idée de surhomme et celle du retour éternel.
La troisième partie reste tout aussi lyrique et emportée alors que la dernière, celle dans laquelle Zarathoustra discute avec les humains, perd de sa force. Non par faiblesse du philosophe mais parce que cela traduit à merveille la désillusion qui s'empare du narrateur lorsqu'il confronte ses idées avec des gens de tous les jours. L'incompréhension pointe le bout du nez.

Il convient de garder à l'esprit que le Zarathoustra du livre est davantage le propre reflet de Nietzsche que le représentant du Zoroastrisme historique.
Il y a d'ailleurs un parallèle à établir entre la descente de montagne de Zarathoustra et la solitude qui habitait alors Nietzsche, isolé pour écrire, à l'abri des hommes et de leur agitation.
Pour justifier la fin de ses dix ans d'isolement, Zarathoustra se dit qu'il peut rejoindre les hommes et arrêter de vénérer Dieu, puisque celui-ci est mort. C'est le point de départ, l'hypothèse établie par Nietzsche pour développer sa pensée. Ce n'est bien sûr pas Dieu en tant que personne ou être virtuel qui est mort mais son système et tout ce qu'il représente. Il y a faillite de la doctrine et de sa mise en application. Cette mort de Dieu est incontournable pour la suite de l'histoire. Si la doctrine chrétienne a manqué sa mission, cela signifie donc tacitement que ce qu'elle a enseigné ne tient plus non plus la route et que l'homme chrétien n'est plus ce qu'on dit qu'il est, à savoir un homme accablé de péché original et soumis à la volonté de Dieu.

Nietzsche ne dit pas "Ne croyez plus!" mais il établit une démonstration imparable à partir du moment où on accepte l'idée que le système chrétien ne remplit plus ses fonctions.
Maintenant que l'Homme se trouve sans Dieu, il va bien falloir qu'il se débrouille par lui-même et pour cela, il est essentiel de d'abord se connaître et se comprendre. Qui est-il? Que fait-il? Comment peut-il se définir? En fonction de quoi? Tous ses repères ont été bouleversés, c'est une nouvelle vie qui commence! L'homme prend enfin conscience qu'il est l'Homme. Libre!
Merveilleux! Mais pas sans danger, c'est évident. Lorsque Zarathoustra atteint la place du village où sont rassemblés les hommes, ceux-ci ne le comprennent évidemment pas. Un surhomme? Qu'est-ce que c'est que ça? Comment comprendre que l'homme est désormais livre de toutes entraves si ce n'est les siennes. Que l'homme doit apprendre à se surmonter lui-même. Qu'il peut y arriver si il est un surhomme. A savoir se dépasser, se surmonter lui-même mais aussi se mépriser. Hé oui! En se déclarant insatisfait, c'est ainsi que l'on avance, que l'on persévère, que l'on veut faire mieux et aller plus loin.

Autre aspect génial de la pensée de Nietzsche. Le surhomme n'est pas un homme supérieur mais quelqu'un qui a réussi à se surmonter, il y a une notion d'effort. Une notion de distinction ensuite. L'homme a été remplacé par le surhomme, à savoir celui qui a appris à évoluer. Au diable donc les théories bien ancrées dans l'Histoire comme quoi le progrès humain est linéairement évolutionniste. L'homme ne devient pas automatiquement meilleur en regardant le temps qui passe! Il doit agir. La collectivité, par son côté passéiste, pousse à une absence d'évolution vers le haut tandis que l'homme pris individuellement peut évoluer et grandir car il s'agit du reflet de sa propre volonté, de son libre-arbitre.

Ma note: 5/5
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