David FAUQUEMBERG (France)

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Message  Invité Mer 18 Nov 2009 - 13:04

Nullarbor >> En dérive

Pour les éléments biographiques de l'auteur, le mieux est de se référer à son site web. Je ne ferai que paraphraser, et sans doute mal.

http://davidfauquemberg.com/

J'ai lu son premier libre : Nullarbor, publié chez Hoëbeke en 2007. Voici la présentation qui en est faite en 4ème de couverture, cette fois-ci plus diserte que sur le site web :

"A l'orée des années 2000, un jeune homme traverse, seul, le Grand Ouest australien. Une échappée, plus qu'un voyage, par delà les confins désolés de la plaine de Nullarbor. Et la découverte pour le lecteur d'une Australie loin des clichés faciles, âpre, cruelle, où les êtres semblent se perdre, au sens strict se défaire, dans l'immensité du paysage. Une campagne de pêche hallucinante dans l'océan indien, quand les hommes ne sont plus que des machines à tuer, précipite la fuite en avant, toujours plus au nord. C'est en naufragé, éreinté, que le narrateur vient s'échouer à Broome, puis sur les terres aborigènes de Wreck Point. Une main se tend alors, la dernière. Celle d'Augustus, ancien de la tribu Bardi, qui lui ouvre les portes d'un ailleurs fantastique. Mais il est bien trop tard. Et la nature hostile resserre son étreinte. Récit singulier, sombre et sans fard, qui fait songer par son intensité au Fargo des frères Coen, d'un "monde sans prudence, où tout n'est que violence et ruine". Et la révélation d'un talent dans la lignée des lpus grands écrivains voyageurs".

Le moindre que l'on puisse dire est que l'éditeur ou l'auteur a parfaitement fait son travail en rédigeant cette quatrième de couverture qui résume très bien l'objet de ce livre qui a reçu le prix Nicolas Bouvier au Festival des étonnants voyageurs de Saint-Malo. Il résume très bien mais l'on se doit d'aller au-delà de cette petite compilation pour entrer dans l'action ou la non-action de ce livre. Parler de non-action est plus juste car le narrateur se fait réellement balloter dans cette transhumance qui s'apparente à l'échappée d'un monde que l'on laisse derrière soi. Le narrateur est neutre et découvre les coups de fouets que lui infligent les évènements. Ce n'est pas pour rien que le livre s'ouvre sur une citation tirée du premier livre du Quichotte :

"Prenez bien garde, vous dis-je, à prendre garde à ce que vous faites, et que ce ne soit point le diable qui nous trompe.
Je t'ai déjà dit, Sancho, répondit don Quichotte, que tu ne t'y connais guère en matière d'aventures. Ce que je dis est vrai, et tu vas le voir sur l'heure."

Il y a donc de l'autobiographique dans ce livre, et surtout beaucoup de recul sur des évènements de la vie de l'auteur où l'on sent poindre la folie rétrospective de s'être engagé dans des ornières. "Voilà comment j'ai tué l'homme" informe-t-il" dans un éclair de lucidité avant d'entamer le récit du périple. Le style de David Fauquemberg vaut son pesant de rafale de plomb car il tire juste, avec une grande économie de moyens, avec des phrases incisives comme les crocs d'un crocodile. La nature est entrée en lui avec sa sauvagerie primordiale. Non seulement la nature que l'on voit de ses yeux sans ses composantes animales, végétales et minérales, mais surtout la nature humaine, dont la folle logique ou la sagesse paradoxale ont marqué profondément l'auteur. Des rencontres, il y en a : des paumés, des désaxés, routiers, barmen, clodos, pêcheurs sans foi ni loi, tout un monde baroque à l'envers du miroir de la réussite australienne. Mais le lecteur sera particulièrement touché par la figure d'Augustus (qui mérite bien son nom), régnant sur cette univers fou et tâchant d'y mettre un peu d'ordre avec ses visions mi-poétiques, mi-cosmiques, à moins qu'elles ne soient que la vaine tentative de ne pas sombrer dans la folie.

Un livre remarquable dans son style et sa virulence, dans son âpreté. Assurément le livre porté par un auteur qui a voyagé loin, mais à l'intérieur de lui-même.

Veilleur

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Message  Invité Lun 20 Sep 2010 - 10:36

Mal Tiempo
Fayard, 2009, 280 pages


Présentation de l'éditeur en quatrième de couverture :

Cuba, le meilleur de la boxe. Des champions d'exception, éternels amateurs enfermés dans leur île. Je devais accompagner de jeunes espoirs français partis s'endurcir à Pinar del Rio. Chaleur caraïbe, sessions d'entraînement intenses. riz-haricots noirs au menu, dortoir collectif... Le stage s'annonçait rude. Très rude. A trente ans, la fin de carrière approchait. Je le pressentais. Claquement des gants sur les sacs, cuir contre cuir. Dans la fournaise du gynmase, j'ai remarqué Yoangel. Catégorie poids lourds. Un prodige. Le tempo, la présence, toul ce qui m'avait manqué. Lui, le paysan d'un pueblo perdu, cet esprit ombrageux traversé par l'antique magie de ses ancêtres Yorubas, réussirait-il l'impossible ? Vaincre, vraiment ? Yoangel Corto ne combattait pas I'adversaire. Il combattait la boxe.
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Direct du droit

Parler du noble art, c'est déjà aborder une forme littéraire où il ne faut pas craindre une écriture qui ait du punch. Ce sport n'est pas fait pour les amateurs de romantisme. On y évoque la misère, l'envie tenace de s'en sortir, on y sent la sueur, les coups, le goût du sang dans la bouche. On y sent aussi un formidable respect pour ce sport très ancien hérité de l'antique "pugilat", qui répond à des règles strictes qui fait qu'il ne peut être pratiqué que par des voyous voulant devenir des gentlemen. Du moins dans le circuit amateur.

De David Fauquemberg, j'avais été frappé par sa puissante écriture avec son premier opus : Nullarbor. C'est donc en confiance que j'ai abordé "Mal Tiempo" où sa sécheresse de description fait merveille, tout en mettant le doigt sur la basse folie qui imprègne notre humanité. Le roman se passe essentiellement à Cuba ou les contrées limitrophes. Nous y faisons connaissance d'un pays rongé d'humidité, de doute et de fatalisme, d'où s'extraient des graines de champions qui restent dans les catégories amateur, révolution socialiste oblige. Le style de l'auteur descend à ras de terre, accompagne les protagonistes non seulement sur le ring mais également dans les affres de leur vie sociale. Cette dernière leur cause parfois quelques soucis. Mais entrer en boxe est comme entrer en religion, il faut s'y donner à fond. C'est là que s'est précipité Yoangel Corto avec lequel le lecteur fait connaissance. Yoangel à la personnalité mystérieuse, combattant ultime à la droite foudroyante. Yoangel dont la personnalité tourmentée fera qu'il ne voudra pas devenir comme un de ces coqs de combat que l'on envoie à la mort.

Mal Tiempo est un roman sec comme un coup de trique, que le lecteur dévore aisément, même s'il n'a pas d'affinité pour la boxe. Les amateurs, eux, retrouveront une verve que l'on peut trouver chez d'autres auteurs ayant abordé le genre, comme Jack London.

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