Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
5 participants
Page 1 sur 1
Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Invisible, le dernier d'Auster est sorti cet automne. Il n'est pas encore traduit, mais ça ne saurait tarder je pense. Beaucoup de bonnes critiques d'après ce que j'ai compris, tant mieux, parce que son dernier livre m'a laissé sur ma fin.
les deux couvertures :
Beaucoup de critiques qui racontent un peu trop le livre, donc je ne les posterait pas ! j'espère qu'on l'aura assez vite quand même !! Mais pas mal de comparaisons avec Moon Palace et La musique du hasard ... à voir (et à lire !)
les deux couvertures :
Beaucoup de critiques qui racontent un peu trop le livre, donc je ne les posterait pas ! j'espère qu'on l'aura assez vite quand même !! Mais pas mal de comparaisons avec Moon Palace et La musique du hasard ... à voir (et à lire !)
_________________
livres lus PAL : 10/47
DM29- Nombre de messages : 675
Age : 36
Location : Breizh
Date d'inscription : 21/06/2009
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Alors voilà, sur le site Actes Sud (qui publie tous les livres d'Auster depuis le début), le livre sortira en mars 2010
_________________
livres lus PAL : 10/47
DM29- Nombre de messages : 675
Age : 36
Location : Breizh
Date d'inscription : 21/06/2009
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Et voilà, la date officielle de sortie est le ..... 3 mars !
http://www.magazine-avantages.fr/,le-nouveau-livre-de-paul-auster-invisible-dans-les-librairies-le-3-mars-2010,145,11198.asp
J'espère qu'ils l'auront rapidement à la biblio !
http://www.magazine-avantages.fr/,le-nouveau-livre-de-paul-auster-invisible-dans-les-librairies-le-3-mars-2010,145,11198.asp
J'espère qu'ils l'auront rapidement à la biblio !
_________________
livres lus PAL : 10/47
DM29- Nombre de messages : 675
Age : 36
Location : Breizh
Date d'inscription : 21/06/2009
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
A y est, il est sorti ....
résumé : New York, 1967. Un jeune poète américain idéaliste, un énigmatique mécène français et sa sulfureuse maîtresse voient leurs destins scellés lors d'une nuit criminelle. S'ensuivent alors trois décennies où les champs magnétiques de l'écriture redistribuent les passions, le temps et la mémoire des personnages, de New York à Paris, pour finir aux Caraïbes.
résumé : New York, 1967. Un jeune poète américain idéaliste, un énigmatique mécène français et sa sulfureuse maîtresse voient leurs destins scellés lors d'une nuit criminelle. S'ensuivent alors trois décennies où les champs magnétiques de l'écriture redistribuent les passions, le temps et la mémoire des personnages, de New York à Paris, pour finir aux Caraïbes.
_________________
livres lus PAL : 10/47
DM29- Nombre de messages : 675
Age : 36
Location : Breizh
Date d'inscription : 21/06/2009
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Ca donne envie tout ça!
nauticus45- Nombre de messages : 2413
Age : 47
Location : Haut-Rhin, France
Date d'inscription : 27/10/2008
Un roman du flou, de l'incertitude, du doute...
Je viens de terminer ce roman, et je l'ai beaucoup aimé. Je vous en donne ma critique.
===========================================================================
En 2007, James Freeman, écrivain américain renommé habitant Brooklin, reçoit par courrier postal le manuscrit d’un condisciple perdu de vu depuis trente ans, Adam Walker. Celui-ci va mourir d’une leucémie et il travaille sur un récit « qui n’est pas une fiction », écrit-il à Freeman. En effet, il semble vouloir mettre au clair certains épisodes de sa vie qui se sont déroulés pendant l’année 1967. Il se trouve bloqué dans l’écriture de la deuxième partie et demande conseil à son ancien ami.
Freeman accepte de renouer le contact et lui répond. La situation de blocage, selon lui, « provient d’un défaut dans la pensée de l’écrivain – à savoir qu’il ne comprend pas pleinement ce qu’il essaie de dire où, plus subtilement, qu’il aborde son sujet sous un mauvais angle ».
Ce simple conseil permet à Walker de poursuivre son récit, en l’écrivant à la deuxième personne, afin de conserver une distance suffisante avec le personnage d’Adam Walker. Peu après, Freeman reçoit la suite, cette deuxième partie dont nous prenons connaissance avec lui.
Walker se dévoile peu à peu. Personnage torturé par son passé, les évènements qu’il raconte sont à mettre en relation avec une décision fondatrice de sa vie. Il a douze ans. Après la mort accidentelle de son frère et l’internement de sa mère dans un hôpital psychiatrique, il jure, sur la mémoire de son frère, qu’il sera « un type bien » jusqu’à sa mort.
« Tu étais seul dans la salle de bain, tu t’en souviens, seul dans la salle de bain en train d’essayer de ne pas pleurer, et par bien tu entendais honnête, bon et généreux, tu voulais dire que jamais tu ne te moquerais de personne, que jamais tu ne te sentirais supérieur à personne, que jamais tu ne chercherais la bagarre. Tu avais douze ans. »
Paul Auster déroule ici un des thèmes du roman : comment une décision, prise à l’âge de douze ans, peut-elle influencer, et même conditionner le reste de l’existence ? Pourquoi, au nom de quel impératif moral, un individu va-t-il décider de rester fidèle à lui-même, à travers les aléas de la vie, en ne reniant jamais ce choix initial ? Et comment peut-il surmonter le sentiment de culpabilité, qui va inévitablement surgir lorsqu’il se découvrira incapable de tenir cet engagement d’enfant ? Car Walker est rongé par deux évènements qui ont troublé le cours de la vingtième année de sa vie. Le premier événement est une relation incestueuse passionnée avec sa sœur Gwyn, l’autre sa lâcheté face à un meurtre qu’il n’a pas dénoncé suffisamment tôt, selon lui.
Walker a prévu de raconter ces épisodes de sa vie en cette année 1967 en trois parties, qu’il intitule « printemps », « été », « automne ». Pour chacune de ces trois parties, Auster joue avec les techniques du romancier, et son personnage Adam Walker, décide de les rédiger respectivement à la première personne du singulier pour la première, la deuxième personne du singulier pour la deuxième, la troisième personne du singulier pour la troisième.
Pour cette dernière partie, il est tellement affaibli qu’il ne laisse à Freeman que de simples notes en style télégraphique, qui serviront de support à l’écrivain pour terminer le récit à sa place.
Les pages sur l’inceste sont au cœur du roman : où est la vérité d’un être dans un récit ? nous dit Paul Auster. L’inceste entre Adam et Gwyn s’est-il réellement déroulé comme Adam le prétend ou bien, comme Gwyn l’affirme, n’est-il qu’un fantasme de Walker ? Quelle part véritable d’Adam Walker a été dévoilée à travers le récit adressé à Freeman ? Et de ce qui constitue l’être du personnage d’Adam Walker, quelle est la partie qui va rester à jamais invisible au lecteur ?
Personnage central du récit d’Adam Walker, Rudolf Born devient aussi le personnage essentiel du roman de Paul Auster. Born, auteur du meurtre qui a marqué d’une empreinte indélébile la vie d’Adam Walker, est un homme à la personnalité mystérieuse. Walker le juge séduisant, violent, intelligent, mais quand d’autres personnages (Hélène, Cécile) portent un regard sur lui, il devient insaisissable et se pose en véritable personnage de roman, un roman du flou, de l’incertitude, du doute. Qu’est-ce qui est vrai, faux, possible, crédible chez lui ? Il est la créature de l’auteur, que celui-ci manipule et tord selon son désir. Il est aussi, dans le même temps, l’ambiguïté du réel que reflète le roman, un réel dans lequel chacun garde sa part d’ombre pour les autres et parfois pour lui-même. A la fin du livre, Born se propose d’ailleurs de faire de sa propre vie un roman et de lui-même un personnage de roman. Le serpent, alors, se mord la queue.
La scène finale est magnifique. Cécile, universitaire chargée d’étudier des manuscrits d’écrivains français, celle dont Born voulait épouser la mère trente ans plus tôt, quitte l’île dans laquelle celui-ci s’est réfugié, déroutée par le personnage de Born, soulagée de s’éloigner de lui.
Elle descend de la montage et entend, dans le lointain, des sonorités étranges qu’elle ne peut interpréter : l’essentiel est invisible à ses yeux. Et puis, il y a un dévoilement, une trouée, la vérité des sonorités lui apparaît brusquement : des hommes cassent des cailloux avec leur marteau et produisent ainsi cette étrange musique, qu’elle ne pourra jamais oublier. La métaphore est transparente : le roman, nous dit Paul Auster, permet lui aussi un dévoilement du réel, il peut créer une déchirure dans la réalité opaque du monde et rendre ainsi apparent ce qui était jusqu’alors « invisible ».
===========================================================================
En 2007, James Freeman, écrivain américain renommé habitant Brooklin, reçoit par courrier postal le manuscrit d’un condisciple perdu de vu depuis trente ans, Adam Walker. Celui-ci va mourir d’une leucémie et il travaille sur un récit « qui n’est pas une fiction », écrit-il à Freeman. En effet, il semble vouloir mettre au clair certains épisodes de sa vie qui se sont déroulés pendant l’année 1967. Il se trouve bloqué dans l’écriture de la deuxième partie et demande conseil à son ancien ami.
Freeman accepte de renouer le contact et lui répond. La situation de blocage, selon lui, « provient d’un défaut dans la pensée de l’écrivain – à savoir qu’il ne comprend pas pleinement ce qu’il essaie de dire où, plus subtilement, qu’il aborde son sujet sous un mauvais angle ».
Ce simple conseil permet à Walker de poursuivre son récit, en l’écrivant à la deuxième personne, afin de conserver une distance suffisante avec le personnage d’Adam Walker. Peu après, Freeman reçoit la suite, cette deuxième partie dont nous prenons connaissance avec lui.
Walker se dévoile peu à peu. Personnage torturé par son passé, les évènements qu’il raconte sont à mettre en relation avec une décision fondatrice de sa vie. Il a douze ans. Après la mort accidentelle de son frère et l’internement de sa mère dans un hôpital psychiatrique, il jure, sur la mémoire de son frère, qu’il sera « un type bien » jusqu’à sa mort.
« Tu étais seul dans la salle de bain, tu t’en souviens, seul dans la salle de bain en train d’essayer de ne pas pleurer, et par bien tu entendais honnête, bon et généreux, tu voulais dire que jamais tu ne te moquerais de personne, que jamais tu ne te sentirais supérieur à personne, que jamais tu ne chercherais la bagarre. Tu avais douze ans. »
Paul Auster déroule ici un des thèmes du roman : comment une décision, prise à l’âge de douze ans, peut-elle influencer, et même conditionner le reste de l’existence ? Pourquoi, au nom de quel impératif moral, un individu va-t-il décider de rester fidèle à lui-même, à travers les aléas de la vie, en ne reniant jamais ce choix initial ? Et comment peut-il surmonter le sentiment de culpabilité, qui va inévitablement surgir lorsqu’il se découvrira incapable de tenir cet engagement d’enfant ? Car Walker est rongé par deux évènements qui ont troublé le cours de la vingtième année de sa vie. Le premier événement est une relation incestueuse passionnée avec sa sœur Gwyn, l’autre sa lâcheté face à un meurtre qu’il n’a pas dénoncé suffisamment tôt, selon lui.
Walker a prévu de raconter ces épisodes de sa vie en cette année 1967 en trois parties, qu’il intitule « printemps », « été », « automne ». Pour chacune de ces trois parties, Auster joue avec les techniques du romancier, et son personnage Adam Walker, décide de les rédiger respectivement à la première personne du singulier pour la première, la deuxième personne du singulier pour la deuxième, la troisième personne du singulier pour la troisième.
Pour cette dernière partie, il est tellement affaibli qu’il ne laisse à Freeman que de simples notes en style télégraphique, qui serviront de support à l’écrivain pour terminer le récit à sa place.
Les pages sur l’inceste sont au cœur du roman : où est la vérité d’un être dans un récit ? nous dit Paul Auster. L’inceste entre Adam et Gwyn s’est-il réellement déroulé comme Adam le prétend ou bien, comme Gwyn l’affirme, n’est-il qu’un fantasme de Walker ? Quelle part véritable d’Adam Walker a été dévoilée à travers le récit adressé à Freeman ? Et de ce qui constitue l’être du personnage d’Adam Walker, quelle est la partie qui va rester à jamais invisible au lecteur ?
Personnage central du récit d’Adam Walker, Rudolf Born devient aussi le personnage essentiel du roman de Paul Auster. Born, auteur du meurtre qui a marqué d’une empreinte indélébile la vie d’Adam Walker, est un homme à la personnalité mystérieuse. Walker le juge séduisant, violent, intelligent, mais quand d’autres personnages (Hélène, Cécile) portent un regard sur lui, il devient insaisissable et se pose en véritable personnage de roman, un roman du flou, de l’incertitude, du doute. Qu’est-ce qui est vrai, faux, possible, crédible chez lui ? Il est la créature de l’auteur, que celui-ci manipule et tord selon son désir. Il est aussi, dans le même temps, l’ambiguïté du réel que reflète le roman, un réel dans lequel chacun garde sa part d’ombre pour les autres et parfois pour lui-même. A la fin du livre, Born se propose d’ailleurs de faire de sa propre vie un roman et de lui-même un personnage de roman. Le serpent, alors, se mord la queue.
La scène finale est magnifique. Cécile, universitaire chargée d’étudier des manuscrits d’écrivains français, celle dont Born voulait épouser la mère trente ans plus tôt, quitte l’île dans laquelle celui-ci s’est réfugié, déroutée par le personnage de Born, soulagée de s’éloigner de lui.
Elle descend de la montage et entend, dans le lointain, des sonorités étranges qu’elle ne peut interpréter : l’essentiel est invisible à ses yeux. Et puis, il y a un dévoilement, une trouée, la vérité des sonorités lui apparaît brusquement : des hommes cassent des cailloux avec leur marteau et produisent ainsi cette étrange musique, qu’elle ne pourra jamais oublier. La métaphore est transparente : le roman, nous dit Paul Auster, permet lui aussi un dévoilement du réel, il peut créer une déchirure dans la réalité opaque du monde et rendre ainsi apparent ce qui était jusqu’alors « invisible ».
Invité- Invité
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Waouh! Quelle belle critique. J'avais également beaucoup aimé ce dernier roman de Paul Auster.
Si je peux me permettre une suggestion: tu peux poster cette critique dans la rubrique auteurs.
En tout cas encore bravo!!!!
Si je peux me permettre une suggestion: tu peux poster cette critique dans la rubrique auteurs.
En tout cas encore bravo!!!!
auteurs
Merci Dodie, ton appréciation me fait vraiment plaisir. J'ai repéré le coin des auteurs : impossible d'y trouver Paul Auster, mais l'ordre des noms ne semble pas totalement alphabétique, donc ça m'a peut-être échappé. Après une nouvelle vérification, j'y posterai la critique d'Invisible. Paul Auster fait partie de mes deux ou trois auteurs préférés. Aujourd'hui, je suis en train de lire Brooklin Follies, et là aussi c'est un vrai régal.
Invité- Invité
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Si tu veux trouver Paul Auster, tape Auster dans la fenêtre rechercher en haut à droite
_________________
Challenge US : 29/51
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Merci Cyrielle ! Je vais suivre ton conseil...
Invité- Invité
Re: Invisible, le nouveau livre de Paul Auster
Superbe critique. Je me le suis commander en anglais et me réjouis de le recevoir bientôt
_________________
lecture en cours:
Kafka sur le rivage,Haruki Murakami
rose- Nombre de messages : 639
Age : 49
Location : Suisse
Date d'inscription : 26/09/2009
Sujets similaires
» Novembre 2002: Le livre des illusions de Paul Auster
» Paul AUSTER, Paul KARASIK et David MAZZUCCHELLI
» Paul AUSTER (Etats-Unis)
» Paul AUSTER- Vos lectures
» Paul AUSTER (Etats-Unis)
» Paul AUSTER, Paul KARASIK et David MAZZUCCHELLI
» Paul AUSTER (Etats-Unis)
» Paul AUSTER- Vos lectures
» Paul AUSTER (Etats-Unis)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|