La traversée du Mozambique par temps calme - Patrice Pluyette
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La traversée du Mozambique par temps calme - Patrice Pluyette
Je jette l'éponge avec ce roman de Patrice Pluyette paru au Seuil en août 2008. Je suis comme les navigateurs transatlantiques : collé dans le pot-au-noir.
Le pot-au-noir, c'est cette zone où les voiles sont flasques, où tout se tire en longueur, où tout ballotte et se fait attendre. Ce roman est clairement dedans et je n'ai pas accroché à cette histoire. Oh ! Certes, le sujet aurait pu être intéressant, avec ce capitaine un peu loufdingue qui recrute au fil du temps un équipage qui ne l'est pas moins afin d'aller à la recherche d'une cité perdue. Cela aurait pu donner un roman d'aventure décalé, baroque, joyeux et fantasque. Il y a un peu de cela. Mais la sauce ne prend pas et jamais ce livre ne m'a fait sourire une fois. Pour tout avouer, cher lecteur, je l'ai abandonné lâchement à l'orée de la jungle, n'ayant aucune envie de prolonger dans l'enfer vert la douleur que j'ai eu à décrypter l'enfer des lettres. Car il y a le style de l'auteur, et là, las, j'abandonne. Je fais partie de ces vieux ronchons réactionnaires n'ayant rien compris à la littérature, qui considèrent que les phrases les meilleures sont toujours les plus courtes. J'assume ma ringardise absolue, définitive et crasseuse mais il faut que le lecteur juge sur pièce. Mon abandon a été décidé avec cette goutte d'eau stylistique :
"A la suite de son doigt vient un poignet, évidemment, puis un bras, qui occupe à présent la diagonale du champ de vision du marcheur la précédent, Hug-Cluq, toujours lui, dont le nez, penché jusqu'à maintenant vers ses pieds à lui, le terrain accidenté, les flaques à éviter, les tennis blanches et les chaussettes de marche impeccables de Sophie qui porte aussi un short en lycra très serré, se trouve à quelques centimètres du bras, de sorte qu'il peut tranquillement respirer l'odeur de sa peau, celle de la sueur qui a l'odeur des sueurs qu'il aime, une odeur ronde et fruitée de balle de tennis dont il ne pourrait néanmoins pas pousser plus avant la comparaison ni l'expliquer, encore moins en ce moment, concentré qu'il est dans le désir de ne pas se laisser déconcentrer par cette femme qui lui demande pourtant de se concentrer un instant sur ce qu'elle dit et non pas sur ce qu'elle fait ou ce qu'elle est, l'ara comme beaucoup d'autres étant une espèce en voie de disparition qui, si nous n'y prenons garde, pourrait en venir à s'éteindre dans les cinquante prochaines années." (page 175)
Il parait que ce livre a été bien reçu par la critique. C'est à désespérer de cette dernière, comme des éditeurs. Pour ma part, je laisse l'auteur traverser calmement son Mozambique en lui souhaitant un bon vent frais pour sortir du pot-au-noir.
Veilleur
Le pot-au-noir, c'est cette zone où les voiles sont flasques, où tout se tire en longueur, où tout ballotte et se fait attendre. Ce roman est clairement dedans et je n'ai pas accroché à cette histoire. Oh ! Certes, le sujet aurait pu être intéressant, avec ce capitaine un peu loufdingue qui recrute au fil du temps un équipage qui ne l'est pas moins afin d'aller à la recherche d'une cité perdue. Cela aurait pu donner un roman d'aventure décalé, baroque, joyeux et fantasque. Il y a un peu de cela. Mais la sauce ne prend pas et jamais ce livre ne m'a fait sourire une fois. Pour tout avouer, cher lecteur, je l'ai abandonné lâchement à l'orée de la jungle, n'ayant aucune envie de prolonger dans l'enfer vert la douleur que j'ai eu à décrypter l'enfer des lettres. Car il y a le style de l'auteur, et là, las, j'abandonne. Je fais partie de ces vieux ronchons réactionnaires n'ayant rien compris à la littérature, qui considèrent que les phrases les meilleures sont toujours les plus courtes. J'assume ma ringardise absolue, définitive et crasseuse mais il faut que le lecteur juge sur pièce. Mon abandon a été décidé avec cette goutte d'eau stylistique :
"A la suite de son doigt vient un poignet, évidemment, puis un bras, qui occupe à présent la diagonale du champ de vision du marcheur la précédent, Hug-Cluq, toujours lui, dont le nez, penché jusqu'à maintenant vers ses pieds à lui, le terrain accidenté, les flaques à éviter, les tennis blanches et les chaussettes de marche impeccables de Sophie qui porte aussi un short en lycra très serré, se trouve à quelques centimètres du bras, de sorte qu'il peut tranquillement respirer l'odeur de sa peau, celle de la sueur qui a l'odeur des sueurs qu'il aime, une odeur ronde et fruitée de balle de tennis dont il ne pourrait néanmoins pas pousser plus avant la comparaison ni l'expliquer, encore moins en ce moment, concentré qu'il est dans le désir de ne pas se laisser déconcentrer par cette femme qui lui demande pourtant de se concentrer un instant sur ce qu'elle dit et non pas sur ce qu'elle fait ou ce qu'elle est, l'ara comme beaucoup d'autres étant une espèce en voie de disparition qui, si nous n'y prenons garde, pourrait en venir à s'éteindre dans les cinquante prochaines années." (page 175)
Il parait que ce livre a été bien reçu par la critique. C'est à désespérer de cette dernière, comme des éditeurs. Pour ma part, je laisse l'auteur traverser calmement son Mozambique en lui souhaitant un bon vent frais pour sortir du pot-au-noir.
Veilleur
Invité- Invité
Re: La traversée du Mozambique par temps calme - Patrice Pluyette
J'ai lu la traversée du Mozambique par temps calme l'année dernière et je suis tout à fait de ton avis.
Certains passages sont intéressant (notamment dans le grand Nord) mais même en acceptant les transitions incohérentes (du grand nord à l'Amazonie par un passage secret), le style est chaotique. Bien reçu par la critique effectivement, je serais curieux de voir si on s'en rappelera dans plusieurs années. Je le relirai peut-être alors, histoire de voir si...
La fin du roman reste dans le même esprit que le début et la chute constitue la cerise sur le gâteau de l'absurde... Voilà je pense que c'est comme cela qu'il faut le prendre : au croisement du roman d'aventure et de l'absurde.
Certains passages sont intéressant (notamment dans le grand Nord) mais même en acceptant les transitions incohérentes (du grand nord à l'Amazonie par un passage secret), le style est chaotique. Bien reçu par la critique effectivement, je serais curieux de voir si on s'en rappelera dans plusieurs années. Je le relirai peut-être alors, histoire de voir si...
La fin du roman reste dans le même esprit que le début et la chute constitue la cerise sur le gâteau de l'absurde... Voilà je pense que c'est comme cela qu'il faut le prendre : au croisement du roman d'aventure et de l'absurde.
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